lundi 15 décembre 2014

Mes coups de coeur 2014

En chanson

Daran, Le monde perdu. 15 ans qu’il en rêvait, de son album solo, solo, le Daran. Juste la voix, belle et grave, pis la guitare et, l’occasion, la ruine-babine, pour souligner l’intensité de ses mots assassins. De Gens du voyage, qui rêvent « …au temps où la pauvreté n’était pas la misère… », à Une sorte d’église, forte d’amour, le chanteur distille 11 mélodies fortes et graves, écrites par son alter égo Pierre-Yves Lebert (à nous deux, nous faisons un auteur compositeur, rigole-t-il). On se croirait revenu au temps de la grande chanson française, celle qui, à la fois, dénonçait et exultait. Un grand disque, mon meilleur en français, en cette année 2014.
Daran, Le monde perdu, disque Le mouvement des marées. En écoute : Gens du voyage

Aussi :

Chloé Sainte-Marie : À la croisée des silences, disque FGC.
Gilles Vigneault : Vivre Debout, disque Tandem.
Stéphanie Lapointe, Les amours parallèles, disque Simone Records.

Folksongs



Hurray For The Riff Raff, Small Town Heroes. Hurray For The Riff Raff, c’est le groupe d’Alynda Lee Segara, une jeune chanteuse du Bronx new-yorkais qui a trouvé sa terre d’adoption en Louisiane, après 1 000 ans d’errance. D’où ce disque, le cinquième du groupe, d’une folk toute bluesy et persillée de bluegrass, tout en tendresse, qui raconte la vie de gens ordinaires, la dope, l’amour, la mort, le voyage; qui reprend Jesse Fuller (le bluesman californien) ou rend hommage à Levon Helm (The Band). L’excellence dans la simplicité.

Hurray for the Riff Raff, Small Town Heroes, disque Atco. En écoute : St-Roch Blues

Aussi :
Artistes divers, Look Again to The Wind, Johnny Cash’s Bitter Tears Revisited. Disque, Sony Masterwork. (Version originale : Johnny Cash, Bitter Tears, Ballads of The American Indian. Columbia. On écoute : As Long As the Grass Shall Grow.)

Leyla McCalla, Vari-Colorored songs, A Tribute to Langston Hughes. Disque, Music Maker.
Mary Gauthier, Trouble & Love. Disque Six Shooter Records
Steph Cameron. Sad-Eyed Lonesome Lady. Disque Pheromona

Jazz

Charlie Haden – Jim Hall. Deux noms, deux géants du jazz décédés depuis peu, deux musiciens qui, en juillet 1990 donnaient un concert mémorable au Festival International de jazz de Montréal. C’est ce concert qui nous est offert, comme une sorte de résurrection, juste pour s’assurer qu’on ne n’oublie pas à quel point chacun d’eux est un artiste intemporel. Charlie Haden, contrebassiste de l’avant-garde, compositeur, arrangeur; Jim Hall, guitariste de la délicatesse et de la finesse. La meilleure galette de 2014 a… 24 ans!

Charlie Haden – Jim Hall, disque Impulse. On écoute : Down from Antigua.

Aussi :
Archie Shepp & Attica Blues Orchestra, I Hear the Sound. Disque Archiball.
Ambrose Akinmusire, The Imagined Savior is Far Easier to Paint. Disque Blue Note
Vijay Iyer & Trio 3, Wiring. Disque Intakt.
Dave Douglas, RiversideQuartet. Disque Green Leaf.
Sonny Rollins, Road Show vol. 3. Disque Okeh
Paul Bley, Paul Bley Play Blue, Oslo Concert. Disque ECM

Classique

Schubert – Winterreise, Matthias Goerne. Matthias Goerne est un monstre. Le baryton-basse allemand, immense spécialiste de Schubert et de ses mélodies souvent tragiques, vient de lancer un pavé dans la mer de la morbidité. Folie et mort au programme de ce Winterreise d’exception, peut-être le plus bouleversant de l’histoire de ce cycle de 24 poèmes de Wilhelm Müller, l’alter ego littéraire du musicien. Faut savoir que Schubert est mort des suites de la syphilis à l’âge de 31 ans (en 18280 et que Schubert était conscient de son état. N’empêche, lorsqu’il a chanté pour la première fois son Winterreise devant ses amis, en 1826, ceux-ci étaient catastrophés. Tant de douleur dans la beauté. Goerne en rend magnifiquement tout le désespoir. Une référence à tous points de vue.
Matthias Goerne, Schubert, Winterreise, disque Harmonia Mundi. En écoute : Gerfrorne Tränen

Aussi :
Giuliano Carmignola & Concerto Köln. Bach, concertos pour violon. Disque Archiv Produktion.
Philippe Jarrousky. Vivaldi, Pieta, œuvres sacrées. Disque Erato.

