lundi 27 juin 2011

Tant de musique!!!

Ma douce en vacances ou la musique d'une vie. Le soleil, le fleuve, une bd et le sourire de ma Loulou.

Déjà une semaine que nous sommes installés à Neuville et ici, tout est musique : le chant incessant des oiseaux innombrables, le vent qui vient du fleuve et chante, à ses heures, dans les arbres qui nous cernent, les voix heureuses des enfants dans la cour de l’école, juste derrière chez nous et, depuis quelques jours, ces musiques que je fais jouer dans le grand salon tout en boiseries de notre maison.

Y écouter les partitas pour violon de Jean-Sébastien Bach relève quasiment de l’expérience mystique, tant la réverbération de la maison donne du grain et de la chaleur à la maison à l’instrument de Rachel Podger, merveilleuse dans ces œuvres. Et que dire des guitares acoustiques de Norman Blake et Mississippi John Hurt, du saxo limpide de Lee Konitz, du piano inspiré de Brad Mehldau et d’Evgueny Koroliov, des voix rocailleuses et enjôleuses de Neil Young et de Charlélie Couture…

C’est d’ailleurs le violon transcendant de Bach que j’écoute en ce dimanche matin pluvieux où j’attends, pour le repas du midi, mon fils Jean-Philippe, sa douce Marie-Pier et notre petite-fille, l’incroyable Maëllie.

D'une patte à l'autre, en haut et en bas, on tourne, on avance et on recule.

Mon air naturel

- Maëllie, dite Lilou.

Incroyable comment? Incroyable de sourires et de bonne humeur, sociable jusqu’au bout des ongles. Elle débarquait à peine dans les bras du paternel que déjà, nous regardant de ses grands yeux ronds, elle nous décocha un sourire à faire fondre ce qui reste de la calotte polaire. Les quelques heures que la famille a passé en notre compagnie ont été euphorisantes, la petite multipliant les prouesses d’athlétisme, marchant à quatre pattes d’en avant en arrière, se tournant sur elle-même comme une toupie, rigolant sans cesse. Au dîner, elle a mangé comme une grande, distribuant équitablement les sourires à chacun des convives, recommençant une fois le tour complété. Visite trop courte mais ô combien vivifiante. Merci et revenez quand ça vous chante. Nous ça nous chante tout le temps!!

La technologie, la poésie et… le sommeil dans tous ses états

Loulou et Loïk photographiés au I-phone polaroïdisé, mettons.

Célestine et Lio dorment, on ne sait trop comment ils y arrivent!

Musique encore…

Parlant de chant, comment ne pas être séduit par celui, langoureux et languissant, de Gillian Welch qui, en compagnie de son inséparable compagnon David Rawlings, propose aujourd’hui un album remarquable de simplicité, de fraîcheur et de beauté intitulé « The Harrow & The Harvest ». Le titre dit tout, de la folk la plus pure, déclamée avec rusticité et où seuls les guitares acoustiques, banjo et autres ruine-babines, accompagnent la ou les voix. L’album a été enregistré à Nashville comme il se doit, et paraît sur étiquette Acony. Et si vous aimez, je suggère un autre chef-d’œuvre de la dame, « Hell Among the Yearning », où l’on a droit à une démonstration magistrale de yodle…

Histoire de découvreurs…

Les Lomax, père et fils, furent de merveilleux découvreurs et restaurateurs de musiques traditionnelles états-uniennes, les Marius Barbeau américains, en quelque sorte. On leur doit, entra autres, la renaissance des Mississippi John Hurt et Skip James, fascinants représentants du blues du delta du grand fleuve.

Tout ça pour vous dire que le bédéiste Frantz Duchazeau, déjà auteur d’un Météor Slim mettant en vedette le blues de ce delta, vient tout juste de publier chez Dargaud, un Lomax collecteurs de folks songs des plus émouvants et racontant l’histoire la quête, en 1933, d’une série de blues dans la partie peut-être la plus raciste des États-Unis. En plus de la musique omniprésente que l’on entend presque juste à lire l’histoire, on a droit à une relation père-fils telle qu’on rêve tous d’en avoir, faite d’échange et de complicité de tous les instant. Un vrai chef-d’œuvre du 8e art.

