vendredi 9 décembre 2011

Bon, ben coudonc…


Ça fait des mois que je cours partout, en skis, en raquettes, en bottines, à vélo et en kayak, que je fais du spinning aussi, tout cela pour retarder l’échéance, garder la forme et l’améliorer si possible. Rien à faire. J’ai aujourd’hui quand même 60 ans et ça me tombe dessus comme une chape de plomb. C’est lourd tant de temps. C’est comme si j’étais passé, dans ma tête, de 30 à 60 ans en un instant, comme si je n’avais rien vu venir alors que j’y pense depuis des mois.

Le 9 décembre est pourtant une date comme une autre, lendemain du jour souvenir où l’on se rappelle encore l’assassinat d’un certain John Lennon, du moins pour les gens de ma génération… Rien à faire, aujourd’hui je suis vieux. Demain peut-être que ça ira mieux, un peu.

Mais je me plains pour rien bien sûr. Ma douce Loulou m’a rappelé ce matin à quel point, depuis 17 ans, nous avons réussit à nous faire une belle vie. Mes fils, quand je les regarde me renvoie aussi cette image. Ils sont bons et beaux et je suis tellement reconnaissant qu’ils soient là, forts et, ma foi, heureux. J’ai une petite-fille, sublime Maëllie, et avec ma Loulou, nous comptons huit petits-enfants tous plus magiques les uns que les autres et avec qui nous avons un plaisir fou. Et je ne parle pas de mes belles belles-filles…

Mais bon, dans ma tête et mon être, j’ai parfois toujours 20 ans et des rêves d’exploits de jeunesse m’habitent toujours, randos mythiques en montagnes, sorties de vélo démesurées, traversées du d’un fleuve houleux en kayak, nuits fiévreuses en plein air avec mon amour de Loulou…

Hum, de quoi je me plains, tout cela est toujours réalisable. On s’y met!!

Folk d’Amérique

Fin novembre, c’était soirée de gala pour CKRL-MF, 89,1, où l’on récompensait les coups de cœur des auditeurs et du jury de la station. Dans la catégorie « musiques de racine » (roots en bon anglais) la palme est revenue à Folk d’Amérique, l’émission que j’anime et produit depuis septembre. Merci, merci beaucoup à tous ceux et celles qui ont pris le temps de voter, ça donne vraiment le goût d’être encore plus original, de creuser en plus notre patrimoine sonore présent et passé, bref, d’être meilleur! C’est avec les Richard Séguin et Desjardins, les Joan Baez, Bob Dylan ou Neil Young qu’on apprend vraiment qui on est et dans quel monde on vit. La connaissance par la poésie dure de la réalité racontée!

Max

Voilà, le mini Max remplace le très zen Vivaldi qui est resté à Stoneham chez nous amis et anciens voisins Nathalie et Normand. Max a deux mois et pèse peut-être 200 grammes mais à de l'énergie pour rouleur 200 à l'heure.

Bilan 2011

Ben non, pas question de vous raconter ma vie mais plutôt mes coups de cœurs musicaux et littéraires. Une revue annuelle quoi comme un peu tout le monde en fait, quoi… Alors voici, si vous aimez la chanson en français, ce sont mes choix :

1. Charlélie Couture, Fort rêveur. Lourd, presque rock par moments, tendre aussi à l’occasion, avec des textes puissant sur New York (Le Phénix), l’anorexie (Si légère), la poésie de l’inutile (les gestes gratuits), l’existence (Les statuts de ma liberté), le dernier Charlélie Couture est à découvrir pour la grandeur des mots.

2. Catherine Major, Le désert des solitudes. Tendre et tendu, un vrai cri d’amour à la vie, à ses vicissitudes et aux émotions qu’elle provoque, un disque à fleur de peau porté par des mots d’une grande poésie.

3. Richard Séguin, Appalaches. Le disque d’un vrai chanteur folk, revendicateur et identitaire, avec la guitare acoustique au milieu de la voix et une chanson de pays parmi les plus fabuleuses : Besoin du Nord…

4. Fred Pellerin, C’est un monde. Des histoires du pays des régions et de ses habitants chantées avec une tendresse qui ne se fait plus. On est envoûté par la voix de Pellerin et par les rêves qu’il distille dans nos âmes.

5. Pierre Lapointe, Seul au piano. Justement parce qu’il n’est jamais aussi bon que seul à son piano à distiller sa poésie nébuleuse avec une voix si chavirante.

« Classique »

Mot fourre-tout pour identifier les musiques savantes d’hier et d’aujourd’hui, le classique ne convient bien qu’au temps des Mozart et Haydn. Évidemment, ce ne sont pas cuex qui nous retenons.

1. Amandine Beyer : Jean-Sébastien Bach, sonates et partitas pour violon seul. J’ai une demi douzaine de versions de cette œuvre aussi mythique qu’abstraite que complexe et pourtant sans cesse captivante et magique. Voici, celle qui m’a donné le plus d’émotions par la délicatesse du jeu et son air de vouloir dire que tout est facile et tellement riche à la fois! Un joyau!!

2. Nicholas Angelich : Jean-Sébastien Bach, Variations Goldberg. Encore Bach, encore ses variations énigmatiques qui ne cessent de nous séduire. C’est d’ailleurs le sens de cette belle version jouée au piano, comme tel, sans vouloir transformer l’instrument en clavecin, instrument pour lequel l’œuvre a été conçue. C’est plein de délicatesse, d’allants, comme une longue berceuse tantôt si vivante tantôt aux portes du silence…

3. Jordi Savall, La sublime porte, Voix d’Istanbul 1430-1750. Encore une fois, le sieur Savall, incomparable musicien du monde et violiste grandiose, tente et réussit à lier orient et occident au cœur d’un programme qui réunit la crème des musicien traditionnels et savants du pourtour méditerranéen et de l’orient turco arménien. Toutes ces sonorités hors du temps, jouées sur des instruments rares (duduk, rebab, oud, kaval, ney, santur, pour n’en nommer que quelques-uns), sont proprement sidérantes. La civilisation ne date pas d’hier et ce serait bien de la retrouver aujourd’hui… E c’est probablement le dernier enregistrement de Montserrat Figueras (juin 2011) avant qu’elle ne décède d’un cancer en novembre dernier.