Hors catégorie... et splendide



Rosemary Standley & Dom La Nena. Birds On A Wire. Disque Air Rhytmo.

mercredi 26 novembre 2014

La retraite… peut-être pas longtemps!

Une Loulou bienheureuse... (photo: Pierre Castonguay)

J´ai pour toi un lac quelque part au monde
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d´automne et chanson d´hiver
S´y mire le temps, s´y meurent et s´y cueillent
Mes jours à l´endroit, mes nuits à l´envers.

Il est 10 h, ce jeudi matin, et ma douce chante Vigneault. C’est le premier jour de sa retraite et, après avoir paressé quelque temps au lit, s’est levé et mis son Vigneault chéri, son chanteur poète préféré avec son ancien voisin abitibien, Richard Desjardins. Elle exulte, Loulou, et la retraite, finalement lui va drôlement bien.

La veille, collègues et amis étaient réunis au Café Babylone, rue Saint-Vallier, à Québec, pour la saluer et surtout, pour la remercier de tant d'années au service de ses concitoyens, particulièrement ceux des régions. Un travail qu'elle a accompli avec une passion peu commune, une empathie rare et un amour incontesté des gens. Une bien belle fête.

Amis et collègues au rendez-vous : Christine Chaumel, Claude Desrochers, Dany Otis,
 Pierre Hersberger, Peggie Lamarche, Ruslan Tanasa et Loulou (photo : Pierre Castonguay)

« - Je n’ai pas du tout envie de travailler… pour l’instant », m’a-t-elle confié, sur l’oreiller ; là où les confidences sont les plus vraies comme chacun sait. Elle se sent comme dans cette autre chanson de Vigneault, celle qui parle des gens du pays, « Je vous entends demain, parler de liberté ». Demain, c’est aujourd’hui dans son cas, parce qu’hier, c’était la fête de son départ et ses collègues comme ceux du monde du plein air étaient sur place pour lui dire merci. Un beau merci empreint de chaleur et de reconnaissance pour celle qui a contribué, comme peu d’autres, à mettre le plein air québécois, sur la carte du tourisme international.

Le développement touristique, surtout celui des régions nordiques, c’était toute sa vie professionnelle, à Loulou. Elle, qui a tant le sens des régions et des gens qui les habitent, s’était découvert une mission du temps où elle oeuvrait comme journaliste au Secrétariat aux affaires autochtones. C’est elle qui avait choisi le tourisme comme thème principal de ce numéro spécial de la revue Rencontre, publiée par le SAA, à l’intention des populations amérindiennes et inuit du Québec. La Loulou avait été particulièrement marquée par la vision de l’ancien chef Ilnu de Mashteuiash, entrepreneur et sénateur, Aurélien Gill, qui y voyait un moyen d’illuminer l’avenir des siens.

Les animateurs de la soirée d'adieu : la fidèle Suzanne Asselin et le gars.
(photo : Pierre Castonguay)

« Le bon, je n’ai pas envie de travailler, pour l’instant… », pourrait bien être de courte durée. La madame n’a eu de cesse de rencontrer organismes et clients du « milieu » pour voir si on ne serait pas intéressé par son expertise de passionnée, une fois qu’elle serait libre. Eh bien, je vous l’annonce, ces jours-ci, elle en profite de sa liberté. Se lève tard, lit beaucoup, rit autant, s’indigne encore plus contre les pétrolières et autres destructueurs de l’environnement, nos gouvernements insanes.
Et elle nage. Tout l’automne, elle a pris des cours pour parfaire sa technique de crawl et de brasse, et tous les deux jours, se prend un couloir et fait d’éternelles longueurs, de célestes longueurs comme aurait dit Robert Schumann (à propos des symphonies de Schubert), qui me la ramènent à la vois euphorique et heureuse. Apaisée. Ce qui n’est vraiment dans sa nature, mais, je m’en rends compte, maintenant, la nature change parfois.

Douce Loulou, si tu savais à quel point je suis heureux de t’avoir à mes côtés. Même que je suis prêt à te suivre (à l’occasion, comme ce midi) à tes inteeeeeeerminaaaaaables séances de piscine qui s’étirent sans cesse en longueurs. Mais criss que ça fait drôle de t’avoir assise à côté de moi au comptoir de la cuisine, pendant que je t’écris… Ça fait drôlement plaisir de trainasser au lit avec toi le matin à commenter nos lectures respectives, les jambes entremêlées, pendant que dehors, le vent forci et que la température descend sous zéro.

