mercredi 3 mars 2010

Grands vents et fragilité de l'intimité


La semaine dernière... Photo Stéphane Lessard

...et aujourd'hui, dans ma cour.

Suis parti avec Loulou un matin de la semaine dernière, pour aller m’entraîner au centre-ville. À la maison, il n’y avait plus d’électricité depuis 23 h 46 la veille. Nous avons bourré le poêle avant de partir. Et comme on annonce des pointes de vent à 100 km/heure dans la journée, j’ai descendu l’échelle qui menait sur le toit et attaché les kayaks. Heureusement, la maison est située dans une coulée entre les montagnes et, donc, moins soumises aux vents.

Même que de chez nous, on n’a pas toujours connaissance des tempêtes de neige qui sévissent. On regarde dehors et on voit bien les précipitations tomber mais comme moins fâchées qu’ailleurs. En fait, il nous faut sortir de notre cour et emprunter la rue Saint-Edmond pour prendre la véritable mesure du mauvais temps qu’il fait. Il nous est parfois arrivé de rebrousser chemin pour avoir sous-estimé la colère de dame nature.

Sur l’autoroute, je roulais plus lentement qu’à l’habitude, sentant de temps à autres la voiture tasser latéralement, bousculée par le vent fou. En ville, dans la salle de spinning du club Nautilus de Place Québec où je m'entraîne, les grandes vitres qui donnent sur l’extérieur tremblaient sous la force du vent qui charriait des rafales de neige. Pire, l'annonce extérieur du club était par terre, arrachée par le vent et piquée dans un banc de neige...

Pédaler comme un malade et suer comme dans un sauna offre un curieux contraste avec la grisaille tempétueuse du dehors. Ça fait surtout beaucoup de bien d’avoir l’impression d'être plus fort que le vent, de le dominer, enfin, de travailler sans sa contrainte. On se sent fort pas à peu près. La douche qui a suivi l’effort m'a rendu serein et léger sans rien enlever à l’adrénaline qui s’étai insufflé dans mon corps. J'étais mûr pour un bon déjeuner.

Rester

Rester dans ma montagne, tout près de mes oiseaux, de mon ruisseau, de mon chat qui n’aime rien tant que de ronronner à mes pieds. Lire au coin du feu, écouter Catherine Major, Johnny Cash ou mon héros, Jean-Sébastien Bach, sommeiller en plein jour, sélectionner, dans ma tête, quelques tounes de jazz, pour ma prochaine émission du midi. Faire une quelconque tâche ménagère pour ne pas me sentir trop coupable, quand même.

...se remettre au canot cet été? Pourquoi pas?

Puis, aller marcher dans la montagne sous le vent tiède de Sikun, la cinquième saison des Attikamekw, plus précoce encore cette année. Appeler ma Loulou au retour pour lui dire combien c’était beau le ciel bleu, la neige molle et le soleil qui se dardait dessus, le renard qui a traversé le bois devant moi. Lui dire que je l’aime aussi puis lui demander de ses nouvelles professionnelles. « Pis, blonde, comment y va ton Plan Nord? »… et d’écouter avec plaisir l’émotion de ses mots quand elle me raconte les réussites ou les vicissitudes de ses démarches, les gens à qui elle parle, les voyages nordiques qu’elle prépare. Ma Loulou, c’est une rêveuse, une rêveuse réaliste, pas une pelleteuse de nuages. Son Plan Nord en tourisme, c’est du sérieux avec plein d’actions qui font consensus sur la Basse Côte-Nord, en Jamésie, chez les Cris et au Nunavik. S’il n’y avait pas la politique…

« Parlant de Nord, ma douce, je vais te chercher au bus à Stoneham à 17 h30. Qu’est-ce qu’on soupe? » Parce que j’ai beau être à la retraite, l’idée de passer les après-midi à préparer les repas du soir ne m’a pas encore tout à fait effleurée. Mais je pense que ça s’en vient…L’idée, je veux dire.

Ah oui, et appeler mes fils! J.P. pour savoir comment il va et s’il vient à Québec bientôt, Nico pour savoir comment il va. Ces temps-ci, c'est un peu montagnes russes, côté émotion. Ça nous fait quelque chose à se raconter, et à moi, à m’inquiéter un peu. Cré fils, si énergique, si tendre, si brillant et si fragile à la fois. Un nartisse, quoi, je pense.

Partir

À un journaliste qui lui demandait ce qu’il cherchait à fuir en quittant définitivement la scène, Jacques Brel, tête baissée, ton las, répondait : « Quand quelqu’un bouge, les immobiles disent qu’il fuit. » Sans doute trouve-t-on dans cette phrase l’origine de l’incompréhension qui existe entre les nomades et les sédentaires…

Lu sur Internet

« Il fait du ski de fond, pas du biathlon, mais comme il est Américain, il emporte quand même son fusil en piste. » On était aux jeux olympiques. Bien sûr!

Toutes les filles

Elles sont sept filles, pas les plus connues des chanteuses québécoises, pas nécessairement les meilleures individuellement, mais ensemble, cependant, c’est une autre paire de manches. Non, pas des manches à balai. Des musiciennes d’une grande sensibilité qui ont fait un album après une tournée qui s’appelait Toutes les filles. Une tournée de filles avec leurs chansons, leurs instruments, leur sens de l’écoute et du partage. Ça s’entend sur le disque, ce respect, cette envie de partager les mots et la musique, cette sensibilité commune, au même diapason. Sur fond de cordes, guitares, banjo, violon et violoncelle, elles chantent des chansons tendres, intimes, sur des rythmes de ballades folkies, s’accompagnant les unes les autres, tant avec les instrument qu’avec les voix. Toutes des compositions, sauf la chanson d’ouverture, leur thème musical en quelque sorte, Tous les garçons et les filles la célébrissime complainte de Françoise Hardy.

L’album s’appelle aussi comme ça, Toutes les filles qui sont Marie-Annick Lépine, la violoneuse des Cowboys, Catherine Durand, Gaële, Ginette, Magnolia (Amélie keke chose en fait), Amélie Veille, Sylvie Paquette, l’aînée du groupe sans doute, celle qui roule sa bosse depuis le plus longtemps. Un disque délicat, qu’on savoure lentement parce qu’il dit doucement des choses graves et vraies à propos des amours, des séparations, du suicide, des enfants… qui pose des questions existentielles comme dans Sur les bords du Saint-Laurent de Marie-Annick.