vendredi 16 janvier 2009

Faits d’hiver

« Câlisse!, lance ma blonde, interloquée. Il fait -44 degrés ce matin. » Il est à peine 6h05 et, dans la porte ouverte, je la vois à travers un nuage de condensation qui regarde attentivement le thermomètre qu’on laisse habituellement traîner sur le bord de la galerie. « Ferme la porte, les mouches! », que je lui rétorque, vraiment impressionné par ce chiffre invraisemblable.

Ma douce ne sacre pas souvent, enfin pas trop. Juste quand elle est hors d’elle, ce qui n’est vraiment pas fréquent, et à l’occasion, comme aujourd’hui, lorsqu’elle est saisie d’un étonnement… inexprimable. C’est quand même surprenant cette sobriété du sacre quand on connaît le chum avec qui elle vit et qui est plutôt disert quand il s’agit d’utiliser à tout vent les symboles religieux, tout impie qu’il soit. M’enfin.

N’empêche que j’avais pris la précaution d’aller brancher le chauffe-moteur en me levant, une demi-heure plus tôt. Malgré tout, en tournant la clé dans le contact, le moteur a sérieusement hésité avant de se décider à tourner en craquant de toute part. Comme le capot était ouvert et que le chauffe-moteur était toujours branché, un fort bip-bip s’est tout de suite déclenché dans l’habitacle, sans doute pour protester contre un départ précipité. Même le débranchement et la fermeture du dit capot n’ont pas calmé le foutu bip. Peut-être le moteur était-il juste en tabarnak d’être obligé de travailler dans de telles conditions. Je suis rentré me réchauffer et quand nous sommes partis au bout de 10 minutes, il s’était tu.

Bateaux
Du haut du 27 étage de l’édifice de l’hôtel Delta, au centre-ville de Québec, j’ai une vue imprenable sur le fleuve qui, par ces grandes froidures, prend des allures fantomatiques à cause de la forte condensation qui s’y forme. Ce qui fait qu’on devine plus qu’on ne voit les navires qui y circulent.

C’est le cas ce matin. Un long cargo passe entre Québec et Lévis, nimbé d’une forte brume. Pour mieux voir, je prends mes jumelles. À travers ce froid dur et cette cangue brumeuse, je distingue alors la couleur rouge de la coque et, à l’avant, le nom du navire : Artic. Non, il ne battait pas pavillon panaméen.

Faucons
Les faucons qui habitent le Delta et qui tiennent le "A" des lettres de l'hôtel pour leur garde-manger, juste au-dessus de mon bureau, sont très actifs par temps froid. Ils doivent manger plus fréquemment et, donc, on les voit très souvent ces jours-ci zigzaguer devant nos fênetres et apporter des proies qu'ils dévorent illico. Comme ils ne mangent que d'autres oiseaux, chauqe repas nous donne l'occasion de voir des plumes neiger dans le ciel. Ce matin, ces plumes montent et descendent à cause de la densité de l'air froid. La "dansité"?

photo : Jean Tremblay, MTQ

La fête à Loulou
C’était la fête à Loulou ce lundi 12 janvier dernier. Pour l’occasion, j’avais invité des amis le samedi précédent en leur disant d’apporter un plat, plein de préférence, une bouteille (toute aussi pleine) et leur plus beau sourire. Et comme toujours, quand tu ne précises pas ce que tu veux qu’ils apportent comme mets, ça fonctionne! Il y a eu de tout et même trop. On a rigolé ferme, les petits-fils, Gédéon (Dieu) et son frère Florent (le frère de Dieu, ce n'est aps rien quand même), étaient pétant de bonne humeur et de gentillesse, les amis toujours plein d’amitié, de respect, voire d’admiration, pour ma douce. J’imagine qu’elle les fascine et les hypnotise comme elle le fait pour moi.

Le lundi même, elle est allée profiter du cadeau que je lui ai fait, une clinique de 10 rencontres d’initiation à la course à pied! Cette clinique est offerte par les spécialistes de la boutique Courir (rue Cartier) et prodigue de précieux conseils sur la technique de course, l’entraînement, les vêtements, la diète et que-sais-je encore. Le cours (d’initiation) est fort bien encadré et propose un dosage prudent de la mise en train, une façon de faire qui a enchanté Loulou qui était totalement euphorique après sa sortie. C’était sa fête!


Musique
Perchée dans l’éternité de la finitude de notre monde, la musique de Jean-Sébastien Bach nous enveloppe de sa grandeur, de sa poésie et de son… ordre. Deux albums viennent de paraître qui nous le rappellent merveilleusement.

D’abord, un disque de cantates pour voix seule et orchestre mettant en vedette la mezzo-soprano Bernarda Fink, ma voix préférée dans le genre avec celles de Sarah Mingardo et Marie-Nicole Lemieux. Reste que pour chanter Bach et Schubert, Bernarda, c’est la meilleure, la plus recueillie, la plus simple, la plus vraie. Les œuvres (les cantates bwv 35, 169 et 170) qu’elle propose dans cet album comptent parmi les plus belles du cantor de Leipzig, proposant ici un grandiose prélude pour orgue et orchestre et partout ailleurs, une alternance d’airs inspirés, de récitatifs poignants et de chorals sereins.

L’autre disque met en vedette le Café Zimmermann, un orchestre de chambre spécialisé dans la musique baroque et qui est en voie d’enregistrer l’intégrale de l’œuvre instrumentale de Bach. Ce volume IV des Concerts avec instruments nous offre le concerto pour violon en la mineur avec son envoûtant mouvement lent central, le second Brandebourgeois en fa avec ses saisissantes trompettes, le concerto pour deux clavecins en ut dont l’adagio fait taire l’orchestre au profit des seuls instruments solistes et le concerto pour flûte, violon et clavecin en la mineur. Toute cette musique est portée par l’énergie irrésistible de cet ensemble reconnu comme un des meilleurs du genre en Europe. L’antidote parfait au froid qui nous envahit. Comme toujours, mes disques proviennent de chez mon ami Denis, le proprio de Sillons, le disquaire de la rue Cartier.

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