Et s’il vous faut absolument de la musique pour vous mettre dans l’ambiance, je vous propose ce Stack’O Lee de Mississippi John Hurt tel qu’a pu le reconstituer Alan Lomax au cours de son périple et que la bd raconte…

Brad, Lee, Charlie et Paul

Réunis au Birdland en décembre 2009, quatre jazzeux les plus fameux ont offerts aux spectateurs présents un concert merveilleux faits d’échanges songés et approfondis, creusés jusqu’au fond de l’âme même de cet art si précieux de l’improvisation. Ces quatre ont pour nom Brad Mehldau, pianiste de la jeune génération (il passe à peine la quarantaine) ainsi que Lee Konitz, saxo alto d’à peine 84 ans, Charlie Haden maître es contrebasse de 74 ans et Paul Motian, le caresseur de cymbales qui vient tout juste d’attraper ses 80 ans.

Au bout du compte on a droit à un concert d’une extrême jeunesse, raffiné en diable et composé de standards aussi vieux que les musiciens qui les jouent. Ça s’appelle Live at Birdland et c’est un album ECM d’une grande limpidité!!!

jeudi 9 juin 2011

D’un paradis à l’autre…


Chronique en retard de quelques jours puisque nous sommes maintenant résidents de Neuville, ahuris par le chant assourdissant (et ce n’est pas peu dire) des oiseaux, la beauté du village et du paysage…

Petit matin neuvillois...

D’un paradis à l’autre…

Plusieurs lecteurs le savent, notre paradis de Stoneham est vendu. La passation des titres se fera le jeudi 17 juin 2011. D’ici là, ma Loulou et moi aurons aménagé dans notre nouveau paradis (du moins on souhaite que ce soit vraiment le paradis que nous imaginons). En fait, ce sera dans deux jours, le 8 juin. Mais samedi dernier, nous y sommes allés pour rencontrer les propriétaires actuels, Anne et Marie, qui voulaient nous expliquer comment « partir » la piscine. Ma douce est revenue bouleversée, profondément émue par la beauté des lieux, de la vie qui en exhale, de la lumière qui y éclate, surtout quand, comme ce jour-là, le soleil inonde le monde.

Non, ce n’est pas la piscine, pour laquelle elle n’a manifesté absolument aucun intérêt, qui l’a à ce point remuée. Ce sont la majesté des arbres, les centaines de plants de fleurs, d’arbustes, de graminées savamment disposées sur ce grand terrain bordé par la route 138, puis, quelque dizaines de mètres plus loin, par le fleuve Saint-Laurent. Les oiseaux sont partout, merles d’Amérique (il y a un nid sous la véranda et les petits y étaient lors de notre visite), roselins, hirondelles, sitelles. Il y a même une oriole du nord quelque part dans les arbres.

Et la maison est belle, entretenue avec grand soin par Anne et Marie. L’intérieur, tout lambrissé de lattes de bois ancien, dégage une chaleur incomparable. Nous sentons, ma douce et moi que nous y serons bien. En fait, c’est un sentiment qui nous a envahi dès qu’on y a mis le pied, le jour de cette fin d’hiver où Loulou avait décidé qu’on devait aller voir des maisons pour se donner le courage d’entreprendre des démarches pour vendre ce qui nous appartenait. Première maison visitée et on a fait une offre d’achat, faisant exactement le contraire de la sage décision que nous avions prise de vendre d’abord et d’acheter ensuite. Vous devinez la suite, pression stress, nuits blanches, démarches ardues, chicanes de couple… la totale quoi; avant que plusieurs morceaux de l’édifice ne se mettent en place, et ne retransforme le cauchemar en rêve qui sera réalité dans quelques heures. Nous serons propriétaire, avec M. Desjardins, d’un merveilleux coin de terrain en bordure du Saint-Laurent, dans l’un des beaux villages du Québec.

On est (presque) prêts!

Et déjà, nos plans sont faits pour l’habitation des différents êtres, les chambres, le salon, la salle à dîner, la déco et la musique… Le déménageur sera mercredi matin 8 h, il y a des centaines de boîtes de faites grâce au soutien de mon bienveillant fils Nicolas et de ma généreuse sœur Christine. Merci vous autres.

Vivaldi, mon vieil ami, reste dans ses montagnes

Le seul à ne pas suivre notre équipée sera mon vieux chat Vivaldi. Le valeureux animal, si doux et si tendre avec nos petits-enfants sur qui il veille avec une bienveillance de vieux sage, finira ses jours chez nos voisins Nathalie et Normand. À 17 ans, mon vieux compagnon n’a pas à être transplanté dans un milieu où la route 138 pourrait lui être fatale. Après tant d’années à ronronner et à jaser avec moi, il a bien mérité de vivre dans la tranquillité… D’autant plus, que la voisine se mourrait d’inquiétude de le voir partir. Car voyez-vous, chaque fois que nous partions plus où moins longtemps, c’est elle qui le gardait. Il suffisait qu’il nous voit faire nos préparatifs, pour prendre la porte et s’en aller chez elle. Ces temps-ci, c’est plus de la moitié du temps qu’il y passe, comme s’il savait… En fait, je suis certain qu’il sait et que ça lui convient. Tiens, il vient juste de rentrer, de m’interpeller pour son souper et là, il s’installe dans le fauteuil berçant pour sa sieste vespérale. Le Gros, mon ami, profites bien de ta vie!

