Ça fait des mois que je cours partout, en skis, en raquettes, en bottines, à vélo et en kayak, que je fais du spinning aussi, tout cela pour retarder l’échéance, garder la forme et l’améliorer si possible. Rien à faire. J’ai aujourd’hui quand même 60 ans et ça me tombe dessus comme une chape de plomb. C’est lourd tant de temps. C’est comme si j’étais passé, dans ma tête, de 30 à 60 ans en un instant, comme si je n’avais rien vu venir alors que j’y pense depuis des mois.
Le 9 décembre est pourtant une date comme une autre, lendemain du jour souvenir où l’on se rappelle encore l’assassinat d’un certain John Lennon, du moins pour les gens de ma génération… Rien à faire, aujourd’hui je suis vieux. Demain peut-être que ça ira mieux, un peu.
Mais je me plains pour rien bien sûr. Ma douce Loulou m’a rappelé ce matin à quel point, depuis 17 ans, nous avons réussit à nous faire une belle vie. Mes fils, quand je les regarde me renvoie aussi cette image. Ils sont bons et beaux et je suis tellement reconnaissant qu’ils soient là, forts et, ma foi, heureux. J’ai une petite-fille, sublime Maëllie, et avec ma Loulou, nous comptons huit petits-enfants tous plus magiques les uns que les autres et avec qui nous avons un plaisir fou. Et je ne parle pas de mes belles belles-filles…
Mais bon, dans ma tête et mon être, j’ai parfois toujours 20 ans et des rêves d’exploits de jeunesse m’habitent toujours, randos mythiques en montagnes, sorties de vélo démesurées, traversées du d’un fleuve houleux en kayak, nuits fiévreuses en plein air avec mon amour de Loulou…
Hum, de quoi je me plains, tout cela est toujours réalisable. On s’y met!!
Folk d’Amérique
Fin novembre, c’était soirée de gala pour CKRL-MF, 89,1, où l’on récompensait les coups de cœur des auditeurs et du jury de la station. Dans la catégorie « musiques de racine » (roots en bon anglais) la palme est revenue à Folk d’Amérique, l’émission que j’anime et produit depuis septembre. Merci, merci beaucoup à tous ceux et celles qui ont pris le temps de voter, ça donne vraiment le goût d’être encore plus original, de creuser en plus notre patrimoine sonore présent et passé, bref, d’être meilleur! C’est avec les Richard Séguin et Desjardins, les Joan Baez, Bob Dylan ou Neil Young qu’on apprend vraiment qui on est et dans quel monde on vit. La connaissance par la poésie dure de la réalité racontée!
Max
Voilà, le mini Max remplace le très zen Vivaldi qui est resté à Stoneham chez nous amis et anciens voisins Nathalie et Normand. Max a deux mois et pèse peut-être 200 grammes mais à de l'énergie pour rouleur 200 à l'heure.
Bilan 2011
Ben non, pas question de vous raconter ma vie mais plutôt mes coups de cœurs musicaux et littéraires. Une revue annuelle quoi comme un peu tout le monde en fait, quoi… Alors voici, si vous aimez la chanson en français, ce sont mes choix :
1. Charlélie Couture, Fort rêveur. Lourd, presque rock par moments, tendre aussi à l’occasion, avec des textes puissant sur New York (Le Phénix), l’anorexie (Si légère), la poésie de l’inutile (les gestes gratuits), l’existence (Les statuts de ma liberté), le dernier Charlélie Couture est à découvrir pour la grandeur des mots.
2. Catherine Major, Le désert des solitudes. Tendre et tendu, un vrai cri d’amour à la vie, à ses vicissitudes et aux émotions qu’elle provoque, un disque à fleur de peau porté par des mots d’une grande poésie.
