La fin du rêve… du diable
Pour des raisons que je ne comprends toujours pas, ce sera la fin du Rêve du diable, l’émission de musiques folkies que Christian Girard et moi animons avec un plaisir sans cesse renouvelé, tous les lundis soirs de 21 h à 22 h 30, sur les ondes de ckrl-mf, la dite radio culturelle de Québec. C’est dommage, parce qu’en plus du plaisir que nous avions à transmettre des musiques belles et rares, nous avions le sentiment de remplir une case vide avec ce genre musical qui racontait un peu l’histoire de la musique en Amérique et ses influences européennes, africaines. Bref, la folksong, c’était notre truc. La raison du retrait? Pas de case horaire libre à notre convenance qu’on nous a dit. Y en n’aura pas de facile…
Beaux (gros!) mots, belles histoires
Dans la même soirée, j’ai terminé le bouleversant roman de Marie-Renée Lavoie, La petite et le vieux, et lu une bd qui m’a drôlement dérangée. Imaginez, le héros s’appelle Clovis… Chaumel et il y a un mystère sale qui entoure l’histoire de sa famille. Ça fait deux semaines de cela et j’ai encore ces deux livres en tête.
En fait Clovis Chaumel est plutôt un anti héros, un peu écrasé par une vie morne et un manque d’ambition flagrant. Le jour où il a l’étonnante idée (dans son cas) d’entrer dans un musée, il sera sidéré à la vue de L’Angélus, la célèbre peinture de Jean-François Millet. Sidéré, le mot est faible car elle changera la vie du pauvre Clovis qui découvrira que l’œuvre cache en fait, par transposition, une partie trouble de l’histoire de sa famille, et de la sienne en fait. Bordel, l’histoire est en deux tomes et le premier se termine dans la plus grande frénésie. Le tome deux? Je ne sais même pas quand il paraitra. Ce qui m’a troublé, dans cette histoire, c’est le tabou, l’histoire honteuse que l’on a voulu cacher au pauvre Clovis mais que même sa femme connaît. Une histoire semblable est arrivée à mon père que mon fils Nicolas rapporte dans une chronique que j’ai publiée en mars 2009. Je n’en reviens pas encore. J’ai vraiment fabuleusement hâte de lire la suite. C’est un peu comme si j’allais découvrir les secrets à jamais enfouis de l’histoire paternelle. Ah oui, la bd fait partie d’une collection appelée… Secrets!
C’est une chronique de Pierre Foglia qui m’a amenée à La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie, enseignante en littérature, née à Limoilou en 1974. Justement, l’histoire se passe à Limoilou, dans le quartier Saint-Pascal et met en scène la petite Hélène qui a 8 ans et peine à aider ses parents pas trop riches. Le vieux, c’est Roger, alcoolique en attente de mourir (c’est lui qui le dit) qui se prend d’amitié pour la petite. C’est elle qui raconte l’histoire et on y croit drôlement. « A-do-ra-ble », a écrit Foglia. Pour une fois, il s’est gouré dans son adjectif. C’est magnifiquement écrit, d’une justesse remarquable jusque dans les gros mots qui ne manquent pas. C’est aussi misérable et infiniment triste par moments, mais c’est souvent très drôle. Au bout du compte, ça ressemble à un hymne à l’espoir mais le quotidien n’est pas de tout repos. Moi, j’y ai reconnu des personnages de mon enfance même si les lieux diffèrent un peu. Ne vous gênez surtout pas pour le lire, on en ressort indemne, un peu chamboulé mais heureux.
La musique des anges…
Tomas-Luis Victoria n’est pas le plus connu des compositeurs de la fin de la Renaissance, même, si en son temps, il a été célèbre tant en Espagne qu’à Rome. Auteur de musiques religieuses polyphoniques essentiellement, il a écrit quelques motets pour voix seules qui sont repris avec beaucoup d’émotion et de talents par le contre-ténor Carlos Mena et son accompagnateur au luth et à la vihuela, Juan Carlos Rivera. À l’écoute, c’est, comment dire, autant sensuel que sanctifiant. Une réédition Harmonia Mundi d’une grande beauté.
…et celle du diable
La musique de John Mellancamp n’a rien de diabolique mais dans son nouvel opus intitulé No Better Than This, le folksinger le démon en scène dans au moins une chanson, celle qui est intitulée Right Behind Me. Il s’agit d’un album rendant hommage aux pionniers du revival folk des années 1960, enregistré en mono avec le meilleur matériel de l’époque et le résultat est tout à fait convaincant, la voix rocailleuse à souhait, le son vieillot séduisant et les chansons, tantôt folk tantôt rockbilly avec leur côté un peu suranné ont toutes quelque chose de bienfaisant. Je ne sais pourquoi, mais quand j’écoute ça, je ne peux manquer au Bruce Springsteen acoustique. De la vraie belle musique de char!
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