4. Quatuor Jérusalem, Quatuors à cordes K.157, 458 et 589. Comme chez Haydn, c’est dansles quatuors à cordes qu’on apprécie le mieux de génie de Mozart, son sens de l’invention et de la mélodie, le plaisir de jouer entre les musiciens qu’il provoque à son tour chez l’auditeur. Les Jérusalem y font merveille et l’enregistrement nous vaut une œuvre de jeunesse magnifique du jeune Wolfie, le k. 157, dont l’andante est si troublant…

¢

5. Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux, Handel, Streams of Pleasure, duos et airs d’oratorios. Bon, vous prenez le plus grand compositeur d’art lyrique de l’époque baroque (17e et 18e siècle), y ajoutez un orchestre somptueux et y mettez deux des plus grandes chanteuses d’opéras de la planète et ça donne un disque qu’o a sans cesse envie de réécouter pour le grave envoûtant de la Lemieux ou les aigus poignants de la Gauvin, deux Québécoises plus grandes que nature…

Jazz

1. Charles Lloyd et Maria Farantouri, Athens Concert. Le chef-d’œuvre jazziste de l’année 2011, cet album double qui réunit le mystique saxophoniste Charles Lloyd à la muse de Mikis Theodorakis, dans un programme qui unit l’œuvre de l’Américain aux musiques traditionnelles savantes de la Grèce, le tout joué et chanté dans le mythique odéon athénien. Que dire de plus sinon que la voix grave et intemporelle de dame Fanrantouri nous bouleverse et que le jeu de Lloyd est à la hauteur!

2. Matana Roberts, Coin coin, Chapter One : Gens de couleurs libres. Un titre bien étonnant pour un album qui l’est autant, capté en concert à Montréal à l’été 2011. La jeune saxophoniste alto et performeuse chicagoanne, Matana Roberts, offre un puissant concert de Free Jazz où se mêlent incantations gospels et imprécations politiques à la sauvagerie grandiose de la musique. Du free jazz plein de sens où l’on rencontre les Albert Ayler, Archie Shepp et John Coltrane des années 1960 alliés au talents d’arrangements et de créateurs de son d’un Charles Mingus, tout cela dans la frêle personne de Matana. Bon, vous ne comprenez rien à ce que je raconte? N’allez pas plus loin, ce disque n’est sans doute pas pour vous si vous avez avant tout l’oreille sensible à la mélodie, vous allez détestez. Par contre, si vous êtes aventuriers sonores, alors là…

3. Vijay Iyer, Tirtha. Encore de l’inexploré mais très accessible cette fois-ci, qui met en vedette le pianiste de jazz d’origine indienne Vijay Iyer et deux comparses, Prasanna (guitare électrique) et Nitin Mitta (tabla). Encore une rencontre entre orient et occident, en mantras et jazz saupoudré d’un soupçon de rock. Fascinant. Une recommandation de mon ami Paul Marois.

4. Rémi Bolduc Jazz Ensemble, Hommage à Charlie Parker. Alors là, on est dans le terrain très connu du bop, du très grand Charlie Parker et du saxo alto. Pour cet enregistrement, l’ensemble québécois a obtenu un prix Opus (pour une fois que ce prix est décerné à un véritable ensemble de jazz...) et c’était à mon avis fort mérité. Ici, ce n’est pas tant l’interprétation qui est renouvelée que les arrangements, et cette idée de faire jouer trois altistes aux sonorités différentes pour la même musique donne un résultat jouissif. Le Swing irrépressible de Moose the Mooche et les ballades tripatives que sont Parker’s Mood, Don’t Blame Me et Embraceable You, dont le Parker original avait donné de si bouleversante lectures, sont ici comme démultipliées dans leurs sonorités. Un bien bel album pour tous les jazzeux.

5. Lee Konitz, Dave Liebman, Richie Beirach, Knowing Lee. À 84 ans, Lee Konitz est encore capable du meilleur, de la créativité et de l’inventivité à revendre comme en fait foi cet album aux riches contrepoints. Le genre : du Konitz, savant à souhait, pas vraiment free, pas bop non plus. Du Konitz à trois où les voix s’entremêlent magnifiquement, dans un savant mélange de sonorités. On dirait du Bach fait jazz…

Folk et blues

Juste deux titres dans cette catégorie. Pas que les perles soient si rares, mais gardons la crème de la crème : Michael Jerome Browne et Gillian Welch.

1. Michael Jerome Browne, The Road is Dark. Le montréalais originaire de l’Arkansas a lancé un album qui sent bon la terre et la boue du delta du Mississippi, avec ses influences du révérend Gary Davis, J. B. Lenoir, Skip James et autres Lightnin’ Hopkins, grands maîtres du blues du Sud. Guitares, banjos, mandolines, chaque instrument est nommé et détaillé pour chaque chanson. Un magnifique travail d’archives revisitées, un disque unique.

2. Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Ici, c’est la folk la plus pure et la plus magique, totalement acoustique, qui met en vedette un couple lié par la musique depuis quelques décennies déjà, Gillian Welch et David Rawlings, tous deux compositeurs et guitaristes qui ont donné, en novembre, un concert mémorable au National de Montréal. Un album qui porte fièrement son titre avec ses chansons qui sentent bon la campagne, les chevaux, l’errance, l’angoisse parfois, l’amour aussi. Mais le plaisir est toujours là, derrière une balle de blue grass ou une bouffée d’harmonica, une note de banjo...

mardi 8 novembre 2011

L’automne, les nuits s’allongent

Neuville automnale; vue du kayaksite...

