Ma douce entame sa sixième décennie de vie elle aussi; à compter de ce 12 janvier. Pour l’instant, ce n’est pas vraiment l’euphorie. Emportée par l’organisation de son périple au Nunavik (elle y est, aujourd’hui, jour de son anniversaire, en compagnie de deux ministres pour qui elle a préparé la tournée) elle ne semble pas avoir envie d’en rajouter. Soixante, c’est bien assez et la vie est assez compliquée comme ça. Comme si elle oubliait momentanément toute la richesse de sa vie passée et l’importance des amitiés indéfectibles qu’elle a tissées durant tout ce temps.
J’ai connu Louise il y a plus de 21 ans, alors qu’elle était venue passer une entrevue pour un poste de journaliste à la revue Rencontre publiée par le Secrétariat aux affaires autochtones, dont j’étais alors le rédacteur en chef. Je l’ai engagé et, dès lors, le magazine est devenu le nôtre. Sa connaissance intime des Inuit, Cris et Algonquins et de l’univers dans lequel ils vivaient a apporté une toute nouvelle dimension au magazine qui était jusqu’alors une publication uniquement gouvernementale. Avec une complice aussi passionnée que moi, et bien plus compétente en ce qui concernait les régions, Rencontre est devenu, pendant quelques années, une source de fierté pour les Amérindiens et Inuit chez qui nous faisions nos reportages, un véritable miroir de leurs préoccupations et de leurs aspirations. C’est ce que j’ai la prétention de croire et c’est ce qui a sans doute mené à sa disparition en 1998. Ce n’était plus un magazine gouvernemental…
Et cela en bonne partie à cause de Louise, de sa proverbiale empathie pour l’autre, la personne, sa sensibilité aux déshérités de ce monde, son hypersensibilité à l’injustice, sa constante recherche de l’authenticité… et son immense pragmatisme. Ma blonde est née pour organiser, pour trouver tous les moyens possibles de réaliser ce en quoi elle croit. Que ce soit professionnellement ou dans sa vie personnelle… Et moi, j’ai eu le bon sens de reconnaître et de partager ces valeurs.
Pas étonnant que cette complicité et cette passion dans le travail aient fait éclore entre nous une forte et tendre amitié, basée sur le respect et la fierté de l’un envers l’autre. Trois années durant nous avons sillonné, chacun de notre côté, le Québec autochtone, échangeant nos connaissances et nous enrichissant de ces mondes si étonnants. Celui des Mohawks, particulièrement, et celui des Atikamekw de la Haute-Mauricie. Puis un beau jour, vraiment très beau, sans que jamais, au grand jamais, il n’y ait eu quelque jeu de séduction entre nous, nous avons été terrassé par l’amour.
C’est arrivé comme ça, sans crier gare, au beau milieu de l’été 1993. Un regard et nous avons fondus, comme fusionnés en une seule entité, indéfectible et indénouable. Nous fûmes et demeurâmes soudés jusqu’à ce jour et sans doute pour toujours. Un amour puissant qui dure toujours.
Facile l’amour? Dans notre condition, ce fut terrible au début. À cause de nos familles respectives bien sûr, de nos enfants au cœur de l’adolescence qui ont vu leur existence pour le moins bouleversé. Que nous ne soyions pas les premiers à vivre telle situation (pour moi, c’était la deuxième fois) n’a facilité en rien la vie. Il a fallu des années avant de retrouver une sérénité certaine.
Ce qui ne signifie pas que les moments de bonheur n’ont pas été nombreux et intenses durant tout ce temps, portés qu’ils ont été par la grande nature et l’aventure qui ont fait notre vie commune depuis le début.
Aujourd’hui, 19 ans plus tard, quelque huit petits-enfants, huit merveilles, chacun à leur façon, rieurs, rieuses, énergiques, beaux et bons sont venus tissés les liens de notre vie, contribuant à resserrer encore nos liens. Merci Rémi, Charles, Gédéon, Florent, Loïk, Lionel, Maëllie et Célestine. Vous faites notre joie à chaque instant. Merci surtout à nos enfants, Sophie, Rosemarie, Jean-Philippe, Nicolas et Sophie qui ont appris à nous supporter dans tous les sens du terme!
Merci aussi à ses amis incroyables que j’ai découvert durant toutes ces années : Diane, l'irrempaçable soeur, Janine, Louise, Michel, Bertrand, Lucie, Adèle, Benoît, Danièle, et j’en oublie tant que je m’en excuse presque.
Bon. Loulou a 60 ans et moi aussi. Ça sonne vieux en tab… et ne correspond pas vraiment à notre état d’esprit, voir de corps. Ma douce fait de la course à pied depuis trois ans. Ça fait plus de six ans qu’elle s’entraine et ravive sa jeunesse. Elle m’a tellement inspiré que je n’ai eu le choix que de m’y mettre aussi. L’amour est un partage, la forme aussi. C’est pour cela que depuis 19 ans, à pied, en vélo, en kayak, en skis ou en raquettes, nous sillonnons les vastes étendues du pays du Québec; la Côte-Nord sauvage, le Bas-Saint-Laurent chaleureux, le majestueux Saguenay, l’affable Abitibi, la grandiose Gaspésie, l’accueillante Mauricie, le riche lac Saint-Pierre pour ne nommer que celles-là.
Et qui croyez-vous qui prend l’initiative de tel ou tel voyage? C’est ça, vous avez deviné. C’est généralement Loulou. Moi, mon initiative, celle que je prends à chaque instant de ma vie, c’est de l’aimer, ma Loulou, à tors et à travers!!!
1 commentaire:
Ah Gilles...C'est super en retard je sais, mais Véro et moi vous souhaitons encore plus de bonheur que toutes les montagnes, les lacs, les musiques, les enfants et p'tits enfants, maisons à Neuville, Stoneham et Limoilou, etc, etc...que vous pouvez vous même souhaiter!!
Yves (c'est-tu du voeux ça, hein?!);-)
Publier un commentaire