vendredi 24 juillet 2015

C'est l'été, il pleut, mais il y a la musique!!!!


L’été 2015 est chiche en chaleur et en soleil, mais riche de belles musiques. Voici quelques suggestions…

Il était une fois l’Amérique



Willie Nelson et Merle Haggard sont des monstres sacrés, les ancêtres indomptables de la grande country mondiale. À plus de 80 ans, les deux compères, le Texan et l’Okie, viennent de publier un album en duo intitulé Django and Jimmie qui réunit des classiques du genre signés Bob Dylan (Don’t Think Twice), Jimmy Melton, Willie et Merle eux-mêmes. Et on y note aussi la participation d’un autre vieux de la vieil, l’excellent Bobby Bare et du jeunot hors-la-loi Jamey Johnson. Les voix d’Alison Krause et de Melonie Cannon se font aussi entendre parmi d’autres.
Pas besoin de vous dire qu’on est pas ici dans le renouvellement du genre,  mais plutôt, dans le meilleur de la crème; mélodies accrocheuses, textes savoureux d’histoires de routes, hommage au père disparu, le grand Johnny Cash, arrangements superlatifs. Bref, tout ce qu’il faut pour mettre dans le lecteur de votre auto et partir au long cours sur les routes du Québec et du reste de l’Amérique. Bonheur garanti!!!

Willie Nelson et Merle Haggard. Django and Jimmie. Disque Legacy Recordings

Le rêve Vollant!


Florent Vollant est le très digne successeur du père de la folk innue, le vénérable Philippe McKenzie; art hérité tant des chants traditionnels s’accompagnant du tambour à sonnailles (le teueikan) que de la country. Le Vollant en question vient de publier son septième album, PUAMUNA (Le rêve) peut-être le plus riche, le plus abouti de son auteur, des mélodies doucement dansantes (le makusham) chantées dans cette langue belle et malheureusement de plus en plus rare, l’innu.
Douze chansons magnifiques animées par le réalisateur et guitariste Réjean Bouchard et la guitare vive du jeune Kim Fontaine, de Maliotenam, où l’album a été enregistré. On y entend aussi chanter en français une composition de l’inséparable ami Richard Séguin; en Anglais, l’émouvante Son of the Sun du regretté artiste multidisciplinaire MicMac Willie Dunn et même Pascale Picard qui accompagne le Florent,  sur Apu peikussian une chanson qu’elle a écrite que l’Innu a traduite. Pascal « Pako » Ottawa chante aussi sur Manuanik où il est question du frère Atikamekw qui l’accueille sur le territoire et Philippe McKenzie célèbre le makusham sur Ekun pua. Pour le reste, les Tshekuannu, Innu Eeyou, Te Innu, Puamuna,
  On y cause de rêve, de territoire, d’amitié, de mère, d’amour. La folk innue a son meilleur.

Florent Vollant. Puamuna. Disque Instinct Musique

De l’autre côté du désir…


J’ai connu Rickie Lee Jones en 1991, avec la sortie de son merveilleux album POP POP, où le bassiste était nul autre que Charlie Haden, le saxo ténor, Joe Henderson, sur quelques plages, Dino Salluzzi à l’accordéon, et partout, Robben Ford à la guitare acoustique avec ses cordes de nylon. C’est spécifié sur la pochette. Vingt et quelques années plus tard, je l’écoute toujours. Un disque de jazz, alors? Un disque de reprises associées au répertoire du jazz, dirons-nous. Parce que la dame a toujours refusé d’être classée dans un genre plus qu’un autre. Le jazz, le folk, le spiritual, l’électro, le trip hop, ou ce que vous voulez, Rickie Lee n’a que faire des étiquettes. Et voilà que nouvelle résidente de La Nouvelle-Orléans, elle vient de commettre une des merveilles de son répertoire avec The Other Side Of Desire.

Dix ans que cette légende de la chanson américaine n’avait pas proposé de matériel original. Et la voici, à raconter, elle, la contestataire invétérée, des chansons de rêves et d’espoir sous des airs sudistes vaguement folk et rural, ou sur des mélodies qui rappellent les années 1950 (J’ai connais pas) accompagnées de musiciens… montréalais. Enfin, pas seulement, il y a aussi Louis Michot des Lost Bayou et bien d’autres, de ces musiciens du Sud qui font de cette album rockabilly (?) un modèle du genre qui raconte des histoires de la Louisiane. Comme la chanson titre, The Other Side of Desire, qui cause de la rue du même nom qui, à une autre époque, donna son titre à la pièce de Tennessee Williams, Un Tramway nommé…

Dix ans qu’elle n’avait pas écrit, la Rickie, tout simplement dit-elle, parce qu’elle ne pouvait pas. Elle a délaissé la Côte Ouest, lieu où sont nés ses albums importants (l’éponyme, Pirates), pour l’intimité de cette ville où la musique est partout, tout le temps. Et ça donne, en ce qui me concerne, un album béni!

Pour entendre cette légende vivante dans toue sa simplicité, il faut écouter cette belle entrevue donnée à La Fabrique culturelle.

Rickie Lee Jones, The other side of DESIRE, disque Tosod.

Adagio suprême


Impulse vient de publier un deuxième hommage posthume à Charlie Haden après celui qui le réunissait à Jim Hall, à l’occasion d’un concert au Festival international jazz de Montréal en 1990. Aujourd’hui, sous le titre Tokyo Adagio, le contrebassiste est réuni au virtuose cubain, Gonzalo Rubalcaba lors d’un concert donné dans la capitale nippone en 2005. Et c’est magnifiquement beau.
De prime abord, comme pour le concert à Montréal, c’est la sonorité qui nous interpelle. Un beau son rond, plein, d’une clarté et d’une présence incroyables. Et comme le public de Montréal, les Japonais écoutent d’un silence religieux. Et ils écoutent quoi? Des compositions reprises de l’un ou l’autre comparse réalisées au cours de leurs nombreuses collaborations (The Blessing, 1991; Nocturne, 2000; Land of the Sun 2004), essentiellement des adagios, joués sur des rythmes lents, et encore plus lents, d’une délicatesse inouïe mais aussi, d’un virtuosité patente, de la part de Rubalcaba particulièrement. Même When Will the Blues Leave, de l’iconoclaste Ornette Coleman, est prise avec beaucoup de retenue… mais avec un swing certain, tout comme Sandino, où la verve de Gonzalo est littéralement jouissive.

Haden se décrivait lui-même comme un « adagio-man » (houlà qu’on se ressemble là-dessus) et il a redécouvert cet enregistrement alors que, gravement malade, il réécoutait des bandes de ses concerts passés. Il a alors alerté sa conjointe Ruth Cameron et le producteur (et également excellent pianiste) Jean-Philippe Allard, qui se sont mis au travail pour publier les plus belles plages de ce concert. Il est décédé avant d’entendre le produit bien ficelé, mais l’important, c’est qu’il nous l’ait transmis.
Merci Charlie pour tant de beauté!!!

Charlie Haden/Gonzalo Rublacaba. Tokyo Adagio. Disque Impulse.

Aucun commentaire: