Y a cette lettre qu’un père écrit à son fils, lettre que j’aurais
bien aimé avoir écrite moi-même au mien qui a une petite Maëllie si vivante. Elle est courte,
la lettre, et intense. La voici :
Cher fils,
Tu lis cette lettre
aujourd’hui parce que c’est le jour le plus important de ta vie. Tu es sur le
point d’avoir ton premier enfant. Cela signifie que cette vie que tu as bâtie
aux prix de tant d’efforts, que tu as conquise et que tu as gagné, a atteint le
moment où elle ne t’appartient plus.
Ce bébé sera le
nouveau maître de ta vie. L’unique raison de ton existence. Tu lui abandonneras
ta vie. Tu lui donneras ton cœur
et ton âme parce que tu voudras qu’il soit fort et assez courageux pour prendre
toutes ses décisions sans toi. Pour que, lorsqu’il sera assez vieux, il n’ait
plus besoin de toi.
C’est parce que tu
sais, qu’un jour, tu ne seras plus là pour lui.
Quand tu accepteras qu’un jour,
tu mourras, tu profiteras vraiment de la vie. C’est ça le grand secret. C’est
ça le miracle. Ta vie ne t'appartient plus désormais tout comme la mienne, le jour où tu es né.
Je t'écris cette lettre pour te féliciter et admettre que tu n'as plus besoin de moi.
Je t'écris cette lettre pour te féliciter et admettre que tu n'as plus besoin de moi.
Ton père
Cette belle lettre est tirée de Daytripper,
une bande dessinée réalisée par deux frères aussi jumeaux que brésiliens, qui
s’appellent Fabio Moon et Gabriel Ba, comme on ne s’y attend évidemment pas. Et
elle raconte la vie et les morts de Bras de Oliva Domingos, apprenti écrivain
qui gagne sa vie comme nécrologue dans un journal. Forcément, ça parle beaucoup
de la mort. Le héros, d’ailleurs, meurt à chaque chapitre. Mais il est toujours
là au suivant.
Amours réussies...
Ça parle d’amours tordues et d’autres très réussies, ça parle
d’amitié dans les grandes mesures. Bref, plus que tout, ça parle de mots et de
la vie. C’est ce que j’ai lu de mieux dans le genre depuis le magnifique Combat ordinaire de Manu Larcenet. Daytripper
est un livre touchant, émouvant, le dessin est à l’avenant et les couleurs,
chaudes et bienfaisantes. C’est publié chez Vertigo Urban
Comics. Bonne lecture!
Vélo, sniff…
Bon, sniff, finie la saison d’exaltantes sorties de vélo
avec le Club de vélo de Portneuf, les samedis matin. Quel bel été on a
eu à rouler en (belles) gangs dans les rangs de Portneuf! Le soleil et la chaleur
criaient présents (!) à tous les rendez-vous, suscitant l’ardeur et le bonheur
des rouleurs et rouleuses. Oh, il y a bien eu du vent; il vente toujours un peu
sur le plateau portneuvois et le long du fleuve. Mais rien pour casser le
cycliste. Juste assez pour lui donner un peu plus le goût de l’effort.
Tout un été à voir, sorties après sortie, les champs prendre
toutes les variantes de vert et or possible, faisant croître à une vitesse
étonnante, céréales, fruits et blé d’inde, renouvelant, enrichissant sans cesse
le paysage. Et que dire de ce fleuve sur lequel le soleil mirait ses reflets
d’argent pur et que nous longions sur des dizaines de kilomètres le long route
138, véritable autoroute à vélo durant les weekends!
Mais ce dont je
vais me souvenir le plus de ce premier été à rouler en groupe, c’est la
gentillesse et la solidarité des membres de ce club. Pas question de laisser
tomber un co-équipier en difficulté. Ça crie -1! aux rouleurs de tête et tout
le monde ralentit. Le groupe se reforme et on repart pour la gloire. J’ai roulé
tout l’été dans le groupe des 28/kmh et ça se défonçait allègrement, faisant
régulièrement grimper la moyenne… surtout quand le parcours était plat. Tout le
monde était toujours tout sourire durant les pauses et personne ne se prenait
pour Armstrong ou Contador à vouloir faire chier les autres. Au contraire! Me
semble que l’hiver va être long avant de pouvoir renouer avec ces belles
sorties. Merci gang!!!!
Le Vivaldi de
Riccardo Minasi
Les violonistes italiens, depuis une dizaine d’années, se
sont réappropriés le riche héritage de leurs ancêtres musiciens des 17e
et 18e siècles. Le prêtre roux, Antonio Vivaldi, est l’un de ceux
qui bénéficient le plus de cet engouement. On a qu’à penser aux beaux
enregistrements de Giuliano Carmignola avec l’Orchestre baroque de Venise, ou
ceux d’Enrico Onofri avec Il Giardino Armonico. Et là, ne voilà –t-il pas qu’un
autre jeune s’y met avec ravissement, subtilité et énergie. Il s’appelle Riccardo Minasi et
dirige un orchestre qui s’appelle Il Pomo d’Oro.
Déjà, ce jeunot a toute une feuille de route : membre
du concert des Nations de Jordi Savall, il fréquente aussi Il Giardino Armonico,
le concerto Italiano, l’Accademia Bizantina et une dizaine d’autres tous aussi
spécialisés dans les musiques baroques. Notre violoniste a même été le conseiller
de Kent Nagano et de notre OSM en matière de pratique historique. Et alors?
Alors, la maison Naïve, qui est en voie d’éditer en musique
tout le contenu de la bibliothèque de Turin qui recèle une quantité phénoménale
d’œuvres de Vivaldi, a demandé à Minasi de réaliser le quatrième volume des
concertos pour violon de la série. Ce sont, pour la plupart des œuvres de la
dernière maturité du compositeur et c’est joué avec une verve et un amour, une
passion pour cette musique qui pourrait bien être redondante si elle n’était si
bien jouée. Un album qu’on écoute en boucle sans se lasser des découvertes
qu’on y fait chaque fois. Ça
s’entend ici!!
Julos, le balbuzard
fluviatile!!
Il a 76 ans, Julos, et, plus que jamais il chante la bonté,
l’amour, la tendresse, dénonce l’oppression, la violence. Il le fait avec une
poésie rare qui lui est unique, reconnaissable à chaque mot, chaque tournure de
phrase. On la connaît, mais on ne se lasse pas de la redécouvrir à chaque
tournant, surtout lorsqu’il est question un peu de chez nous comme dans Le balbuzard fluviatile.
Il y est question du balbuzard qui fréquente notre fleuve, bien
sûr, de Trois-Pistoles aussi. Il chante Vigneault (Je ne dirai plus je vous aime),
récite Alphonse Allais, Baudelaire et l’immense Paul Éluard. Et on sourit, on
est bien avec ces mots si beaux, même les plus terribles, avec cette voix si
fragile et si forte à la fois. Julos est éternel… Une chance, parce que la
bonté ne ferait pas long feu sur cette planète, s’il n’était plus là.
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