Déjà une semaine que nous sommes installés à Neuville et ici, tout est musique : le chant incessant des oiseaux innombrables, le vent qui vient du fleuve et chante, à ses heures, dans les arbres qui nous cernent, les voix heureuses des enfants dans la cour de l’école, juste derrière chez nous et, depuis quelques jours, ces musiques que je fais jouer dans le grand salon tout en boiseries de notre maison.
Y écouter les partitas pour violon de Jean-Sébastien Bach relève quasiment de l’expérience mystique, tant la réverbération de la maison donne du grain et de la chaleur à la maison à l’instrument de Rachel Podger, merveilleuse dans ces œuvres. Et que dire des guitares acoustiques de Norman Blake et Mississippi John Hurt, du saxo limpide de Lee Konitz, du piano inspiré de Brad Mehldau et d’Evgueny Koroliov, des voix rocailleuses et enjôleuses de Neil Young et de Charlélie Couture…
C’est d’ailleurs le violon transcendant de Bach que j’écoute en ce dimanche matin pluvieux où j’attends, pour le repas du midi, mon fils Jean-Philippe, sa douce Marie-Pier et notre petite-fille, l’incroyable Maëllie.
Mon air naturel
- Maëllie, dite Lilou.
Incroyable comment? Incroyable de sourires et de bonne humeur, sociable jusqu’au bout des ongles. Elle débarquait à peine dans les bras du paternel que déjà, nous regardant de ses grands yeux ronds, elle nous décocha un sourire à faire fondre ce qui reste de la calotte polaire. Les quelques heures que la famille a passé en notre compagnie ont été euphorisantes, la petite multipliant les prouesses d’athlétisme, marchant à quatre pattes d’en avant en arrière, se tournant sur elle-même comme une toupie, rigolant sans cesse. Au dîner, elle a mangé comme une grande, distribuant équitablement les sourires à chacun des convives, recommençant une fois le tour complété. Visite trop courte mais ô combien vivifiante. Merci et revenez quand ça vous chante. Nous ça nous chante tout le temps!!
La technologie, la poésie et… le sommeil dans tous ses états
Loulou et Loïk photographiés au I-phone polaroïdisé, mettons.
Célestine et Lio dorment, on ne sait trop comment ils y arrivent!
Musique encore…
Parlant de chant, comment ne pas être séduit par celui, langoureux et languissant, de Gillian Welch qui, en compagnie de son inséparable compagnon David Rawlings, propose aujourd’hui un album remarquable de simplicité, de fraîcheur et de beauté intitulé « The Harrow & The Harvest ». Le titre dit tout, de la folk la plus pure, déclamée avec rusticité et où seuls les guitares acoustiques, banjo et autres ruine-babines, accompagnent la ou les voix. L’album a été enregistré à Nashville comme il se doit, et paraît sur étiquette Acony. Et si vous aimez, je suggère un autre chef-d’œuvre de la dame, « Hell Among the Yearning », où l’on a droit à une démonstration magistrale de yodle…
Histoire de découvreurs…
Les Lomax, père et fils, furent de merveilleux découvreurs et restaurateurs de musiques traditionnelles états-uniennes, les Marius Barbeau américains, en quelque sorte. On leur doit, entra autres, la renaissance des Mississippi John Hurt et Skip James, fascinants représentants du blues du delta du grand fleuve.
Tout ça pour vous dire que le bédéiste Frantz Duchazeau, déjà auteur d’un Météor Slim mettant en vedette le blues de ce delta, vient tout juste de publier chez Dargaud, un Lomax collecteurs de folks songs des plus émouvants et racontant l’histoire la quête, en 1933, d’une série de blues dans la partie peut-être la plus raciste des États-Unis. En plus de la musique omniprésente que l’on entend presque juste à lire l’histoire, on a droit à une relation père-fils telle qu’on rêve tous d’en avoir, faite d’échange et de complicité de tous les instant. Un vrai chef-d’œuvre du 8e art.
Et s’il vous faut absolument de la musique pour vous mettre dans l’ambiance, je vous propose ce Stack’O Lee de Mississippi John Hurt tel qu’a pu le reconstituer Alan Lomax au cours de son périple et que la bd raconte…
Brad, Lee, Charlie et Paul
Réunis au Birdland en décembre 2009, quatre jazzeux les plus fameux ont offerts aux spectateurs présents un concert merveilleux faits d’échanges songés et approfondis, creusés jusqu’au fond de l’âme même de cet art si précieux de l’improvisation. Ces quatre ont pour nom Brad Mehldau, pianiste de la jeune génération (il passe à peine la quarantaine) ainsi que Lee Konitz, saxo alto d’à peine 84 ans, Charlie Haden maître es contrebasse de 74 ans et Paul Motian, le caresseur de cymbales qui vient tout juste d’attraper ses 80 ans.
Au bout du compte on a droit à un concert d’une extrême jeunesse, raffiné en diable et composé de standards aussi vieux que les musiciens qui les jouent. Ça s’appelle Live at Birdland et c’est un album ECM d’une grande limpidité!!!
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