Les boss de Loulou, qui lui doivent leur prestige (hi, hi) : François Côté, Patrick Dubé et François Diguer
(photo : Pierre Castonguay)


Bon, elle aura sans doute des velléités de repartir au large du développement touristique, ma douce, mais pour l’instant, nous profitons de notre lune de miel. Un autre…




Le Bach… italien de Giuliano Carmognola

Alors, autant vous dire qu’on va encore causer de Bach, Jean-Sébastien le géant, et vous dire que je viens de tomber sur le cul pour une énième version de ses si beaux concertos pour violon. Je ne vous rappellerai pas de précédents enregistrements qui, pour plusieurs, sont magnifiques (Viktoria Mullova, Amandine Beyer, Orchestre baroque de Fribourg). Je vous parle de celle-ci, que dirige, de son pupitre, le violoniste du baroque italien, Giuliano Carmignola, accompagné, une fois n’est pas coutume, par le Concerto Köln, célébrissime ensemble allemand.

Le Carmignola, en Vénitien qu’il est, s’est fait remarquer comme soliste au sein de la Sonatori de la Gioiosa Marca et de l’Orchestre baroque de Venise que dirige son ami Andrea Marcon. Leur héros, Antonio Vivaldi, qu’ils ont monté au pinacle de la discographie le concernant avec plusieurs enregistrements remarquables.

Pour son Bach, Giuliano Carmignola a choisi un ensemble rompu au répertoire du Cantor, le Concerto Köln, ensemble on ne peut plus allemand. Par son jeu flamboyant, précis, plein de rebondissement et d’ornementations, il donne à son Bach, une sonorité véritablement italienne. On a donc droit à une interprétation lumineuse, vive, extravertie dans les mouvements extrêmes, et tendrement chantante dans les mouvements lents. Le violoniste est un virtuose, oui, mais d’abord un musicien pour qui chaque détail compte et les membres du Concerto Köln l’ont compris. L’accompagnement fourmille de pétillement et d’imagination, particulièrement de la part de l’excellent claveciniste Gianluca Capuano.

Le programme propose non seulement les deux concertos habituels pour violon et orchestre BWV 1041-1042, et celui pour deux violons BWV 1043, mais aussi des transcriptions des concertos pour clavecins BWV 1056 et 1052, deux œuvres que Bach aurait réécrites d’après ceux de Vivaldi. D’où, la couleur générale que le soliste a voulu donner à son enregistrement. Pour moi, c’est une version de référence. Point.

Giuliano Carmignola, Concerto Köln, Bach Violin Concertos. Disque Archiv Produktion

Jazzy Nowell

Chaque année, j’acquiers un album de Noël, un seul. En 2014, j’ai choisi celui du quintette de Paolo Fresu, un des meilleurs trompettistes de jazz d’Italie. Ça prenait peut-être un Italien (un autre!) pour nous proposer un disque jazz de Noël, comme une berceuse. Contrairement à plein d’autres albums du genre où le swing domine (Diana Krall, Ella, John Zorn…) celui-ci insiste sur la douceur, l’intériorité, la sérénité.

Entouré de musiciens phares du jazz italien (Roberto Cipelli au piano, Tino Tracana au saxo ténor, de d’excellent bandonéoniste Daniele di Bonaventura), le quintette nous berce les oreilles de son White Christmas, Have Yourself a Merry Little Christmas, The Christmas Song, mais aussi quelques œuvres du pays, comme In Sa Notte Profundha ou Notte De Chelu. Bref, si vous êtes d’humeur contemplative, ce beau disque de jazz fêtant Noël est pour vous!


Paolo Fresu Quintet, Jazzy Christmas, disque Bonsaï Music.
Disponible chez Sillons le disquaire, à Québec.

dimanche 9 novembre 2014

Love In Vain, vie et mort de Robert Johnson


Robert Johnson est autant connu pour le mythe qui l’entoure que pour les blues inoubliables qu’il a composés. C’est qu’il a fait un pacte avec le diable pour devenir un des fondateurs du blues moderne, développant en un temps record et pour peu de temps, une technique incroyable qu’il a toujours voulu gardé secrète; alimentant lui-même cette rumeur de pacte du diable. Si l’on qualifié le blues, et plus tard, le rock and roll, de musique du diable. Robert Johnson en est le Satan et les Johnny Shines, Son House, Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Led Zeppelin et, bien sûr, les Rolling Stones en sont les suppôts. Et pour vous en raconter l’histoire, rien de plus fascinant que ce roman graphique en noir et blanc de Mezzo et J.-M. Dupont intitulé LOVE IN VAIN, Robert Johnson 1911-1938, publié, avec grands soins, chez Glenat.


Musicien errant, plus qu’itinérant, né dans une plantation au cœur d’une famille pauvre et plutôt erratique, Johnson avait choisi de commencer sa vie de la manière la plus stable pour assurer le bien-être de sa très jeune épouse… qui est morte en couche. Le (mauvais) sort en était jeté. Seule la musique comptera pour lui pour lui désormais. Si les débuts sont difficiles, malgré les leçons de Son House (ou peut-être à cause d’elles!), il revient transformé, après une éclipse d’un an, en un démoniaque virtuose. Il peut jouer de tout! Des blues, bien sûr, mais aussi des polkas, des gigues et autres danses en vogues dans les Juke Joint du Mississippi ou de la Louisiane.

