Une Loulou bienheureuse... (photo: Pierre Castonguay)
J´ai pour toi un lac quelque part au monde
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d´automne et chanson d´hiver
S´y mire le temps, s´y meurent et s´y cueillent
Mes jours à l´endroit, mes nuits à l´envers.
Il est 10 h, ce
jeudi matin, et ma douce chante Vigneault. C’est le premier jour de sa retraite
et, après avoir paressé quelque temps au lit, s’est levé et mis son Vigneault
chéri, son chanteur poète préféré avec son ancien voisin abitibien, Richard
Desjardins. Elle exulte, Loulou, et la retraite, finalement lui va drôlement
bien.
La veille, collègues et amis étaient réunis au Café Babylone, rue Saint-Vallier, à Québec, pour la saluer et surtout, pour la remercier de tant d'années au service de ses concitoyens, particulièrement ceux des régions. Un travail qu'elle a accompli avec une passion peu commune, une empathie rare et un amour incontesté des gens. Une bien belle fête.
Amis et collègues au rendez-vous : Christine Chaumel, Claude Desrochers, Dany Otis,
Pierre Hersberger, Peggie Lamarche, Ruslan Tanasa et Loulou (photo : Pierre Castonguay)
Pierre Hersberger, Peggie Lamarche, Ruslan Tanasa et Loulou (photo : Pierre Castonguay)
« - Je n’ai
pas du tout envie de travailler… pour l’instant », m’a-t-elle confié, sur
l’oreiller ; là où les confidences sont les plus vraies comme chacun sait.
Elle se sent comme dans cette autre chanson de Vigneault, celle qui parle des
gens du pays, « Je vous entends demain, parler de liberté ». Demain,
c’est aujourd’hui dans son cas, parce qu’hier, c’était la fête de son départ et
ses collègues comme ceux du monde du plein air étaient sur place pour lui dire
merci. Un beau merci empreint de chaleur et de reconnaissance pour celle qui a
contribué, comme peu d’autres, à mettre le plein air québécois, sur la carte du
tourisme international.
Le développement
touristique, surtout celui des régions nordiques, c’était toute sa vie
professionnelle, à Loulou. Elle, qui a tant le sens des régions et des gens qui
les habitent, s’était découvert une mission du temps où elle oeuvrait comme
journaliste au Secrétariat aux affaires autochtones. C’est elle qui avait
choisi le tourisme comme thème principal de ce numéro spécial de la revue
Rencontre, publiée par le SAA, à l’intention des populations amérindiennes et
inuit du Québec. La Loulou avait été particulièrement marquée par la vision de
l’ancien chef Ilnu de Mashteuiash, entrepreneur et sénateur, Aurélien Gill, qui
y voyait un moyen d’illuminer l’avenir des siens.
Les animateurs de la soirée d'adieu : la fidèle Suzanne Asselin et le gars.
(photo : Pierre Castonguay)
« Le bon, je
n’ai pas envie de travailler, pour l’instant… », pourrait bien être de
courte durée. La madame n’a eu de cesse de rencontrer organismes et clients du
« milieu » pour voir si on ne serait pas intéressé par son expertise
de passionnée, une fois qu’elle serait libre. Eh bien, je vous l’annonce, ces
jours-ci, elle en profite de sa liberté. Se lève tard, lit beaucoup, rit autant,
s’indigne encore plus contre les pétrolières et autres destructueurs de
l’environnement, nos gouvernements insanes.
Et elle nage.
Tout l’automne, elle a pris des cours pour parfaire sa technique de crawl et de
brasse, et tous les deux jours, se prend un couloir et fait d’éternelles
longueurs, de célestes longueurs comme aurait dit Robert Schumann (à propos des
symphonies de Schubert), qui me la ramènent à la vois euphorique et heureuse.
Apaisée. Ce qui n’est vraiment dans sa nature, mais, je m’en rends compte,
maintenant, la nature change parfois.