8h20. Suis réveillé depuis 3h28. Réveillé en sursaut, tellement réveillé que j’ai regardé l’heure tout de suite comme si je devais me lever illico. Pas 6 h comme prévu, 3h28. Pourquoi? Ah oui, les pneus d’hiver à 8 h, en ville, deux émissions de radio à finir de préparer, une pour le midi, l’autre en début de soirée, la maison de Limoilou à vider avant la vente de vendredi, le reçu de paiement de taxes scolaires à aller chercher, m’assurer qu’Aventure Écotourisme Québec a bien reçu mes textes pour le gala et, surtout, que ma douce va bien.

« - Tu vas bien Douce? »

« - Oui, et je t’aime! »

Bon. Ça va, alors. Parce que les dernières semaines ont été plutôt éprouvantes avec la séparation de Rosemarie qui se retrouve gros Jean comme devant avec ses quatre enfants et un logement à dégoter dans un proche avenir. Des nuits pâles, ma Loulou en a connu plus que sa part cet automne… Heureusement, il y a les amis pour le réconfort et on les remercie bien fort!

Mais, bon, l’automne est beau comme l’a été l’été; le vélo et le kayak sont toujours de mise entre le ramassage des feuilles et les opérations d’hivernage. Et si le ciel et Toutatis ne nous tombent pas sur la tête, ce vendredi 4 novembre 2011 nous aurons (enfin) vendu notre immeuble de Limoilou. Un tracas de moins pour les soins qu’exigeaient le bâtiment et un apport financier non négligeable pour la maison de Neuville.

C’est l’automne et les nuits sont plus longues même si on dort moins…

La Jacques-Cartier

Aujourd’hui quand même, on a gagné une heure avec le changement d’heure. Loulou et moi en avons profité pour faire une merveilleuse balade ensoleillée sur les bords de la rivière Jacques Cartier, juste au nord de Pont-Rouge. Une découverte, ce joli rapide de classe 2-3 qui nous a rappelé de beaux souvenirs du temps de nos descentes de canot. Tiens, ici, il aurait fallu se méfier du rappel au bas de ma veine d’eau vive, là, à droite, le passage aurait été plus aisé et là, au centre, cette roche en affleurement qui pourrait bien causer un cravatage… Bref, un bel après-midi à longer les rives de cette rivière magnifique que nous si souvent descendue dans le secteur du Parc national de la Jacques-Cartier, au cœur des orignaux au milieu du fjord…

Maëllie a un an!!!

Notre petite Maëllie, la fille de Marie-Pier et de mon fils Jean-Philippe, a eu un an le 1er novembre et nous avons très hâte au week-end prochain pour la fêter nous aussi. Elle a eu droit à une fête intime le jour même de son anniversaire, aujourd’hui, elle a célébré ça avec Charlie, sa cousine d’une semaine plus jeune et les grands parents maternels. La semaine prochaine, ce sera notre tour. Ça va être la fête!!!

Ah oui, elle marche!!!


Vendu!

Une partie de notre histoire de vie s’est terminée vendredi dernier, 4 novembre 2011, avec la vente de notre duplex de la rue Saint-Pascal, dans le beau quartier Maizerets, à Québec. Acheté en 1997, nous y avons habité trois ans avant d’emménager à Stoneham. Jean-Philippe et Rosemarie y sont restés, puis le fils a quitté pour aller étudier et Rosemarie y a habité avec son amie Natasha, puis avec son ex-conjoint Christian. C’est là que sont nés Gédéon et Florent, que Gédéon a été arrêté par la police. Pfffff… Et je ne vous parle pas des mille et une péripéties aqueuses que nous y avons vécues…

Bref, tout cela est passé et cette vente va nous permettre de demeurer dans notre nouveau chez nous neuvillois.

Chercher quelqu’un…

« C’est drôle à dire, mais je me sentais presque heureux. Chercher quelqu’un qu’on aime beaucoup, sans être pressé, il n’y a rien de plus réconfortant. Cette personne se trouve dans votre tête, elle est déjà avec vous, et plus le temps passe, plus vous devenez amoureux. »

- Jacques Poulin

L’homme de la Saskatchewan, Leméac/Actes Sud, p. 64

Tiens, revoilà Jacques Poulin et ses douces phrases assassines. Je ne vous raconte pas l’histoire, vous le lirez. C’est un court roman d’à peine 120 pages où il est question d’écriture, de désir et de tendresse, comme toujours chez cet auteur si discret. Surtout, on y habite avec force le quartier Saint-Jean-Baptiste et le Vieux-Québec. Ah oui, il est peut-être aussi, un peu, question d’identité… et de respect.

Ah, ce blues…

Vous connaissez Michael Jerome Browne? C’est un guitariste anglo de Montréal, féru de folk et de blues, fin connaisseur et ardent pratiquant de ces musiques depuis quelques décennies déjà. Et puis? Et puis, sous le beau titre de « Road Is Dark », le musicien, tout seul, met en scène ses guitares anciennes et modernes, ses banjos, son violon pour rendre hommage au blues du terroir, celui du Delta du Mississippi, mais aussi celui de Montréal. Ont y entend l’esprit des Frankie Lee sims, J.B. Lenoir, Rev. Gary Davis, Frank Stokes, Lightnin’ Hopkins ou tommy Johnson. S’y ajoute un ami tout à fait contemporain, B.A. Markus, avec lequel il peaufiné quelques composition dans le même esprit. Au total, un fabuleux disque de blues pour les longues soirées d’automne et d’hiver, un blues qui réchauffe et réconforte à grands coups de guitares acoustiques. Beau, brillant, authentique! (disque Boréalis)

…et la country alors?

Ouais, han, la country? Celle, par exemple, du célébrissime Hank Williams, le père de la country américaine moderne, créateur de plus de 800 chansons et décédé d’alcoolisme fatal à l’âge de 29 ans. Il suffit, pour comprendre, de regarder n’importe quelle photo d’Hank; sur toute il a l’air vieux. Mais bon…

Ben voilà, il y a peu, un exégète de l’œuvre du musicien a découvert, soigneusement classé dans des archives, une mallette contenant trois cahiers de chansons jamais éditée, une mallette que le bon Hank trainait partout et y jetait ses idées et ses compos avant d’être trop saoul pour les noter. Du coup, un bob Dylan s’y est intéressé, et un Jack White, une Norah Jones et un Lucinda Williams, une Patty Loveless et un Merle Haggard.

