Sont quatre. Les derniers petits-fils de Loulou. Loïk, Ged, Flo et Lio. Des surnoms bien sûr, ou plutôt des noms raccourcis pour trois d’entre eux. Faut dire qu’il est difficile de faire plus court que Loïk. Lo? Ouais, pourquoi pas. Remarquez qu’ils ont tous de beaux petits noms courts : Loïk, Gédéon, Florent, Lionel. Pourquoi les diminuer encore me direz-vous? Mais pour les faire grandir pardi! Pour se les approprier en quelque sorte, ces petits si merveilleux. Pour les faire nôtres encore un peu plus, pour les chérir plus tendrement, pour établir avec eux une complicité qui nous appartient rien qu’à nous, Loulou et moi.
Loïk aux grands yeux bleus, seize mois, vif comme un chat à l’image de son frère félin, Banzaï-le-siamois. Curieux de tout, brillant, indépendant, toujours prêt à partir pour une escapade extravagante avec ses extravagants de parents, Sophie et Pierre. Pauv’ti, ils l’ont trimbalé sur quelque 1000 kilomètres en vélo au cours de leurs vacances en Gaspésie, cet été. L’ont couché avec eux, dans une tente, sous les pluies diluviennes de juillet. Qu’est-ce qu’il en dit? Rien. Il en a profité à chaque instant, deux semaines durant, jusque sur les plages de galets de Carleton et de sable de Maria. En fait, il n’aime rien autant que coller son chat et explorer son environnement.
Il a compris une chose, Loïk, fondamentale. Les adultes existent avant tout pour le servir et répondre à ses besoins. Il en profite. Lui, il est là pour s’approprier le monde. Comment en serait-il autrement avec des parents écolo qui privilégient l’aventure et la découverte comme mode de vie? Ça veut dire que vous risquez une fin de non recevoir si vous quêtez une caresse alors qu’il est en pleine exploration de son univers. Ce n’est pas sa priorité, les caresses… sauf quand il décide qu’il en a besoin, il vous tend les bras… ou le nez! Un vrai chat, ce petit. Beau et attachant justement pour cette raison.
Second fils de Rosemarie et Christian, Flo est un peu du même moule. Découvrir son univers lui importe. Lui, il marche... Du haut des ses 19 mois, il marche sans arrêt, dedans comme dehors. Son activité préférée outre la marche : rire et faire rire. Toujours souriant le Florent, toujours en quête d’une pitrerie ou d’une culbute pour vous faire rigoler et partager avec vous son bonheur. À peine plus colleux que Loïk, son cousin, il adore cependant se trouver dans les bras d’un adulte, ses parents de préférence, ses grands-parents, ensuite. Vrai aussi, qu’après le bain, il n’aime rien plus que de se faire flatter le dos et masser les épaules, tout au chaud dans son pyjama, en se laissant raconter une histoire. Bref, pour l’instant, Flo est une sensuel qui s’ignore… mais ça ne durera pas.
Flo, dans peu de temps, devrait être un sportif. Habile manuellement (surveillez vos oreilles s’il a une balle dans la main, elle va arriver vite), il sait déjà se servir d’un ballon de soccer avec une habileté étonnante. Et là, ce n’est pas avec les mains qu’il est habile. Et même s’il adore marcher, il ne rechigne pas à se trouver de longues heures dans le sac à dos de son grand-père pour une rando en montagne. Déjà, le mont Wright de Stoneham n’a plus de secret pour lui. Il en connaît les pierres et les parois géantes, les pentes les plus abruptes et les arbres les plus gigantesques. Il ne parle pas encore mais comprend tout, ce petit. On arrive sur le dessus de la montagne et il vous montre du doigt, avec force cris, la route tout en bas. Il a compris le voyage qu’il vient de faire. Vous lui dites que maintenant, on s’en va voir maman et papa, il vous fait un de ces sourires à vous arracher une larme. Émouvant Flo. Rosemarie et Christian peuvent bien être fiers de leur cadet.