Et sa réputation, il se fera avec ses Cross Road Blues, Me and the Devil Blues où raconte qu’il fait son pacte à une carrefour du d’une route du Mississippi, près de Clarksdale, ou peut-être Rosedale, qui sait? Bref, je ne vous raconte pas, il vous suffit de lire cette admirable BD.

Le dessinateur Mezzo s’est associé au scénariste Jean-Michel Dupont pour raconter la vie et les truculence de ce jeune homme « mystérieusement » mort à 27 ans après avoir enregistré… 29 chansons, toutes aussi mythique que sa vie. Présenté en format paysage, couverture noir et or texture, épine rouge, lettrée or, la bd (roman graphique?) a de la gueule. Et ce n'est rien, attendez de l'ouvrir!

Le scénario de Dupont est clair, l’histoire suit son court inexorablement, du Sud profond jusqu’à Chicago and back, racontée en « voix off » par… je ne vous le dis pas. Un scénario bien ficelé, bien documenté aussi (une bibliographie complète et drôlement pertinent conclut le livre), nous amène au cœur de ce monde de musiciens, les Johnny Shines, Son House, Willie Brown, Howlin’ Wolf et le mileu canaille où ils évoluaient.

Mais c’est le dessin fabuleux de Mezzo qu’on retient, un Robert Johnson hyperréaliste mis en image à partir des deux seules photographies qu’on a de lui. Le Robert Johnson musicien, mais aussi le hobo toujours mis à quatre épingles, le séducteur impénitent, baiseur, buveur et… amuseur. On le sait, le diable est dans les détails, et ceux de ce dessin noir et blanc sont fascinants de précisions et de pertinence.


Bref, comme le dit, en avant-propos, Lawrence Cohn, le producteur du célébrissime album Robert Johnson : The Complete Recordings, on a droit ici à un« véritable chef-d’œuvre, tant par la qualité du dessin que de la narration, (…) grâce à la poésie de ses textes et la magnificence des ses planches, dont chacune est, à elle seule, une œuvre d’art. (p.2)

Mezzo - J.M. Dupont. Love In Vain, Robert Johnson 1911-1938. Glenat. Grenoble, 2014, 72 p.


Le Storytone de Neil Young


Il est intarissable, le Neil Young. Infatigable, aussi. Le voilà qui sort un deuxième album au cours de la même année. Après l’étrange A Letter Home, disque de reprises de grands classiques folks produit par Jack White avec le son d’un 78 tours magané des années 1940, voici donc, en double en quelque sorte, Storytone.

On parle ici  un disque ambitieux, véritable exhortation à changer nos comportements pour protéger la planète, à faire une vraie révolution.  Who's Gonna Stand Up est l’hymne écologique de ce nouvel album, une chanson magnifique qui dit, entres autres,

« Protégeons la terre de la cupidité de l'homme, faisons sauter les barrages
Dressons-nous contre l'industrie pétrolière, protégeons les plantes et renouvelons les sols Qui va se lever et sauver la Terre ? »

Faut se rappeler ce Neil conséquent, celui qui, l’an dernier, est venu appuyer la lutte des Amérindiens de l’Ouest canadien pour le respect des traités, particulièrement contre l’extraction et le transport du pétrole hyper-polluant des sables bitumineux albertains. D’autres titres accompagnent cette exhortation comme Plastic Flowers ou Wanna Drive my Car, l’histoire du gars qui doit trouver son chemin, trouver de l’essence, chantée sur un mode un peu caustique.

Faut dire qu’on ne peut pas sortir aussi facilement le gars de char qu’est Neil Young de son char, le gars qui vient tout juste de faire paraître A Memoir of Life and Cars. Infatigable, vous dis-je ! Tant et tellement, qu’il vient aussi de divorcer de la Pegi qui l’accompagnait depuis 36 ans. C’est qu’il a une nouvelle flamme, l’actrice activiste Daryl Hannah. Ceci explique cela et donne, sur Storytone, quelques chansons d’amour bien senties comme Glimmer ou Say Hello to Chicago.

Alors, il est bien, cet album ? Oui et non. Faut savoir qu’il existe en deux versions. Vous pouvez vous procurer la version orchestrée seule ou, pour à peine deux dollars de plus, l’autre qui contient cette version orchestrée avec sa contrepartie acoustique et minimaliste. Parce que pour dire vrai, c’est ce côté dépouillé et bouleversant qui nous accroche plus que tout. Du Neil Young dans la plus pure et confortante tradition folk ; guitare, harmonica, piano. On est ici dans l’esprit de ce live mythique du Massey Hall de 1971. Même la voix, si fascinante, à l’époque semble revivre avec cette intensité. Cette version folk est à verser au compte des grandes réussites youngniennes.

