mardi 16 décembre 2008

Je vous souhaite un bel hiver

Comme l’an dernier, l’hiver a commencé tout d’un coup. Cette fois, nous étions prêts, comme le disait, il y a quelques années, quelqu’un qui ne l’était pas du tout et qui a fait « suer » ses concitoyens durant quatre ans. Mais ça, c’est une autre histoire. Nous étions prêts parce que notre bois de chauffage était rentré, nos pneus d’hiver posés, nos skis de fond sortis et notre cours de sauvetage en milieu isolé complété. Comme ça, nous pouvions entreprendre notre saison comme patrouilleur du Club Le Refuge, chez nous dans les hauteurs de St-Adolphe de Stoneham. Ce qui est fait comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Dans son blogue sur Cyberpresse, la belle chroniqueuse Mali Isle Paquin, raconte qu’elle revient de Londres pour passer Noël à Montréal. Elle espère « …qu’il y aura quatre pieds de neige comme il y a un an » parce que, dit-elle, « exilez-vous dans un pays où c’est le mois de novembre huit mois par année et vous comprendrez. »

En prime, la journaliste nous propose un clip de la si belle chanson de Robert Charlebois, « Je reviens à Montréal ». Émouvant!

Alors moi aussi je vous souhaite un bel hiver, froid et juste un ti peu moins neigeux que l’an dernier. Un hiver avec pas trop de tempêtes et beaucoup de scènes rêveuses où la neige tombe en beaux gros flocons sur un paysage calme et sans vent. Un hiver de grandes forêts où les sapins chargés de neige brillent sous un ciel bleu intense comme le froid qui l’habite. Un hiver qui vous donnera le goût de vous rapprocher de vos amours, de vos amis de vos familles. Ça tombe bien, les fêtes s’en viennent!

Toute une tempête!
On a reçu 40 cm de neige, hier, sur Québec, peut-être plus dans nos belles montagnes stonehamiennes. On a joliment pelleté, à bras comme toujours, question de limiter l’émission de gaz à effet de serre, faire de l’exercice au grand air. De toute façon on n’a pas de souffleuse.

Mais ce n’est pas de cette tempête là, somme toute bénigne, que je voulais vous causer. C’est plutôt de celle provoquée par les intestins du petit Loïk, alias Zorrino, après neuf jours de constipation. Voici le résultat!!!
Paraît qu’il a poussé un long soupir de satisfaction après sa poussée libératrice. Depuis, il paraît le dernier petit-fils de Loulou se porte à merveille et gazouille perpétuellement.

Un président et deux premiers minus
En un peu plus d’un mois, on a eu trois élections. Une américaine d’abord, on pourrait même dire planétaire, tant la venue d’un premier président Noir aux USA était souhaitée par un monde en peine d’espoir.

Puis, coup sur coup deux autres élections, chez nous au Québec et au Canada d’à côté, où deux minus de droite ont été élus. De l’avis général, pratiquement aucun chef de parti, si ce n’est ceux de Québec solitaire, n’a présenté de vision de société. Pourtant, tous se sont réclamé du changement incarné par Barak Obama. Enfin, ceux qui n’étaient pas au pouvoir. Imaginez, Mario Obama, non mais…

Heureusement, le peuple, qui n’a pourtant pas si bon jugement règle général, s’est retenu de donner à qui que ce soit une solide majorité.

Musique
Comme à année, fin novembre, début décembre, la fibre traditionnelle (aujourd’hui, on dit « trad », ça fait plus in) s’anime drôlement chez les musiciens, les producteurs de disques et les mélomanes. Ce qui nous vaut, souvent de fort belles productions que nous écouterons au moins un mois.