Bref, sous le titre de « The Lost Notebooks » viennent de paraître 12 chansons dont certaines ont été complétées par les interprètes. Tous et toutes rendent ces chansons comme un travail d’archives, c’est-à-dire qu’on les a arrangées et chantées comme on était toujours en 1950, à la veille de la mort de ce pauvre Hank. Même l’iconoclaste Jack White s’est plié à l’exercice et seule Lucinda Williams, comme d’habitude, a fait à sa tête. Alors? C’est superbe et essentiel, point. (disque Sony Music)

mercredi 12 octobre 2011

Les vacances de Loulou, fin.


Sourire de vacancière... au-delà des tracas anxiolytiques.


Les vacances de Loulou avaient commencé sous un beau soleil qui a fait monter le mercure aussi haut que 24 degrés Celsius. Ça fait deux jours qu’elle est retournée au travail et, ce matin, il y avait du givre sur l’auto lorsqu’elle est partie travailler. À 6h30, le soleil n’était vraiment pas encore levé. Pourtant, ces vacances-là ont duré à peine deux semaines que nous avons passés dans Charlevoix et, pour la première fois de notre vie (!), dans les Cantons-de-l’Est.


Pays de villégiature et de douces montagnes, les Cantons-de-l’Est nous ont permis à Loulou de grimper le mont Orford , pendant que je le contournais à vélo, partant de Magog pour y revenir en passant par l’abbaye de Saint-Benoît, Bolton, et Eastman. Plus de 70 km, ont une dizaine sur une @#$?$%?*&&!@#$ de piste cyclable. Mais bon…


Et alors? C’est un magnifique coin de pays à l’architecture assez Nouvelle-Angleterre, aux paysages très soignés, aux auberges sympathiques, comme La belle victorienne où nous avons résidé durant notre court séjour. Les gens de la région sont accueillants et plutôt sympathiques à défaut d’être vraiment chaleureux. Sans doute sont-ils trop envahis par le tourisme qui semble être une industrie drôlement importante…


Austin, en Estrie, juste à côté de Saint-benoît-du-Lac.


On est revenus deux jours plus tard, sous la pluie qui n’altérait en rien la beauté du paysage. Juste être ensemble, comme seuls au monde, suffit à notre bonheur.


Deux semaines, c’est court mais ça nous a permis, ma douce et moi, de nous rapprocher encore un peu plus, comme c’est le cas chaque fois que nous passons quelques jours collés l’un à l’autre, en auto, sur la rue ou dans le lit. Ça fait 17 ans qu’on roule notre bosse ensemble et jamais l’amour n’a faibli entre nous et chaque fois qu’on part ensemble, on prend en prend la mesure. C’est la femme de ma vie, vraiment. Maintenant qu’elle est de retour au travail, je m’ennuie un peu. Bien sûr, elle est là le soir et la nuit, mais accaparée par les soucis professionnels et familiaux, sa présence me semble un peu moins forte. C’est qu’on devient exigeant en vieillissant!!! :-)


Loulou, son p'tit Loïk avec un k et notre ami Charbon...


La magie de Maëllie

Maëllie, ma petite-fille adorée est venue aux pommes ce week-end et, avec ses parents, s’est arrêté à la maison le temps d’un repas et d’écouter un peu de musique. Voici quelques images de son voyage à Québec…


Admirez cette grâce et cette légèreté. Madame se tient sur le bout de l'orteil!

Mélomane. C'est de famille...


On grimpe dans l'échelle...


...et on bouffe la pomme!


Gédéon patine…


Go, go, go, Ged!!!

Gédéon patine! Il prend des cours tous les vendredis soir et samedis matin et, la plupart du temps, c’est moi qui ai l’honneur de l’accompagner. Ah, au début, ça a été long avant qu’il ne se décide à avancer, comme s’il ne savait quoi faire de ces chaussures à lames. Et puis, vendredi dernier, après un blitz de ses jeunes profs, il a compris et il est parti!! Tourne à droite, à gauche, contourne des cônes, recule. Oh, lentement au début, mais là, il s’ambitionne et devient bon. Très fier de toi, petit-fils chéri!!!


J’haïs les pistes cyclables, bis

Dans une précédente chronique, je racontais à quel point les pistes cyclables ne sont pas fait pour les cyclistes qui veulent rouler sportivement, si je peux m’exprimer ainsi. Trop de monde, trop de non-cyclistes, de chiens, de poussettes et de pédaleux insouciants et dangereux.


Tranquille, la piste entre Eastman et Magog, mais tout aussi haïssable...
de mon point de vue.


Durant ma sortie dans le coin de Magog, j’ai emprunté, à Eastman, une piste cyclable qui devait me ramener à mon point de départ en passant par le parc du mont Orford. Personne, absolument personne n’y circulait. Mais comme j’ai un vélo de route et que la piste est en poussière de pierre, y rouler était ardu bien plus que je ne l’aurais cru, surtout que le parcours se faisait sur un parfait faux plat montant. J’y ai roulé 5 km avant de rebrousser chemin, les jambes en compotes. C’est simple, ça ne roule pas sur le gravier, un vélo de route. Point. En montant, on en arrache, en descendant, c’est glissant et instable. Fini, pour moi, les p*** de piste cyclables. Vive la route quand on respecte les consignes!


La disparition de Bert Jansch


Un cirque pas ordinaire.

