mercredi 23 décembre 2009

Noël blanc ou Noël dinde?


Le petit Loïk transformé en dinde?
Cliquez sur la photo pour grossir la dinde

Noël arrive et donne l’occasion à certaines, en ces temps moroses, de donner cours à des élucubrations qui pourraient paraître douteuses à d’aucuns. Ça n’étonnera personne qu’on les retrouve le plus souvent sur le site de réseautage Facebook . En tout cas, si j’étais le petit Loïk, je serais outré du traitement que ma mère m’y a réservé et qui a suscité moult commentaires du plus haut niveau intellectuel. Des plans pour que ce petit en reste marqué pour la vie!!!

De quoi je cause? Du portrait, dans le site en question, de la dinde assise, complètement gelée, dans le siège d’enfant du petit en question, histoire de la ramener à la maison en toute sécurité. Pauvre tit enfant!

Bon. Trève de persiflage et célébrons en chœur le beau Noël blanc qui nous attend grâce aux quelque 40 cm de neige qui nous sont tombés dessus depuis 24 h. Dans quelques minutes, vers 13 h, nous serons dehors Loulou et moi pour dégager les galeries, le toit et monter l’arbre de Noël aux oiseaux que ma douce prépare chaque année et qui perdure jusqu’au printemps! L’arbre de Noël en question est décoré de lumières évidemment, mais aussi de toutes sortes de décorations remplies de beurre d’arachides, de graines de tournesol et autres délices faisant le bonheur des mésanges, sittelles, chardonnerets, geais, tourterelles et autres sizerins… Noël, c’est pour tout le monde, qu’elle dite, ma douce, et aussi pour ceux qui passent l’année durant à nous égayer de leur chant.

Pendant qu'elle habille sont arbre, je fais du déplacement de neige è grande échelle dans l'entrée de la maison, sur la corde de bois et sur le toit que j'au juré de garder vide tout l'hiver, afin d'éviter, comme par les années passées, les amoncellements de glace. J'y ai mis près de quatre heures, y prenant un tel plaisir que je me surprenais à sourire entre les coups de pelle et les coups de gratte. On est si bien dehors en hiver...

Ma blonde émérite

Vous le savez, il était fortement question que ma Loulou aille s’installer au Nunavik, pour travailler à développer le tourisme dans cette région qui est son second pays… après moi. C’est sa profonde connaissance du milieu qui lui avait permis au cours de la dernière année et demie au ministère du Tourisme, d’apporter, une contribution décisive à l’élaboration du Plan nord du gouvernement québécois. La stratégie qu’elle a concoctée en compagnie de quelques collègues passionnés et qu’elle a soumis à toutes les étapes, à ses partenaires nordiques a fait consensus chez eux.

Voyez-vous, mon amour est une nomade dans l’âme. Elle a vécu aux quatre coins du Québec, le plus souvent au Nord, et est hypersensible aux besoins des gens qui y vivent. En fait, elle est hypersensible aux besoins d’autrui, point. Parlez en à ses filles… parlez m’en aussi, parlez en à ses patrons. Comme les Inuit, ils ont conclu qu’elle était la meilleure personne pour mettre en œuvre cette stratégie.

En foi de quoi,les dit patrons lui ont attribué la prime « Émérite » de l’ordre des professionnels du gouvernement du Québec. Bon, ce n’est pas tout à fait le nom que cela porte, il n'y a pas d'ordre des professionnels, parfois du même du désordre engendré au plus haut niveau de la hiérarchie gouvernementale, mais ça, c'est une autre histoire. Cette prime rarissime, c'est avant tout la preuve de la compétence hors du commun de Louise Séguin, la reconnaissance de son inlassable engagement dans le développement durable des populations par la voie du tourisme.

‘Stie que je suis fier d’elle. Je l’ai toujours été, mais là, je suis si fier au point où je serais même prêt à reprendre du service, moi si heureux dans ma retraite, si je savais que je pouvais l’aider de quelque façon que ce soit.

Pérou

Je suis aussi très fier de mon aîné Jean-Philippe et sa belle Marie-Pier qui ont passé plus de trois semaine au Pérou et réalisé un long trek pour attendre le fameux Machu Pichu dans des conditions pas toujours faciles. Toute une réussite pour quelqu’un affligé de vertige, pour qui s’était la première expérience de longue marche et en haute altitude, là où l’air est plus rare… Un exploit, en ce qui me concerne. Au prochain numéro, j’espère vous offrir quelques photos de ce périple hors de l’ordinaire.

Musique

Ben c’est le temps des bilans. Je vous offre mes choix pour l’année 2009, seulement deux par catégorie des musiques que j’écoute et pour lesquelles je vous fais régulièrement des propositions de partage. Allons-y!

Franco

J’avais très hâte de vous dire à quel point je trouve que le disque de Luc de Larochellière, Un toi dans ma tête, est le plus parfait que j’ai entendu cette année. Des textes bien écrits, des chansons émouvantes, belles et graves, comme je les aime…

Le second, c’est le ti-cul de Saint-Élie-de-Caxton, Fred Pellerin qui a terminé l’année avec un album que personne n’attendait, Silence, un disque de chansons pleines de tendresses, comme il ne s’en fait pas ailleurs. Il a beau chanter au lieu de raconter, Fred demeure un merveilleux conteur.

Anglo

Joe Henry ne cesse de se réinventer. Le dernier album de ce chanteur folk (?), inspiré par le Sud, la Louisiane, et les musiques de jazz, compte parmi ses plus belles réalisations. Blood from the Stars offre 13 chansons torturées appuyées, entre autres, par le talent fou du remarquable guitariste improvisateur Marc Ribot et le talentueux pianiste Jason Moran, pour n’en nommer que deux.

Le second est une réédition qui m’a jeté par terre. Je ne m’en suis d’ailleurs pas relevé. Il s’agit de Dreamin Man Live 1992, de mon héros Neil Young, un disque enregistré lors d’uns série de concerts précédant l’enregistrement du mythique Harvert Moon. Le Neil est seul sur scène avec sa guitare, son piano et son harmonica. Beau à pleurer et à rire tout à la fois!

Classique

Là, c’est une torture que ne faire que deux choix, mais bon. D'abord David Fray pour ses renversants Moments musicaux de mon bien-aimé Schubert. Un disque d’île déserte.