Celle que je vous propose aujourd’hui s’intitule La traversée miraculeuse et met en vedette les excellents Charbonniers de l’enfer, groupe trad a capella, et La Nef, ensemble de musique ancienne. On y trouve des chants de marin datant de la Nouvelle-France et qui se sont transmis de génération en génération, que les membres des Charbonniers ont recueilli aux quatre coins du Québec maritime. Plusieurs sont originaires de la vieille France. Ça donne un disque fascinant de tempêtes, d’épopées guerrières et amoureuses.

L’autre réalisation est écossaise, un disque de Rachel Unthank and the Winterset intitulé The Bairns. Piano, basse, percussion, violon, accompagnant de longues complaintes chantées avec une émotion vaguement déjantée, comme distanciées de leur sujet. La musique est à l’avenant. Une folk d’inspiration celtique à la fois dérangeante et, ma foi, très belle.


Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique...Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d'être heureux!
(Pablo Neruda)

Gilles Chaumel

lundi 15 décembre 2008

La mort au bout du chemin


photo de Gilles Boutin
Au moment où j’écris ces lignes, ma Loulou est à Kuujjuaq. Elle est montée, hier, en avion nolisé avec des collègues, des gens qui font la classification des hôtels et une personne de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, l’ITHQ.

Kuujjuak n’était pas leur destination, seulement une escale. En atterrissant, l’avion a eu une crevaison. Rien de grave, ce n’est qu’une fois l’avion arrêté que les pilotes s’en sont rendu compte. Seulement, plus question de repartir.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le petit groupe est parti se promener. En chemin, ils ont rencontré Joey Juneau, cet ancien hockeyeur du Canadien, des Bruins et des Capitals, qui est déménagé au Nunavik, avec toute sa famille, afin d’aider à implanter un programme de hockey pour les jeunes Inuit, un programme basé sur les études.

Le gars l’ITHQ n’en revenait pas de l’engagement de Juneau et il s’est fait un plaisir de lui dire l’immense respect qu’il éprouvait pour son travail. Une belle rencontre. Ce devait être sa dernière, ou presque…

En passant devant l’hôpital, le collègue s’est affaissé comme une pierre aux pieds de ma douce, foudroyé. Un coup de fil et les ambulanciers étaient là dans les instants suivants et il a été pris en charge en un temps record. Rien à faire, l’homme était mort.

Je vous épargne les détails, la stupeur et le choc incroyable subi par tout le monde, ma douce en particulier, elle qui était avec le médecin lorsqu’il a appelé la femme du collègue décédé. Mettez-vous un seul instant à la place de la pauvre dame. Alors voilà, Loulou est en route pour Montréal et elle doit rentrer chez nous demain.

Voilà, c’est tout, vraiment tout. Un instant tu es vivant, enthousiaste, voire passionné par le voyage, les gens que tu rencontres, la vie quoi. L’instant d’après tu n’existes plus. Absurde, totalement absurde et affreusement triste.

Gilles Chaumel

dimanche 9 novembre 2008

Le sens de la vie


Deux mots de chronique pour parler d’amour et laisser parler l’amour. Moi qui n’ai toujours voulu vivre que par elle, qui l’ai trouvée pour la perdre cruellement et la retrouver plus grande encore au mitan de ma vie, titanesque, puissante, imposant sa loi sans détour, déchirante d’extase et de douleur tout à la fois, l’amour qui est ma vraie foi. Moi qui, aujourd’hui, ne peux écrire Loulou sans trembler d’une émotion forte qui ne cesse de grandir, Loulou qui m’obsède constamment, au point d’habiter mes pensées à chaque instant, Loulou qui m’a amené pour l’éternité dans son monde de générosité et de bonté faite femme…

Alors voilà, moi qui ai trouvé mille fois mille et un mots pour lui dire ce que je ressens, ce qui m’envahit d’elle, qui suscite tant mon admiration, je voudrais partager avec vous les mots d’un autre, un dénommé Gaston Miron, pour qui l’amour était aussi un credo inviolable.

