D’habitude,
lors d’événements importants, j’écris toujours une bafouille, un truc, un mot
quoi, histoire de dire ce qui m’y touche… Ça m’est arrivé de le faire tout seul
devant mon ordinateur, sans auditeurs pour partager l’émotion qui m’étreignait.
Fallait juste l’exprimer.
Aujourd’hui,
je voulais faire exception, question de dire tout haut et sans papiers que
Nicolas, dans ce qu’il est, me touche à chaque instant. Ça a commencé lorsqu’il
est né. Une poussée, tout une à épuiser sa mère tant et tant qu’elle a mis des
heures à s’en remettre. Mais voilà qu’il était là, que je l’ai pris, dans mes
bras, déombiliqué, bercé et lavé. Lavé si longtemps, qu’on nous a mis dehors de
la salle d’accouchements. Il y avait d’autres mères qui attendaient. Z’avaient
raison, si elles étaient comme Diane, ça pressait!
On
le ramène à la maison et voilà qu’il ne pas digère la protéine de lait. Vomissements à n’en
plus finir… A fallu le veiller des nuits durant à l’hôpital, le temps qu’il
s’en remette. Et braillard avec ça! La nuit, rien que la nuit. Au bout de quelques mois, nous étions tellement
fatigués, nous ses parents, qu’on se rentrait dedans en se croisant dans le
corridor, l’un allant le prendre, l’autre en revenant.
Mais
il était gentil, le jour, et tellement souriant. Inquiétant, un peu, quand
même… Avec ce lait de soya qu’il fallait lui donner, il pesait 33 livres à un
an. C’était plus court de passer par-dessus que de faire le tour. Mais il
souriait, Bouddha. Il souriait tout le temps.
Et
il a parlé vite et fait dans des phrases émouvantes dès son plus jeune âge.
Comme cette fois où, à trois ans, il jouait dans le salon pendant que je lisais
en écoutant de la musique. Une voix d’alto accompagné d’une flûte. Nico
s’arrête 3 secondes et dit : « C’est du Bach, ça, hein papa?!? »
Et il a continué de jouer avec son camion comme si de rien n’était… pendant que
je lévitais au-dessus de mon fauteuil.
L’année
suivante, après une fin de journée particulièrement pénible, il a refait un mot
de ses maux. On rentrait souper tous les deux et je suis tombé sur le dos, en
patin. Comme il était sur mes épaules, il est tombé de haut. Ça a cogné dur sur
nos têtes…
Évidemment,
il n’a pas voulu manger au souper, il n’aimait pas ça. Pas étonnant, il n’aimait
rien à l’époque, sauf le beurre de peanuts et le steak haché et ce n’était pas
au menu. Pire, il lui a fallu prendre son bain par la suite. Quelle fin de
journée horrible!!
Alors
voilà, quand tout fut fini et qu’il eut pris sa collation, il est venu me
trouver au salon, resplendissant dans son pyjama à pattes jaune. Pour faire
changement, j’écoutais du Bach. Il m’a regardé et est allé à la fenêtre.
Dehors, il neigeait doucement et le lampadaire faisait miroiter les flocons
comme des diamants précieux. Il est resté longtemps accoudé à la fenêtre avant
de se retourner et dire, après un soupir : « Ça me réconcilie avec la
vie! » Je l’ai bercé, la larme à l’œil, lui ai raconté, comme d’habitude,
une histoire abracadabrante durant laquelle il s’est endormi.
Il
est comme ça depuis toujours, Nicolas. Émouvant. Émouvant verbomoteur, émouvant
guitariste, émouvant chanteur, émouvant étudiant connaissant comme personne la
science des mots et l’art presque perdu d’écrire sans fautes.
Il
est comme ça Nicolas, à vivre intensément toutes les expériences que la vie
veut bien lui apporter, discourant sans fin, de musique, s’interrogeant sans
cesse sur son avenir, toujours éperdu d’amours heureuses et malheureuses. Y en
n’aura pas de facile c’est sûr, mais Nico vivra tout avec émotions. Et nous,
ses amis, sa famille, ses parents, ne pouvons que faire de même, le suivre avec
tendresse et nous inquiéter un peu, quand même.
Nico,
t’es un amour!!!!
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