Ensuite, comment ignorer la performance, l’émotion et la science musicale de Cecilas Bartoli dans ce disque historique consacré à l’ère des castrats italiens des 17e et 18e siècles? Ça s’appelle Sacrificium et c’est magique, oscillant entre pyrotechnie vocale et airs d’une beauté chavirante.

Jazz

C’est décidé depuis presque le début de l’année, l’hommage au jazz néo-orléanais du vénérable Allen Toussaint remporte la palme haut la main. Le vieux routier du rythmn’blues (qui incidemment a travaillé avec Zachary Richard au cours des dernières années) s’est associé au guitariste Marc Ribot (encore!), au trompettiste Nicholas Payton, dit Louis Armstrong 2, et à pleins d’autres grandes pointures pour faire en sorte, qu’en dehors du mauvais temps, on n’oublie pas le génie de la Louisiane. Ça s’appelle The Bright Mississipi.

Enfin, le oudiste tunisien Anouar Brahem a bâti une œuvre jazziste marquée par la poésie et le mystère, toujours accompagné par de grands accompagnateurs : Dave Holland, John Surman, François Couturier. Tous sont magnifiques. Malgré tout, ce dixième album, The astounding eyes of Rita, est peut-être le plus beau, mêlant les percussions traditionnelles arabes, la contrebasse et la clarinette basse. Envoûtement garanti. Disque ECM.

Alors voilà. À l’an prochain !

jeudi 10 décembre 2009

C’est l’hiver, enfin…

Psstt! Cliquez sur la photo pour en admirer toute la beauté.
photo : Louise Séguin

C’était l’hiver hier avec cette belle bordée de neige bien grasse qui s’est déployée sur tout le nord-est de l’Amérique du… Nord. Et ça, en plein milieu de la journée de mon anniversaire. Je pense que c’est une première, sinon dans ma vie, du moins dans mon souvenir. Quel beau cadeau. Étonnamment, presque tout le monde attendait cette neige, quasiment avec impatience. Assumerait-on enfin notre condition nordique qui nous donne quatre belles saisons? En tout cas, j’ai bien hâte d’en profiter avec ma douce et mes petits-fils. La photo ci-dessus, en plus d’être la plus belle jamais prise par Loulou, me rappellera toujours la première sortie de Gédéon en raquettes, une sortie magique où le petit a démontré derechef des dons inés pour la pratique de ce sport zen entre tous…

Pour ce qui est des souvenirs d’anniversaires, un petit rappel du soir de mes 18 ans où il pleuvait à boire debout. Comme c’était coutume tous les soirs de fin de semaine et lors d’événements un peu spéciaux, j’étais avec mon chum Thibault. On a marché sur la rue Saint-Jean durant presqu’une heure jasant de philo et de littérature. Puis, on s’est arrêté à la taverne Coloniale (aujourd’hui le chic Pub Saint-Alexandre), le lieu le plus décati du Vieux-Québec à l’époque. On a rempli la table de drafts (à 15 cents le verre, ça vous donne une idée de l’ancêtre que je deviens) pis on a discuté de notre sujet le plus hot de ces mois là, les filles dont on rêvait! À minuit, heure de fermeture de la taverne, on est descendu chacun chez nous à la basse-ville, je ne sais plus trop comment… Mais en tout cas, c’était ben le fun...

Champion!

photos : Nancy Dionne

Dans ma dernière chronique portant sur les petits-fils de mon amour, il a étét question des exploits de hockeyeurs de Rémi et Charles, les gars de la grande Sophie (non, pas la chanteuse, la fille aînée de Louise). Eh bien, ils ont eu toute une fin de semaine, les deux comiques. Charles, le plus jeune (il joue dans la catégorie Novice) a marqué trois buts dans une défaite de 8-5 de son équipe. Il aurait bien aimé gagner, mais je suppose qu’on ne peut tout avoir. En fait, c’est son frère Rémi qui a tout eu. Son équipe, les Pingouins de Saint-Georges, a remporté le premier tournoi provincial atome B de l’année et notre défenseur préféré y est allé de quelques passes en plus de jouer solidement en défensive.

Faut dire que les débuts du tournoi ont été plutôt faciles, mettons. Une victoire de 17 à 1, ça ne devrait pas être permis quand même. M’enfin. Loulou et moi avons vu le match de dimanche matin remporté brillamment 3 à 1 contre une équipe de Québec. Ce fut le match le plus serré puisqu’en soirée ils gagnaient la finale par 6 à 2! Bravo Rem, ton calme et ta solidité en défense nt inspiré ton équipe. Bravo Charlie, trois buts, ça mérite qu’on lève son chapeau quand même!

Musique...

Au bout d’une heure, j’étais sur le cul, littéralement, incapable de me relever. Je venais d’écouter un concert de Neil Young enregistré en 1992, un an avant la parution du mythique Harvest Moon. Le concert reprend les chansons du disque et le Neil est tout seul sur la scène avec sa guitare, son harmonica et les plus beaux folk songs qu’il a jamais écrits : Unknown Legend, One of These Days, Hank to Hendrix pour ne nommer que quelques titres. L’était à l’apogée de ses incommensurables qualités créatrices le Neil. La voix est magnifique, bouleversante, chatoyante, transcendante, d’une détente totale et le public… silencieux, du moins durant les chansons. Un gros, gros coup de cœur pour cet album qui s’intitule si justement Dreamin’Man.

Autre grandeur, le Schubert du jeune David Fray. Ce jeune pianiste Français iconoclaste est une romantique dans l’âme, révolutionnaire dans son approche de la musique du XIXe siècle, vient de faire paraître un album des Moments musicaux et de la première série d’Impromptus de mon cher Franz. Nul autre musicien joue cette musique avec une telle vision, une lenteur intime et grave. Une musique d’hiver bonne à méditer et à faire méditer, une musique rêveuse, amoureuse. Un disque Virgin.