Je vous propose d’entendre l’incroyable Marche à l’amour récité par le comédien Pierre Lebeau dans le cadre de l’émission Vous m’en lirez tant, transmise le dimanche après-midi sur les ondes de la radio d’État. Pour accéder à l’audio, descendez jusqu’au bas de la page Web.

Musique


Ayons de la suite dans les idées. La poésie du même Miron vient d’être mis en chansons par quelques-unes des plus grandes pointures de la chanson québécoise, toutes générations confondues. Sous le titre Douze hommes rapaillés, on peut entendre les Richard Séguin, Michel Rivard, Vincent Vallières, Yann Perreau et autres Plume Latraverse magnifier l’œuvre du plus grand poète de l’histoire du Québec... avec le dénommé Nelligan. Un album essentiel.

Livre
L’homme rapaillé, évidemment, du même Miron. Éditions Typo, collection Poésie.

lundi 3 novembre 2008

Dernière sortie



Je déteste les fins, la mort par exemple parce que c’est tout de même définitif, ou encore la fin de la saison de kayak parce qu’on doit interrompre une activité qui nous mène à une constante exaltation. La mienne s'est terminée samedi. Oh, remarquez qu'on peut sortir en tout temps quand les conditions s'y prêtent et que la glace ne risque pas d'écraser votre embarcation. On n'en est pas encore rendu là mais tout de même...

Vendredi, j'avais demandé à mon ami Denis s'il était tenté par une sortie de quelques heures le lendemain. "Je vais voir comment je peux m'organiser et je te rappelle." Il m'a rappelé le lendemain matin à 7 h! Je n'avais, bien sur, rien préparé. Étant certain d'être seul, j'avais décidé de prendre mon temps et de me rendre jusqu'à Batiscan, là où l'effet des marées ne se fait plus sentir, où la plage est accueillante, même en novembre, les gens du p'tit resto qui la borde d'une gentillesse perpétuelle.

Mais bon, ce sera pour le printemps, parce qu'avec l'ami Jodoin, on s'était parlé d'une escapade de deux heures. Comme il fallait tenir compte de la marée, haute à 9 h, il a proposé de mettre à l'eau au Quai-des-cageux, le long de la promenade Samuel-de-Champlain, et de partir en amont jusqu'à ce que la marée nous ramène à notre point de départ.

Il faisait -7 degrés à Stoneham, lorsque j'ai préparé mon équipement et mis les kayaks sur le toit de l'auto, cassant mon rétroviseur de gauche, dans l'opération. Qu'importe, j'avais trop hâte! Nous avons été accueillis au quai par un soleil blafard et par un qui forcissait de minutes en minutes. Peu importe, la perspective de passer sous les ponts et de se rendre peut-être jusqu'à la rivière Cap-Rouge était enivrante.

Du kayak en ville, le long d'une autoroute et sous deux ponts immenses, là où le fleuve rétrécit comme dans un goulot, ça donne une expérience de navigation assez fascinante et...secouante. Les courants changent constamment, les remous sont partout et nécessitent une expérience de pagayeur certaine. Mais une fois passé ce maelström, on se retrouve dans la béate baie de Cap-Rouge, le long des plages St-Laurent et Jacques-Cartier, avec les canards et les promeneurs qui nous regardent comme les hurluberlus que nous sommes. Comme l'a dit Denis : « deux vieux fous de plus de 50 ans qui s'élancent sur un fleuve de novembre sous une vent de plus en plus fort et frette. »

En fait, le froid, c'est n'est qu'en sortant qu'on le sent. Chaudement vêtus de néoprène et "dry tops", on a plutôt tendance à suer sous l'effort, peu importe la température extérieure. C'est en sortant que ça se gâche, comme ça a été le cas samedi midi. À midi, le soleil avait disparut et le vent, du nord-ouest maintenant, tournait autour des 50 km/h. Alors, ramener les embarcations à l'auto sur une centaine de mètres, les monter et les fixer au toit alors que nous étions pour le moins humides, n'est pas l'expérience la plus agréable. En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, nous avions les doigts gelés et le reste du corps aussi. Pas question de se changer sur place, sauf pour l’anorak vite remplacé par un manteau sec.
Bref, dans l’après-midi, j’appelais mes merveilleuses amies Peggie et Marguerite pour accepter leur offre d’hébergement de kayak. Comme elles demeurent à Sainte-Brigitte-de-Laval, c’est dans un abri « tempo », sous une quinzaine centimètres de neige, que je suis allé enterrer mon bateau. On a fêté ça en prenant une bière. Un Boréale, pour tout vous dire…