Folksinger anglais de renom dans la seconde moitié du 20e siècle, guitariste au talent inouï, Bert Jansch a eu la mauvaise idée de mourir la même journée de Steve Jobs, le gars qui a changé nos vies avec Apple. Forcément, son départ est passé inaperçu, d’autant plus qu’il n’a jamais défoncé les records des palmarès musicaux. Pourtant, sa musique est magnifique, simple et magnifique, proposant des chansons aux textes tantôt poétiques, tantôt engagés politiquement et socialement. J’écoute cet homme depuis les années 1970, seul ou avec son alter ego John Renbourn ou encore avec ses complices de Pentangle, dont l’incroyable Jacqui McShee. À l’époque, on le surnommait le Dylan anglais, pour son amour de la guitare acoustique et ses chansons caustiques. Il a traversé les décennies, toujours fidèle à la voie qu’il s’était tracé, de composer de belles chansons dans leur plus simple appareil; voix et guitare le plus souvent. Tiens, il y a peu, le magazine Web Chroniquart réalisait un beau reportage sur la carrière de ce musicien unique. Je vous propose d’en prendre connaissance!


Un disque majeur dans l'histoire du folk anglais...


Et puis pour la musique, que dire ou proposer? Toute sa discographie, pour ce que j’en connais, me semble valable. Reste que plus les albums sont simples et mettent en évidence son jeu à la guitare acoustique, plus ça me touche. Ses duos de guitares avec John Renbourn (Goodbye Porkipie hat) et Stefan Grossman offrent de très grands moment de musique et j’ai un faible pour quelques-uns de ses derniers albums (The Blackswan et When the Circus Come To Town) proposent des musiques intemporelles. Vous pouvez les entendre en cliquant sur les liens…


Le Lennon de Frisell


Il n’y a pas que les morts, il y a aussi les vivants, de drôlement vivant comme ce guitariste de toutes les avant-gardes, Bill Frisell qui, question de se faire et de nous faire plaisir, vient de faire paraître un receuil de quelques-unes des plus belles compositions de John Lennon qu’il interprète à sa façon avec compagnie des ses copains Greg Leisz (guitares itou), Jenny Scheinmann (violon), Tony Scherr (Basse) et Kelly Wollesen (batterie). Et puis? Adorable, entre autres parce que les musiciens n’ont pas dénaturé la beauté mélodique de l’œuvre de Lennon et aussi parce que la violoniste nous donne des frissons avec son jeu à fleur de peau dans In My Life et Julia. Cependant, ceux qui rechercheront l’inédit et l’originalité à tout prix seront peut-être déçus. Moi, je refuse de bouder mon plaisir!


Le Bach d’Amandine



Tout comme les suites pour violoncelle, les Sonates et partitas pour violon sans accompagnement… m’accompagnent depuis quelques décennies déjà. Ces œuvres ont beau être des exercices un tantinet abstraits, il s’en dégage une poésie indéfinissable et diablement prenante. Au bout d’une centaine d’écoutes, on y découvre toujours quelque chose de nouveau. De Sigiswald Kuijken à Nathan Milstein, en passant par Rachel Podger ou Viktoria Mullova, les versions sont nombreuses et riches (du moins pour les noms que je viens de citer et qui se retrouvent dans ma discothèque). Et voilà que, sans crier gare, la jeune Amandine Beyer vient tout juste de proposer sa vision chez Zig Zag Territoires. Depuis vendredi soir, ces disques (2) ne quittent plus ma platine. Ils distillent une telle poésie, une telle lumière voire presque de la douceur, qu’on en oublie toute la complexité de l’architecture pour ne garder que le bonheur des sons et l’émotion qu’ils transmettent .

dimanche 25 septembre 2011

Les vacances 2011 de Loulou (1)


Loulou en hauteur!

Les Hautes-Gorges de la rivière Malbaie.

Mi-septembre, ma douce est en vacances. « -Bon, on va où? La Gaspésie du sud-est aux alentours de Bonaventure? Plus près, à l’Île-Verte ou à Kamou? Comme ça on pourrait faire du kayak et du vélo… » Mais la rando lui tente aussi furieusement et la première journée de ses vacances, c’est la Vallée du Bras-du-Nord qui obtient sa faveur et mon assentiment enthousiaste. C’est juste au nord de Saint-Raymond, dans Portneuf, et comme nous habitons Neuville, on y sera vite arrivé.

On a juste l’après-midi et on choisit le sentier des Falaises qui nous amène directement en face de la superbe chute Delaney, de l’autre côté de cette vallée qui ressemble drôlement à un fjord. Bel après midi frais et venteux qui nous rend la tête heureuse et les cuisses un peu douleureuses. « On revient bientôt, c’est certain, me dit ma douce. » Puis, après 30 secondes de réflexion, elle dit : « Et si on allait au Parc des Grands-Jardins cette semaine, on pourrait coucher à Baie-Saint-Paul, dans un gîte? »

J’hésite, moi, grimper des escaliers pour me rendre en haut d’une montagne me tente peu. Cependant, je n’ai jamais gravi l’Acropole du Draveur dans le Parc national des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie et ça me tente en titi. Ce n’est pas beaucoup plus loin et le défi me semble plus enthousiasmant. Ma douce est d’accord et on réserve à l’auberge Le Relais des Hautes-Gorges tout près, pour le souper, le dodo et le petit déj.


Mer de montagnes...

Mardi, il fait un temps superbe pour la rando, frais, un peu venteux et un ciel généralement bleu. Il est 10h30 lorsqu’on met le pied au bas du sentier. Bon, encore des escaliers… L. En pierre, peut-être, et mieux intégrées au paysage, mais des escaliers quand même. Un sentier pour touriste, comme l’a qualifié mon ami Norbert qui a emprunté plusieurs d’ancien tracé plus exigeant. Aller-retour, c’est un parcours de 10 km qui nous mène à un paysage qu’on ne peut qualifier que de grandiose et qui est bien plus difficile à la descente qu’à la montée. C’est là qu’on s’est rendu compte que, comme nous, nos articulations ne rajeunissent pas.


En se tenant loin du bord, ma douce retrouve le sourire...