La version orchestrée, ou plutôt, orchestrale, elle, fait appel aux cordes, aux chœurs, aux vents et aux arrangements sophistiqués, classiques, voire surannés. Ce sont pourtant les mêmes chansons. Mais le résultat prétentieux et, parfois, pompeux. Bref,  trop. Vive la simplicité de la version acoustique !


Neil Young, Storytone (Deluxe), Reprise

lundi 27 octobre 2014

Du Stabat Mater d’Antonio Vivaldi, autres musiques...


Le Stabat Mater Rv 621 d’Antonio Vivaldi est sans doute l’une des œuvres les plus saisissantes du baroque religieux. Chant d’amour, de douleur et de mort, il a été composé pour une voix (haute contre ou alto) et quelques instrumentistes (violons et continuo) en 1712 pour être interprété dans une église de Brescia, berceau ancestral de la famille du prêtre roux.

Déjà célèbre à l’époque pour la nouveauté de son style et sa fulgurante virtuosité, Vivaldi sévissait à l’Ospedale de la Pietà de Venise, un des quatre orphelinats pour jeunes filles de Venise, sa ville natale. Là, il y enseignait le violon et la musique instrumentale. Pourquoi n’y a-t-il pas créé son Stabat Mater, lui si conscient de la valeur de ses œuvres? Parce qu’à l’Ospedale, la musique sacrée revenait au nébuleux et sobre Francesco Gasparini. Parce que, dans les grandes institutions religieuses, comme la cathédrale Saint-Marc, on se méfiait des nouveautés et de la légèreté des œuvres vivaldiennes. Enfin, le Vivaldi lui-même n’était pas très porté sur la prière, ayant très tôt demandé à être dispensé de dire la messe… pour des raisons de santé. Pfff…

Mais bon, revenons-en à notre œuvre qui fut redécouverte en 1939 pour ne plus quitter le répertoire des concerts depuis. On ne compte plus les enregistrements du Stabat Mater. D’abord chanté, au 20 siècle, par des mezzo-sopranos et des sopranos, il a fait la part belle aux haute-contre du renouveau du baroque, à compter du début des années 1970.

Avant cette date, il fallait compter sur la bouleversante version de la contralto néerlandaise Aafje Heynis (avec le chef musicologue Angelo Ephrikian, en 1967) pour avoir une idée de l’intensité de l’œuvre. Malheureusement, l’orchestration ronflante de l’époque noyait un peu le dramatisme naturel du chant.


En 1976, le haute-contre anglais James Bowman en donnait une version des plus saisissante avec l’Academy of Ancient Music dirigé par l’éminent claveciniste, chef-d’orchestre et surtout musicologue Christopher Hogwood. Véritable révolution dans la renaissance du chant baroque, cet enregistrement, désormais devenu classique, est à l’origine d’une pléthore de versions dont chacune a ses qualités.

Au cours des dernières années, en plus de celle de Bowman, j’ai retenu celles de Sara Mingardo et du Concerto Italiano dirigé par Rinaldo Alessandrini (Naïve), de Marie-Nicole Lemieux avec l’ensemble Matheus sous la baguette de Jean-Christophe Spinozi (Naïve), d’Andreas Scholl avec l’Ensemble 415 de Chiara Banchini (Harmonia Mundi). Et il y cette toute nouvelle, transcendante elle aussi, de Philippe Jarrouski avec son ensemble Artaserse (Erato).

Haute-contre ou contralto


Alors, homme ou femme, pour chanter cet œuvre? On sait qu’au 18e siècle, le chant des femmes était peu ou pas admis à l’église (très peu chez les cathos, et pas du tout chez les luthériens). Et on est à peu près certain que la première audition du Stabat Mater, à l’église de la Congrégation des Oratoriens de Brescia, fut donné par un haute-contre, c’est-à-dire, à un homme qu’on a émasculé pour préserver sa voix haute.

Cette « mode » est devenue une frénésie dans l’Italie du 18e siècle et, à Naples par exemple, on en a compté plus de 2 000 sur une période de 50 ans. Des enfants sacrifiés, principalement recrutés dans les familles pauvres. C’est qu’un haute-contre à la Farinelli attirait des foules dithyrambiques et assurait l’avenir non seulement du chanteur, mais de toute sa famille. Mais bon… Disons aussi, que si les femmes chantaient avec beaucoup de succès à l’opéra, elles devaient aussi concurrencer les haute-contre, dans le genre. Handel, par exemple, utilisait l’une et l’autre voix dans ses œuvres où, à l’occasion une mezzo jouait un rôle d’homme et une haute-contre, celui d’une femme. Et même au 20e siècle!

