Après les bandes dessinées, la musique. Cette fois, juste
des coups de cœur sans préoccupation de genres musicaux. Comme disait le Duke
d’Ellington, il n’y a que deux sortes de musique, la bonne et la mauvaise, peu
importe le genre où l’époque où elle a été composée. Alors voici!
D’abord, une sortie de fin d’année qui donnera un spectacle
et à une suite à ce magnifique album intitulé « Rêves
américains, tome 1, La ruée vers l’or ». C’est Thomas Hellman qui régale, raconte et
chante 14 chansons de 24 carats qui emmènent de la ruée vers l’or à la chasse
destructrice du bison en passant par la description de personnages plus grands
que nature. L’histoire de l’Amérique à la façon Béliard, La folk dans ses plus
beaux atours. Bonheur assuré.
Pour rester dans le genre (pas longtemps), voici Tamara Lindeman, une folksinger
torontoise qui a fait de la délicatesse et de la douceur ses marques de
commerce. Sous le nom de Weather Station,
son groupe (?), vient de sortir un troisième album intitulé Loyalty. Que dire d’autre que la belle et riche
voix de la chanteuse est redoutable de séduction, que ses rythmes chaloupants,
les jeux de guitare acoustique nous font penser à une Joni Mitchell dupliquée
et réinventée.
Billie Holiday
aurait 100 ans cette année et plusieurs ont tenu à souligner, avec plus ou
moins de succès, l’anniversaire de cette artiste du tragique. Je propose le Yesterday
I Had the Blues du chanteur anglais José James, dont la principale qualité est d’avoir su se faire
accompagner par une phalange de premier ordre : le pianiste Jason Moran,
le contrebassiste John Patitucci et le batteur Eric Harland, quelques-uns des plus
brillants musiciens de jazz du moment. Ça donne un disque émouvant qui compte
quelques-unes des plus belles chansons qu’interprétaient Billie et qui sont
devenu des classique de la musique occidentale : Fine and Mellow, God Bless
the Child, Tenderly, God Bless the Child et surtout un Strange Fruit d’anthologie où tous les
musiciens délaissent leurs instruments pour accompagner, a capella, le
chanteur.
L’an dernier, il y a eu le cycle de mélodies tragique du
Wintereise de Franz Schubert porté par l’unique Matthias Goerne, né pour
chanter ce cycle. Cette année, c’est le bel album du pianiste David Fray, consacré au même Schubert,
qui retient l’attention. Autour d’un programme centré sur la magnifique
sonate-fantaisie en sol majeur D. 894, à mon goût, la plus belle œuvre pour piano
du compositeur et de la fantaisie en fa mineur pour piano à 4 mains en compagnie de ce vieux maître de Jacques
Rouvier. Alors, on a là ce qu’il faut pour bien faire apprécier ce délicat
compositeur : poésie, lyrisme, sens mélodique extrême, allant et rythme
berçant (même dans les forte). Et
bien sûr, l’album s’intitule Fantaisie!
Le chant de la nuit, si cher à Schubert, est également porté
par un jeune pianiste de jazz allemand, Michael Wollny. Son Nachtfahrten,
bien que de confection très contemporaine, laisse planer tout du long une sorte
de spleen schubertien que ses compagnons, le contrebassiste Christian Weber et
le batteur Eric Schaefer, appuient avec tout le mystère et la subtilité voulue.
Irrésistible.
Enfin, un magnifique disque de musique de chambre de la
seconde moitié du 19e siècle qui réunit des œuvres pour piano et
violon de Guillaume Lekeu, César
Franck et de Lili Boulanger. Enregistré à compte d’auteur par le violoniste Frédéric Bednarz et la pianiste Natsuki Hiratsuka, cet album, publié sur Métis Island Music, est empreint d’un romantisme à la fois
ardent et plein de retenu. La sonate de Lekeu, ce jeune surdoué mort à 24 ans,
reçoit ici la lecture la plus convaincante que je connaissance. La musique d’un
dimanche après-midi, tout juste avant le crépuscule. Pour l’apéro quoi!!!
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