Et puis je vous souhaite une belle semaine, douce et blanche, en dedans comme en dehors!!!

vendredi 27 novembre 2009

Les p’tits…



Sont quatre. Les derniers petits-fils de Loulou. Loïk, Ged, Flo et Lio. Des surnoms bien sûr, ou plutôt des noms raccourcis pour trois d’entre eux. Faut dire qu’il est difficile de faire plus court que Loïk. Lo? Ouais, pourquoi pas. Remarquez qu’ils ont tous de beaux petits noms courts : Loïk, Gédéon, Florent, Lionel. Pourquoi les diminuer encore me direz-vous? Mais pour les faire grandir pardi! Pour se les approprier en quelque sorte, ces petits si merveilleux. Pour les faire nôtres encore un peu plus, pour les chérir plus tendrement, pour établir avec eux une complicité qui nous appartient rien qu’à nous, Loulou et moi.
Loïk aux grands yeux bleus, seize mois, vif comme un chat à l’image de son frère félin, Banzaï-le-siamois. Curieux de tout, brillant, indépendant, toujours prêt à partir pour une escapade extravagante avec ses extravagants de parents, Sophie et Pierre. Pauv’ti, ils l’ont trimbalé sur quelque 1000 kilomètres en vélo au cours de leurs vacances en Gaspésie, cet été. L’ont couché avec eux, dans une tente, sous les pluies diluviennes de juillet. Qu’est-ce qu’il en dit? Rien. Il en a profité à chaque instant, deux semaines durant, jusque sur les plages de galets de Carleton et de sable de Maria. En fait, il n’aime rien autant que coller son chat et explorer son environnement.
Il a compris une chose, Loïk, fondamentale. Les adultes existent avant tout pour le servir et répondre à ses besoins. Il en profite. Lui, il est là pour s’approprier le monde. Comment en serait-il autrement avec des parents écolo qui privilégient l’aventure et la découverte comme mode de vie? Ça veut dire que vous risquez une fin de non recevoir si vous quêtez une caresse alors qu’il est en pleine exploration de son univers. Ce n’est pas sa priorité, les caresses… sauf quand il décide qu’il en a besoin, il vous tend les bras… ou le nez! Un vrai chat, ce petit. Beau et attachant justement pour cette raison.
Second fils de Rosemarie et Christian, Flo est un peu du même moule. Découvrir son univers lui importe. Lui, il marche... Du haut des ses 19 mois, il marche sans arrêt, dedans comme dehors. Son activité préférée outre la marche : rire et faire rire. Toujours souriant le Florent, toujours en quête d’une pitrerie ou d’une culbute pour vous faire rigoler et partager avec vous son bonheur. À peine plus colleux que Loïk, son cousin, il adore cependant se trouver dans les bras d’un adulte, ses parents de préférence, ses grands-parents, ensuite. Vrai aussi, qu’après le bain, il n’aime rien plus que de se faire flatter le dos et masser les épaules, tout au chaud dans son pyjama, en se laissant raconter une histoire. Bref, pour l’instant, Flo est une sensuel qui s’ignore… mais ça ne durera pas.
Flo, dans peu de temps, devrait être un sportif. Habile manuellement (surveillez vos oreilles s’il a une balle dans la main, elle va arriver vite), il sait déjà se servir d’un ballon de soccer avec une habileté étonnante. Et là, ce n’est pas avec les mains qu’il est habile. Et même s’il adore marcher, il ne rechigne pas à se trouver de longues heures dans le sac à dos de son grand-père pour une rando en montagne. Déjà, le mont Wright de Stoneham n’a plus de secret pour lui. Il en connaît les pierres et les parois géantes, les pentes les plus abruptes et les arbres les plus gigantesques. Il ne parle pas encore mais comprend tout, ce petit. On arrive sur le dessus de la montagne et il vous montre du doigt, avec force cris, la route tout en bas. Il a compris le voyage qu’il vient de faire. Vous lui dites que maintenant, on s’en va voir maman et papa, il vous fait un de ces sourires à vous arracher une larme. Émouvant Flo. Rosemarie et Christian peuvent bien être fiers de leur cadet.
Il y a aussi Lio, le petit dernier. Du haut de ses quatre mois, il est sérieux comme un pape. Quand on a vu la tête de Benoît XVI, on sait ce que veut dire sérieux. Je ne veux surtout pas dire que Lionel a quelque ressemblance que ce soit avec le pompeux personnage. Surtout lorsque, dès que vous vous adressez à lui directement, Lionel vous décoche un de ces sourires flamboyants qui vous jette littéralement par terre. Et là, tout de suite, il essaie de vous parler! Je n’ai jamais vu un si petit enfant (petit, c’est une façon de parler, quand on le regarde, on s’étonne qu’il ne marche pas encore tant il est grand et fort) faire tant d’efforts pour parler avec tout un chacun qui le regarde dans les yeux. Vous lui parlez, et lui ne cherche qu’à vous répondre. On a tellement l’impression qu’il vous dit merci d’être avec lui, tellement l’impression que rien n’est plus important pour lui que d’échanger avec vous. Il essaie si fort qu’on est certain que, dans la seconde suivante, la phrase va sortir, claire et précise. Peut-être deviendra-t-il un communicateur??
Reste Ged, Gédéon, l’aîné des deux autres, le sensible, le poète, le tendre, celui que j’ai surnommé affectueusement Dieu, parce que je le trouvais parfait. Bien sûr qu’il n’est pas parfait, enfin, pas tout à fait tout le temps. Il a eu sa période difficile à la naissance de Flo, qu’il ne s’est pas gêné de bousculer parfois un peu rudement dans la première année de leur cohabitation. C’est vrai qu’à deux ans, c’est difficile de perdre la place de seul petit prince qu’il occupait auprès de ses parents Rosemarie et Christian. Cependant, avec l’arrivée de Lio, le troisième, il a comme décidé de devenir le grand frère qui prend soin de tout le monde. Depuis, il est aux petits soins avec ses frères, ce dont profite le costaud Florent pour se venger de quelques baffes reçues dans un temps qu’il ne se rappelle même pas.
Avec nous, Loulou et moi, Gédéon est toujours d’une délicatesse bouleversante. Faut dire que c’est le premier petit-fils que nous avons côtoyé de très, très près. À cinq mois, il a été le premier à venir dormir à la maison et à faire sa nuit comme un grand, surveillé de près par le chat Vivaldi, qui passait la nuit à côté du parc où le petit dormait comme un perdu. Ged a été de toutes nos escapades depuis qu’il est né : la promenade en ville, la sortie à la bibliothèque ou au théâtre (eh oui), la montagne dans le Parc de la Jacques-Cartier, la raquette, dont il est tout de suite devenu un expert, autour de notre maison et au Refuge de Stoneham, le camping sur la Côte-Nord en attendant le canot et le kayak l’été prochain. Je ne sais pas ce qu’il deviendra, mais je souhaite de tout cœur qu’il conserve à jamais cette tendresse, cette bonté qu’il dégage et dont il n’hésite pas à nous témoigner à tout instant dès qu’on est dans ses parages.
…et les grands
Ce n’est pas parce qu’on parle moins de Rem et Charlie, Rémi et Charles, dans cette chronique, qu’on n’éprouve pas une affection sans bornes pour ces deux merveilles, fils de la grande Sophie. Comme vous le savez sans doute, la grande Sophie est la fille aînée de Louise qui est aussi mère de la petite Sophie. Mon père appelait ça « les mystères de la vie ». C’est comme ça. Non, s’il est moins question d’eux, c’est à cause de l’éloignement. Lac-à-la-Tortue, à une centaine de kilomètres au nord de Trois-Rivières, on n’y va pas tous les jours! Mais on y est allé, la semaine dernière!

