jeudi 9 juin 2011

D’un paradis à l’autre…


Chronique en retard de quelques jours puisque nous sommes maintenant résidents de Neuville, ahuris par le chant assourdissant (et ce n’est pas peu dire) des oiseaux, la beauté du village et du paysage…

Petit matin neuvillois...

D’un paradis à l’autre…

Plusieurs lecteurs le savent, notre paradis de Stoneham est vendu. La passation des titres se fera le jeudi 17 juin 2011. D’ici là, ma Loulou et moi aurons aménagé dans notre nouveau paradis (du moins on souhaite que ce soit vraiment le paradis que nous imaginons). En fait, ce sera dans deux jours, le 8 juin. Mais samedi dernier, nous y sommes allés pour rencontrer les propriétaires actuels, Anne et Marie, qui voulaient nous expliquer comment « partir » la piscine. Ma douce est revenue bouleversée, profondément émue par la beauté des lieux, de la vie qui en exhale, de la lumière qui y éclate, surtout quand, comme ce jour-là, le soleil inonde le monde.

Non, ce n’est pas la piscine, pour laquelle elle n’a manifesté absolument aucun intérêt, qui l’a à ce point remuée. Ce sont la majesté des arbres, les centaines de plants de fleurs, d’arbustes, de graminées savamment disposées sur ce grand terrain bordé par la route 138, puis, quelque dizaines de mètres plus loin, par le fleuve Saint-Laurent. Les oiseaux sont partout, merles d’Amérique (il y a un nid sous la véranda et les petits y étaient lors de notre visite), roselins, hirondelles, sitelles. Il y a même une oriole du nord quelque part dans les arbres.

Et la maison est belle, entretenue avec grand soin par Anne et Marie. L’intérieur, tout lambrissé de lattes de bois ancien, dégage une chaleur incomparable. Nous sentons, ma douce et moi que nous y serons bien. En fait, c’est un sentiment qui nous a envahi dès qu’on y a mis le pied, le jour de cette fin d’hiver où Loulou avait décidé qu’on devait aller voir des maisons pour se donner le courage d’entreprendre des démarches pour vendre ce qui nous appartenait. Première maison visitée et on a fait une offre d’achat, faisant exactement le contraire de la sage décision que nous avions prise de vendre d’abord et d’acheter ensuite. Vous devinez la suite, pression stress, nuits blanches, démarches ardues, chicanes de couple… la totale quoi; avant que plusieurs morceaux de l’édifice ne se mettent en place, et ne retransforme le cauchemar en rêve qui sera réalité dans quelques heures. Nous serons propriétaire, avec M. Desjardins, d’un merveilleux coin de terrain en bordure du Saint-Laurent, dans l’un des beaux villages du Québec.

On est (presque) prêts!

Et déjà, nos plans sont faits pour l’habitation des différents êtres, les chambres, le salon, la salle à dîner, la déco et la musique… Le déménageur sera mercredi matin 8 h, il y a des centaines de boîtes de faites grâce au soutien de mon bienveillant fils Nicolas et de ma généreuse sœur Christine. Merci vous autres.

Vivaldi, mon vieil ami, reste dans ses montagnes

Le seul à ne pas suivre notre équipée sera mon vieux chat Vivaldi. Le valeureux animal, si doux et si tendre avec nos petits-enfants sur qui il veille avec une bienveillance de vieux sage, finira ses jours chez nos voisins Nathalie et Normand. À 17 ans, mon vieux compagnon n’a pas à être transplanté dans un milieu où la route 138 pourrait lui être fatale. Après tant d’années à ronronner et à jaser avec moi, il a bien mérité de vivre dans la tranquillité… D’autant plus, que la voisine se mourrait d’inquiétude de le voir partir. Car voyez-vous, chaque fois que nous partions plus où moins longtemps, c’est elle qui le gardait. Il suffisait qu’il nous voit faire nos préparatifs, pour prendre la porte et s’en aller chez elle. Ces temps-ci, c’est plus de la moitié du temps qu’il y passe, comme s’il savait… En fait, je suis certain qu’il sait et que ça lui convient. Tiens, il vient juste de rentrer, de m’interpeller pour son souper et là, il s’installe dans le fauteuil berçant pour sa sieste vespérale. Le Gros, mon ami, profites bien de ta vie!