N’empêche, le périple se fait sourire aux lèvres et ma douce arrive en haut comme un chef; belle et fière! Mais c’est là que ça se gâche un peu pour elle. Victime du vertige, elle se déplace lentement sur les crêtes des trois sommets des Hautes-Gorges. Et lorsqu’elle me voit prendre des photos au pied du précipice, j’ai droit à un rappel à l’ordre sans équivoque. N’empêche, regardez cette photo qui en dit long sur la hauteur de ce fjord!

Vue en plongée...

Fjord d'un bord, lacs de l'autre.

Au retour, le bain chaud de l’auberge déraidit nos muscles et nous sombrons dans une douce torpeur qui dure jusque qu’au souper (excellent, offert en forfait, mais qui comporte des extras aux prix un peu trop élevés pour les plats les meilleurs), durant le souper… et même après!

La rivière Malbaie au creux des hautes gorges.

Le lendemain matin, ma douce choisi le kayak sur la rivière Malbaie, juste en dessous des hautes gorges, comme activité de la journée. « Comme ça, on aura tout vue de haut et du bas… » On prend une embarcation double et tout se serait merveilleusement déroulé, malgré le ciel couvert, si ce n’avait été des pagaies. La préposée, pensant bien faire, nous a remis des pelles de deux tonnes qui constituaient un excellent exercice de levée de poids dans un gym. Sur une rivière dont on veut remonter le courant sur 7 km, c’est rapidement devenu un irritant majeur, particulièrement pour ma douce qui s’est mise à râler comme seul moi sait le faire habituellement. Nous avons alors réduit nos ambitions et nous nous sommes contentés de louvoyer lentement d’une rive à l’autre, observant les pentes vertigineuses, nous rappelant les bons moments de la veille et, surtout, profitant du calme et du silence total, que nous offrait la rivière, une fois remontée assez loin pour éteindre le bruit du barrage où l’on met à l’eau.

Reste que nous avons écourté notre sortie qui devait durer quatre heures poure reprendre la route. « Et si on passait par La Malbaie et Saint-Irénée avant de rejoindre Baie-Saint-Paul? » a suggéré Loulou. Quelle bonne idée, elle a eu, surtout que plus on approchait du Saint-Laurent, plus les nuages s’effilochaient, plus la température montait. À Saint-Irénée, nous avons longtemps longé la plage à pied, rêvant de kayak (les nôtres, avec nos pagaies poids plume!!) avant d’aller jeter un œil au dépanneur Au père d’Antoine. Ça nous a coûté une beurrée (pas trop grosse quand même) en produits locaux : fromages, foie gras de canard, bières de Charlevoix et tutti quanti…

Au quai de Saint-Joseph-de-la-Rive.

Le Jean-Yvan!

Les visites de la journée se sont terminées au Musée maritime de Charlevoix à Saint-Joseph-de-la-Rive, lieu de construction navale de goélettes fluviales durant une cinquantaine d’années au 20e siècle. Sûr que nous y retournerons. C’est trop magique!

Musique

Si l’on excepte la musique du merveilleux film des frères Cohen « O Brother, Where Art Thou? », toute faite de vieux folklore d’Amérique et que nous avons écouté en fin de parcours, ce sont deux merveilles d’un tout autre genre qui ont accompagnée nos heures de route.

La première s’intitule « Athens Concert » et met en vedette l’envoûtant quartet du saxophoniste Charles Lloyd ( Jason Moran, piano; Reubens Rogers, basse, Eic Harland, batterie)en compagnie de Maria Farantouri, muse de Mikis Theodorakis, une chanteuse à la voix grave et chaude comme la Méditerranée elle-même. Le concert en question a été enregistré à l’odéon antique situé près du célèbre Parthénon d’Athènes; un lieu mythique, évidemment. La musique, faites de compostions du grand Charles et d’interprétations de chants anciens grecs, est à la hauteur du lieu. Depuis une semaine, nous l’avons écouté 10 fois et y découvrons de nouvelles merveilles, de nouvelles sonorités, dues, entre à la lyre de Socratis Sinopoulos et aux arrangements de Takis Farazis. Pour tout dire, de cette rencontre improbable, a surgi une sorte de chef-d’œuvre.

George Frideric Handel est sans doute une des plus grands compositeurs pour la voix humaine, dans le domaine de l’opéra ou de l’oratorio. Figurez-vous que Karina Gauvin, soprano, et Marie-Nicole Lemieux, contralto, ont unies leurs voix pour un récital hors du commun dudit Handel et de ses oratorios (genre musical voisin de l’opéra mais dont le sujet est essentiellement religieux). Nos chanteuses à nous autres, accueillies comme de grandes prêtresses sur les scènes européennes, sont accompagnées par Il complesso baroco que dirige un des handelien les plus respectés, Alan Curtis. En deux mots, "Stream of Pleasure" est tout bon. Les deux chanteuses, dont on sait qu’elles sont de parfaites complices, éprouvent un évident plaisir à déjouer les airs les plus difficiles et savent comme nulles autres, être émouvantes quand le texte l’exige. Sous le ciel de Charlevoix, elles ont fait merveille à nos oreilles!

mardi 6 septembre 2011

216 Arago Est, souvenirs en vrac (2)



L'école des filles, à défaut de celle des gars dont je n'ai pas trouvé de photo. Le modèle est le même...

La rentrée, ou plutôt l’entrée de Gédéon à l’école a ravivé de bien drôles de souvenirs du temps de la rue Arago. Comme pour mon petit-fils, je me souviens d’une grande fébrilité et d’une hâte incommensurable d’être un grand qui va à l’école. Sauf que dans le temps, la maternelle n’avait pas encore été inventée. Je suis donc entré à 5 ans et demi en première année, à l’école primaire Notre-Dame-de-Jacques-Cartier. C’était en septembre 1957 et ma mère, fière, m’y a mené pour la première et… dernière fois. Non mais, quoi, j’étais un grand, donc capable d’y aller tout seul, même s’il fallait traverser la rue Saint-Vallier, le boulevard Charest et la rue Saint-Joseph avant d’y mettre le pied, coin Caron et Saint-François, dans le quartier Saint-Roch.

