dimanche 15 août 2010

Vacances Mer et monde 4


Le bonheur n'est pas toujours dans le pré, il peut être sur la mer aussi.

La journée n’annonçait rien de bon au réveil. À 7 h, il ventait à écorner les boeux comme disait mon père et la brume recouvrait toute la baie où se situe notre cabane au Canada. Bien sûr, on ne voyait rien de la Pointe-des-Monts. Aussi bien dire que toute la mer avait disparue. Alors, redodo, surtout que ma douce est encore dans les bras de Morphée. Mmmm, se coller à elle en cuillère et profiter de son corps tout chaud. J’ai eu hâte au réveil… et j’ai eu raison. Ce fut si bon, comme toujours. Douce amour.

Au déjeuner, au p’tit resto des gîtes du phares, les employés connaissaient leur milieu et son histoire comme c’est rarement le cas, me suis-je dis, épaté par les anecdotes qui se suivaient… Oui, cette partie de la Côte-Nord était particulièrement propice aux naufrages. Quatre-vingt quatre en un peu plus de cent ans sur à peine une quinzaine de kilomètres de distance. Bien sûr qu’il y a des fous de bassan, et en quantité à part ça. Ils viennent de la Côte-du-Sud, de l’île Bonaventure « …qui me semble être surpeuplée, explique Audrey-Anne. J’en ai fait le tour, en excursion l’an dernier. Les oiseaux volent au-dessus de l’île attendant que l’un de leurs congénères s’envole pour prendre sa place. Je dirais, conclut-elle, qu’on en retrouve de plus en plus ici depuis 7 ou 8 ans.»

On y voit aussi des baleines, des petits rorquals, surtout, des communs rarement et des bosses et, au large, la bleue, le plus grand animal ayant jamais vécu sur Terre, enfin, sur la planète. Oui, il y a des plages allant vers Baie-Trinité, de beaux coins à part ça pour les kayakistes férus de nature.

Non, ce n'est pas une côte, juste une des belles grosses vagues sur lesquelles mon kayak montait et descendait, face au vent, au courant et à la marée.

Voulant mettre à profit ces précieuses indications, je suis allé me préparer à mettre à l’eau à la faveur de la marée haute. Les vents très présents et en provenance du sud-ouest ont eu raison de la volonté de Loulou de m’accompagner. « Je vais dormir un peu et aller courir ensuite, » a-t-elle expliqué. Alors je suis parti, passablement balloté dès les premiers mètres. Je me suis quand même décidé à aller vers le phare profitant du vent, de la marée et des courants favorables. Le retour promettait d’être costaud. C’était mon défi du jour. Et quel défi! Au retour, les vagues hautes de un à deux mètres arrivaient de plein fouet sur la proue de mon bateau. Il a fallu jouer de toutes les capacités de ma nouvelle pagaie carbone/fibre pour avancer, elle qui fend l’eau avec la force et la précision du scalpel. Il n’était bien sûr pas question d’arrêter de pagayer tant que je n’aurais pas rejoint mon point de départ (sauf pour prendre maladroitement quelques photos de la mer plus agitée qu’il n’y paraît) et j’ai dû compter sur toutes les ressources de ma technique et de mes abdos pour y arriver.

Une vingtaine de minutes pour passer le phare et prendre le large. Plus de deux heures trente pour faire le chemin inverse, soit quelques kilomètres à peine.

Ah le bel après-midi sous le soleil blafard et ces vent de 25 nœuds qui provenaient du la Côte-du-Sud avec une maximum de fetch (le fetch, c’est la distance que parcourt le vent sans rencontrer de résistance. Si le vent avait été du Nord, son influence aurait été à peu près nulle pour quiconque naviguait près de la rive. Mais comme il arrivait du sud-ouest, il avait plus d’une soixantaine de kilomètres pour prendre de la force et grossir les vagues).

Un paysage de landes irlandaises.

Pendant ce temps, ma douce courait et nous nous sommes retrouvés juste à temps pour la douche. À l’apéro, nous nous sommes installés sur la galerie, jumelles à la main, ou plutôt à l’œil, pour regarder les fous de bassan pêcher en plongeant comme des bombes, vu les goélands capturer des oursins sur la batture, s’élever dans le ciel et les laisser tomber sur la roche pour les fracasser et manger l’intérieur. Observé les cormorans à aigrettes plonger et ressortir avec de petits poissons qu’ils avalaient la tête en l’air. Pendant ce temps, les grands hérons, regardaient l’eau fixement dans l’espoir de piquer une proie. Heureusement que l’activité ne requiert pas trop d’efforts, parce que les prises, dans leur cas, étaient rarissimes.

Et au souper, morue fraîche et riz sauvage. On n’est pas sur la Côte-Nord pour rien.

Le chroniqueur en action. Devant des paysages si grandioses, les mots viennent facilement!

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