C’est une histoire de routes, de lacs, de rivières, de loups et de chiens de traîneau, de dorés et de caribous. C’est une histoire d’Indiens et de Blancs sur un territoire immense, miné par en dessous, en danger de désertification boréale au dessus, un territoire qui mise pourtant sur sa grande nature pour développer une industrie touristique à la mesure des chercheurs d’aventure, d’exotisme et de paix. C’est une histoire du Nord. C’est pour cela qu’on y va, pour la remise des Grands prix du tourisme de la région Baie-James. Moi, j’accompagne ma douce. C’est elle, la représentante du ministère du Tourisme pour l’occasion…
Pour s’y rendre, rien de plus simple. On prend la 175, puis la 169 et enfin la 167, direction nord dans tous les cas, et on arrive à Chibougamau. En chemin, que de noms : Ouiatchouan, Chigoubiche, Nicabau, Guitare, des Arrachis, aux Dorés, et Chibougamau pour les lacs; Coucoucache, Metabetchouane, Ashuapmushuan, Pikauba, Pémonca, Aux Écorces ou Vermillon pour les rivières. Et la route qui s’est faite belle en ce vendredi matin, malgré le dégel et les inévitable trous et ornières, pour nous emmener, ma Loulou et moi, à travers plaines et montagnes sur une distance quelque 700 kilomètres sous un ciel souriant.
Le plaisir de la route
On est partis tôt, pour éviter la circulation et rouler heureux. Ça n’a pas manqué. À peine étions-nous entrés sur le territoire de la Réserve des Laurentides, tout juste passé le célèbre relais Chez Francinette, que ma Loulou s’est longuement étirée, a bâillé avec langueur, signes évidents que le stress des préparatifs était derrière elle. Elle me sourit, détendue, et me demande : « qu’est-ce qu’on écoute? » « Neil Young, solo et acoustique! », que je lui réponds. Elle ne dit rien sort le disque et le glisse dans le lecteur et c’est parti avec On The Way Home. Et elle se met à me parler des gens de nous allons rencontrer, du gîte touristique qu’elle a choisi, un des deux seuls de tout le Nord-du-Québec, qui, avec ses fenêtres géantes, offre une vue imprenable sur le lac Chibougamau. Elle me raconte cette région qu’elle connaît si bien, les enjeux de son développement, la beauté unique de son territoire lorsqu’il n’est pas ravagé par l’humain.
Pour la circulation, il n’y a pas d’inquiétude à y avoir. Il n’y a personne sur la route, même les chantiers de la 175 sont silencieux. Passé L’Étape, nous suivons quelques autos que retient, en avant, un lourd camion remorque qui peine dans les nombreuses courbes, mais à la jonction de la 169, nous nous retrouvons à nouveau seuls jusqu’au Lac Saint-Jean.
Là, on est un peu sous le choc. Le lac est bleu et la glace recouverte d’eau à maints endroits. À gauche, les champs sont bruns et presque entièrement vides de neige. Avec le soleil éclatant qui irradie, on a l’impression que le blé d’inde va se mettre à pousser dret-là.
« On a l’air fin avec nos skis et nos raquettes, » que je lui dis. Visiblement, elle est un peu ébranlée elle aussi. Chambord, Roberval, Mashteuiash, Saint-Prime, Saint-Félicien et même Notre-Dame-la-Doré, tout au nord du lac, sont vides de neige. Heureusement, la situation change considérablement dans la Réserve faunique de l’Ashuapmushan. Là, la neige se fait plus abondante à mesure qu’on monte et, rendus à Chibougamau, on est en plein hiver à – 7o C.