Il y a aussi Lio, le petit dernier. Du haut de ses quatre mois, il est sérieux comme un pape. Quand on a vu la tête de Benoît XVI, on sait ce que veut dire sérieux. Je ne veux surtout pas dire que Lionel a quelque ressemblance que ce soit avec le pompeux personnage. Surtout lorsque, dès que vous vous adressez à lui directement, Lionel vous décoche un de ces sourires flamboyants qui vous jette littéralement par terre. Et là, tout de suite, il essaie de vous parler! Je n’ai jamais vu un si petit enfant (petit, c’est une façon de parler, quand on le regarde, on s’étonne qu’il ne marche pas encore tant il est grand et fort) faire tant d’efforts pour parler avec tout un chacun qui le regarde dans les yeux. Vous lui parlez, et lui ne cherche qu’à vous répondre. On a tellement l’impression qu’il vous dit merci d’être avec lui, tellement l’impression que rien n’est plus important pour lui que d’échanger avec vous. Il essaie si fort qu’on est certain que, dans la seconde suivante, la phrase va sortir, claire et précise. Peut-être deviendra-t-il un communicateur??
Reste Ged, Gédéon, l’aîné des deux autres, le sensible, le poète, le tendre, celui que j’ai surnommé affectueusement Dieu, parce que je le trouvais parfait. Bien sûr qu’il n’est pas parfait, enfin, pas tout à fait tout le temps. Il a eu sa période difficile à la naissance de Flo, qu’il ne s’est pas gêné de bousculer parfois un peu rudement dans la première année de leur cohabitation. C’est vrai qu’à deux ans, c’est difficile de perdre la place de seul petit prince qu’il occupait auprès de ses parents Rosemarie et Christian. Cependant, avec l’arrivée de Lio, le troisième, il a comme décidé de devenir le grand frère qui prend soin de tout le monde. Depuis, il est aux petits soins avec ses frères, ce dont profite le costaud Florent pour se venger de quelques baffes reçues dans un temps qu’il ne se rappelle même pas.
Avec nous, Loulou et moi, Gédéon est toujours d’une délicatesse bouleversante. Faut dire que c’est le premier petit-fils que nous avons côtoyé de très, très près. À cinq mois, il a été le premier à venir dormir à la maison et à faire sa nuit comme un grand, surveillé de près par le chat Vivaldi, qui passait la nuit à côté du parc où le petit dormait comme un perdu. Ged a été de toutes nos escapades depuis qu’il est né : la promenade en ville, la sortie à la bibliothèque ou au théâtre (eh oui), la montagne dans le Parc de la Jacques-Cartier, la raquette, dont il est tout de suite devenu un expert, autour de notre maison et au Refuge de Stoneham, le camping sur la Côte-Nord en attendant le canot et le kayak l’été prochain. Je ne sais pas ce qu’il deviendra, mais je souhaite de tout cœur qu’il conserve à jamais cette tendresse, cette bonté qu’il dégage et dont il n’hésite pas à nous témoigner à tout instant dès qu’on est dans ses parages.
…et les grands
Ce n’est pas parce qu’on parle moins de Rem et Charlie, Rémi et Charles, dans cette chronique, qu’on n’éprouve pas une affection sans bornes pour ces deux merveilles, fils de la grande Sophie. Comme vous le savez sans doute, la grande Sophie est la fille aînée de Louise qui est aussi mère de la petite Sophie. Mon père appelait ça « les mystères de la vie ». C’est comme ça. Non, s’il est moins question d’eux, c’est à cause de l’éloignement. Lac-à-la-Tortue, à une centaine de kilomètres au nord de Trois-Rivières, on n’y va pas tous les jours! Mais on y est allé, la semaine dernière!
Sophie, Charles et Rémi... en attendant les photos de hockey...
Toujours est-il que ces deux là, Rémi et Charles, sont âgés respectivement de 8 et 10 ans et sont, vous le constatez, les petits-fils aînés de ma douce. Eux, famille oblige, sont des passionnés de sports : soccer, baseball, ski et, surtout, hockey. Et c’est pour le hockey qu’on est monté en Mauricie par un beau dimanche d’automne.