3. Richard Séguin, Appalaches. Le disque d’un vrai chanteur folk, revendicateur et identitaire, avec la guitare acoustique au milieu de la voix et une chanson de pays parmi les plus fabuleuses : Besoin du Nord…
4. Fred Pellerin, C’est un monde. Des histoires du pays des régions et de ses habitants chantées avec une tendresse qui ne se fait plus. On est envoûté par la voix de Pellerin et par les rêves qu’il distille dans nos âmes.
5. Pierre Lapointe, Seul au piano. Justement parce qu’il n’est jamais aussi bon que seul à son piano à distiller sa poésie nébuleuse avec une voix si chavirante.
« Classique »
Mot fourre-tout pour identifier les musiques savantes d’hier et d’aujourd’hui, le classique ne convient bien qu’au temps des Mozart et Haydn. Évidemment, ce ne sont pas cuex qui nous retenons.
1. Amandine Beyer : Jean-Sébastien Bach, sonates et partitas pour violon seul. J’ai une demi douzaine de versions de cette œuvre aussi mythique qu’abstraite que complexe et pourtant sans cesse captivante et magique. Voici, celle qui m’a donné le plus d’émotions par la délicatesse du jeu et son air de vouloir dire que tout est facile et tellement riche à la fois! Un joyau!!
2. Nicholas Angelich : Jean-Sébastien Bach, Variations Goldberg. Encore Bach, encore ses variations énigmatiques qui ne cessent de nous séduire. C’est d’ailleurs le sens de cette belle version jouée au piano, comme tel, sans vouloir transformer l’instrument en clavecin, instrument pour lequel l’œuvre a été conçue. C’est plein de délicatesse, d’allants, comme une longue berceuse tantôt si vivante tantôt aux portes du silence…
3. Jordi Savall, La sublime porte, Voix d’Istanbul 1430-1750. Encore une fois, le sieur Savall, incomparable musicien du monde et violiste grandiose, tente et réussit à lier orient et occident au cœur d’un programme qui réunit la crème des musicien traditionnels et savants du pourtour méditerranéen et de l’orient turco arménien. Toutes ces sonorités hors du temps, jouées sur des instruments rares (duduk, rebab, oud, kaval, ney, santur, pour n’en nommer que quelques-uns), sont proprement sidérantes. La civilisation ne date pas d’hier et ce serait bien de la retrouver aujourd’hui… E c’est probablement le dernier enregistrement de Montserrat Figueras (juin 2011) avant qu’elle ne décède d’un cancer en novembre dernier.
4. Quatuor Jérusalem, Quatuors à cordes K.157, 458 et 589. Comme chez Haydn, c’est dansles quatuors à cordes qu’on apprécie le mieux de génie de Mozart, son sens de l’invention et de la mélodie, le plaisir de jouer entre les musiciens qu’il provoque à son tour chez l’auditeur. Les Jérusalem y font merveille et l’enregistrement nous vaut une œuvre de jeunesse magnifique du jeune Wolfie, le k. 157, dont l’andante est si troublant…
¢
5. Karina Gauvin et Marie-Nicole Lemieux, Handel, Streams of Pleasure, duos et airs d’oratorios. Bon, vous prenez le plus grand compositeur d’art lyrique de l’époque baroque (17e et 18e siècle), y ajoutez un orchestre somptueux et y mettez deux des plus grandes chanteuses d’opéras de la planète et ça donne un disque qu’o a sans cesse envie de réécouter pour le grave envoûtant de la Lemieux ou les aigus poignants de la Gauvin, deux Québécoises plus grandes que nature…
Jazz
1. Charles Lloyd et Maria Farantouri, Athens Concert. Le chef-d’œuvre jazziste de l’année 2011, cet album double qui réunit le mystique saxophoniste Charles Lloyd à la muse de Mikis Theodorakis, dans un programme qui unit l’œuvre de l’Américain aux musiques traditionnelles savantes de la Grèce, le tout joué et chanté dans le mythique odéon athénien. Que dire de plus sinon que la voix grave et intemporelle de dame Fanrantouri nous bouleverse et que le jeu de Lloyd est à la hauteur!