Pourtant, qui de mieux qu’une mère, pour chanter l’amour et la douleur d’un fils dûment planté sur une croix avec de solides clous? Je dirais qu’avec tout ce que la musicologie nous a appris au cours du dernier demi siècle, la question ne se pose pas vraiment. Si l’œuvre est interprétée selon les canons de l’époque, avec l’instrumentation adéquate, homme ou femme, peu importe, si l’intensité et la vérité y sont… Alors?

Alors, de toutes les voix citées plus haut, celle de Philippe Jarrouski me semble la plus belle, la plus pure pour interpréter cette œuvre. D’autant plus que son album, Antonio Vivaldi Pietà, réunit des motets rarement enregistrés comme Longe Mala, umbrae, terrores Rv 629, où le très délicat Filiae mastrae Jerusalem Rv 638 où la voix de Jarrouski est on ne peu plus bouleversante.


Pourtant, comparée à celles de Marie-Nicole Lemieux et de Sara Mingardo, on trouve moins d’engagement dans le Stabat Mater du haute-contre. Moins aussi que chez James Bowman, je dirais. Les deux femmes, contraltos, ont la voix grave à souhait et le chant, dès le Stabat mater dolorosa d’ouverture, absolument déchirant et bouleversant. Surtout, dans chaque cas, l’orchestre est plus incisif, et à choisir à tout prix, on préférera peut-être Mingardo pour l’accompagnement exemplaire du Concerto Italiano.



Andreas Scholl? Contrairement à ses apparitions en concert où il est magistral, ce contre-ténor ne convainc guère, à mon sens, sur disque, comme si son chant était constamment forcé…
Bon, pour conclure, Mingardo et Lemieux pour la conviction et la force du chant dans les Stabat Mater, et Jarrousky pour la beauté, la douceur de la voix et l’originalité du programme…


Jazzons maintenant!!


Contrebassiste, chef d’orchestre, compositeur, Charlie Haden aura participé à des centaines d’enregistrements au cours de sa longue carrière. Toutefois, aucun, à ma connaissance, n’offre autant de musicalité, de sens mélodique, de swing ardent ou relaxant que cet opus le réunissant au guitariste de la délicatesse, Jim Hall.

Cet album, qui porte comme titre le nom des deux protagonistes, a été enregistré en juillet 1990, dans la série Jazz Beat  de l’édition 1990 du Festival international de jazz de Montréal.  Ce moment a dû être véritablement mémorable pour les mélomanes présents. Dire qu’il aura fallu attendre près de 25 ans pour que les absents n’aient plus tort. Deux musiciens, alors au faîte de leur art, qui se connaissaient depuis plus d’un demi-siècle, s’y sont retrouvés pour une première fois en concert en duo. La complicité, le swing, les échanges harmonieux, le plaisir évident à créer se sentent à chaque note et dans chaque silence. Que ce soit dans le Bemsha Swing de Monk, tout plein d’allant et de fines syncopes, ou dans une ballade aussi intimiste que le First Song de Charlie Haden (composé pour sa femme et gérante Ruth Cameron, si je ne m’abuse), qui reçoit ici une lecture d’anthologie de la part de son auteur. Charlie y va d’un solo proprement inouï de tendresse. Ah, et ce Body & Soul! Et le swing de Big Blues! Et, etc…

Faut dire que les deux musiciens sont des habitués de la formule en duo, Jim Hall en ayant enregistré de remarquables avec le pianiste Bill Evans et le contrebassiste Ron Carter, alors qu’Haden en compte plus d’une dizaine (avec les Kenny Barron, Kid Jarrett, Chris Anderson, et même Pat la mitaine, c’est tout dire!). Mais celui-ci, avec le délicat Jim Hall, se hisse, à mon avis, en haut de la pile et constitue, quant à moi, la plus belle parution jazz de 2014 à date.

Il faut aussi noter la qualité sonore impeccable de l’enregistrement de ce concert. Les instruments sonnent comme s’ils étaient dans votre salon et les applaudissements de ce public on ne peut plus attentif ne gênent en rien l’écoute.

Paru au moment même de la mort du célèbre contrebassiste (pour une fois, il semble s’agir d’une simple coïncidence), cet album marque la xe renaissance de l’étiquette Impulse, créée par Bob Thiele pour mettre sur la carte (on the map? Suggestion : mettre en valeur, faire connaître) l’œuvre de John Coltrane. Associée, donc, à l’avant-garde à son origine, Impulse nage dans de toutes autres eaux avec ce premier opus. On a hâte d’entendre la suite!

Sad-Eyed Lonesome Lady, Steph Cameron


Voilà un titre qui sonne comme celui d’un vieux Bob Dylan… Tiens, la pochette ressemble à s’y méprendre à celle de « The Times, They Are A Changin’ », album du vieux chantre qui date de 1964. Hasard? Que nenni! Steph Cameron est amoureuse de cette époque qu’elle n’a pas connue, mais dont l’écho l’interpelle drôlement.

