Du ciel à la Terre

On est lundi matin, 7 h 15, et du haut du 27e étage de l'édifice Delta du boulevard René-Lévesque, on ne voit que le ciel, la tête du château Frontenac et, plus loin au nord-ouest, les Laurentides. Tout le reste, le fleuve, l'île d'Orléans, le port de Québec, la ville elle-même est prise dans une gangue de brume dense. Assez saisissant comme paysage, vous avouerez. Merci à mon bienveillant collègue Yan Bélanger qui a pris la photo et à Serge Matte qui en a accentué les tons...

Ça le devient encore plus en écoutant cette aria pour soprano de ce bon Bastien Bach, comme dirait mon merveilleux petit-fils Gédéon, tirée d'une cantate intitulée " Préparez les chemins, préparez la voie! ". Au-delà de la sublimité de la mélodie soutenue par un hautbois baroque des plus chaleureux et mise en valeur par cet enfant de 11 ans, qui vient soutenir cette atmosphère un peu fantasmagorique, on est vite ramené sur terre par le titre de l'oeuvre. On a beau s'évader dans les hauteurs sidérales et voler avec la musique, on se fait dire "faites votre job, préparez les chemins préparez la voie... vous êtes au ministère des Transports non? À travailler à l'annonce des grands chantiers routiers de 2009, non? Oui.

Le retour du couguar

Il y a des années que l'on suppute sur le retour du couguar dans les forêts québécoises. Le biologistes et autres spécialistes ont mis au point toutes sortes de tests pour tenter de confirmer cette présence fortemement soutenue par des " on dit " et des témoignages visuels mais, sans autres preuve que, de temps à autres, une touffe de poils prise dans les branches.

Aujourd'hui, on est certain que le discret félin est de retour. Il a été photographié en Abitibi, au lac Pressiac, sur la galerie d'un chalet, le 23 janvier dernier. Belle bête n'est-ce pas?

La brume, la suite...
Pour en revenir à la brume, du smog plutôt selon les bonzes de la météo, on se fait dire que c’est dû aux poêles à bois. Ben voyons donc! Fallait y penser, s’il y a du smog, c’est la faute au monde qui se chauffent au bois, l’industrie n’a rien n’à voir la dedans, c’est bien certain. D’ailleurs, dans sa chronique du 29 janvier sur Cyberpresse, Pierre Foglia en cause d’abondance et avec une verve et un à propos que je ne saurais mieux traduire. Voici :

« ÉCOLOGIE - On peut maintenant aborder le vrai sujet de cette chronique: les poêles à bois. Si on en venait à interdire mon poêle à bois, j'en serais malheureux moins pour la chaleur qu'il ne me donnerait plus que pour tout le reste. Le reste: ne plus aller bûcher les arbres que les grands vents et la foudre couchent dans mon bois. Le reste: scier, fendre, et corder entre deux fûts, le tremble, l'érable, le pommier, le cerisier (celui de Pennsylvanie) et même le spongieux bouleau. Le reste: ces vivifiantes journées d'octobre et de novembre, mais aussi de mars et d'avril passées dans la forêt. Le reste: plastronner devant la visite (qui s'en fout!) oui madame, j'ai sorti tout ça à la brouette!

« Je savais déjà qu'il n'était rien de moins écologique que l'invraisemblable dépense de temps et d'énergie qu'il faut déployer pour sortir du bois et amener jusqu'au foyer une simple bûche. Mais je voyais dans ce gaspillage de temps un éloge à la lenteur, une rupture avec la sacro-sainte utilité.

« Voilà beaucoup moins léger. Voilà qu'on me dit que, lorsqu'il brûle, mon bois n'est pas écologique non plus. Qu'il laisse dans l'air un smog plein de particules cancérigènes. Ciel. J'étais là à cocooner dans sa douce chaleur, à faire mijoter des soupes sur son rond en me racontant qu'elles y retrouvaient des saveurs d'antan, à y faire griller parfois des châtaignes des Pouilles, et vous me dites que ce faisant, mon poêle donne le cancer à des petits enfants? Ciel.

« Les gens qui nous gouvernent n'osent pas toucher aux sables bitumineux qui pourrissent l'air de ce pays, n'osent pas toucher ou si peu à l'industrie des pesticides qui nous empoisonnent au sens premier de mot, n'osent pas faire les liens entre le cancer, l'obésité, le diabète, les allergies et les bouillies médicamentées dont on nourrit nos poulets, nos vaches, nos porcs, mais... mais ils veulent éteindre mon petit feu. En préparation de la chose, ils ont même obtenu que les bulletins de météo précisent, c'est tout nouveau, que le smog est la faute de mon poêle à bois.
J'avoue que celle-là a mis le feu à ma cheminée.

« Question: quand, au lieu de vous réjouir comme une dinde de la prochaine bordée, allez-vous ajouter à votre bulletin météo des informations ponctuelles sur le réchauffement climatique, rappeler ses conséquences dramatiques, sécheresses et inondations, et rappeler que la première cause de ce réchauffement, sans doute le plus grand défi auquel doit faire face la planète, est la croissance économique, pas mon petit poêle à bois qui n'est pas un facteur de croissance économique, qui serait même plutôt le contraire.

« Et dans les quotidiennes nouvelles sur le cancer, après avoir nommé mon poêle à bois, serait-il possible de nommer aussi le nom de quelques-unes des grandes compagnies qui produisent des pesticides, comme Mosanto, Bayer, Syngenta, Dow, Dupont, etc., autant responsables que mon poêle, combien on pari? de l'augmentation du cancer du côlon, de l'estomac, de la vessie, du pancréas, de l'utérus, de la leucémie, je continue? »

Pas nécessaire, m'sieur Foglia, nous allons, ma Loulou et moi, continuer à utiliser, sans honte, notre poêle à double combustion qui brûle deux fois son bois et ses gaz pour être plus gentil avec l'environnement.