dimanche 9 novembre 2008

Le sens de la vie


Deux mots de chronique pour parler d’amour et laisser parler l’amour. Moi qui n’ai toujours voulu vivre que par elle, qui l’ai trouvée pour la perdre cruellement et la retrouver plus grande encore au mitan de ma vie, titanesque, puissante, imposant sa loi sans détour, déchirante d’extase et de douleur tout à la fois, l’amour qui est ma vraie foi. Moi qui, aujourd’hui, ne peux écrire Loulou sans trembler d’une émotion forte qui ne cesse de grandir, Loulou qui m’obsède constamment, au point d’habiter mes pensées à chaque instant, Loulou qui m’a amené pour l’éternité dans son monde de générosité et de bonté faite femme…

Alors voilà, moi qui ai trouvé mille fois mille et un mots pour lui dire ce que je ressens, ce qui m’envahit d’elle, qui suscite tant mon admiration, je voudrais partager avec vous les mots d’un autre, un dénommé Gaston Miron, pour qui l’amour était aussi un credo inviolable.

Je vous propose d’entendre l’incroyable Marche à l’amour récité par le comédien Pierre Lebeau dans le cadre de l’émission Vous m’en lirez tant, transmise le dimanche après-midi sur les ondes de la radio d’État. Pour accéder à l’audio, descendez jusqu’au bas de la page Web.

Musique


Ayons de la suite dans les idées. La poésie du même Miron vient d’être mis en chansons par quelques-unes des plus grandes pointures de la chanson québécoise, toutes générations confondues. Sous le titre Douze hommes rapaillés, on peut entendre les Richard Séguin, Michel Rivard, Vincent Vallières, Yann Perreau et autres Plume Latraverse magnifier l’œuvre du plus grand poète de l’histoire du Québec... avec le dénommé Nelligan. Un album essentiel.

Livre
L’homme rapaillé, évidemment, du même Miron. Éditions Typo, collection Poésie.

lundi 3 novembre 2008

Dernière sortie



Je déteste les fins, la mort par exemple parce que c’est tout de même définitif, ou encore la fin de la saison de kayak parce qu’on doit interrompre une activité qui nous mène à une constante exaltation. La mienne s'est terminée samedi. Oh, remarquez qu'on peut sortir en tout temps quand les conditions s'y prêtent et que la glace ne risque pas d'écraser votre embarcation. On n'en est pas encore rendu là mais tout de même...

Vendredi, j'avais demandé à mon ami Denis s'il était tenté par une sortie de quelques heures le lendemain. "Je vais voir comment je peux m'organiser et je te rappelle." Il m'a rappelé le lendemain matin à 7 h! Je n'avais, bien sur, rien préparé. Étant certain d'être seul, j'avais décidé de prendre mon temps et de me rendre jusqu'à Batiscan, là où l'effet des marées ne se fait plus sentir, où la plage est accueillante, même en novembre, les gens du p'tit resto qui la borde d'une gentillesse perpétuelle.

Mais bon, ce sera pour le printemps, parce qu'avec l'ami Jodoin, on s'était parlé d'une escapade de deux heures. Comme il fallait tenir compte de la marée, haute à 9 h, il a proposé de mettre à l'eau au Quai-des-cageux, le long de la promenade Samuel-de-Champlain, et de partir en amont jusqu'à ce que la marée nous ramène à notre point de départ.

Il faisait -7 degrés à Stoneham, lorsque j'ai préparé mon équipement et mis les kayaks sur le toit de l'auto, cassant mon rétroviseur de gauche, dans l'opération. Qu'importe, j'avais trop hâte! Nous avons été accueillis au quai par un soleil blafard et par un qui forcissait de minutes en minutes. Peu importe, la perspective de passer sous les ponts et de se rendre peut-être jusqu'à la rivière Cap-Rouge était enivrante.

Du kayak en ville, le long d'une autoroute et sous deux ponts immenses, là où le fleuve rétrécit comme dans un goulot, ça donne une expérience de navigation assez fascinante et...secouante. Les courants changent constamment, les remous sont partout et nécessitent une expérience de pagayeur certaine. Mais une fois passé ce maelström, on se retrouve dans la béate baie de Cap-Rouge, le long des plages St-Laurent et Jacques-Cartier, avec les canards et les promeneurs qui nous regardent comme les hurluberlus que nous sommes. Comme l'a dit Denis : « deux vieux fous de plus de 50 ans qui s'élancent sur un fleuve de novembre sous une vent de plus en plus fort et frette. »

En fait, le froid, c'est n'est qu'en sortant qu'on le sent. Chaudement vêtus de néoprène et "dry tops", on a plutôt tendance à suer sous l'effort, peu importe la température extérieure. C'est en sortant que ça se gâche, comme ça a été le cas samedi midi. À midi, le soleil avait disparut et le vent, du nord-ouest maintenant, tournait autour des 50 km/h. Alors, ramener les embarcations à l'auto sur une centaine de mètres, les monter et les fixer au toit alors que nous étions pour le moins humides, n'est pas l'expérience la plus agréable. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, nous avions les doigts gelés et le reste du corps aussi. Pas question de se changer sur place, sauf pour l’anorak vite remplacé par un manteau sec.
Bref, dans l’après-midi, j’appelais mes merveilleuses amies Peggie et Marguerite pour accepter leur offre d’hébergement de kayak. Comme elles demeurent à Sainte-Brigitte-de-Laval, c’est dans un abri « tempo », sous une quinzaine centimètres de neige, que je suis allé enterrer mon bateau. On a fêté ça en prenant une bière. Un Boréale, pour tout vous dire…