Voilà une jeune fille de 22 ans, folksinger au fond de l’âme et au bout de ses doigts de guitariste virtuose,  qui a de la graine de hippie en elle et qui raconte et chante, à sa façon, les histoires, si actuelles, des anciens : les Doc Watson, Sam Lightnin’ Hopkins, Dave Van Ronk ou Joni Mitchell de ce monde. Même les titres ont cette couleur folk : Sad-Eyed Lonesome Lady, Goodbye Molly, Blues at My Window, Cry Baby, Many Miles to Go

 Originaire de Saskatoon, au cœur des plaines de l’Ouest, elle vit sur l’Île de Vancouver dans une « communauté » à son image et dont elle raconte la vie. C’est aussi une grande voyageuse à l’image de son Railroad Boy, elle qui a traversé le continent de part en part avec des moyens de fortune.
Malgré son évocation des anciens, toutes ses compositions sont originales. Elle, qui s’était déplacée à Toronto pour enregistrer une seule chanson, a quitté la ville trois jours plus tard, tout un album en poche! Avec juste sa voix et sa guitare, elle a convaincu les producteurs! Une voix, une guitare, c’est tout ce que ça prend quand on a quelque chose à dire et de belles mélodies pour y déposer les mots. Steph Cameron nous offre les deux avec panache… et on la reçoit avec beaucoup d’émotion. En ce qui me concerne, c’est ma nouvelle idole!

Disque : Pheromone Recordings

dimanche 28 septembre 2014

Loulou à la ferme ou la tournée d’automne dans les Cantons

Photo : Les jardins d'Arlington.

Je savais que Loulou adorerait coucher sur la paille de grange. C’est son genre, ma douce, les expériences inusitées, à condition qu’elles soient en nature. Alors je lui ai proposé Aventure sur paille, à Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est. Comment je connaissais ça? J’y étais allé rouler un 100 km, la semaine précédente, avec les gens de Juritour menés par mon amie juriste (de renom) Fannie Lafontaine et sa gang de joyeux lurons. C’est elle qui a découvert ce joyau.

Il s’agit d’une grange transformée en lieu d’hébergement touristique dans le sud-ouest des Cantons-de-l’Est, à un kilomètre d’un tout petit village nommé Stanbridge East. On est cœur d’une région on ne peut plus bucolique, surtout en cette splendide fin de semaine estivale automnale. La grange en fait, fait partie d’une remarquable ferme, propriété de deux passionnés d’agriculture biologique, Claire Lanctôt et Nasser Boumenna. Les Jardins d’Arlington, que ça s’appelle.

Ferme et grange



C’est Claire qui gère le côté touristique de la ferme. Cette femme aussi brillante que généreuse, a eu l’idée de créer ce « gîte » pour assurer la pérennité de la grange, vieille de 125 ans et construites par des francs-maçons selon les principes du nombre d’or cher aux artisans médiévaux. D’où l’idée de faire concevoir des stalles à dormir par l’architecte et des salles de bains on ne peut plus confortables dans la partie basse du bâtiment. C’est là que ma douce a trippé.

Faut dire que passer un 28 septembre par 28 degrés ensoleillés sur les terres reliant Frelighsbrug, Saint-Armand et Bedford, au cœur de la route des vins et des pommes a de quoi rendre un peu gaga. Le plus drôle est que nous n’avons acheté qu’une seule bouteille de vin, un très bon rosé du Domaine du Ridge, et quelques pâtés et fromages pour le souper à la grange. Coucher de soleil splendide, discussion animée avec Heidi, comme nous, inspirée par les lieux et surtout avec Claire et Nasser nous racontant leur histoire, leur passion et leur amour du territoire qu’ils habitent.

Prêt pour le petit déjeuner.

Le sommeil nous a frappé au coucher, au cœur même de notre lit de paille sur lequel avaient été étendues des couvertes et nos sacs de couchage. Il était 8h10, le lendemain matin, quand notre hôtesse a ouvert grand les portes de la grange pour monter la table du déjeuner. Loulou s’est réveillée sourire au lèvre, affirmant tout de go qu’il n’y avait rien de plus merveilleux de que dormir le cul sur la paille. Faut dire que nous n’avons jamais vu grange si propre (on peut y marcher nu pied sans crainte de se salir), sans parasite aucun, offrant un silence nocturne des plus impressionnant... quand il ne vente pas!

En pleine forme, ma douce s’est mise à jaser, avec notre hôtesse, des possibilités de ce lieu unique au Québec. Serez-vous étonnés d’apprendre que Louise y voyait là l’endroit idéal pour une clientèle de yoga! Et elle a raison.


La magnifique maison de la ferme.


                   Heidi Spühler, Loulou et Claire à la ferme.