Musique, Archie Shepp, Ambrose Akinmusire et Zoe Muth et son band

Archie Shepp, saxophoniste mythique de l’époque de la contre-culture, maître du free jazz, chantre de la libération des Afro-américains et de la négritude, archiviste du de l’histoire du jazz, est un de nos héros de jeunesse à nous, les quatre copains : Martin Bolduc, Denis Jodoin, Paul Marois et moi. Mon premier album de jazz, acheté en 1976 était un disque d’Archie Shepp (Duet, en compagnie du pianiste Abdullah Ibrahim).

Bref, ce bonhomme que nous admirons, que nous avons rencontré et interviewé (grâce à Martin) en 1986 sur es ondes de CKRL, vient de sortir, à l’âge vénérable de 74 ans, un nouvel album intitulé Wo! Man, aussi en duo, en compagnie du pianiste allemand Joachim Kühn. Et puis? Hé bien, c’est une des grandes réalisations d’Archie Shepp. On y trouve des reprises comme ce « Lonely Woman » d’Ornette Coleman plus que bouleversant, voire, anthologique ; un « Sophisticated Lady » des plus dramatique et on n'a jamais entendu « Harlem Noctune » aussi tendu. L'album s'ouvre sur une composition de Kühn, « Transmitting » assez envoûtante merci, suivie d'une « Nina », écrite par Shepp, qui redonne pratiquement vie à dame Simone. Moi qui avais un peu démissionné de mon vieux héros, voilà qu'il marie avec bonheur son blues fondamental au romantisme allemand de Kühn pour pondre un chef-d'œuvre de complicité, de puissance et de profondeur et de complicité. Ça vient de chez sillons, ben sûr.

Ambrose…

Encore dans le jazz avec un tout jeune trompettiste qui remportait en en 2007 le très prestigieux prix Thelonious et qui vient de faire paraître, sur Blue Note, When The Heart Emerges Glistening. Ambrose Akinmusire est un musicien aussi original que son nom le laisse supposer et son band de jeunots a la cohésion des grandes phalanges. Ils proposent un post bop à la fois énergique et réfléchi, qui fera les délices des amateurs d’authenticité! Une découverte!

Zoe Muth

Voilà une jeune auteure compositrice et interprète originaire de Seattle et qui n’est aucunement influencée par le grunge et le riche héritage musical de cette ville de la côte ouest américaine. Au contraire, on croirait Zoe Muth venue directement du Texas avec ses mélodies franchement folk quand ce n’est pas lourdement country et ses histoires on ne peu plus prolétariennes. C’est le chroniqueur Sylvain Cormier, du Devoir, qui m’a fait connaître cette surprenante jeunesse avec le texte qui suit dans la chronique Vitrine du disque du journal : « Ado à Seattle dans les années 1990 et même pas grunge? Chacun son martyr: Zoe, c'était Townes Van Zandt, et tant pis pour Kurt. Plus country-folk-roots que mam'zelle Muth, t'es l'illégitime de John Prine et d'Emmylou. Plus jeune fille blonde perdue dans le désert, tu te repasses The Last Picture Show en Betamax et tu te trouves des airs de Cybil Shepherd. C'est tout le bonheur de ce siècle: on se choisit un cactus et on le plante chez soi. Ou est-ce le cactus qui a choisi Zoe? Le constat est que sa sorte d'americana est la sorte d'americana qui se vit au nord dehors avec le sud des États en dedans. Tout est dit dans la bien-nommée If I Can't Trust You With A Quarter (How Can I Trust You With My Heart): «It was a cold Thursday night in January / When I first met you at the bar / We'd been smoking our cigarettes with the heater on / Listening to Elvis in my car...» Notez que ce disque est le deuxième de Zoe: il faudra acheter le premier aussi. »

Moi, c’est cette dernière phrase que j’ai retenue et il me semble que ce premier opus éponyme est bien plus intéressant que celui dont cause le sieur Cormier. On y est plus proche de Townes justement, plus proches des racines du sud et les High Lost Rollers sont aussi bons. Évidemment, ça s’appelle Zoe Muth and the High Lost Rollers !