Appelez-la madame la présidente
Et que faisait ma douce durant ce temps? Elle assistait à l’assemblée générale d’Aventure écotourisme Québec, le regroupement des entreprises d’aventure du Québec avec lequel elle travaille depuis si longtemps. L’exécutif de Sans Trace Canada (Leave no trace ailleurs dans le monde), une organisation vouée à la conservation de la nature en donnant aux humains les conseils et les moyens d’y laisser le moins de traces possible de leur passage, était aussi sur place.
Louise est membre du conseil d’administration de cette organisation coast to coast parrainée par l’immense coopérative de plein air Mountain Equipment Coop. L’organisation a profité de sa première rencontre en sol québécois pour l’élire présidente. C’est donc avec ce titre que ma douce est revenue samedi soir à Québec. Bien sûr nous avons fêté cela autour d’un bon filet mignon et d’un excellent Côtes-de-Provence.

Est-ce le vin qui l’a fait se réveiller en panique au milieu de la nuit en pensant qu’une partie de la maison s’était effondré? En tout cas, ce n’est pas l’obligation de changer l’heure… « Va voir dehors! », qu’elle me lance comme ça, tout de go alors que je dormais sans doute encore… « Hein, non mais ça va pas! », voulus-je riposter.

Mais à voir la tête qu’elle faisait, je me suis levé, résigné, au enfilé les bottes ce caoutchouc qui trainaient à la porte et suis sorti tout nu pour faire le tour de la maison, armé de ma seule lampe frontale.

Bien sûr, il n’y avait rien de suspect. « Je suis certaine qu’il s’agit d’un tremblement de terre, » s’est-elle entêtée, et la voilà assise à l’ordinateur à trois heures du matin à essayer de trouver des preuves de ses dires.

« Hé, ma blonde, attend au moins qu’ « ils » aient le temps d’en rentrer les données au moins… rien à faire.

Le lendemain matin à la radio, on annonçait que la terre avait tremblé à une soixantaine de kilomètres au nord de Beaupré, une secousse d’une magnitude de 3,2 sur l’échelle du dénommé Richter. « Je te l’avais bien dit, me lança ma douce, et la revoilà repartie à l’ordi pour vérifier les données sur le site Web d’Environnement Canada. Obsédée vous dis-je…

Halloween

Florent, l'ourson hilare

Nos petits-fils ont passé l’Halloween ce vendredi. Florent était déguisé en ours (il a d’ailleurs tout de l’ourson hilare, cet enfant) et Dieu, pardon, Gédéon avait choisi une costume de …police. Ceux qui se souviennent de sa fugue comprendront tout de suite l’ironie de la chose… Bref, la soirée a été fructueuse et lui, a récolté des dizaines de commentaires élogieux sur le choix judicieux de son déguisement…

Livres

Jacques Poulin. Photo : Focus


Jacques Poulin, mon écrivain fétiche, vient de mériter le prestigieux prix Gilles-Corbeil[1], pour l’ensemble de son œuvre. Ce prix, c’est une peu le « Nobel québécois » comme le surnomme le président du jury, le critique Robert Lévesque. C’est sûr qu’avec une bourse 100 000 $ pour un concours totalement indépendant (pas de mise en nomination, pas de candidature, pas de lobbysme de maisons d’édition), ça aide au prestige. Le jury « insoumis » est formé de professeurs et d’auteurs qui ont élu mon Poulin unanimement.