Sophie, Charles et Rémi... en attendant les photos de hockey...
Toujours est-il que ces deux là, Rémi et Charles, sont âgés respectivement de 8 et 10 ans et sont, vous le constatez, les petits-fils aînés de ma douce. Eux, famille oblige, sont des passionnés de sports : soccer, baseball, ski et, surtout, hockey. Et c’est pour le hockey qu’on est monté en Mauricie par un beau dimanche d’automne.
Ça faisait déjà quelques jours que la Sophie exhortait sa mère venir voir jouer les petits. « Tu vas voir comme ils sont bons, » ne cessait-elle de seriner à ma Loulou. Peut-être, mais le hockey pis ma douce, ça ne se mélange vraiment pas. Elle a autant d’intérêt pour la chose qu’elle en a pour les gros moteurs de char, mettons. (ÇA MONTRE COMME JE SUIS MAL PRISE AVEC RIEN QUE DES TITS FILS! -Loulou) C’est moi qui, pour une fois, ai pris les choses en mains. « Ils ont deux matchs consécutifs en fin de semaine, ma douce. On va voir tes petits-fils jouer au hockey, dimanche! » Sourire de mon amour qui, au fond, n’attendait que ça…
Qu’est-ce qu’on aurait manqué si on resté platement chez nous! Les garçons, beaux comme des dieux, étaient vraiment contents de nous avoir comme spectateurs et ils ont mis tout leur cœur à l’ouvrage.
Charles fut le premier à s’exécuter. C’est sa première année véritablement dans le hockey organisé. Il joue dans la catégorie atome et il se débrouille fort bien. Tout au long du match, il n’a cessé de monter à l’attaque, obtenant au moins trois échappées. S’il n’a pas marqué, il a obtenu trois passes dans la victoire de 10-0 de son équipe. Il joue pour les Pingouins de Saint-Georges et c’est là qu’on a vu que les Pingouins, c’est pas des manchots! Il faut dire que Charles, c’est le gars décidé, tenace et infatigable, tant sur la patinoire que dans la vie. S’il craint toujours un peu d’entreprendre une nouvelle activité, de peur de ne pas être bon, c’est l’enfer quand il s’y met. Il veut être bon et fait pour.
Très complice mais plus introverti, l’aîné joue, lui, avec la confiance du capitaine qu’il est. Général de la ligne bleue, le défenseur est toujours à la bonne place au bon moment, extrêmement conscient de son rôle. Il joue un jeu de position remarquable pour un jeune de son âge et à terminer son match avec, lui aussi, trois assistances à sa fiche, dans une victoire sans appel de 11-2, contre les Cataractes de Shawinigan.
« On a été moins bon que dans nos autres matchs, m’a-t-il confié quand je suis allé dans la chambre des joueurs après la partie. C’est la partie où l’on a compté le moins de buts. » Faut dire qu’ils avaient remporté la partie précédente par le score footballesque de 22 à 1. Un peu déprimant pour l’adversaire.
Rémi ne s’enfle pas la tête avec ces victoires. Tout ce qui compte pour ce beau jeune à la longue chevelure frisée, c’est le plaisir de jouer et la complicité avec ses amis sur la patinoire comme dans la vie. Rémi et Charles ont, entre autres qualités, celles d’être immensément affectueux avec leurs parents et amis et fiers en tout autre temps. Loulou et moi, on a juste hâte au temps des fêtes pour remettre ça!!!
Musique
Fred Pellerin, notre barde conteur, est aussi un merveilleux chanteur à la voix chaude et grave. Il vient de faire paraître Silence, un recueil de chansons interprétées tout en douceur sur un mode folk. Quelques compositions, Au commencement du monde, La mort, et quelques interprétations chavirantes : Mommy (Pauline Julien), Mille après mille (Stephen Faulkner), Quand vous mourrez de nos amours (Gilles Vigneault)… Loulou et moi, on a été conquis tout de suite et c’est sans doute pour longtemps!

Karina Gauvin - Porpora, airs d’opéras et Cecilia Bartoli - Sacrificium. Deux disques qui font l’éloge d’une des plus brillantes périodes de la musique occidentale, le baroque italien et ses castrats, altos et sopranos. La soprano québécoise et la contralto italienne Cecilia Bartoli ont toutes deux réalisé des albums splendides d’airs d’opéras de ces chanteurs à qui on coupait les choses avant que leurs voix muent. Entre les airs de tendresses et de douleur et les morceaux de bravoure, on passe par toute la gamme des émotions. De grands disques par de merveilleuses interprètes. Karina Gauvin enregistre sur l’étiquette québécoise Atma et Cecilia sur Decca.
Anouar Brahem, The astounding eyes of Rita. Le oudiste tunisien Anouar Brahem a bâti une œuvre jazziste marquée par la poésie et le mystère, toujours accompagné par de grands accompagnateurs : Dave Holland, John Surman, François Couturier. Tous sont magnifiques. Malgré tout, ce dixième album est peut-être le plus beau, mêlant les percussions traditionnelles arabes, la contrebasse et la clarinette basse. Envoûtement garanti. Disque ECM.

mardi 27 octobre 2009

Merci!