Bon, ok, les premières fois, de plus grands, qui habitaientla rue, m’accompagnaient. Mais avant la fin de la semaine, je marchais tout le trajet comme un grand. Comme un grand? Quelle déception de croire être un grand et de n’être qu’un petit rendu à l’école. C’est toujours comme ça, t’es toujours le petit de quelqu’un et le grand d’un autre. Mais bon.

La mairesse, comme on disait, s’appelait Gisèle Castonguay et semblait tout à fait gentille jusqu’à ce qu’elle convainque ma mère que d’écrire de la main droite c’était diablement plus sain. Ça s’est fait assez rapidement, la règle triangulaire qui me tapait la gauche du tranchant me rappelant douloureusement à l’ordre, le bon, celui de Dieu. Tout le monde sait que la gauche est l’œuvre du diable!

Je n’ai pas détesté l’école pour autant, et même pas, sur le coup, la Gisèle en question. Ça a juste un peu fucké ma nature et perturbé à jamais ma calligraphie qui est restée depuis totalement…gauche. Non, au contraire, dès les premières leçons, j’ai tout de suite annoncé les couleurs : très bon en français et en histoire, un peu irrévérencieux en religion (le futur athée couvait déjà!) et totalement nul en maths.

J’avais des amis pour jouer au hockey bottine ou au ballon prisonnier et comme partout ailleurs, les grands nous bousculaient quand il leur en prenait l’envie. Me souvient juste avoir été assez méfiant pour ne pas me retrouver trop souvent dans leurs pattes…

Mon premier cours de langue
C’est d’ailleurs un des ces grands qui m’a appris que le métal, en hiver, ça gèle les muqueuses. Un beau matin froid de novembre, il m’a gentiment suggéré de mettre la langue sur le poteau de métal de la porte de clôture de la cour. Évidemment, elle a collé sur place et j’ai paniqué. Tout le monde rigolait et, au même moment, la cloche du début des classes a sonnée. Houlà, l’anxiété m’est montée dans le piton à la pensée d’être en retard, pire, de ne pas pouvoir entrer du tout dans l’école.

Le grand, qui était parti à la course avec tous les autres, est revenu régler ça. Il a donné un bon coup de pied pour fermer la porte de grillage à laquelle j’avais la langue pendue. J’ai été libéré instantanément…même si un bout est, bien sûr, resté au fer. J’en ai été quitte pour avaler un peu de sang et ravaler beaucoup de larmes et d’amertume durant l’avant midi.

Chez Marguerite etles cartes de hockey
Mais bon, je l’ai dit, j’adorais l’école, et c’était un plaisir, tous les matins (sauf ceux des maths), d’y courir avec mes chums. Surtout, sur l’heure du dîner où on ne manquai pas d’aller faire notre tour Chez Marguerite! C’était un tout petit local où abondait toutes sortes de bonbons et de cartes de hockey, le bonheur, juste en face de l’école. Qu’était-ce au fond? Un dépanneur? Pas vraiment. Plutôt un magasin de friandises tenu par une sympathique petite vieille à peine plus grande que nous. Nous l’adorions Marguerite, avec ses yeux bleus qui rajeunissaient sa figure ridée. Ce n’était pas comme une grand-mère, plutôt comme une sorte de fée âgée qui nous ouvrait les portes de son royaume de bonbons. Et qu’est-ce qu’on en a acheté des boules noires et cartes de hockey avec l’argent des bouteilles vides que nous quêtions partout. Deux fois, durant ces premières années d’école, j’ai eu une collection complète de 110 cartes. La deuxième, je l’ai complétée en remportant la carte manquante (Bobby Hull si je me souviens) en jouant aux billes, exactement comme le raconte Marc Robitaille dans Des histoires d’hiver avec des rues, des écoles et du hockey, qui reste mon héros en matière de souvenirs d’enfance. La mienne, je veux dire.

Bref, j’aimais l’école et, régulièrement, je ramenais avec fierté, agrafée à ma chemise, la médaille du mérite de français, d’histoire ou de divers (j’étais toujours le meilleur en divers!). Non, je n’en ai jamais eu en maths. Mais des retenues, ça oui, et plus souvent qu’à mon tour! Ça n’a rien changé à ma cancreté, ou ma cancritude, comme vous voudrez. Je n’avais pas la bosse des maths, c’était plutôt un trou qui, avec les années, est devenu un cratère. M’enfin…

Le fort
L’hiver de mes sept ans, on s’était fait un fort dans la cour, dans le coin à la jonction de deux clôtures. On, c’étaient mon frère Claude, me semble-t-il, et les amis du coin, Coco Bérubé, les trois ou quatre frères Lagacé, Réjean Drolet, Henri Robitaille peut-être, mais pas sûr, on le trouvait trop bizarre. En fait, il n’avait rien de bizarre, juste une drôle de famille avec pas de père avec une mère qui ne cessait de se promener avec ses deux filles. Henri, lui, il faisait plutôt solitaire et pas nécessairement par choix.

Bon, tout ça pour vous raconter que ce fort nous servait à repousser des ennemis imaginaires et effroyables. Un beau samedi après-midi neigeux, Réjean était arrivé avec deux arcs en fibre de verre et des vraies flèches pointues. Ouaiiiiis, qu’on s’est dit, on va mettre un de nous en garde avancé et on va s’envoyer des messages avec les flèches pour se prévenir de l’arrivée des ennemis… Je ne sais pas comment on a fait pour qu’il n’arrive pas d’accidents. Je me vois, garde avancé grimper dans un arbre, lancer ma flèche sur le poteau au centre du fort pour avertir de l’arrivée imminente de l’ennemi. N’importe lequel de ceux qui s’y terraient et qui aurait décidé de lever la tête un instant aurait eu une chance de devenir borgne ou juste de mourir d’un flèche en plein front. Il n’est rien arrivé mais on a perdu la guerre et vite fait à part ça…

C’est que les arcs en question, Réjean les avais un peu piqué à ses grands frères René et Jacques qui sont venus les récupérer. Nos explications n’ont pas ému les deux costauds et notre fort en a mangé une maudite. Réjean, lui, on ne l’a pas revu pendant une semaine. Faut dire qu’on avait pété une ou deux flèches…

Le lendemain, on s’est fait une glissade avec les restants du fort…

Gédéon à l’école


La gang de rue de Donnacona : Géd et Titine à l'avant, Lio et Flo derrière. Une journée bien spéciale!!!