En annonçant le prix en l’absence du très discret auteur, Robert Lévesque a parlé des mots de Jacques Poulin : « …les mots, ces pierres polies, patiemment, journellement, ces cailloux, ces galets, le poli d’une phrase, au contraire du lustre, le mot infiniment pesé, posé, enlevé, remis à la bonne place, déposé sur la page, le mot, avec, venue de la besogne de l’artisan, une balistique de la précision, et en retour, un art de l’émotion retenue, c’est-à-dire, encore, comme disait la vieille Marie de la rue Buade, cette chose qui n’a pas de sexe, ni d’âge, et qui s’appelle la tendresse… »

Vous comprenez maintenant pourquoi je tiens cet auteur en si haute estime.

Musique


Janine Jansen est une déesse du violon. Jeune dame née à Amsterdam en 1978, elle connaît une carrière enviable marquée déjà de quelques enregistrements réussis. Le plus étonnant, à mon sens, est sans doute ce Bach intitulé Inventions et partita. Si la partita (la deuxième, en ré mineur avec la célèbre chaconne) est bien dédiée au violon, les inventions, elles, sont des œuvres pour clavecin que Janine et ses compagnons, Maxime Rysanov (alto) et Torleif Thedéen (violoncelle) ont transcrites pour trio à cordes.

Le résultat est saisissant de subtilité et de connivence, les trois instruments faisant ressortir à merveille les volutes polyphoniques, les contrepoints du grand Bach. Un disque d’une grande rigueur, sans vibrato inutile de la part des musiciens, qui installe chez l’auditeur une grande sérénité. Amateurs de heavy trash metal s’abstenir.



[1] Ce prix, du nom du neveu du poète à l’origine de la Fondation Émile Nelligan, a déjà été attribué à de grandes pointure comme Réjean Ducharme, Anne Hébert, Marie-Claire Blais ou Jacques Brault

lundi 20 octobre 2008

Dieu a été parfait


Comme d’habitude, notre petit-fils Gédéon, celui que nous surnommons affectueusement Dieu, a été parfait ce week-end. Ça faisait quelque temps déjà qu’il réclamait de venir passer quelques jours en notre compagnie. Dès qu’on mettait le pied chez lui, il disait : « aujourd’hui, je vais chez Loulou et Gilles. » Ce n’était pas une question mais une affirmation. Trop souvent à mon goût nous l’avions déçu.

Donc, jeudi en fin de journée, nous nous sommes pointés chez lui, Loulou et moi, après avoir demandé à ses parents la permission de le kidnapper. Si vous aviez vu le sourire qu’il arborait lorsque nous sommes entrés… Nous sommes donc partis à la maison et tout au long du voyage, il n’a cessé de babiller, de nous interpeller, de rire de nos réponses saugrenues, des grimaces que je lui faisais. Après le souper, après le bain, après la séance de yoga-dodo et l’histoire qui a suivi, le petit s’est endormi en serrant fort Balouk, son gros huskie de peluche, après nous avoir longuement embrassés, Loulou et moi. L’était en état de bonheur, je crois, Dieu.

À la montagne!
Le lendemain matin, nous avions programmé une sortie dans la montagne du Cap-Tourmente. La nature, ça le branche, Ged, et la rando, il connaît puisque ça fait quelque temps déjà qu’il grimpe les montagnes avec nous, bien installé dans son sac à dos…sur mon dos. Alors, dès qu’il a vu le mont Sainte-Anne à partir du boulevard du même nom, il s’est écrié : « Est là, la montagne! »

Bien sûr, elle était un peu plus loin la montagne, mais déjà il frétillait à l’idée d’y être. Premier arrêt, les marais du Cap et les dizaines de canards qui y barbotaient. Derrière, au pied des montagnes orangées, les oies avaient établies leur quartier général, tapissant les champs et le ciel des milliers de taches blanches. Mais ce n’était pas les bibites qui l’attiraient, Ged. « On s’en va dans la montagne, » a-t-il dit tout à coup, et de partir d’un pas décidé le long de la route pour s’y rendre.