Amélie, Pat et ma Loulou

« Vieux motard que j’aimais, » comme disait l’ex d’un Hells décédé. Alors je fais mon méat coule pas et me repens de mon silence post-retraite. Surtout, que c’est de ma faute. Moi et ma grande gueule. « Je m’en vais à la retraite, et nanana et nanana… » Alors tout le monde s’est imaginé que j’avais plein de temps et les propositions n’ont pas tardé. La phrase qui tue : « T’as du temps, maintenant… » Et contrairement à ce que j’aurais pu craindre, ce n’est pas ma douce qui m’a fait une liste d’épicerie… c’est moi. Les réparations au toit avant l’hiver, la mise en ordre de la cour, trois émissions de radio à préparer en quatre jours, et mille et un détails du quotidien qu’on néglige constamment par obligations professionnelles.

Même que je rentre tout juste que quatre jours au Manoir Richelieu, lieu de la tenue du Sommet mondial de l’aventure à laquelle ma douce m’avait convié. Ça m’a même donné l’occasion de reprendre du service pour le compte d’Aventure-écotourisme Québec qui m’a demandé de rédiger les textes de sa remise annuelle de prix.

J’en ai profité pour faire deux majestueuses sorties de kayak de mer à partir de Cap-à-l’Aigle et Saint-Irénée. Ça se passait juste la veille de la grandiose chute de neige d’hier qui nous a valu un retour rocambolesque sur la 138 entre La Malbaie et Québec. En effet, nous sommes descendus à la vitesse moyenne de 60 km/h avec arrêt d’une heure dans la côte de Saint-Hilarion pour cause de camions mal chaussés qui étaient incapables de monter. Vous dire le bordel... Mais comme nous étions de bonne humeur et que je ne suis plus pressé… Et dire que la semaine avait commencé par un beau dimanche à Montréal avec Loulou et l’ami Paul. Un après-midi en compagnie de Sophie, la fille de Loulou et de son petit rigolo de Loïk, et une soirée plus que magique avec la grande Emmylou Harris, le merveilleux guitariste et compositeur Buddy Miller et les impayables sœurs Mc Garrigle en complément. Nous sommes revenus à Québec émus, vraiment.

Merci, bon.

Bon tout ce préambule pour vous dire merci. J’ai reçu des tonnes de bons vœux à l’occasion de mon départ à la retraite. Surtout, des dizaines de collègues et d’amis m’ont offert une soirée mémorable au Fou Bar, soirée qui s’est terminée par un joyeux souper à La Campagne. Normal, direz-vous, pour un gars de Stoneham.

Comment ça s’est passé? Drôlement bien en ce qui me concerne. Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit tant d’éloges, qu’on est le cœur de la fête, qu’on se fait décrire en détail tel que l’on est… en oubliant obligeamment les côtés sombres et nébuleux de votre personne, qu’on vous dit à quel point votre travail et votre passion pour ce travail ont été appréciés, qu’on vous dit que vous êtes quelqu’un, finalement.

Paul-Jean, Réginald, Isabelle, Catherine et Sylvie entourent une Marie Lavoie en verve.

À tous ceux et celles qui étaient là en personne ou en pensée, je dis merci, merci beaucoup. Un merci énorme à ma Loulou qui a fait mille et une démarches pour épauler Yan Bélanger, désigné valeureux volontaire pour organiser l’événement. Merci à France Charrier de l’avoir assisté avec tant d’enthousiasme. Merci à Marie Lavoie, ex-collègue puis ex-patronne de m’avoir traité d’homme remarquable. J’ai senti qu’il y avait du Robertson Davies là-dessous et j’ai eu un p’tit frisson d’orgueil. Merci à Christian Therrien pour le piédestal qu’il m’a dressé et sur lequel repose depuis un bon moment ma confiance professionnelle.

Mes écoeurants préférés, Pierre et Norbert, ont tout dit à Claire...

Merci à ma « vieille » amie des 40 dernières années, l’inestimable Claire Minguy qui a mis des heures pour concocter un portrait très révélateur du drôle de fou que je dois être. Faut dire que la dame a eu la charmante idée d’inviter deux de mes détracteurs les plus zélés pour accomplir son œuvre que je vous invite à lire illico. Ces deux affreux, Norbert Lafond et Pierre Castonguay, ont toute mon affection tout comme l’indispensable Alexandra Linteau qui a encore réussi à faire de moi un drôle d’oiseau.

Et un merci tout spécial à mon fils vénéré, Nicolas, pour l'émouvante prestation folk qu'il nous a servie avec des oeuvres de mes héros Neil Young, les Beatles et Fleet Foxes.

Finalement, communicateur, ça aura été un bon métier. Trente cinq ans à causer avec mes concitoyens et mes collègues de travail des réalités du transport, de la sécurité publique, de la sécurité civile, de la sécurité en plein air, des nations autochtones de chez nous… Trente-cinq ans à dire combien de gens extraordinaires composent notre société, ça fait, au bout du compte, un bilan fascinant!

Il y en a d’autres, de métiers, qui m’attendent à la radio (CKRL-MF, en jazz et « classique »), en plein air (ski de fond, kayak, rando en montagne) et même, probablement, en communication. Je vais aussi prendre soin de ma douce comme jamais, sortir mes petits-enfants et, qui sait, voyager au Nunavik!

Musique

Tom Russell est un « song writer » et chanteur du sud américain dans la veine des Johnny Cash, Guy Clark et autres K.D. Lang, qui se démarque par la couleur tex-mex dont il teint bellement ses chansons. Cette touche n’est nulle part aussi présente que dans son dernier album intitulé Blood and candle smoke. De sa belle voix grave et accompagné par les cuivres de quelques membres du mythique ensemble Calexico, Tom Russell propose une douzaine d’œuvres tantôt puissantes (en fait, elles le sont toutes par les histoires qu’elles racontent) tantôt plus douces, dont une absolument remarquable intitulée Nina Simone, du nom de la chanteuse de jazz…

« I’ve driven your highways and back roads;

I rode your Grey Dog

Through the snow and sleet and hail,

Through the sunlight and fog.

