lundi 5 janvier 2009

Tant de fêtes!?!


Un beau 24 décembre, vraiment. Une grosse neige ouateuse se posait doucement sur les bouleaux jaunes et les conifères qui ornent nos fenêtres, juste devant la rivière. Des arbres vivants desquels tombent, à tour de rôle, des dizaines d’oiseaux qui envahissent notre galerie, l’arbre de Noël plein de graines qui s’y trouve et nos mangeoires : durbecs des sapins, les mâles rouges et les belles femelles or, sizerins flammés qui viennent tout juste d’arriver, mésanges, sittelles, pics mineurs, geais bleus, pics chevelus. En huit ans ici, nous n’en avons jamais eu autant!

Un bed in avec Loïk

Nous sommes vraiment en vacances. Loulou se tient debout devant la porte de la galerie et tient son petit-fils Zorrino, pardon Loïk, qu’elle initie à l’ornithologie. Il est toutes ouïes et ses grands yeux bleus fixent intensément les volatiles. Ça fait deux jours que ses parents et lui sont avec nous et ils y seront pour une bonne partie des fêtes.

Puis ce sera au tour de Dieu de venir nous visiter pour faire de la raquette, sport pour lequel il excelle vraiemnt comme en fait foi cette belle photo prise par ma Loulou : Malgré tout, des fêtes qui, au bout du compte, s’avéreront un peu difficiles par manque de... rien, de silence, de temps qui passe tout seul et qu’on passe avec lui à le regarder passer, un livre à la main et de la musique plein les oreilles. Remarquez qu’on a eu plein d'autre choses en masse. De la bouffe à plein, du vin à plein aussi, auxquels nous avons ajouté quelques soucis familiaux, des craintes financières à cause de la crise du même nom et du renouvellement de nos hypothèques et de ma retraite prochaine. Bref, on s’est donné de bonnes raisons d’angoisser.

Mais on a aussi eu des heures de bon temps dans les pentes froides du Refuge où nous sommes patrouilleurs, ne serait-ce que pour venir en aide à des néophytes à mieux farter leurs skis, orienter les nouveaux venus dans les pistes, discuter de nos sorties respectives ou tout simplement écouter leur plaisir d’être dans cette belle forêt zébrée de pistes de lièvres, de martres, de renards et d’orignaux. Reste que c’est la température qui a fait le plus jaser…

Et puis après la famille de Zorrino, la mienne est venue célébrer le 26 décembre. Mes fils Jean-Philippe et Nicolas étaient en feu, la belle Marie-Pier avait préparé un potage digne des rois, ma sœur et son chum avaient préparé un dessert dont nos papilles gustatives se souviendront ad vitam et aeternam et mon frère avait apporté de vins si fin qu’ils auraient passés dans les chas d’aiguille les plus infimes si nos gosiers ne s’en étaient emparés bien avant qu’on ne tente la chose. Bref, une splendide soirée.

Puis ce fut au tour de la famille de Loulou et de sa trâlée de petits-enfants tous plus fascinants les uns que les autres. Une autre soirée splendide où il y avait tant de monde qu’au bout du compte, on n’a eu le temps de parler à personne…

Puis, puis, il est resté aujourd’hui, ce dernier dimanche que nous avons passé seuls, enfin le matin, avant que je n’aille patrouiller les sentiers du Refuge.

Un p’tit bilan avec ça?!
Je parle d’un bilan en musique et en littérature, ben sûr, parce que c’est ce qui me passionne et que pour ce qui est du bilan de vie, vous n’avez qu’à vous reporter aux chroniques de l’année. Et pour tout dire il ne s’agit pas du tout d’un bilan, mais d’une courte énumération des enregistrements et des romans qui m’ont paru particulièrement réussis en 2008. Enfin que j’ai écouté ou lu en 2008, même s’ils datent de plus longtemps. Commençons par la musique…

Mais avant tout, je voudrais vous dire : « Bonne année toute la gang! » pour parodier un certain Paul. Je ne vous souhaite qu’une chose, être heureux!

Jazz

Lucifer, The Book of Angels, vol. 10, de John Zorn et de l’équipe des cordes de son ensemble Bar Kokhba avec en vedette l’excellent guitariste Marc Robot. La tradition juive mêlée à un jazz d’avant-garde de la meilleure inspiration. (Disque Tzadik).

F. à Léo, un collectif de jazzmen italiens et français a réalisé ce savant hommage à Léo Ferré avec le soutien du raffiné chanteur Gianmaria Testa et du merveilleux trompettiste Paolo Fresu. Un grand cru qui unit la chanson et le jazz. (Disque Justin Time)

Two men with the Blues, la Nouvelle-Orléans revisitée à la manière du chanteur country Willie Nelson et du trompettiste Wynton Marsalis, le disque le plus surprenant de l’année, animé d’un swing irrépressible (Disque Warner)

Chanson franco

Rose Sang, de Catherine Major est sans contredit le plus beau disque de chanson sorti au Québec en 2008, ne serait-ce que pour cet Abîme-moi qui est aussi grande que les plus grandes des chansons, à l’égal d’un Ne me quitte pas (Brel) ou d’un Avec le temps (Léo Ferré). (Disque Anacrouse)

12 hommes rapaillés, 12 chanteurs réunis par Gilles Bélanger pour rendre hommage à l’immense poésie de Gaston Miron. Tous sont excellents et parmi eux se distinguent particulièrement Michel Faubert, Plume Latraverse, Yan Perreau, Vincent Vallières et Daniel Lavoie. On n’est pas loin du chef-d’œuvre! (Disque Spectra/Select)

Chanson anglo

Ce sont des rééditions qui m’ont fait triper, rien des rééditions…

Massey Hall, 1971, Neil Young. Une voix, une guitare ou un piano, c’est tout ce que ça prend quand on a quelque chose à dire. Ce concert du jeune Neil Young en est la preuve la flagrante. On y retrouve toutes les grandes chansons de leur auteur qui sont devenues des classiques de la musique nord-américaine de la seconde moitié du 20e siècle, interprétées par cette voix inimitable : Old Man, Heart of Gold, Cowgirl in the Sand, The Needle and the Damage done, Ohio, etc. Il existe deux versions de cet album. Celle qui comprend le cd et un dvd du concert en entier vaut son pesant d’or. (Disque Reprise)

Genesis, Mary Gauthier. La genèse de l’œuvre de cette auteure-compositeure folksigner louisianaise qui après avoir publié cinq albums depuis 1997, revient avec une sorte de rétrospective très intimiste de son œuvre. Un bijou marqué par la douleur et la tendresse un peu désespérée. (Disque Proper).

The Bootleg Series, vol.8, Bob Dylan. Les reprises du grand maître sont aussi bonnes et parfois meilleures que les versions originales. Ici, on retouve des chansons des deux dernières décennies, de Oh Mercy à Modern Times du plus célèbre folksigner de la planète. De toute beauté même si, avec l’âge, la voix ne s’arrange pas. (Disque Columbia)

Classique
Les quatre saisons et autres concertos d’Antonio Vivaldi, avec Amandine Beyer et l’ensemble Gli Incogniti (les inconnus). Il existe plus de 150 versions enregistrées de ces œuvres célébrissimes. Celle-ci compte parmi les plus vivantes et énergiques. (Disque Zig-Zag Territoires)

Cantiones Sacrae sex vocum de Roland de Lassus avec le Collegium Vocale de Gent dirigé par Philippe Herreweghe. Le grand œuvre de la pTaille de policeolyphonie de la Renaissance servie avec « dévotion » par des maîtres du genre. Édifiant! (Disque Harmonia Mundi)

• Et pour le piano, je ne peux choisir entre l’intégrale aérienne de la musique de Claude Debussy par Jean-Efflam Bavouzet (4 disques Chandos) et l’enregistrement des Préludes de Frédéric Chopin par Alexandre Tharaud (disque Harmonia Mundi) marquée par la douleur et la puissance des sentiments.

Littérature

Les années, Annie Ernaux. L’étonnant roman autobiographique (à la troisième personne du singulier) d’une écrivaine penseure émérite, qui nous raconte les soixante dernières de notre époque… comme si on y était.

Le combat ordinaire, Manu Larcenet. Une bande dessinée en quatre tomes qui raconte la vie de Marco, le photographe qui en a marre de photographier des cadavres, qui quitte son psy parce qu’il se croit guéri de ses phobies et qui s’installe à la campagne pour avoir la paix. Bien, ce n’est pas aussi simple. C’est même très compliqué, mais aussi génial. Une bande dessinée comme un grand roman.

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