Enfin, le clou de notre séjour, fut la traversée aux champs de la ferme. Un immense potager dans lequel travaillaient Nasser et deux ouvriers mexicains, au centre, une autre grange dans laquelle on nettoie et on emballe tous les légumes récoltés. Autour, moutons et poules rousses paressent ou picorent dans de confortables enclos. Alors, ma douce a acheté bettraves, œufs, aulx ukrainiens, navets et tutti quanti s’informant des méthodes de culture, de conservation, s’intéressant à tout, tout, tout. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!



Montagnes et vélos


Étonnamment, de mon séjour précédent à vélo, j’étais resté sous l’impression que la topographie de la région est assez plate. « Mais c’est que tu n’as pas grimpé la Joy Hill me dit Claire, plus tard. Elle voulait dire le Chemin Richfort, une longue côte de cinq kilomètres qui nous amène au pied du mont Pinnacle et offre une vue imprenable sur les Appalaches du Vermont voisin.

J’avais aussi cette idée de côte en tête, quand j’ai proposé à Loulou de retourner dans les Cantons. Une vraie côte à grimper à vélo. Bien sûr que je l’ai grimpé, le samedi. Aller retour, un peu moins de deux heures de pur plaisir. Bon, un peu tuant quand même, surtout quand, en plein effort, tu dois composer avec une vingtaine de motos pétaradantes à rendre sourd qui défilent les unes après les autres.


Mais c’est aujourd’hui, dimanche, que j’ai vraiment vu ce que c’était, des côtes. En auto, nous avons repris le même chemin pour continuer notre jusqu’au hameau d’Abercorn puis celui de Mansonville, toujours en longeant la frontière américaine. Et là, en montant et en descendant sans cesse sur des dizaines de kilomètres, des pentes parmi les plus abruptes que j’aie vue au Québec, pires que sur la Côte-Nord, parce que plus rapprochées, et splendides parce que dans une décor orange d’automne au cœur d’une mer de montagnes à n’en plus finir. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!


mardi 2 septembre 2014

Bitter Tears, un grand album et une superbe reprise




Bitter Tears, Ballads Of The American Indian est un des grands albums de l’unique Johnny Cash, vous le reconnaîtrez, en a commis quelques-uns de mémorable. Pourquoi celui-ci, parce qu’il date de l’époque, 1964, où le musicien croyait qu’il avait du sang cherokee dans les veines. On ne sait pas vraiment pas qui lui avait suggéré l’idée, mais s’en fut une bonne…même si des recherches généalogiques n’ont rien démontré en ce sens.

Les huit chansons de Bitter Tears (larmes amères) racontent donc l’histoire et les déboires tant de nations autochtones (Sénécas, Apaches) que d’individus (la balade d’Ira Hayes, héros soldat à Iwo Jima, mort désœuvré quelques années plus tard) avec une force de conviction peu commune. Co-écrites par Cash et le folksinger new-yorkais Peter Lafarge, les chansons, 50 ans plus tard, n’ont rien perdu de leur force, de leur outrangeante beauté et, malheureusement, de leur actualité. On n’a qu’à penser au refus du gouvernement canadien de mettre sur pied une enquête publique sur les disparitions et les meurtres de milliers de femmes autochtones au cours des dernières années.
C’est pourquoi un collectif de chanteurs sous la direction de l’auteur, compositeur interprète et, donc producteur, Joe Henry vient de faire paraître une fort belle reprise de Bitter Tears qui s’intitule Look Again to the Wind, Johnny Cash’s BiterTears Revisited. Au nombre des participants, Gillian Welch et son chum, grand guitariste, David Rawlings, l’iconoclaste Steve Earle qui prend un féroce plaisir à déboulonner le mythe du général Custer, Norman et Nancy Blake, deux des plus importants noms du trad américain, le vieux Kris Kristofferson, la magnifique Rhiannon Giddens, grande chanteuse des Carolina Chocolate Drops, Sam Bush, Emmylou Harris.

Ensemble ou séparément, ils reprennent chacune des chansons de l’album original pour y mettre chacun sa couleur, sa sonorité (ah, le jeu de guitare de David Rawlings sur As Long As the Grass Shall Grow, je n’en reviens pas à chaque écoute). Comme sur l’album de 1964, tout est acoustique, bien rendu, convainquant, foutument  bien arrangé. Pour moi, c’est le disque folk de l’année, jusqu’ici.
Si la diversité fait la richesse de cette reprise du cinquantenaire de Bitter Tears Ballads Of The American Indian, reste que la voix et l’engagement de Johnny Cash en 1964 restent insurpassés. Comparez, et bonne écoute!!! (Cliquez sur les titres ci-dessous pour entendre les chansons sur You Tube.
As Long as the Grass Shall Grow, Gillian Welch & Davis Rawlings