ChibougamauOn traverse la ville, en pleine effervescence en ce bel après-midi. Les trottoirs regorgent de piétons, Québécois et Cris, qui déambulent lentement d’un commerce à l’autre, traversent partout en tout temps. Drôle de ville, centrée sur sa rue principale, suffisamment large pour les autos soient stationnées presque perpendiculairement au trottoir, ce qui donne l’impression de chevaux métalliques attachés à leurs parcomètres, comme dans les meilleurs westerns… Sauf qu’il n’y a pas de parcomètres à Chibougamau. En tout, il nous aura fallu plus d’une vingtaine de minutes pour traverser la ville de part en part, pour parcourir… trois kilomètres. Vitesse moyenne, 20 kilomètres/heure. C’est le maximum… quand les gens sont pressés! Ce qui, vous vous en doutez bien, n’arrive jamais. Sauf pour les motoneiges, qui sont les vrais chevaux et que l’on retrouve partout, au coin des rues comme dans l’arrière pays.
Pour s’y rendre, rien de plus simple. On prend la 175, puis la 169 et enfin la 167, direction nord dans tous les cas, et on arrive à Chibougamau. En chemin, que de noms : Ouiatchouan, Chigoubiche, Nicabau, Guitare, des Arrachis, aux Dorés, et Chibougamau pour les lacs; Coucoucache, Metabetchouane, Ashuapmushuan, Pikauba, Pémonca, Aux Écorces ou Vermillon pour les rivières. Et la route qui s’est faite belle en ce vendredi matin, malgré le dégel et les inévitable trous et ornières, pour nous emmener, ma Loulou et moi, à travers plaines et montagnes sur une distance quelque 700 kilomètres sous un ciel souriant.
Le plaisir de la route
On est partis tôt, pour éviter la circulation et rouler heureux. Ça n’a pas manqué. À peine étions-nous entrés sur le territoire de la Réserve des Laurentides, tout juste passé le célèbre relais Chez Francinette, que ma Loulou s’est longuement étirée, a bâillé avec langueur, signes évidents que le stress des préparatifs était derrière elle. Elle me sourit, détendue, et me demande : « qu’est-ce qu’on écoute? » « Neil Young, solo et acoustique! », que je lui réponds. Elle ne dit rien sort le disque et le glisse dans le lecteur et c’est parti avec On The Way Home. Et elle se met à me parler des gens de nous allons rencontrer, du gîte touristique qu’elle a choisi, un des deux seuls de tout le Nord-du-Québec, qui, avec ses fenêtres géantes, offre une vue imprenable sur le lac Chibougamau. Elle me raconte cette région qu’elle connaît si bien, les enjeux de son développement, la beauté unique de son territoire lorsqu’il n’est pas ravagé par l’humain.
Pour la circulation, il n’y a pas d’inquiétude à y avoir. Il n’y a personne sur la route, même les chantiers de la 175 sont silencieux. Passé L’Étape, nous suivons quelques autos que retient, en avant, un lourd camion remorque qui peine dans les nombreuses courbes, mais à la jonction de la 169, nous nous retrouvons à nouveau seuls jusqu’au Lac Saint-Jean.
Là, on est un peu sous le choc. Le lac est bleu et la glace recouverte d’eau à maints endroits. À gauche, les champs sont bruns et presque entièrement vides de neige. Avec le soleil éclatant qui irradie, on a l’impression que le blé d’inde va se mettre à pousser dret-là.
« On a l’air fin avec nos skis et nos raquettes, » que je lui dis. Visiblement, elle est un peu ébranlée elle aussi. Chambord, Roberval, Mashteuiash, Saint-Prime, Saint-Félicien et même Notre-Dame-la-Doré, tout au nord du lac, sont vides de neige. Heureusement, la situation change considérablement dans la Réserve faunique de l’Ashuapmushan. Là, la neige se fait plus abondante à mesure qu’on monte et, rendus à Chibougamau, on est en plein hiver à – 7o C.
