lundi 9 avril 2012

Nicolas l’émouvant…



D’habitude, lors d’événements importants, j’écris toujours une bafouille, un truc, un mot quoi, histoire de dire ce qui m’y touche… Ça m’est arrivé de le faire tout seul devant mon ordinateur, sans auditeurs pour partager l’émotion qui m’étreignait. Fallait juste l’exprimer.

Aujourd’hui, je voulais faire exception, question de dire tout haut et sans papiers que Nicolas, dans ce qu’il est, me touche à chaque instant. Ça a commencé lorsqu’il est né. Une poussée, tout une à épuiser sa mère tant et tant qu’elle a mis des heures à s’en remettre. Mais voilà qu’il était là, que je l’ai pris, dans mes bras, déombiliqué, bercé et lavé. Lavé si longtemps, qu’on nous a mis dehors de la salle d’accouchements. Il y avait d’autres mères qui attendaient. Z’avaient raison, si elles étaient comme Diane, ça pressait!

On le ramène à la maison et voilà qu’il ne pas digère la protéine de lait. Vomissements à n’en plus finir… A fallu le veiller des nuits durant à l’hôpital, le temps qu’il s’en remette. Et braillard avec ça! La nuit, rien que la nuit. Au bout de quelques mois, nous étions tellement fatigués, nous ses parents, qu’on se rentrait dedans en se croisant dans le corridor, l’un allant le prendre, l’autre en revenant.

Mais il était gentil, le jour, et tellement souriant. Inquiétant, un peu, quand même… Avec ce lait de soya qu’il fallait lui donner, il pesait 33 livres à un an. C’était plus court de passer par-dessus que de faire le tour. Mais il souriait, Bouddha. Il souriait tout le temps.

Et il a parlé vite et fait dans des phrases émouvantes dès son plus jeune âge. Comme cette fois où, à trois ans, il jouait dans le salon pendant que je lisais en écoutant de la musique. Une voix d’alto accompagné d’une flûte. Nico s’arrête 3 secondes et dit : « C’est du Bach, ça, hein papa?!? » Et il a continué de jouer avec son camion comme si de rien n’était… pendant que je lévitais au-dessus de mon fauteuil.

L’année suivante, après une fin de journée particulièrement pénible, il a refait un mot de ses maux. On rentrait souper tous les deux et je suis tombé sur le dos, en patin. Comme il était sur mes épaules, il est tombé de haut. Ça a cogné dur sur nos têtes…

Évidemment, il n’a pas voulu manger au souper, il n’aimait pas ça. Pas étonnant, il n’aimait rien à l’époque, sauf le beurre de peanuts et le steak haché et ce n’était pas au menu. Pire, il lui a fallu prendre son bain par la suite. Quelle fin de journée horrible!!

Alors voilà, quand tout fut fini et qu’il eut pris sa collation, il est venu me trouver au salon, resplendissant dans son pyjama à pattes jaune. Pour faire changement, j’écoutais du Bach. Il m’a regardé et est allé à la fenêtre. Dehors, il neigeait doucement et le lampadaire faisait miroiter les flocons comme des diamants précieux. Il est resté longtemps accoudé à la fenêtre avant de se retourner et dire, après un soupir : « Ça me réconcilie avec la vie! » Je l’ai bercé, la larme à l’œil, lui ai raconté, comme d’habitude, une histoire abracadabrante durant laquelle il s’est endormi.

Il est comme ça depuis toujours, Nicolas. Émouvant. Émouvant verbomoteur, émouvant guitariste, émouvant chanteur, émouvant étudiant connaissant comme personne la science des mots et l’art presque perdu d’écrire sans fautes.

Il est comme ça Nicolas, à vivre intensément toutes les expériences que la vie veut bien lui apporter, discourant sans fin, de musique, s’interrogeant sans cesse sur son avenir, toujours éperdu d’amours heureuses et malheureuses. Y en n’aura pas de facile c’est sûr, mais Nico vivra tout avec émotions. Et nous, ses amis, sa famille, ses parents, ne pouvons que faire de même, le suivre avec tendresse et nous inquiéter un peu, quand même.

Nico, t’es un amour!!!!

Aucun commentaire: