mercredi 21 avril 2010

La belle araignée et autres beautés


Photo Frédéric Masson, Québec Hebdo

Longiligne, la chanteuse est soudée à son piano. Jamais, au cours des deux heures qui suivront, ses doigts ne quitteront le clavier du Steinway de 9 pieds qui est fusionnée à elle. Pourtant, elle est sans cesse en mouvement, passe ses jambes de l’autre côté du banc, les croise de gauche à droite et vice versa, s’assoit dessus, les étire, se lève, s’étire, s’allonge presque… Une araignée chanteuse. Avec ses trois complices à la batterie, à la contrebasse (quel merveilleux musicien cabotin!) et aux claviers électriques, elle nous assénera, une après l’autre, ses plus belles chansons, et d’autres encore, avec une émotion grave et sans retenue : abîme-moi, le piano ivre, la voix humaine, Sahara, deux petites minutes.

Elle en chantera une de Mano Solo, le chanteur sidatique décédée en janvier dernier et qu’elle dit avoir beaucoup écouté dans sa vie. Surtout, elle nous offrira Ourse, que lui a écrit son amoureux Moran, également auteur compositeur, lorsqu’elle était enceinte. Elle y ajoutera elle même la musique, splendide, après la naissance de sa fille.

Peut-être avez-vous déjà compris que je parle du spectacle de Catherine Major que, grâce à ma grande amie Peggie, j’ai eu la chance de voir vendredi dernier. Un show émouvant, très, et simple qui lui a valu trois rappels qu’elle a accueillis avec une humilité touchante, disant qu’elle « …n’était pas habituée à ça. » Pourtant, peu de chanteuses québécoises offrent des chansons aussi fortes et belles que les siennes. En fait, je n’en connais pas.

Merci, merci Peggie mon amie de m'y avoir amené. On a passé un ostie de bon moment! J'espère que le voyage dans les Cantons-de-l’Est qui s'en est suivi s'est bien passé…

La fête de Nico

Ce même jour, le vendredi 9 avril, c’était aussi la fête de mon cadet, Nicolas. J’ai laissé un message sur le répondeur, envoyé un courriel ému doublé d’une invitation à souper. 28 ans. Trente ans de différence, putain. M’enfin. Il a répondu en soirée. « Merci pour les bons vœux et impossible de refuser une telle invitation. J’y serai avec ma douce. » Pas question qu’il en soit autrement, elle qui est la gentillesse incarnée!

Un T-shirt des Beatles (avec le beau logo de Rubber Soul en lettres psychédéliques), des disques de Bach (la version mythique des Goldberg avec Koroliov), des disques de musique celtique (la belle Lyna, sa douce, lui avait déjà offert des partitions de la chose), et un bon d’achat pour James Joyce, le Québec, l’Irlande et les mots de Victor-Lévy Beaulieu, le plus grand livre jamais publié au Québec, pour compléter le tout. Voilà ce que Loulou et moi lui avons remis. Comme le repas était bon et que tout le monde était de bonne humeur, surtout le principal intéressé, on peut conclure que ce fut un bon moment de vie, de ceux qu’on souhaite vivre constamment avec nos enfants…

Neige, beauté et radiophilie

Il a encore neigé, ce samedi 16 avril. Encore une fois, les Laurentides de chez nous nous ont offerts un spectacle fantasmagorique de blancheur brumeuse. On a beau souhaiter ardemment l’arrivée de la chaleur, on ne peut rester insensible à cette beauté irréel.

Mais quelques kilomètres plus bas, c’était plutôt la catastrophe du côté du Limoilou de CKRL où, pour cause de radiothon, on avait organisé une fête au cœur de la 3ième Avenue, fête qui est littéralement tombée à l’eau.

Que de travail réduit à néant. Comme toujours, la programmation spéciale liée à cet événement a donné des moments de radio hors de l’ordinaire. J’ai eu la chance d’en vivre tout un, le dimanche matin, entre 7 h et 10 h, au cours d’une émission consacrée à la musique classique et à la poésie. Au micro se sont succédé les lecteurs et comédiens Christian Vézina et Jack Robitaille qui ont donné vie à Pablo Neruda, Marie Uguay, Boris Vian, Claude Garneau et l’inoubliable Gaston Miron. Le quatuor Abyss a interprété en direct l’adagio du quatuor op. 76, no 4, dit « Le lever du soleil », puis, « Café », Astor Piazzola. Assis dans le même studio de 10’X10’, le poète Christian Vézina et moi avions littéralement les violons, l’alto et le violoncelle dans les oreilles. J’avais déjà gouté à cette l’invraisemblable frisson que procure cette proximité l’an dernier, le frottement des cordes, la vibrations des bois, cette magie de la musique qui te rentre directement dans le corps et l’âme. Mais pour le poète, c’était la première fois. Il en a été bouleversé et, tout de suite après la dernière note, s’est mis à déclamer, de mémoire, un truc de Boris Vian dont je n’ai pas retenu le titre mais qui parlait du pouvoir éternel de la musique.

En dernière heure, des étudiants des conservatoires de musiques et d’art dramatique sont venus mêler l’érotisme de Léonard Cohen (quel émotion que d’entendre ces jeunes voix réciter avec tant de profondeur et de vérité des trucs par moments très salaces) aux vents du quintette d’Anton Rocha…

Ah oui, l’objectif de 40 000$ de dons a été atteint et dépassé un peu. Mais si on compte les centaines d’heures que les artisans de la station ont mis à préparer l’événement, je vous jure que ces quelques dollars ne pèsent pas lourds face à la passion qui les anime.

Musique

Vous connaissez Natalie Merchant? Je ne vous raconte pas sa vie, sauf pour vous dire qu’elle est auteur-compositeur-interprète au féminin et que depuis une trentaine d’année, elle ravit ses fans. Ceux-ci ne seront pas en reste avec son nouvel opus qu’elle a concocté pendant plus de cinq ans, cinq ans à mettre en musique des poèmes anglais et américains, des musiques qui mettent en lumière le contenu de chacun des textes? Ça donne des mélodies proches du blue grass, de la musique folk, du jazz, voir du reggae. Je ne sais pourquoi mais on a fait deux éditions de cet album. Le double original, avec un superbe livret racontant l’histoire de chaque texte, de chaque poète, est de loin préférable à l’édition résumée en seul disque. Depuis une semaine, cet album tourne en boucle sur mon lecteur, mon i-pod et… dans ma tête. Ah oui, le titre? Leave Your Sleep.

Autre chose? Ben évidemment, comme dirait ce cher Victor-Lévy. Les Nocturnes de Frédéric Chopin. Quelque 20 compositions parmi les plus personnelles et poétiques qu’un compositeur romantique ait pu écrire, chacune est un écrin de beauté d’une sensualité à fleur de peau et d’une spiritualité sans défaut. Les enregistrements de cette œuvre sont nombreux mais le dernier en date, celui de l’immense pianiste brésilien Nelson Freire, est devenu pour moi la référence. Tout y est si spontané et poétique, une vrai merveille. Et deux disques pour 15,98 chez sillons le disquaire, qui dit mieux???

1 commentaire:

Roch a dit...

Nathalie Merchant et 'Ten Thousand Maniacs', son ancien 'band'. Très bon aussi!