2. Matana Roberts, Coin coin, Chapter One : Gens de couleurs libres. Un titre bien étonnant pour un album qui l’est autant, capté en concert à Montréal à l’été 2011. La jeune saxophoniste alto et performeuse chicagoanne, Matana Roberts, offre un puissant concert de Free Jazz où se mêlent incantations gospels et imprécations politiques à la sauvagerie grandiose de la musique. Du free jazz plein de sens où l’on rencontre les Albert Ayler, Archie Shepp et John Coltrane des années 1960 alliés au talents d’arrangements et de créateurs de son d’un Charles Mingus, tout cela dans la frêle personne de Matana. Bon, vous ne comprenez rien à ce que je raconte? N’allez pas plus loin, ce disque n’est sans doute pas pour vous si vous avez avant tout l’oreille sensible à la mélodie, vous allez détestez. Par contre, si vous êtes aventuriers sonores, alors là…
3. Vijay Iyer, Tirtha. Encore de l’inexploré mais très accessible cette fois-ci, qui met en vedette le pianiste de jazz d’origine indienne Vijay Iyer et deux comparses, Prasanna (guitare électrique) et Nitin Mitta (tabla). Encore une rencontre entre orient et occident, en mantras et jazz saupoudré d’un soupçon de rock. Fascinant. Une recommandation de mon ami Paul Marois.
4. Rémi Bolduc Jazz Ensemble, Hommage à Charlie Parker. Alors là, on est dans le terrain très connu du bop, du très grand Charlie Parker et du saxo alto. Pour cet enregistrement, l’ensemble québécois a obtenu un prix Opus (pour une fois que ce prix est décerné à un véritable ensemble de jazz...) et c’était à mon avis fort mérité. Ici, ce n’est pas tant l’interprétation qui est renouvelée que les arrangements, et cette idée de faire jouer trois altistes aux sonorités différentes pour la même musique donne un résultat jouissif. Le Swing irrépressible de Moose the Mooche et les ballades tripatives que sont Parker’s Mood, Don’t Blame Me et Embraceable You, dont le Parker original avait donné de si bouleversante lectures, sont ici comme démultipliées dans leurs sonorités. Un bien bel album pour tous les jazzeux.
5. Lee Konitz, Dave Liebman, Richie Beirach, Knowing Lee. À 84 ans, Lee Konitz est encore capable du meilleur, de la créativité et de l’inventivité à revendre comme en fait foi cet album aux riches contrepoints. Le genre : du Konitz, savant à souhait, pas vraiment free, pas bop non plus. Du Konitz à trois où les voix s’entremêlent magnifiquement, dans un savant mélange de sonorités. On dirait du Bach fait jazz…
Folk et blues
Juste deux titres dans cette catégorie. Pas que les perles soient si rares, mais gardons la crème de la crème : Michael Jerome Browne et Gillian Welch.
1. Michael Jerome Browne, The Road is Dark. Le montréalais originaire de l’Arkansas a lancé un album qui sent bon la terre et la boue du delta du Mississippi, avec ses influences du révérend Gary Davis, J. B. Lenoir, Skip James et autres Lightnin’ Hopkins, grands maîtres du blues du Sud. Guitares, banjos, mandolines, chaque instrument est nommé et détaillé pour chaque chanson. Un magnifique travail d’archives revisitées, un disque unique.
2. Gillian Welch, The Harrow and the Harvest. Ici, c’est la folk la plus pure et la plus magique, totalement acoustique, qui met en vedette un couple lié par la musique depuis quelques décennies déjà, Gillian Welch et David Rawlings, tous deux compositeurs et guitaristes qui ont donné, en novembre, un concert mémorable au National de Montréal. Un album qui porte fièrement son titre avec ses chansons qui sentent bon la campagne, les chevaux, l’errance, l’angoisse parfois, l’amour aussi. Mais le plaisir est toujours là, derrière une balle de blue grass ou une bouffée d’harmonica, une note de banjo...
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