Musique, Archie Shepp, Ambrose Akinmusire et Zoe Muth et son band

Archie Shepp, saxophoniste mythique de l’époque de la contre-culture, maître du free jazz, chantre de la libération des Afro-américains et de la négritude, archiviste du de l’histoire du jazz, est un de nos héros de jeunesse à nous, les quatre copains : Martin Bolduc, Denis Jodoin, Paul Marois et moi. Mon premier album de jazz, acheté en 1976 était un disque d’Archie Shepp (Duet, en compagnie du pianiste Abdullah Ibrahim).

Bref, ce bonhomme que nous admirons, que nous avons rencontré et interviewé (grâce à Martin) en 1986 sur es ondes de CKRL, vient de sortir, à l’âge vénérable de 74 ans, un nouvel album intitulé Wo! Man, aussi en duo, en compagnie du pianiste allemand Joachim Kühn. Et puis? Hé bien, c’est une des grandes réalisations d’Archie Shepp. On y trouve des reprises comme ce « Lonely Woman » d’Ornette Coleman plus que bouleversant, voire, anthologique ; un « Sophisticated Lady » des plus dramatique et on n'a jamais entendu « Harlem Noctune » aussi tendu. L'album s'ouvre sur une composition de Kühn, « Transmitting » assez envoûtante merci, suivie d'une « Nina », écrite par Shepp, qui redonne pratiquement vie à dame Simone. Moi qui avais un peu démissionné de mon vieux héros, voilà qu'il marie avec bonheur son blues fondamental au romantisme allemand de Kühn pour pondre un chef-d'œuvre de complicité, de puissance et de profondeur et de complicité. Ça vient de chez sillons, ben sûr.

Ambrose…

Encore dans le jazz avec un tout jeune trompettiste qui remportait en en 2007 le très prestigieux prix Thelonious et qui vient de faire paraître, sur Blue Note, When The Heart Emerges Glistening. Ambrose Akinmusire est un musicien aussi original que son nom le laisse supposer et son band de jeunots a la cohésion des grandes phalanges. Ils proposent un post bop à la fois énergique et réfléchi, qui fera les délices des amateurs d’authenticité! Une découverte!

Zoe Muth

Voilà une jeune auteure compositrice et interprète originaire de Seattle et qui n’est aucunement influencée par le grunge et le riche héritage musical de cette ville de la côte ouest américaine. Au contraire, on croirait Zoe Muth venue directement du Texas avec ses mélodies franchement folk quand ce n’est pas lourdement country et ses histoires on ne peu plus prolétariennes. C’est le chroniqueur Sylvain Cormier, du Devoir, qui m’a fait connaître cette surprenante jeunesse avec le texte qui suit dans la chronique Vitrine du disque du journal : « Ado à Seattle dans les années 1990 et même pas grunge? Chacun son martyr: Zoe, c'était Townes Van Zandt, et tant pis pour Kurt. Plus country-folk-roots que mam'zelle Muth, t'es l'illégitime de John Prine et d'Emmylou. Plus jeune fille blonde perdue dans le désert, tu te repasses The Last Picture Show en Betamax et tu te trouves des airs de Cybil Shepherd. C'est tout le bonheur de ce siècle: on se choisit un cactus et on le plante chez soi. Ou est-ce le cactus qui a choisi Zoe? Le constat est que sa sorte d'americana est la sorte d'americana qui se vit au nord dehors avec le sud des États en dedans. Tout est dit dans la bien-nommée If I Can't Trust You With A Quarter (How Can I Trust You With My Heart): «It was a cold Thursday night in January / When I first met you at the bar / We'd been smoking our cigarettes with the heater on / Listening to Elvis in my car...» Notez que ce disque est le deuxième de Zoe: il faudra acheter le premier aussi. »

Moi, c’est cette dernière phrase que j’ai retenue et il me semble que ce premier opus éponyme est bien plus intéressant que celui dont cause le sieur Cormier. On y est plus proche de Townes justement, plus proches des racines du sud et les High Lost Rollers sont aussi bons. Évidemment, ça s’appelle Zoe Muth and the High Lost Rollers !

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