dimanche 28 septembre 2014

Loulou à la ferme ou la tournée d’automne dans les Cantons

Photo : Les jardins d'Arlington.

Je savais que Loulou adorerait coucher sur la paille de grange. C’est son genre, ma douce, les expériences inusitées, à condition qu’elles soient en nature. Alors je lui ai proposé Aventure sur paille, à Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est. Comment je connaissais ça? J’y étais allé rouler un 100 km, la semaine précédente, avec les gens de Juritour menés par mon amie juriste (de renom) Fannie Lafontaine et sa gang de joyeux lurons. C’est elle qui a découvert ce joyau.

Il s’agit d’une grange transformée en lieu d’hébergement touristique dans le sud-ouest des Cantons-de-l’Est, à un kilomètre d’un tout petit village nommé Stanbridge East. On est cœur d’une région on ne peut plus bucolique, surtout en cette splendide fin de semaine estivale automnale. La grange en fait, fait partie d’une remarquable ferme, propriété de deux passionnés d’agriculture biologique, Claire Lanctôt et Nasser Boumenna. Les Jardins d’Arlington, que ça s’appelle.

Ferme et grange



C’est Claire qui gère le côté touristique de la ferme. Cette femme aussi brillante que généreuse, a eu l’idée de créer ce « gîte » pour assurer la pérennité de la grange, vieille de 125 ans et construites par des francs-maçons selon les principes du nombre d’or cher aux artisans médiévaux. D’où l’idée de faire concevoir des stalles à dormir par l’architecte et des salles de bains on ne peut plus confortables dans la partie basse du bâtiment. C’est là que ma douce a trippé.

Faut dire que passer un 28 septembre par 28 degrés ensoleillés sur les terres reliant Frelighsbrug, Saint-Armand et Bedford, au cœur de la route des vins et des pommes a de quoi rendre un peu gaga. Le plus drôle est que nous n’avons acheté qu’une seule bouteille de vin, un très bon rosé du Domaine du Ridge, et quelques pâtés et fromages pour le souper à la grange. Coucher de soleil splendide, discussion animée avec Heidi, comme nous, inspirée par les lieux et surtout avec Claire et Nasser nous racontant leur histoire, leur passion et leur amour du territoire qu’ils habitent.

Prêt pour le petit déjeuner.

Le sommeil nous a frappé au coucher, au cœur même de notre lit de paille sur lequel avaient été étendues des couvertes et nos sacs de couchage. Il était 8h10, le lendemain matin, quand notre hôtesse a ouvert grand les portes de la grange pour monter la table du déjeuner. Loulou s’est réveillée sourire au lèvre, affirmant tout de go qu’il n’y avait rien de plus merveilleux de que dormir le cul sur la paille. Faut dire que nous n’avons jamais vu grange si propre (on peut y marcher nu pied sans crainte de se salir), sans parasite aucun, offrant un silence nocturne des plus impressionnant... quand il ne vente pas!

En pleine forme, ma douce s’est mise à jaser, avec notre hôtesse, des possibilités de ce lieu unique au Québec. Serez-vous étonnés d’apprendre que Louise y voyait là l’endroit idéal pour une clientèle de yoga! Et elle a raison.


La magnifique maison de la ferme.


                   Heidi Spühler, Loulou et Claire à la ferme.

Enfin, le clou de notre séjour, fut la traversée aux champs de la ferme. Un immense potager dans lequel travaillaient Nasser et deux ouvriers mexicains, au centre, une autre grange dans laquelle on nettoie et on emballe tous les légumes récoltés. Autour, moutons et poules rousses paressent ou picorent dans de confortables enclos. Alors, ma douce a acheté bettraves, œufs, aulx ukrainiens, navets et tutti quanti s’informant des méthodes de culture, de conservation, s’intéressant à tout, tout, tout. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!



Montagnes et vélos


Étonnamment, de mon séjour précédent à vélo, j’étais resté sous l’impression que la topographie de la région est assez plate. « Mais c’est que tu n’as pas grimpé la Joy Hill me dit Claire, plus tard. Elle voulait dire le Chemin Richfort, une longue côte de cinq kilomètres qui nous amène au pied du mont Pinnacle et offre une vue imprenable sur les Appalaches du Vermont voisin.