Heard the ravens call morning up;

With their little raw saxophone

But the darkest of raven was Nina Simone. »

En remontant la filière de mes dernières chroniques, je ne suis endu compte que je ne vous avais jamais parlé de la meilleure musicienne folk de Québec, compositrice et interprète, une amie de mon fils Nicolas, Émilie Clepper. Fille d’une mère Québécoise et d’une père Texan, également folksinger, Émilie a publié à compte d’auteur, l’an dernier, un disque remarqué qui s’intitule prophétiquement Things May Comes. Voix et guitare, c’est amplement suffisant quand on a du talent comme elle. En vente chez mes amis de chez Sillons.

Enfin, aux amateurs de jazz, et plus spécifiquement de trompette, je voudrais signaler la parution de deux disques drôlement inspirés de l’unique Dave Douglas, le trompettiste et compositeur le plus important de la scène jzzisite américain depuis une quinzaine d’années. Le premier a pour titre Spirit Moves et constitue un hommage au grand Lester Bowie (et à son ensemble Brass Fantasy constitué uniquement d’instrument à vent) disparu il y a quelques années. Lester, c’est bien simple, c’était le Louis Armstrong de la fin du 20e siècle.

Les amateurs de « Bigbands » apprécieront pour leur part A Single Sky que le sieur Douglas avec le Frankfurt Radio Bigband sous la direction de Jim McNeely. C’est tout plein d’invention, de délires et de sonorités étonnantes.

dimanche 27 septembre 2009

Pour la retraite de l’ami Gilles

Quand on m’a relancé dans ma tanière de nouvelle retraitée pour venir parler de Gilles, j’ai accepté d’emblée. Surtout que la journée où on a fait appel à moi marquait à peu de choses près les 40 ans de notre amitié.

Eh oui! On s’est connus au cégep de Limoilou en septembre… 1969..!

Oui, oui, l’année du Bill 63, une belle occasion d’entamer une joyeuse série d’occupations du cégep qui allaient nous permettre de nous familiariser avec des textes fondateurs… comme le Livre rouge de Mao, le Manifeste du FLQ et, surtout, le Code Morin, invoqué au minimum 100 fois au cours de toute assemblée générale qui se respecte!

We’ve come a long way, baby!

Toutefois, après mon élan d’enthousiasme, reprenant contact avec le principe de réalité, j’ai senti monter la panique et je me suis demandée dans quoi j’étais allée me fourrer.

Que pourrais-je dire d’un être… aussi secret, refoulé même, qui a mené sa carrière avec tant de discrétion, qui tient mordicus à la privauté de sa vie hors du travail si bien que nous ne connaissons ni ses amours, ni sa progéniture, ni ses amis, en plus de ne rien savoir de ses goûts et de ses loisirs …

Oh boy!..

Bien sûr, j’ironise!

Vous aurez tous compris que c’est plutôt le problème inverse qui m’a sauté au visage. De quoi pourrais-je parler dont il n’ait pas lui-même traité en long, en large… et en couleurs dans sa fameuse « chronique du lundi », devenue au cours des dernières années, puisqu’on n’arrête pas le progrès, son blogue?


Notre Foglia bien à nous ne cache vraiment rien : de ses coups de gueule à ses coups de cœur, de ses exploits sportifs à ses envolées contemplatives devant les « miracles de la Nature », voire même du contenu de la couche du petit-fils Loïk-Zorino (avec photo à l’appui) aux délices de sa couche auprès de sa blonde (avec photo bientôt?)

« Oh misère, oh malheur! » aurait dit un des maîtres à penser de Gilles : Jérémie. Non, non, pas le prophète, – très peu biblique notre Gilles, sauf lorsqu’il est en colère… ou qu’il parle d’un autre petit-fils, accessoirement nommé Gédéon – , non le Jérémie de Hanna et Barbera, qui, aux côtés de Yogi l’ours et de Roquet Belles-Oreilles, nous servait de belles leçons de vie, dans les années 60.

Bref, je constatais avec effroi qu’ « Y’en aura pas de facile, comme disait, bien sûr, Claude Piton Ruel »…, un autre des maîtres à penser de Gilles qu’il a contribué à nous faire connaître et apprécier.

Mais, bof, puisque Bis repetita placent, n’est-ce pas Gilles, j’ai décidé de plonger.

Forte de mes 34 ans d’expérience à la fonction publique, je fis donc ce que tout bon boss aurait fait à ma place dans les circonstances : j’appelai des consultants…

Donc, un midi, devant le gâteau aux carottes radioactif d’un estaminet vietnamien, Norbert Lafond, Pierre Castonguay et moi nous remuâmes les méninges pour trouver comment embrocher notre Gilles et le bien faire cuire… Imaginez, non seulement mes deux complices l’avaient côtoyé à Tourisme Québec, mais ils avaient même fréquenté la même école secondaire, en l’occurrence Cardinal-Roy (Je profite de l’occasion pour remercier chaleureusement mes deux collaborateurs qui, côté vacheries, sont pas mal plus prolifiques que moi…

puisque, pour ma part, je ne suis encore qu’une petite « bitch », euh!, biche… –.) Je te dis pas mon Gilles comme ça y allait. Heureusement que le resto était à peu près vide parce que, je sais pas, ta réputation… Ben non, tu le sais bien combien on t’aime tous les trois!

Au contraire, plus on parlait de toi, – tu vois, je n’ai pas dit « contre » toi –, plus on se rendait compte qu’on t’avait vraiment sous-estimé pendant toutes ces années. En effet, pour peu qu’on s’y penche avec la rigueur scientifique qui s’impose, on constate que le « Gillus Chaumelix », sous ses dehors tout d’un bloc, est une espèce pas mal plus complexe qu’il n’y paraît.

Voici donc quelques découvertes ornithologiques sur notre oiseau de… bonheur.

Je viens de parler de Cardinal-Roy. Qu’on ne s’y trompe pas : quand nos « tres amigos » l’ont fréquentée – pas le cardinal, puisque seul le cardinal rouge trouve grâce aux yeux de Gilles, j’évoque évidemment l’école – c’était bien avant que ça devienne Sport-Études. Heureusement : sinon, Gilles n’aurait sûrement pas été admis!