Douce Loulou, si
tu savais à quel point je suis heureux de t’avoir à mes côtés. Même que je suis
prêt à te suivre (à l’occasion, comme ce midi) à tes inteeeeeeerminaaaaaables
séances de piscine qui s’étirent sans cesse en longueurs. Mais criss que ça
fait drôle de t’avoir assise à côté de moi au comptoir de la cuisine, pendant
que je t’écris… Ça fait drôlement plaisir de trainasser au lit avec toi le
matin à commenter nos lectures respectives, les jambes entremêlées, pendant que
dehors, le vent forci et que la température descend sous zéro.
Les boss de Loulou, qui lui doivent leur prestige (hi, hi) : François Côté, Patrick Dubé et François Diguer
(photo : Pierre Castonguay)
Bon, elle aura
sans doute des velléités de repartir au large du développement touristique, ma
douce, mais pour l’instant, nous profitons de notre lune de miel. Un autre…
Le Bach… italien de Giuliano Carmognola
Alors, autant
vous dire qu’on va encore causer de Bach, Jean-Sébastien le géant, et vous dire
que je viens de tomber sur le cul pour une énième version de ses si beaux
concertos pour violon. Je ne vous rappellerai pas de précédents enregistrements
qui, pour plusieurs, sont magnifiques (Viktoria Mullova, Amandine Beyer,
Orchestre baroque de Fribourg). Je vous parle de celle-ci, que dirige, de son
pupitre, le violoniste du baroque italien, Giuliano Carmignola, accompagné, une fois n’est pas coutume,
par le Concerto Köln, célébrissime ensemble allemand.
Le Carmignola, en
Vénitien qu’il est, s’est fait remarquer comme soliste au sein de la Sonatori
de la Gioiosa Marca et de l’Orchestre baroque de Venise que dirige son ami
Andrea Marcon. Leur héros, Antonio Vivaldi, qu’ils ont monté au pinacle de la
discographie le concernant avec plusieurs enregistrements remarquables.
Pour son Bach,
Giuliano Carmignola a choisi un ensemble rompu au répertoire du Cantor, le
Concerto Köln, ensemble on ne peut plus allemand. Par son jeu flamboyant,
précis, plein de rebondissement et d’ornementations, il donne à son Bach, une sonorité
véritablement italienne. On a donc droit à une interprétation lumineuse, vive,
extravertie dans les mouvements extrêmes, et tendrement chantante dans les
mouvements lents. Le violoniste est un virtuose, oui, mais d’abord un musicien
pour qui chaque détail compte et les membres du Concerto Köln l’ont compris.
L’accompagnement fourmille de pétillement et d’imagination, particulièrement de
la part de l’excellent claveciniste Gianluca Capuano.
Le programme
propose non seulement les deux concertos habituels pour violon et orchestre BWV
1041-1042, et celui pour deux violons BWV 1043, mais aussi des transcriptions
des concertos pour clavecins BWV 1056 et 1052, deux œuvres que Bach aurait
réécrites d’après ceux de Vivaldi. D’où, la couleur générale que le soliste a
voulu donner à son enregistrement. Pour moi, c’est une version de référence.
Point.
Giuliano
Carmignola, Concerto Köln, Bach Violin Concertos. Disque Archiv Produktion
Jazzy Nowell
Chaque année,
j’acquiers un album de Noël, un seul. En 2014, j’ai choisi celui du quintette
de Paolo Fresu, un des meilleurs trompettistes de jazz
d’Italie. Ça prenait peut-être un Italien (un autre!) pour nous proposer un
disque jazz de Noël, comme une berceuse. Contrairement à plein d’autres albums
du genre où le swing domine (Diana Krall, Ella, John Zorn…) celui-ci insiste
sur la douceur, l’intériorité, la sérénité.
Entouré de
musiciens phares du jazz italien (Roberto Cipelli au piano, Tino Tracana au
saxo ténor, de d’excellent bandonéoniste Daniele di Bonaventura), le quintette
nous berce les oreilles de son White
Christmas, Have Yourself a Merry
Little Christmas, The Christmas Song,
mais aussi quelques œuvres du pays, comme In
Sa Notte Profundha ou Notte De Chelu.
Bref, si vous êtes d’humeur contemplative, ce beau disque de jazz fêtant Noël
est pour vous!
Paolo Fresu Quintet, Jazzy Christmas, disque Bonsaï Music.
Disponible chez Sillons le disquaire, à Québec.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire