On y voit aussi des baleines, des petits rorquals, surtout, des communs rarement et des bosses et, au large, la bleue, le plus grand animal ayant jamais vécu sur Terre, enfin, sur la planète. Oui, il y a des plages allant vers Baie-Trinité, de beaux coins à part ça pour les kayakistes férus de nature.
Voulant mettre à profit ces précieuses indications, je suis allé me préparer à mettre à l’eau à la faveur de la marée haute. Les vents très présents et en provenance du sud-ouest ont eu raison de la volonté de Loulou de m’accompagner. « Je vais dormir un peu et aller courir ensuite, » a-t-elle expliqué. Alors je suis parti, passablement balloté dès les premiers mètres. Je me suis quand même décidé à aller vers le phare profitant du vent, de la marée et des courants favorables. Le retour promettait d’être costaud. C’était mon défi du jour. Et quel défi! Au retour, les vagues hautes de un à deux mètres arrivaient de plein fouet sur la proue de mon bateau. Il a fallu jouer de toutes les capacités de ma nouvelle pagaie carbone/fibre pour avancer, elle qui fend l’eau avec la force et la précision du scalpel. Il n’était bien sûr pas question d’arrêter de pagayer tant que je n’aurais pas rejoint mon point de départ (sauf pour prendre maladroitement quelques photos de la mer plus agitée qu’il n’y paraît) et j’ai dû compter sur toutes les ressources de ma technique et de mes abdos pour y arriver.
Ah le bel après-midi sous le soleil blafard et ces vent de 25 nœuds qui provenaient du la Côte-du-Sud avec une maximum de fetch (le fetch, c’est la distance que parcourt le vent sans rencontrer de résistance. Si le vent avait été du Nord, son influence aurait été à peu près nulle pour quiconque naviguait près de la rive. Mais comme il arrivait du sud-ouest, il avait plus d’une soixantaine de kilomètres pour prendre de la force et grossir les vagues).
Pendant ce temps, ma douce courait et nous nous sommes retrouvés juste à temps pour la douche. À l’apéro, nous nous sommes installés sur la galerie, jumelles à la main, ou plutôt à l’œil, pour regarder les fous de bassan pêcher en plongeant comme des bombes, vu les goélands capturer des oursins sur la batture, s’élever dans le ciel et les laisser tomber sur la roche pour les fracasser et manger l’intérieur. Observé les cormorans à aigrettes plonger et ressortir avec de petits poissons qu’ils avalaient la tête en l’air. Pendant ce temps, les grands hérons, regardaient l’eau fixement dans l’espoir de piquer une proie. Heureusement que l’activité ne requiert pas trop d’efforts, parce que les prises, dans leur cas, étaient rarissimes.
Et au souper, morue fraîche et riz sauvage. On n’est pas sur la Côte-Nord pour rien.
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