jeudi 16 avril 2009

Bleu printemps

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Il y a du trafic sur le fleuve ce matin. Quatre cargos sont en vue. Le premier, tout près des silos de la Bunge, est rejoint par le remorqueur qui amène le pilote qui le conduira jusqu’à Montréal et peut-être plus loin, dans les Grands Lacs. Il s’appelle le Ellen Fitzback et ressemble à un pétrolier léger, à cause de la nombreuse tuyauterie qui tapisse son pont.

Derrière, passant la pointe de l’Île d’Orléans, en route vers le large, un grand cargo porte conteneurs de la compagnie Maersk Line, un long bateau à la coque bleue pâle comme celui qui a été attaqué par les pirates somaliens dans le golfe persique en fin de semaine et qui s'appelle Maersk Alabama. Le Maersk de ce matin vient tout juste de croiser un pétrolier qui fait route vers Québec alors que tout au fond de la baie, juste en avant du pont, entre l’île et la côte de Beaupré, un cargo est ancré là depuis trois jours. Il est remarquable avec les quatre immenses tours comme autant de grues de chargement qui surmontent son pont.

Enfin, au port, deux autres navires sont à quai. L’Umiak 1, vraquier de la famille Desgagnés, est installé juste derrière les silos alors qu'en face le Kepti, est à remplir ses cales d'un quelconque minerais.

Tiens, arrivé de nulle part, de Trois-rivières peut-être, le Jade Star accoste tout à coup entre les deux pylônes de l’entrée du Bassin-Louise. Il s’agit, encore ici d’un cargo qui transporte des liquides…

Il est à peine 7 h 15 et le soleil est déjà haut au dessus des Appalaches. Le ciel d’un bleu tendre, pur, exempt de tout nuages illumine le fleuve presque étale, à peine veiné des courants nombreux qui le torturent en face de l’Île. Du haut de mon 27e étage du Delta, la vue est toujours aussi grandiose. Outre des collègues, c’est de cette vue dont je vais le plus m’ennuyer lorsque je serai à la retraite.

Pâques
On gelait le matin de Pâques. Contrairement à ce que la météo annonçait, il n’y avait ni pluie, ni neige, mais un ciel bleu vif et un fort vent s’engouffrait par la fenêtre entrouverte de notre chambre. On s’est réveillé au premier rayon de soleil qui a percé le rideau. Loulou m’a souri de son plus beau sourire ensommeillé, je le lui ai rendu illico.

Je me suis levé avec l’intention bien arrêtée de me recoucher aussitôt l’épisode pipi terminé. C’est ce que j’ai fait, comme ma douce d’ailleurs. Pour ajouter au bonheur du lit, on a mis l’Oratorio de Pâques de ce bon Jean-Sébastien dans le lecteur et on s’est laissé porter par le rythme festif de la trompette et des cordes. Puis, au son langoureux du hautbois joué sur un air d’une infinie tendresse, on s’est regardé, collé un loooong moment, amoureusement, lascivement, ardemment, mêlant nos ébats à l’allégresse du chœur. Pour tout dire, on a un peu oublié la musique…

Kayak
Lundi, autre journée pleine de soleil et de vent. Des pointes à 60 km heures qu’on annonçait. Un nordet typique, sec et piquant. Malgré tout, j’ai voulu mettre mon kayak à l’eau. Ma Loulou, qui n’avait pas vu ses petits-fils de la fin de semaine, penchait pour une sortie avec Gédéon, notre Dieu de moins en moins parfait, semble-t-il.

« Ok, ai-je dit. On va mettre à l’eau à Batiscan. Il n’y pas de marée à cette hauteur et, au cœur de ce village magnifique, il y a une superbe plage de sable. Gédéon pourra y jouer. » « Pourquoi pas? », me fut-il répondu.


Ce fut bel et bien. Mais pour la sortie de kayak, j’ai déjà fait pas mal plus tripant. Sur le fleuve, un vent du nord frappe toujours le côté du kayak, tendant sans cesse à ramener la proue vers la rive. À chaque coup de pagaie, il faut compenser cette attraction terrestre. C’est comme si on devait toujours pagayer d’une seule main. Alors, on doit longer les rives le plus près possible, pour éviter l’effet du vent. Un peu ennuyeux, faut avouer. Heureusement, il y avait les baies inondées, plantées d’arbres à travers lesquels on pouvait circuler et débusquer les centaines de canards qui y trouvent refuge ces temps-ci. En fait, farouches, ils se débusquaient tout seuls. Pas très écolo, comme sortie, de déranger les canards à tout moment. Misère.

Heureusement, le petit Gédéon était de bonne humeur. On s'est arrêté un long moment au quai de Portneuf pour admirer les centaines d'oies qui longeaient la berge, naviguaient toutes en tas sur l'eau et volaient en formation. Il était fasciné, le Ged. On l’a ramené à la maison pour le souper et la nuit. On a joué aux autos et au garage. Loulou lui a donné son bain et raconté des histoires avant le dodo. Le lendemain matin, comme souvent, il ne voulait pas retourner chez lui, râlant, refusant de remettre ses bottes, de s’habiller. La preuve que Dieu n'est pas parfait. Fallait s'y attendre.

Musique
J’aime beaucoup Florent Vollant et sa folk innue intime, un peu magique, chantée dans cette langue rare et belle qui celle des Montagnais de la Côte-Nord. Son troisième album solo, Eku Mamu, toujours aussi tendre et bienveillant, nous emporte encore une fois au cœur de cette Amérique musicale inspirée de la country et des rythmes traditionnels. S’y ajoute le superbe Mother She Knows du bluesman Wendat et guitariste Gilles Sioui et une vieille toune western écrite par Yvon Durand, popularisée par Julie Daraîche et qui s’appelle Que la lune est belle ce soir. Cet été, nous avons l’intention, ma Loulou et moi, de retourner sur la Côte-Nord. Eku Mamu nous accompagnera de longues heures.

Oh, en passant, Marie-Christine Blais, journaliste de La Presse, en fait un beau portrait dans l’édition de fin de semaine.

1 commentaire:

Pierre Castonguay a dit...

Coudon, l'ours, y'a pas juste l'ami Lachapelle qui te laisse t'époumonner la plume le lundi matin au bureau, on dirait? ;-)