ChibougamauOn traverse la ville, en pleine effervescence en ce bel après-midi. Les trottoirs regorgent de piétons, Québécois et Cris, qui déambulent lentement d’un commerce à l’autre, traversent partout en tout temps. Drôle de ville, centrée sur sa rue principale, suffisamment large pour les autos soient stationnées presque perpendiculairement au trottoir, ce qui donne l’impression de chevaux métalliques attachés à leurs parcomètres, comme dans les meilleurs westerns… Sauf qu’il n’y a pas de parcomètres à Chibougamau. En tout, il nous aura fallu plus d’une vingtaine de minutes pour traverser la ville de part en part, pour parcourir… trois kilomètres. Vitesse moyenne, 20 kilomètres/heure. C’est le maximum… quand les gens sont pressés! Ce qui, vous vous en doutez bien, n’arrive jamais. Sauf pour les motoneiges, qui sont les vrais chevaux et que l’on retrouve partout, au coin des rues comme dans l’arrière pays.
Il ne faut pas pourtant pas croire que la vie est facile dans ce coin de pays. L’ex-policier nous en a raconté de toutes les couleurs sur les virées des mineurs dans les bars du coin dans les années 1970 et 1980. Il en avait aussi long à dire sur les relations houleuses entre Cris et Jamesiens (le territoire de la municipalité de la Baie-James est le plus étendu au monde et inclus Chibougamau) et sur les communautés cries entre elles. Surtout les fins de semaines… Avant la construction du village d’Oujé-Bougoumou, l’itinérance amérindienne, et tous les désordres moraux et sociaux qui l’accompagnent, était monnaie courante à Chibougamau. Bref, de la misère, il en a vu, Jean-Eudes.
LoupsEt nous, ce qu’on a vu dans la magnifique verrière attenante au gîte, c’est une gigantesque peau de loup étendue sur le mur mitoyen. « Oh, c’était un vieux loup, solitaire, très grand, raconte Jean-Eudes. Il venait rôder tout près de la maison et j’avais peur pour Charlie, mon chien. Ça fait qu’à un moment donné, je lui ai donné la chasse à motoneige. Je l’ai fait courir 7 milles, je l’ai épuisé. À un moment donné, il s’est couché sur la glace, totalement morfondu. Une belle bête, je ne voulais pas le tuer. Je suis retourné chez moi et, le lendemain, il était de retour. C’est pourquoi il est maintenant sur le mur… »
Il avait raison, Jean-Eudes. Quelque temps auparavant, un groupe des loups avait dévoré des chiens de traîneau dans un chenil, en plein centre ville de Chapais. Des loups, des Indiens, des attelages de chiens de traîneaux, des motoneiges, décidément, ce pays a tout pour plaire aux Européens, en tout cas aux Français. Comme il a tout pour nous plaire parce qu’il nous a permis de faire une randonnée enivrante en raquettes sur le lac gelé et la forêt dense qui le borde en compagnie de Charlie, le golden retriever des propriétaires du gîte.
Pour ce qui est du gala régional des Grands prix du tourisme, la soirée s’est fort bien déroulée et la bouffe aussi merveilleuse que délicieuse : filets de doré, terrine et brochettes de caribou, truite fumée, brie en croûte et sa gelée à l’oignon, riz sauvage et verdure évidemment accompagné de vins délicats.
Le plaisir de la route (bis)Le seul hic c’est qu’en s’y rendant, à la fin de l’après-midi, nous n’avons pas remarqué la voiture qui s’en venait au loin sur la route droite à perte de vue. Nous jasions, discutions du paysage environnant, blanc sur fond d’épinettes géantes, rigolions jusqu’à ce que la voiture d’en face, qui s’était grandement rapprochée, fasse tourner ses gyrophares. C’était la SQ qui nous arrêtait pour nous dire que nous roulions à 120 km/heure dans une zone de 90. Dans l’immensité du territoire qui donne l’impression que rien ne bouge, nous ne nous étions pas rendus compte de la vitesse. Le policier n’en avait rien à foutre. Résultat : « Voilà, 156,00 $ d’amende et deux points », qu’il a dit laconiquement, avant de nous inviter à la prudence et retourner à son véhicule. Eh misère! En plein année de la sécurité routière… dont je fais la promotion. Comme disait Claude « Piton » Ruel, y en n’aura pas de facile!
Bonne semaine!
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