Ça faisait déjà quelques jours que la Sophie exhortait sa mère venir voir jouer les petits. « Tu vas voir comme ils sont bons, » ne cessait-elle de seriner à ma Loulou. Peut-être, mais le hockey pis ma douce, ça ne se mélange vraiment pas. Elle a autant d’intérêt pour la chose qu’elle en a pour les gros moteurs de char, mettons. (ÇA MONTRE COMME JE SUIS MAL PRISE AVEC RIEN QUE DES TITS FILS! -Loulou) C’est moi qui, pour une fois, ai pris les choses en mains. « Ils ont deux matchs consécutifs en fin de semaine, ma douce. On va voir tes petits-fils jouer au hockey, dimanche! » Sourire de mon amour qui, au fond, n’attendait que ça…
Qu’est-ce qu’on aurait manqué si on resté platement chez nous! Les garçons, beaux comme des dieux, étaient vraiment contents de nous avoir comme spectateurs et ils ont mis tout leur cœur à l’ouvrage.
Charles fut le premier à s’exécuter. C’est sa première année véritablement dans le hockey organisé. Il joue dans la catégorie atome et il se débrouille fort bien. Tout au long du match, il n’a cessé de monter à l’attaque, obtenant au moins trois échappées. S’il n’a pas marqué, il a obtenu trois passes dans la victoire de 10-0 de son équipe. Il joue pour les Pingouins de Saint-Georges et c’est là qu’on a vu que les Pingouins, c’est pas des manchots! Il faut dire que Charles, c’est le gars décidé, tenace et infatigable, tant sur la patinoire que dans la vie. S’il craint toujours un peu d’entreprendre une nouvelle activité, de peur de ne pas être bon, c’est l’enfer quand il s’y met. Il veut être bon et fait pour.
Très complice mais plus introverti, l’aîné joue, lui, avec la confiance du capitaine qu’il est. Général de la ligne bleue, le défenseur est toujours à la bonne place au bon moment, extrêmement conscient de son rôle. Il joue un jeu de position remarquable pour un jeune de son âge et à terminer son match avec, lui aussi, trois assistances à sa fiche, dans une victoire sans appel de 11-2, contre les Cataractes de Shawinigan.
« On a été moins bon que dans nos autres matchs, m’a-t-il confié quand je suis allé dans la chambre des joueurs après la partie. C’est la partie où l’on a compté le moins de buts. » Faut dire qu’ils avaient remporté la partie précédente par le score footballesque de 22 à 1. Un peu déprimant pour l’adversaire.
Rémi ne s’enfle pas la tête avec ces victoires. Tout ce qui compte pour ce beau jeune à la longue chevelure frisée, c’est le plaisir de jouer et la complicité avec ses amis sur la patinoire comme dans la vie. Rémi et Charles ont, entre autres qualités, celles d’être immensément affectueux avec leurs parents et amis et fiers en tout autre temps. Loulou et moi, on a juste hâte au temps des fêtes pour remettre ça!!!
Musique
Fred Pellerin, notre barde conteur, est aussi un merveilleux chanteur à la voix chaude et grave. Il vient de faire paraître Silence, un recueil de chansons interprétées tout en douceur sur un mode folk. Quelques compositions, Au commencement du monde, La mort, et quelques interprétations chavirantes : Mommy (Pauline Julien), Mille après mille (Stephen Faulkner), Quand vous mourrez de nos amours (Gilles Vigneault)… Loulou et moi, on a été conquis tout de suite et c’est sans doute pour longtemps!
Karina Gauvin - Porpora, airs d’opéras et Cecilia Bartoli - Sacrificium. Deux disques qui font l’éloge d’une des plus brillantes périodes de la musique occidentale, le baroque italien et ses castrats, altos et sopranos. La soprano québécoise et la contralto italienne Cecilia Bartoli ont toutes deux réalisé des albums splendides d’airs d’opéras de ces chanteurs à qui on coupait les choses avant que leurs voix muent. Entre les airs de tendresses et de douleur et les morceaux de bravoure, on passe par toute la gamme des émotions. De grands disques par de merveilleuses interprètes. Karina Gauvin enregistre sur l’étiquette québécoise Atma et Cecilia sur Decca.
Anouar Brahem, The astounding eyes of Rita. Le oudiste tunisien Anouar Brahem a bâti une œuvre jazziste marquée par la poésie et le mystère, toujours accompagné par de grands accompagnateurs : Dave Holland, John Surman, François Couturier. Tous sont magnifiques. Malgré tout, ce dixième album est peut-être le plus beau, mêlant les percussions traditionnelles arabes, la contrebasse et la clarinette basse. Envoûtement garanti. Disque ECM.