J’avais aussi cette idée de côte en tête, quand j’ai proposé à Loulou de retourner dans les Cantons. Une vraie côte à grimper à vélo. Bien sûr que je l’ai grimpé, le samedi. Aller retour, un peu moins de deux heures de pur plaisir. Bon, un peu tuant quand même, surtout quand, en plein effort, tu dois composer avec une vingtaine de motos pétaradantes à rendre sourd qui défilent les unes après les autres.


Mais c’est aujourd’hui, dimanche, que j’ai vraiment vu ce que c’était, des côtes. En auto, nous avons repris le même chemin pour continuer notre jusqu’au hameau d’Abercorn puis celui de Mansonville, toujours en longeant la frontière américaine. Et là, en montant et en descendant sans cesse sur des dizaines de kilomètres, des pentes parmi les plus abruptes que j’aie vue au Québec, pires que sur la Côte-Nord, parce que plus rapprochées, et splendides parce que dans une décor orange d’automne au cœur d’une mer de montagnes à n’en plus finir. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!


mardi 2 septembre 2014

Bitter Tears, un grand album et une superbe reprise




Bitter Tears, Ballads Of The American Indian est un des grands albums de l’unique Johnny Cash, vous le reconnaîtrez, en a commis quelques-uns de mémorable. Pourquoi celui-ci, parce qu’il date de l’époque, 1964, où le musicien croyait qu’il avait du sang cherokee dans les veines. On ne sait pas vraiment pas qui lui avait suggéré l’idée, mais s’en fut une bonne…même si des recherches généalogiques n’ont rien démontré en ce sens.

Les huit chansons de Bitter Tears (larmes amères) racontent donc l’histoire et les déboires tant de nations autochtones (Sénécas, Apaches) que d’individus (la balade d’Ira Hayes, héros soldat à Iwo Jima, mort désœuvré quelques années plus tard) avec une force de conviction peu commune. Co-écrites par Cash et le folksinger new-yorkais Peter Lafarge, les chansons, 50 ans plus tard, n’ont rien perdu de leur force, de leur outrangeante beauté et, malheureusement, de leur actualité. On n’a qu’à penser au refus du gouvernement canadien de mettre sur pied une enquête publique sur les disparitions et les meurtres de milliers de femmes autochtones au cours des dernières années.
C’est pourquoi un collectif de chanteurs sous la direction de l’auteur, compositeur interprète et, donc producteur, Joe Henry vient de faire paraître une fort belle reprise de Bitter Tears qui s’intitule Look Again to the Wind, Johnny Cash’s BiterTears Revisited. Au nombre des participants, Gillian Welch et son chum, grand guitariste, David Rawlings, l’iconoclaste Steve Earle qui prend un féroce plaisir à déboulonner le mythe du général Custer, Norman et Nancy Blake, deux des plus importants noms du trad américain, le vieux Kris Kristofferson, la magnifique Rhiannon Giddens, grande chanteuse des Carolina Chocolate Drops, Sam Bush, Emmylou Harris.

Ensemble ou séparément, ils reprennent chacune des chansons de l’album original pour y mettre chacun sa couleur, sa sonorité (ah, le jeu de guitare de David Rawlings sur As Long As the Grass Shall Grow, je n’en reviens pas à chaque écoute). Comme sur l’album de 1964, tout est acoustique, bien rendu, convainquant, foutument  bien arrangé. Pour moi, c’est le disque folk de l’année, jusqu’ici.
Si la diversité fait la richesse de cette reprise du cinquantenaire de Bitter Tears Ballads Of The American Indian, reste que la voix et l’engagement de Johnny Cash en 1964 restent insurpassés. Comparez, et bonne écoute!!! (Cliquez sur les titres ci-dessous pour entendre les chansons sur You Tube.
As Long as the Grass Shall Grow, Gillian Welch & Davis Rawlings