Appelez-la madame la présidente
Et que faisait ma douce durant ce temps? Elle assistait à l’assemblée générale d’Aventure écotourisme Québec, le regroupement des entreprises d’aventure du Québec avec lequel elle travaille depuis si longtemps. L’exécutif de Sans Trace Canada (Leave no trace ailleurs dans le monde), une organisation vouée à la conservation de la nature en donnant aux humains les conseils et les moyens d’y laisser le moins de traces possible de leur passage, était aussi sur place.
Louise est membre du conseil d’administration de cette organisation coast to coast parrainée par l’immense coopérative de plein air Mountain Equipment Coop. L’organisation a profité de sa première rencontre en sol québécois pour l’élire présidente. C’est donc avec ce titre que ma douce est revenue samedi soir à Québec. Bien sûr nous avons fêté cela autour d’un bon filet mignon et d’un excellent Côtes-de-Provence.

Est-ce le vin qui l’a fait se réveiller en panique au milieu de la nuit en pensant qu’une partie de la maison s’était effondré? En tout cas, ce n’est pas l’obligation de changer l’heure… « Va voir dehors! », qu’elle me lance comme ça, tout de go alors que je dormais sans doute encore… « Hein, non mais ça va pas! », voulus-je riposter.

Mais à voir la tête qu’elle faisait, je me suis levé, résigné, au enfilé les bottes ce caoutchouc qui trainaient à la porte et suis sorti tout nu pour faire le tour de la maison, armé de ma seule lampe frontale.

Bien sûr, il n’y avait rien de suspect. « Je suis certaine qu’il s’agit d’un tremblement de terre, » s’est-elle entêtée, et la voilà assise à l’ordinateur à trois heures du matin à essayer de trouver des preuves de ses dires.

« Hé, ma blonde, attend au moins qu’ « ils » aient le temps d’en rentrer les données au moins… rien à faire.

Le lendemain matin à la radio, on annonçait que la terre avait tremblé à une soixantaine de kilomètres au nord de Beaupré, une secousse d’une magnitude de 3,2 sur l’échelle du dénommé Richter. « Je te l’avais bien dit, me lança ma douce, et la revoilà repartie à l’ordi pour vérifier les données sur le site Web d’Environnement Canada. Obsédée vous dis-je…

Halloween

Florent, l'ourson hilare

Nos petits-fils ont passé l’Halloween ce vendredi. Florent était déguisé en ours (il a d’ailleurs tout de l’ourson hilare, cet enfant) et Dieu, pardon, Gédéon avait choisi une costume de …police. Ceux qui se souviennent de sa fugue comprendront tout de suite l’ironie de la chose… Bref, la soirée a été fructueuse et lui, a récolté des dizaines de commentaires élogieux sur le choix judicieux de son déguisement…

Livres

Jacques Poulin. Photo : Focus


Jacques Poulin, mon écrivain fétiche, vient de mériter le prestigieux prix Gilles-Corbeil[1], pour l’ensemble de son œuvre. Ce prix, c’est une peu le « Nobel québécois » comme le surnomme le président du jury, le critique Robert Lévesque. C’est sûr qu’avec une bourse 100 000 $ pour un concours totalement indépendant (pas de mise en nomination, pas de candidature, pas de lobbysme de maisons d’édition), ça aide au prestige. Le jury « insoumis » est formé de professeurs et d’auteurs qui ont élu mon Poulin unanimement.

En annonçant le prix en l’absence du très discret auteur, Robert Lévesque a parlé des mots de Jacques Poulin : « …les mots, ces pierres polies, patiemment, journellement, ces cailloux, ces galets, le poli d’une phrase, au contraire du lustre, le mot infiniment pesé, posé, enlevé, remis à la bonne place, déposé sur la page, le mot, avec, venue de la besogne de l’artisan, une balistique de la précision, et en retour, un art de l’émotion retenue, c’est-à-dire, encore, comme disait la vieille Marie de la rue Buade, cette chose qui n’a pas de sexe, ni d’âge, et qui s’appelle la tendresse… »

Vous comprenez maintenant pourquoi je tiens cet auteur en si haute estime.

Musique


Janine Jansen est une déesse du violon. Jeune dame née à Amsterdam en 1978, elle connaît une carrière enviable marquée déjà de quelques enregistrements réussis. Le plus étonnant, à mon sens, est sans doute ce Bach intitulé Inventions et partita. Si la partita (la deuxième, en ré mineur avec la célèbre chaconne) est bien dédiée au violon, les inventions, elles, sont des œuvres pour clavecin que Janine et ses compagnons, Maxime Rysanov (alto) et Torleif Thedéen (violoncelle) ont transcrites pour trio à cordes.

Le résultat est saisissant de subtilité et de connivence, les trois instruments faisant ressortir à merveille les volutes polyphoniques, les contrepoints du grand Bach. Un disque d’une grande rigueur, sans vibrato inutile de la part des musiciens, qui installe chez l’auditeur une grande sérénité. Amateurs de heavy trash metal s’abstenir.



[1] Ce prix, du nom du neveu du poète à l’origine de la Fondation Émile Nelligan, a déjà été attribué à de grandes pointure comme Réjean Ducharme, Anne Hébert, Marie-Claire Blais ou Jacques Brault