Ça a commencé vendredi soir, durant le souper, au moment où
ma Loulou et moi planifiions notre fin de semaine nautique. Le soleil, encore
haut dans le ciel, inondait la galerie où nous étions assis à prendre le p’tit
rosé de l’apéro et à écouter la rivière nous rafraîchir de son glougloutement
régulier. Puis, en placotant, en se disant qu’on irait le lendemain au lac
Lagon, chez nos amis Janine et Bertrand (à Tewkesbury) pour pratiquer gîtes et
récupérations, je massais doucement la plante des pieds de ma douce qui, par
les soupirs qu’elle laissait échapper à son insu, semblait apprécier au plus
haut point.
Déjà, les kayaks étaient sur le toit de l’auto, mais il
restait beaucoup à faire en soirée pour être prêts tôt le matin. Alors, on
s’est mis à la préparation de notre week-end et on s’est couché de bonne heure.
J’ai passé la nuit à faire des rêves maritimes en compagnie de ma blonde, à
revivre des moments bénis en kayak de mer, à sentir le balancement régulier du
fleuve sous un vent léger et chaud qui nous enivre littéralement pour peu qu’on
ferme les yeux et qu’on se laisse porter. Dans mon rêve, on passait une heure
ainsi, côte à côte dans nos bateaux, à être ballottés par la mer, entourés
d’oiseaux de mer mers, de phoques et de baleines. Le Nirvana.
Je me suis réveillé alors qu’un rayon de soleil s’était
frayé un chemin entre le rideau et le bord de la fenêtre de notre chambre pour
venir caresser l’épaule dorée de ma douce au bois dormante. Vous dire l’émotion
qui m’a envahit… Jaloux du soleil, j’ai déposé la main avec une infinie
précaution sur l’épaule de mon amour qui, comme par magie, a ouvert les yeux en
me souriant. Je ne vais pas vous faire de dessin pour la suite des choses, mais
vous comprendrez facilement que nous n’avions pas fini de tanguer…
À l’eau…
C’est donc le cœur léger que nous sommes arrivés chez nos
amis qui, pour ajouter le plaisir à l’agréable, nous avaient invités à bouffer
des homards en fin de journée. Nous serions une dizaine de personnes autour
d’une table dressée dans un solarium donnant sur le lac miroir et sa montagne
verte et son ciel bleu et notre amie Lucie venait de Montréal.
Elle est arrivée juste avant que Loulou et moi mettions nos
embarcations à l’eau. Ah, le plaisir partagé des rencontres d’amis dans un lieu
chaleureux! Pendant que nous nous amusions à nous virer à l’envers, à essayer
d’esquimauter et de nous récupérer, l’ami Bertrand nous filmait. En fait, il ne
filmait que nos échecs. « Salaud! » que je lui ai crié. Et c’est là qu’il
m’a répondu qu’on était filmé et que tout ce que je disais était enregistré.
Mais j’avais dit ce que j’avais à dire…
Puis, ma douce et moi avons fait quelques fois le tour du
lac pour profiter pleinement du soleil vif et de sa chaleur. Il faut croire que
l’aube m’inspirait encore, parce que de voir le derrière du bateau de ma blonde
osciller sous ses coups de hanches a provoqué chez moi un trouble qui eut pu
être gênant si l’hiloire de mon kayak n’avait pas été recouvert d’une jupette,
qui normalement, sert à empêcher l’eau de pénétrer…
…et au vin!
Puis l’organisation du souper. Personnellement, j’éprouve
autant de plaisir à préparer les plats, monter la table, organiser les choses
qu’à bouffer, surtout quand ça se fait entre amis. Ça jase, ça rit beaucoup, ça
discute et dispute sur fond de musique country, de chanson française, de
ballades de jazz bien appuyées. On se croirait dans un film français, comme à
ce souper avec Ravel dans Un cœur en
hiver (avec la belle Emmanuelle… Béart!) de Claude Sautet. Nos amis étaient
en verve, chaleureux, généreux comme d’habitude. Des amis merveilleux, comme le
sont les vrais amis!
Comme le dit Julos Beaucarne :
Les vrais amis sont comme les arbres
Ils tendent leurs bras, ne plient pas
Ils grimpent vers la lumière
C'est ce qui les met en joie
Les vrais amis sont comme les arbres
L'univers est dans leur peau
Qu'il fasse pluie, glace ou bourrasque
Ils parfument et tiennent chaud
Ils tendent leurs bras, ne plient pas
Ils grimpent vers la lumière
C'est ce qui les met en joie
Les vrais amis sont comme les arbres
L'univers est dans leur peau
Qu'il fasse pluie, glace ou bourrasque
Ils parfument et tiennent chaud
Un petit verre de rosé en travaillant, un autre en apéro
quand le reste des invités arrive, et un autre ou deux encore avec les tapas.
J’aurais dû me méfier de moi-même, surtout après que Bertrand eut lancé :
« quand il n’y en aura plus, il y en aura encore! » Il y en a eu, en
effet, beaucoup et j’en ai beaucoup trop pris, de sorte qu’au milieu de la soirée,
je suis disparu sous la tente qu’au moins, j’avais eu la prévoyance d’installer
en arrivant… Paraît que lorsqu’on s’est rendu compte de mon absence, certains
ont tout fait pour me tirer du coma. Rien à faire. Même le chant tonitruant des
grenouilles n’a pu me ramener à la vie…. avant 4 heures du matin, aux premières
lueurs de l’aurore.
Mais à partir de ce moment et jusqu’au lever du soleil, il
m’aurait été impossible de me rendormir tant la puissance sonore des batraciens
est assourdissante. En vieil habitué du camping sauvage, j’avais cependant pris
la précaution d’apporter des bouchons d’oreilles. Malgré tout, je me suis levé
avec le soleil, vers 5h. Encore étourdi, vaguement nauséeux, je n’ai cependant
pu résister au miroir qu’offrait le lac. J’ai mis mon bateau à l’eau et je me
suis laissé porté.
Quelques minutes plus tard, ma douce sort de la tente en
costume d’Ève et entre, comme la princesse d’un conte de fée, dans l’eau calme.
Le sourire aux lèvres, elle se laisse porter par l’onde. Moi, encore une fois
je suis transporté!
Ça dégrise, je vous jure… Et dire qu’il restait encore toute
la journée et une longue soirée à vivre auprès de cette sirène. Une soirée qui
devait s’avérer, encore une fois, magique!
Gilles Chaumel
Le lundi 11 juin 2007
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