Photo : Les jardins d'Arlington.
Je savais que Loulou adorerait coucher sur la paille de
grange. C’est son genre, ma douce, les expériences inusitées, à condition
qu’elles soient en nature. Alors je lui ai proposé Aventure sur paille, à
Stanbridge East, dans les Cantons-de-l’Est. Comment je connaissais ça? J’y
étais allé rouler un 100 km, la semaine précédente, avec les gens de Juritour
menés par mon amie juriste (de renom) Fannie Lafontaine et
sa gang de joyeux lurons. C’est elle qui a découvert ce joyau.
Il s’agit d’une grange transformée en lieu d’hébergement
touristique dans le sud-ouest des Cantons-de-l’Est, à un kilomètre d’un tout
petit village nommé Stanbridge East. On est cœur d’une région on ne peut plus
bucolique, surtout en cette splendide fin de semaine estivale automnale. La
grange en fait, fait partie d’une remarquable ferme, propriété de deux
passionnés d’agriculture biologique, Claire Lanctôt et Nasser Boumenna. Les
Jardins d’Arlington, que ça s’appelle.
Ferme et grange
C’est Claire qui gère le côté touristique de la ferme. Cette
femme aussi brillante que généreuse, a eu l’idée de créer ce « gîte »
pour assurer la pérennité de la grange, vieille de 125 ans et construites par
des francs-maçons selon les principes du nombre d’or cher aux artisans
médiévaux. D’où l’idée de faire concevoir des stalles à dormir par l’architecte
et des salles de bains on ne peut plus confortables dans la partie basse du
bâtiment. C’est là que ma douce a trippé.
Faut dire que passer un 28 septembre par 28 degrés
ensoleillés sur les terres reliant Frelighsbrug, Saint-Armand et Bedford, au
cœur de la route des vins et des pommes a de quoi rendre un peu gaga. Le plus
drôle est que nous n’avons acheté qu’une seule bouteille de vin, un très bon
rosé du Domaine du Ridge, et quelques pâtés et
fromages pour le souper à la grange. Coucher de soleil splendide, discussion
animée avec Heidi, comme nous, inspirée par les lieux et surtout avec Claire et
Nasser nous racontant leur histoire, leur passion et leur amour du territoire
qu’ils habitent.
Prêt pour le petit déjeuner.
Le sommeil nous a frappé au coucher, au cœur même de notre
lit de paille sur lequel avaient été étendues des couvertes et nos sacs de
couchage. Il était 8h10, le lendemain matin, quand notre hôtesse a ouvert grand
les portes de la grange pour monter la table du déjeuner. Loulou s’est
réveillée sourire au lèvre, affirmant tout de go qu’il n’y avait rien de plus
merveilleux de que dormir le cul sur la paille. Faut dire que nous n’avons
jamais vu grange si propre (on peut y marcher nu pied sans crainte de se salir), sans parasite aucun, offrant un silence nocturne des plus impressionnant... quand il ne vente pas!
En pleine forme, ma douce s’est mise à jaser, avec notre
hôtesse, des possibilités de ce lieu unique au Québec. Serez-vous étonnés d’apprendre
que Louise y voyait là l’endroit idéal pour une clientèle de yoga! Et elle a
raison.
La magnifique maison de la ferme.
Heidi Spühler, Loulou et Claire à la ferme.
Enfin, le clou de notre séjour, fut la traversée aux champs de la ferme. Un immense potager dans lequel travaillaient Nasser et deux ouvriers mexicains, au centre, une autre grange dans laquelle on nettoie et on emballe tous les légumes récoltés. Autour, moutons et poules rousses paressent ou picorent dans de confortables enclos. Alors, ma douce a acheté bettraves, œufs, aulx ukrainiens, navets et tutti quanti s’informant des méthodes de culture, de conservation, s’intéressant à tout, tout, tout. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!
Montagnes et vélos
Étonnamment, de mon séjour précédent à vélo, j’étais resté
sous l’impression que la topographie de la région est assez plate. « Mais
c’est que tu n’as pas grimpé la Joy Hill
me dit Claire, plus tard. Elle voulait dire le Chemin Richfort, une longue côte
de cinq kilomètres qui nous amène au pied du mont Pinnacle et offre une vue
imprenable sur les Appalaches du Vermont voisin.
J’avais aussi cette idée de côte en tête, quand j’ai proposé
à Loulou de retourner dans les Cantons. Une vraie côte à grimper à vélo. Bien
sûr que je l’ai grimpé, le samedi. Aller retour, un peu moins de deux heures de
pur plaisir. Bon, un peu tuant quand même, surtout quand, en plein effort, tu
dois composer avec une vingtaine de motos pétaradantes à rendre sourd qui
défilent les unes après les autres.
Mais c’est aujourd’hui, dimanche, que j’ai vraiment vu ce
que c’était, des côtes. En auto, nous avons repris le même chemin pour
continuer notre jusqu’au hameau d’Abercorn puis celui de Mansonville, toujours
en longeant la frontière américaine. Et là, en montant et en descendant sans
cesse sur des dizaines de kilomètres, des pentes parmi les plus abruptes que j’aie
vue au Québec, pires que sur la Côte-Nord, parce que plus rapprochées, et splendides
parce que dans une décor orange d’automne au cœur d’une mer de montagnes à n’en
plus finir. J’ai comme dans l’idée que nous allons y retourner!
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