jeudi 9 mai 2019

Messe en si mineur de Bach


Bernard Labadie survole l’Éverest



Souvent, dans une œuvre que tu connais bien, dont tu possèdes des enregistrements de référence, aller l’entendre en concert peut s’avérer décevant si l’interprétation n’est pas à la hauteur des attentes que tu en as, même inconsciemment. Alors, quand on a affaire à un chef-d’œuvre aussi immense que la messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach, que tu écoutes depuis des décennies, t’attends beaucoup, tout athée que tu sois…

Avec ma douce, dimanche dernier, nous avons donc assisté au concert des Violons du Roy et de la Chapelle de Québec qui donnaient justement, au Palais Montcalm, l’œuvre en question. À l’orchestre et au chœur, s’ajoutaient quatre solistes, la soprano Lydia Teuscher, l’alto Iestyn Davies, le ténor Robin Tritschler et le baryton-basse Matthew Brook. À la direction de cet édifice, son penseur et son animateur pour l’occasion, celui pour qui Bach est un dieu, Bernard Labadie. Un seul qualificatif pour résumer notre sentiment commun au cours et à la fin du concert : subjugués.

Subjugués par la puissance du chœur d’ouverture, par les voix littéralement transcendantes qui portaient une infinie dose de spiritualité; subjugués par chacun des solistes dont les airs semblaient été écrits pour chacun d’eux. Cet alto, Iestyn Davies, est l’un des plus émouvant que j’aie entendu et le mariage vocale avec la soprano Lydia Teuscher dans le Christe eleison était parfait de lyrisme et de retenu; l’air du ténor Tritschler dans le benedictus était un pur bonheur et le Spiritum Sanctus de la basse de Matthew Brock totalement convainquant. Subjugués enfin, par l’orchestre dans son tous et ses parties (la flûte traversière, le hautbois, plus particulièrement. Subjugués, enfin, par le chef et maître d’œuvre Bernard Labadie, comme on l’est à chacun des concerts qu’il dirige. Et comme, ici, il dirigeait une des plus grandes œuvres de la musique occidentale, on peu dire qu’il a survolé l’Éverest.

Labadie a une connaissance intime de Bach. C ’est, je n’exagère pas, son chouchou, son dieu en musique. Il le cultive depuis sa prime jeunesse comme il l’a montré, dernièrement au critique du quotidien Le Devoir, Christophe Huss. Depuis la fondation des Violons et de la Chapelle de Québec dans les années 1980, on ne compte plus les concerts où les œuvres du cantor de Leipzig a tenu l’affiche : Art de la fugue, variations Goldberg, Offrande musicales, cantates. Mais avec cette Messe en si mineur, présenté pour la première fois en 17 ans par maître Labadie, on peut dire qu’on a assisté à un évènement mémorable. 

Et maintenant, à quand un enregistrement pour pérenniser la chose???


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