mardi 19 janvier 2010

La vie est belle

Loulou, Peggie, Nathalie et Fannie et le chanceux qui les accompagnait...

La vie est belle. Bon, je sais, vous allez me dire qu’avec un titre semblable, je suis complètement déconnecté de l’humanité qui, ces jours-ci, est entièrement centrée sur l’épouvantable catastrophe d’Haïti. Presque tout le monde, à Québec ou à Montréal plus particulièrement, connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui est mort dans le tremblement de terre du pays le plus pauvre delà planète. Enfin, l’un des plus pauvres. Z’avez raison, mais ça ne change rien.

Dans mon titre, vous reconnaissez aussi celui du célèbre film de Roberto Benigni qui se passe dans un camp de concentration destiné à éliminer les juifs et où un père transforme en jeu ce qui s’y passe pour ne pas que son fils de 7 ou 8 ans souffre de cet univers. De cette catastrophe due à la bêtise humaine en est résulté un des films les plus émouvants de l’histoire du cinéma. En sortant du visionnement, le spectateur trouvait lui aussi que la vie était belle. Bon, ok, il ne s’agit pas de faire un film jovialiste avec l’horreur haïtienne mais de savoir qu’ailleurs sur la planète, la vie continue et offre parfois des moments d’un indicible bonheur.

Ce fut le cas samedi soir dernier à quelques milliers de kilomètres au nord de Port-au-Prince, plus précisément au 155 Chemin-des-Sables, à Stoneham, où quatre belles dames et un gars se sont réunis pour célébrer l’anniversaire de l’aînée du groupe. Celle-ci avait proposé qu’on lance la soirée par une sortie en raquettes de quelques kilomètres qui nous mènerait à L’Abri, un des petits camps du centre de ski de fond Le Refuge situé tout près. On a apporté une bouteille de mousseux et une salade de fromage, de figues, de cerises de terre et de roquette arrosée d’une vinaigrette faite de miel et d’un vinaigre de keke chose que j’ai oublié.

Où il est écrit Nalliuniqsiutsiarit Louise, bonne fête quoi...

Sous un ciel noir transpercé d’étoiles, à travers les arbres chargés de neige et sous un vent soutenu, nous avons entrepris une montée d’une demi heure vers ce petit refuge encore chaud de l’attisée de l’après-midi. Un toast, des rires, une dégustation, une photo et nous sommes redescendus préparer le souper. On a eu droit à des citrons au mozzarino en entrée, un saumon et sa croustade de saumon fumé et raifort en mets principal, au Riopelle et au Ciel de Charlevoix comme fromages et à un merveilleux gâteau orné d'un bon anniversaire Louise écrit en inuktitut! Elle est « full » ressources cette Peggie chérie.

Ah, je ne vous ai pas encore présenté Fannie et Nathalie, les grandes amies de l’impétueuse Peggie qui, à son image, reflètent l’énergie, la beauté et la bonté. Comme les amies de notre amie sont aussi nos amies, il s'est créée entre nous une fichue de belle complicité. Comment voulez-vous que, dans ces conditions, une soirée ne soit pas réussie? D’autant plus que ces dames étant extraordinairement sensibles à la musique, j’ai pu m’en donner à cœur joie avec toutes sortes de propositions qui se sont terminées vers… 2 h 30 du matin!

Nous les avons toutes gardées à coucher évidemment, surtout après avoir aligné tout le long du comptoir la rangée de bouteilles de vin vides… Et dire que le lendemain matin, j’avais job de patrouilleur au même Refuge. Croyez-le ou non, mais j’ai parcouru près de 30 km en ski de fond dimanche, ce qui montre bien que, parfois, le bonheur peut transcender le manque de sommeil et l'abus d’alcool.

Encore la mort

À ajouter aux centaines de milliers de morts haïtiens celle, ce matin, de Kate McGarrigle du célèbre duo de chanteuses folk québécoises connues internationalement et qui ont bercé toute ma vie de mélomane. La dernière fois que nous les avons vues, Loulou et moi, c’était au spectacle d’Emmylou Harris, à Montréal, en novembre. Et comme toujours avec elles, la tendresse et l’humour étaient de la partie.

Kate en ski de fond, par elle-même. tiré du site Web des soeurs.

Kate et sa sœur Anna considéraient sans doute la musique comme une activité du quotidien, au même titre que préparer une soupe ou faire le ménage. Ça se faisait en toute simplicité, avec amour et, encore une fois, beaucoup de tendresse. D’ailleurs, leurs concerts avaient toujours un peu cette allure de réunion de cuisine, quelque chose de pas vraiment au point, accompli « à la bonne franquette », comme aurait dit ma mère. Et chaque fois, on avait l’impression d’avoir accès à l’intimité de ces dames si charmantes, au génie si particulier. Avec elles, le mot folksong prenait tout son sens. S’il vous vient l’idée de les écouter plus avant, je vous suggère deux titres : Matapédia, en duo, et The McGarrigle Hour, avec toute la smala, les Rufus et Martha Wainwright, les enfants de Kate et de Loudon Wainwright III qui est aussi sur le disque, de même que leur amie de toujours la belle Emmylou. Ah oui, et rapplez-vous du French Record, sous-titré Entre la jeunesse et la sagesse, à la poésie si tendre et aux mélodies qui vous restent dans la tête des années durant.

Criss, y en n’aura pas de facile… Et pourtant, je continue de penser que la vie est belle, souvent en tout cas.

Aucun commentaire: