Tout à coup, nous sommes trois dans une clairière lumineuse. Mon ex, l'inconnu sans visage, cette ombre qui hante régulièrement mes rêves, et moi. À l'orée de la clairière, il y a un bois et au centre, un ouverture rocheuse qui permet d'accéder au ruisseau en contrebas. Nous (je) décidons d'y descendre avec notre canot , de nous y installer pour rejoindre la rivière Saint-Charles qui nous amènera à Québec.
L'inconnu, l'ombre, a disparu. L'ex s'installe à l'avant et je pousse le canot à travers les roches jusqu'à atteindre un plat d'eau qui nous permet de pagayer. Après un temps indéfini à naviguer, protégé par la canopée, nous arrivons à la rivière que me semble plus large que prévue. Et là, par où descendre? Il n'y a pas de courant; on dirait un lac. Sans se poser de question, sans parler, (aucun mot n'est dit depuis le début de l'aventure), nous nous remettons à pagayer jusqu'à arriver en ville, à l'école primaire Jacques-Cartier que j'ai fréquenté, enfant (cette école a laissé place à un hlm il y a 40 ans). Nous montons au cinquième étage, dans un classe vide dont les fenêtres donnent sur le dessus des érables de la rue et la vue, sur le clocher de l'église en biais.
Pour la première fois, l'ex parle : j'aimerais que tu me ramènes chez ma mère. J'acquiesce. Au moment de partir, mon patron, le directeur des communications (que fait-il ici, lui, cette école est vide) entre et me demande de rédiger un communiqué de presse pour le ministre. Il n'en connaît pas le sujet mais dit que, comme d'habitude, je vais m'en tirer. Je n'ai aucune intention de faire ce communiqué. Profitant qu'il jase avec un collègue, on se faufile vers l'escalier où des gens commencent à monter et à circuler sur les étages.
Au tournant du dernier étage avant la sortie, un avorton bossu avec les lunettes croches, puant la cigarette, me lance une vacherie que je ne comprends mais qui a une odeur de mépris. Ce n'est pas le temps de répliquer et nous sortons pour aller prendre d'auto. Clés oubliées, évidemment. Nous devons remonter. Au deuxième étage, à la porte d'une classe devant laquelle circulent des gens, l'avorton discute méchamment, avec force rictus, avec une laideronne fausse blonde et gueule croche. Tout un chacun les contournent avec une espèce de dédain. C'est le moment de me venger. Passant derrière lui, je lui fauche les jambes d'un croc-en-jambe arrière et v'là l'avorton su'l cul. Rire général.
Il se relève, grandi, athlétique, avec une balafre sanglante à la joue. C'est le fils de l'ex, mon fils.
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