En effet, si on a maintenant affaire, malgré son âge vénérable, à un athlète de haut niveau, et ce, dans de nombreuses disciplines, – je m’attends personnellement à le voir rafler le triathlon du 3e âge incessamment – tel n’était pas le cas de l’ado de la rue Arago.

Pour vous dire, quand je l’ai connu, c’était un valeureux pilier de taverne, fumeur bien entendu, qui refaisait le monde autour d’une table de « drafts » avec les personnages les plus pittoresques de Saint-Sauveur tout en flirtant avec le Parti révolutionnaire ouvrier, d’obédience trotskiste, faut-il préciser!

On était loin… de la sonate au clair de lune avec les baleines au large de Grande-Bergeronnes, des 45 km de ski de fond du matin pour se préparer aux 15 km de raquettes en montagne de l’après-midi, des descentes de rivière sauvage pendant 10 jours consécutifs ou, tout simplement, de la sympathique centaine de km de vélo, un petit jour de semaine bien ordinaire, pour venir au bureau en partant de chez lui, à St-Adolphe..!

Dans un autre registre, c’est bien connu, Gilles, comme Desjardins, – pas Richard, non, son grand frère « Mouvement » – a la « passion des êtres ».

C’est ce qui lui a permis, au cours de toutes ces années où il s’est investi dans les communications internes, de, littéralement, renouveler le genre.

Il a su se mettre en valeur en mettant les autres en valeur : c’est-y pas beau ça?!

Mais, ici comme ailleurs, méfions-nous des raccourcis lorsqu’il s’agit de Chaumel. Oui, on peut sans conteste lui accorder le titre de « king » du superlatif. Mais c’est une arme à double tranchant. Parce que, côté appréciation, Gilles n’a que deux positions : la switch à On, ou la switch à Off.

Avec Gilles, y’a deux sortes de…, à vous de compléter la phrase…

Par exemple, deux sortes de « monde » : ceux qu’il adoooooore / et les cons finis (précisons à sa décharge qu’il s’est laissé apprivoiser par le faucon du bord de sa fenêtre au bureau);

Deux sortes de musique : la génialissime, – Bach, Coltrane, Emmylou, Beaucarne et autres Desjardins – / et la fanfare nulle à chier;

Deux sortes de littérature : celle qui décape ou qui transporte,

– comme Poulin bien sûr, mais aussi les polars islandais ou black– / et l’insignifiante.

Avec Gilles, c’est comme ça.

Engagé dans son travail, disions-nous de notre Chaumel?... S’il n’a pas de limites quand il croit à un projet… il n’en a pas plus quand l’enthousiasme n’y est plus.

Parlez-en à ceux qui l’ont côtoyé lorsque le Tourisme s’est retrouvé au MDEIE. Oup-a-laye!, Gilles peut déployer une inertie à la puissance 10… mais pas pour longtemps puisque, quand ça ne va plus, Gilles dé…ménage, et vite à part ça.

Toujours dans la rubrique travail, Gilles s’est aussi distingué par son incroyable capacité à joindre l’utile à l’agréable : pour y parvenir, il est devenu un expert ès contrôle d’agenda. Que voulez-vous?, comme dirait un ex-p.m. canadien que Gilles affectionne particulièrement… Y’a pas de mal à se faire du bien… pas plusqu’il y en a… à faire coïncider ses déplacements avec ceux de sa douce pour aller « tester » la qualité de l’offre de tourisme de plein-air! On a d'ailleurs remarqué que, dans tous les ministères où Gilles est passé, jamais les réalisations en milieu nordique n’ont été aussi bien couvertes.


En fait, quand on voit Gilles s’exciter autant pour tout ce qui existe au-delà du 49e parallèle, on sent bien que la fibre de l’ancêtre français vibre toujours.

L’enthousiasme proverbial de Gilles ne se manifeste pas qu’au travail :

qui n’a pas été touché par ses love calls à sa Loulou, par les fabuleux élans de fierté de ce père-coq, sans oublier, bien évidemment, l’expression du culte quasi mystique qu’il voue aux petits-enfants de la tribu : dieu en est témoin.


Par contre, sous le coup de l’engouement, Gilles s’emballe parfois un chouia trop… Ainsi, si vous comptez faire du plein-air avec lui, soyez assuré d’être de son calibre et attachez votre tuque. Parce que dans l’excitation du moment, dans la griserie de l’effort physique, Gilles peut très bien partir la queue sur les fesses… et vous oublier derrière.

Aussi, il arrive que ce poète du quotidien, qui sait si bien voir la beauté en toute chose et qui sait si bien la partager… en met tellement que certaines personnes, marchant dans ses traces, penseront s’être trompées de destination en ne reconnaissant pas les paysages décrits avec la verve exaltée de notre ami.

Quelqu’un peut-il m’expliquer comment un épicurien comme Gilles qui peut écrire trois paragraphes…

sur la rosée qui perlait sur son pare-brise un matin de brume,

sur la splendeur des oiseaux qui viennent dans les mangeoires de Loulou

ou sur le gouleyant du vin bu avec des amis sur une plage de la Côte-Nord

peut passer autant d’heures

1) dans des vêtements humides, qu’il s’agisse d’un cuissard, d’un costume de ski de fond trempé de sueur ou, pire, d’un wet suit,

2) le cul sur une selle de vélo ou coincé dans un kayak exigu

3) pour finir par partager l’exquis repas préparé par sa douce avec une nuée de maringouins, de mouches noires et de brulôts?

Si c’est pas un gros « rush » d’enthousiasme ça….

Énergique comme pas un, curieux de tout, mélomane éclectique,

photographe accompli, plume agile, notre Chaumel porte plus d’un chapeau à la fois : voilà sans doute le secret de sa fabuleuse collection de casquettes…

Amant de la nature, écolo avant l’heure, chantre du développement durable, notre Gilles n’hésite pas à… sauter dans son char pour faire plusieurs milliers de km par année pour se payer une petite descente de rivière, explorer des lacs secrets, pagayer avec les bélugas… ou circuler entre son « refuge » d’amour à Saint-Adolphe et ses activités urbaines.

Comme il s’est aussi permis de tuer au sling shot, Mesdames et Messieurs, un écureuil qui s’était faufilé dans sa chaumière, comportement d’autant plus scandaleux que « mossieu » se prétend ami des polatouches.

