Zorrino
C’est pourquoi ma première rencontre avec Zorrino m’a tellement émue. En fait, il ne s’appelle pas vraiment Zorrino. C’est Loïc, son nom et il est le cinquième petit-fils de ma Loulou, le premier de sa fille cadette Sophie, la graphiste, et de son conjoint Pierre, l’homme des cavernes (il est spéléologue). C’était il y a deux semaines et le petit allait avoir un mois. Si petit me semblait-il, mais si fort déjà à essayer de se lever la tête à tout moment, si fort des poumons quand il a faim, si confortable dans nos bras où il se laisse volontiers aller, bienheureux et confiant.
Bien que totalement inexpérimentés et un peu inquiets, ses parents ont vite « pris le tour » avec le soutien bienveillant de ma douce au cours de la première semaine de vie du petit. Les Sophie et Pierre Les parents que j’ai rencontrés étaient si relaxes que Zorrino s’endormait sur le sein de la première et se laissait porter comme une poche repue sur l’épaule de l’autre. Comme la famille demeure à deux pas du splendide parc de la Visitation, Zorrino, euh pardon, Loïc fait quotidiennement de longues randonnées dont il revient fourbu comme le montre la photo.
Et voilà d’où lui vient ce surnom de Zorrino; de ce chapeau sud-américain qu’il porte si fièrement. Pour les incultes, sachez que Zorrino est un jeune amérindien Quechua qui joue un rôle primordial dans le sauvetage du professeur Tournesol dans Tintin et le temple du soleil. C’est d’ailleurs au cours de notre promenade du dimanche matin, dans le parc, que l’analogie s’est faite… à l’initiative de la mère, grande amatrice de bande dessinée.
La rando
Il pleuvait d’abondance ce dimanche, mais il n’était pas question pour Loulou et moi de rester enfermés. À la première accalmie, nous sommes partis vers la vallée de la Jacques-Cartier avec l’intention de grimper L’Éperon, une rando de 6,5 kilomètres.
Mais à cause de l’inactivité de la veille et parce que ma douce avait singulièrement manqué d’exercice tout au long de sa semaine au Nunavik (faut le faire sur le plus grand territoire vierge du Québec! Que voulez-vous travail oblige), nous avons finalement opté pour Les Loups et ses 10 kilomètres bien pentus. Quelle belle séance de défoulement, enfermés que nous étions dans la brume, sous une pluie tantôt fine, tantôt forte, mais toujours vivifiante. On s’est arrêté une fois rendu en haut, la tête complètement dans les nuages. Dommage, mais on n’a rien vu des couleurs magiques de la vallée, du moins d’en haut. Puis on est redescendu illico, à une vitesse surprenante compte tenu d’un genou plutôt enflé qui me tiraillait la jambe droite. Hé, misère!
Toutefois, vue d’en bas, la vallée, c’était pas mal…
Une fois rendu à la maison, on s’est coulé un bain chaud et on a mis le feu dans le poêle à bois. Comme on sortait de la forêt, on a décidé de se cuisiner un filet mignon de chevreuil avec des champignons et des frites maisons. Dans l’enthousiasme, on s’est un peu emporté avant de se rendre compte qu’il ne restait qu’un fond à notre deuxième bouteille de vin.
Faut dire que le duo saxo-piano de Lee Konitz et de Renato Sellani avec ses ballades jouées avec une grande intelligence et une totale détente, donnait un ton drôlement tendre à nos discussions. Bof, ce n’est pas tous les jours fête et le lendemain, on est allé s’entraîné… pas trop fort quand même.
À écouter de toute éternité
En cette journée de la musique, voici quelques albums que j’apporteais sans hésiter sur une île déserte, dussé-je y passer le reste de ma vie…
- Les concertos italiens de Bach sous les doigts du très poétique pianiste Alexandre Tharaud; une musique d’une grande intériorité dont on ne se lasse jamais, peu importe l’heure du jour. (disque Harmonia Mundi)
- La Messe en si mineur du même J.S Bach, dans la version de l’Akademie für Alte Musik de Berlin dirigée par René Jacobs, sur étiquette (Disque Berlin Classics). On peut être un foutu athée dans mon genre et être transportée par tant de grandeur. Rien à voir avec la religion.
- A Love Supreme du compositeur et saxophoniste John Coltrane, qui est au jazz ce que la messe en si est au baroque, un monument. (Disque Impulse)
- Sweet Old World d’Emmylou Harris pour du country folk de première grandeur grâce à la voix envoûtante de la dame et aux arrangements sophistiqués de Daniel Lanois (l’arrangeur de U2!)
- Songs of Leonard Cohen et Live at Massey Hall 1971 de Neil Young (un concert en solo!)me semble être les deux plus grands disques de la chanson canadienne.
- J’apporterais encore Tu m’aimes-tu? de Richard Desjardins. Une poésie aussi forte ne peut que transcender les décennies comme le fait pour Jaune de Jean-Pierrre Ferland depuis plus de 30 ans.
- Enfin, hors catégorie, l’œuvre pour piano de Ludwig van Beethoven (avec le Russe Emil Gilels de préférence, Deutsche Grammophon) et toute celle, ou presque, des Beatles (Apple).
Bonne semaine!
Gilles Chaumel
Chronique du lundi 29 septembre 2008
Aucun commentaire:
Publier un commentaire