C’était jour d’entrée scolaire pour mon petit-fils Gédéon, la semaine dernière. Il avait tellement hâte. Rosemarie, sa mère : " Gédéon était pas mal excité ce soir à propos de l'école. On est allés chercher des vêtements pour lui aujourd'hui, j'ai eu le temps de jaser avec. Je lui au dit que je ne pourrais plus le considérer comme mon bébé maintenant qu'il commençait l'école, que c'était seulement les grands qui y allaient... C'est comme si je lui avais donné 1000$... Hihihi ".

Le lendemain matin, j’ai eu le plaisir d’accompagner la famille dont les autres membres, Florent, Lionel et Célestine, entraient en garderie plus tard dans la journée. Je suis arrivé au moment où maman Rosemarie prenait des photos pour immortaliser ce jour de grande première. On s’est ensuite dirigé vers l’école de Donnacona, de l’autre côté de la rue et je me suis occupé de la gang pendant que Gédéon, sa mère et des centaines d’enfants et de parents de la meilleure humeur attendaient l’ouverture des portes. Symboliquement, le directeur est arrivé avec sa grosse cloche pour donner le signal.

La vie venait de changer pour tout ce beau monde, même pour Célestine qui, à huit mois, faisait son entrée dans le grand monde de la garderie, elle qui termine à peine sa période de fusion totale avec sa mère.

Maëllie
Bon, je mets mes bottes et je m'en vais à la garderie!

Ma petite Maëllie a aussi commencé la garderie, elle qui est indépendante en diable. Marie-Pier l’a laissé le cœur gros le premier matin. Je parle de maman, là, qui avait le cœur gros en pensant que sa fille s’ennuierait…Pour s’en assurer, elle est retournée quelques minutes plus tard. Rien à faire, Maëllie était occupée, pas de temps pour maman. Quin toi! Reste qu’à la fin de la journée, elle était bien heureuse de rentrer à la maison. Et chaque matin, c’est pareil, heureuse de retrouver son éducatrice et le soir, ses parents. Maëllie, c’est le bien-être incarné! Que ça puisse durer!!!

Ry Cooder chante l’Amérique
Depuis la parution du film Paris, Texas en 1984, j esuis fasciné par ce musicien hors norme qu’est Ry Cooder. Avec quelques notes de guitare fondamentalement blues, il a soutenu avec force le scénario et le jeu des acteurs du film. Musicien de la côté, formé à toutes les influences trad de son Amérique, y compris et surtout peut-être, à ce qui est convenu d’appeler le Tex-Mex, cette musique des Mexicains venus en masse trouver de meilleures conditions de vie aux États. C’est lui qui, au milieu des années 1990, redonnait vie à un ensemble cubain quasi mythique, le Buonavista Social Club. L’Afrique d’Ali Farka Touré l’a aussi attiré et ensemble, ils ont fait un album magnifique : Talking Timbuktu. Et je ne parle pas de son séjour en Irlande avec les Chieftains ou encore au Japon.

Mais c’est avec le blues qu’il a le plus d’affinité, le cooder et sur Pull Up Some Dust and Sit Down, son dernier opus à date, on en compte deux titanesques : Baby Joined the Army, en hommage au blues du delta du Mississippi et John Lee Hooker for President, où il cite tous les grands titres du Johnny Lee en question (Boom, Boom; Boogie Chillum; One Scotch, One Bourbon, One Beer) mais en s’adressant au président des USA dont on comprend qu’il peut avoir le blues.

Pour le reste, c’est un hommage à tous les types de chansons populaires qu’on rencontre aux États, du Tex-Mex, en passant par Tom Waits ou même Dean Martin. Réjouissant et engagé en diable!

Ray Bonneville

Ce n’est pas parce qu’on vit à Austin, Texas, qu’on ne peut pas être né au Québec. Parlez-en à Émilie Clepper ou à Ray Bonneville qui lui, est venu au monde à Gatineau (Hull à l’époque) plus précisément. Cet étonnant personnage,hobo de l’Amérique qu’il a parcouru du nord au sud et d’est en ouest, a choisila chanson apes avoir pratiquée 36 métiers et dont, plus particulièrement,celui de pilote de brousse. Aujourd’hui, avec Bad Man’s Blood, il présente sont septième album, le plus réussi à mon sens.

Sa folk un peu rugueuse, la syncope particulière de ses chansons tout comme son jeu de guitare et d’harmonica reconnaissables entre tous en font un musicien attachant en qui on se reconnaît. Enfin, moi je m’y reconnais et suis attiré par ces belles chansons simples, constamment bleusées, qui appellent au voyage, au plaisir et qui racontent les vicissitudes de la vie. Des chansons, des vraies quoi…

Jean-Michel Pilc,piano solo

Dans ma dernière chronique (Je déteste les pistes cyclables, 28 juillet 2011), je vous proposais le disque remarquable du pianiste KennyWerner intitulé New York Love Songs. Cet américain a longtemps vécu en France alors que celui que je vous présente aujourd’hui est Français, mais vit à New York et s’appelle Jean-MichelPilc. En voilà un qui personnifie à merveille la force et l’originalité du jazz européen. Son jazz est créatif, moderne, vif et… absolument ancré dans la tradition, même si cette tradition peut parfois paraître abstraite.

L’album s’intitule Essential, titre drôlement bien choisi puisque le musicien y offre toute la palette de son art, remodelant complètement les standards ou créant des thèmes complexes sous forme d’études-tableaux, comme il les a appelées. Bref, c’est neuf, frais, moderne, oscillant constamment entre abstraction et mélodisme…