Je m’arrête ici, mon Gilles, avant que notre amitié ne soit ternie à jamais… et en espérant d’ailleurs que je n’aie pas déjà commis l’irréparable…

Ben non, ben non, ben non : t’hais ça te faire prendre en défaut, mais t’as le sens de l’humour. Je le sais, on est pareils…

Donc, je m’arrête en te disant du plus profond de mon ford intérieur,

à toi qui approches de la fin de la vie professionnelle alors que tu as signalé à maintes reprises dans tes écrits que tu détestes qu’apparaisse sur l’écran de ta vie le mot « FIN » que, comme le disait le grand Yogi Berra, – non, non, pas l’ours de Hanna et Barbera, Gilles a d’autres références que les dessins animés des années 60, tout de même –,

non Yogi Berra, ce grand philosophe, incidemment joueur de baseball :

« C’est pas fini, tant que c’est pas fini! »

Bonne et longue retraite mon ami!

Claire Minguy,

Avec la complicité de Pierre Castonguay et de Norbert Lafond,

Le 1er octobre 2009

vendredi 11 septembre 2009

«Il est grand temps de rallumer les étoiles» -Guillaume Apollinaire

Loulou, Jo et Denis

Avec Jo et Denis, nous avons passé la fin de semaine dans le doux pays de la région de Kamouraska qui a porté son nom comme une auréole le dimanche. Mer d’huile, eau couleur d’émeraude, soleil puissant, atmosphère indolente et bon enfant au quai et des kayakistes par dizaines s’élançant à marée montante.

Loulou, Denis et moi, on rentrait. Il était 15h et on était sur l’eau depuis 11h. Il faut dire qu’on est parti dans des conditions un peu pénibles, marchant plus d’un kilomètre dans la vase, transportant ou tirant chacun embarcation vers un large hypothétique. Je ne voulais pas attendre trois heures pour profiter de la marée montante. Il faisait trop beau. D’ailleurs, arrivé au quai du village, ma douce qui, en principe, venait me reconduire, a décidé de partir avec moi. En appelant nos amis, j’ai appris que Denis venait nous rejoindre. Il quittait à l’instant, avec sa douce, le camping de la Sebka où nous logions.

Bref, l’effort a valu la peine. Une fois passée l’île-aux-Corneilles, qui est face au village, à deux kilomètres de la rive, nous longeons l’île Brûlée avant de prendre le large, c’est-à-dire de côtoyer de loin l’île de la Providence et la Grosse-Île. C’est là que sont apparus les bélugas. De loin d’abord, puis, comme s’ils nous avaient aperçus, de plus en plus près. Si près. En fait qu’à un moment donné une grosse femelle est sortie face à mon kayak alors que son rejeton, tout gris et curieux, sortait à l’arrière. J’ai pu en distinguer clairement deux autres qui sont passés sous mon bateau. Là, je dois avouer avoir été un peu inquiet, tout comme ma douce qui a vécu, à quelques dizaines de mètre de moi al même situation. Denis, stoïque et heureux, se contentait d’observer ce magnifique ballet qui l’entourait.

On est revenu un peu gaga sur une mer toujours étale, un ciel encore plus bleu et un soleil affichant son plus grand sourire.

Le doux pays
Il faut dire que le doux pays de Kamouraska a tout pour apaiser le citadin. Pourtant, le samedi et le lundi de notre fin de semaine, il n’était pas vraiment reposant, le pays. Samedi, Denis et moi avons fait une partie du trajet à vélo, à partir de Saint-Jean-Port-Joli, pour nous y rendre. Les 10 derniers km (sur les 70 du parcours, m’ont paru une éternité avec ce vent d’est qui ne cessait de forcir au fur et à mesure que nous avancions. Et tout le monde sait que l’éternité, c’est long, surtout vers la fin.

Le lundi, le vent soufflait encore plus fort, mais de l’ouest, cette fois. Alors on a fait de la rando. Ça valait aussi la peine comme en font foi les photos ci-dessous.


Le Bas-du-fleuve est aussi reconnu pour la beauté de ses couchers de soleil, soleil qui vient s’éteindre derrière les Laurentides. Évidemment, ce ne fut pas différent ce week-end.

Mais moi, ce sont les nuits qui suivaient qui m’ont marquées. Lune pleine, étoiles aussi innombrables que lumineuses. Les étoiles! Ce sont elles qui m’ont ramenées à ma Loulou, l’amour de ma vie, elles qui m’ont rappelées cette belle phrase de Guillaume Apollinaire : « Il est grand temps de rallumer les étoiles. »

Alors, il est grand temps que je redise à mon amour à quel point elle compte pour moi, que sans elle je serais sans ailes. C’est d’autant plus urgent que je suis à trois semaines de la retraite et que ça va drôlement changer notre quotidien. Plus qu’on ne peut imaginer parce que ma Loulou songe sérieusement à joindre les rangs l’Administration régionale Kativik, le gouvernement inuit du Nunavik, pour y développer le tourisme nordique. On passera des semaines sans se voir et des semaines ensemble… On s’en reparle!

Musique

Deus trucs splendides. D’abord, le toi dans ma tête de Luc De Larochellière, album intimiste qui conjugue l’amour à la tristesse et à la foi en la chose. C’est doux, tendre et beau, d’une écriture un peu chavirante comme le souligne ces lignes tirées de Tu m’as eu :

Tu m’as eu à coups de baisers
tirés en rafales combinées,
Là, direct au cœur, toute une nuit,
le matin m’a trouvé au lit
Cloué à toi, scotché, pantois…

Le second est un hommage à un folksinger américain du début du siècle du nom de Charlie Poole. Charlie et ses North Carolina Ramblers étaient l’un des plus fameux « string bands » des années 1920. Le coffret de deux disques qui le remet au goût du jour s’intitule High Wide & Handsome: The Charlie Poole Project et il est l’œuvre de Loudon Wainwright III, grand maître de la folk et père de l’imbuvable Rufus.

Loulou et moi, on l’a écouté de long en large durant notre périple kamouraskois et on a remis ça de retour à la maison. Guitare, violon, banjo, contrebasse accompagnent des histoires de personnages tantôt ordinaires tantôt fabuleux racontées tantôt avec tendresse tantôt avec un swing irrépressible. Irrésistible!!!