Alors, on a sorti le sac à lunch, nos bâtons de marche et on est parti avec Dieu vers le sentier La Cime. Remarquez que ça n’a pas été de tout repos. Il est de plus en plus pesant et, content comme il était, il ne cessait de bouger dans le sac à dos. Pas besoin de vous dire que Pépé ahanait dans la longue pente qui ne semblait pas vouloir finir. Mais bon, un fois rendus en haut, sur la terrasse surplombant le fleuve, tout l’effort était oublié. Et nous voilà au-dessus du fleuve majestueux, tacheté d’îles, avec, loin à l’ouest, la silhouette de Québec, sous un ciel bleu-rêve agité d’un vent fou qui faisait voler les feuilles en une féérie de couleurs chaudes.

On s’est arrêtés pour manger parmi les quelques randonneurs guillerets qui, comme nous, étaient sous le charme de ce paysage magique. Sandwich, fruits, jus, Gédéon a tout bouffé et quand nous avons été prêts à partir, un groupe de Colombiens en immersion française (a-t-on appris par la suite) est arrivé. De me voir avec Dieu au dos, ça les a ébahis, les latinos, et pas à peu près. Nous avons dû, lui et moi, nous faire photographier en compagnie de chacun d’eux et ils étaient une quinzaine. À la fin, Dieu en a eu assez et il s’est mis les mitaines dans la figure. Alors on est redescendus et on a repris la route, tous hilares.

C’est Loulou qui a eu l’idée de s’arrêter pour manger une frite, son mets préféré et c’est là que nous nous sommes rendu compte que la chose suscitait la même passion chez son petit-fils. À genoux à côté de moi, il mangeait avec délectation, en nous regardant alternativement, les yeux rieurs. C’est là, qu’il m’a mis le bras autour du cou, se collant un peu sur moi, tout en mangeant ses frites. Là, c’est moi qui étais en état de bonheur intense.

Le tour de Loulou allait venir le lendemain, samedi. Comme je fais de la radio tôt, elle a passé l’avant-midi avec son petit-fils à jouer dehors, à ramasser des feuilles, à faire une promenade sur notre petite route avec lui et le chat Vivaldi qui ne demande pas mieux que de suivre dans ces occasions. Ils n’ont pas cessé de jaser, de rigoler, de se faire du bien. Ce qui fait qu’à mon retour, vers midi, j’ai surpris deux tourtereaux assis à la table en train de manger et de rire.

Quand ils sont partis ensemble, en début d’après-midi, pour assister à une pièce de théâtre pour enfant à la bibliothèque de Charlesbourg, j’ai eu droit à un beau câlin de l’un et de l’autre. Mais il n’y avait rein à faire, il y avait un tel magnet entre eux-deux…

Musique
Vous ai-je déjà parlé de Catherine Major? Si oui, je ne m’en rappelle plus et je brûle de récidiver. Sinon, voici. Catherine est une jeune auteure-compositeure-interprète de haut niveau qui me passionne depuis la sortie de son second album, Rose Sang. J’ai toujours trouvé, et ce n’est pas par sexisme, que les gars remplissaient mieux cette fonction, tant chez nous qu’ailleurs. Il n’y a pas d’équivalent féminin à Richard Desjardins, Jean-Pierre Ferland ou Gilles Vigneault. À sa façon, Catherine pourrait bien le devenir.

Il y a, sur ce disque, des chansons dignes parmi les plus grandes que j’ai pu entendre en quarante ans. Abîme-moi, malgré son titre dérangeant, me semble aussi fort que l’éternel Ne me quitte pas de Jacques Brel et l’immense Avec le temps de Léo Ferré. J’exagère? Je ne pense pas. Rarement je n’ai senti une telle intensité, une telle force, une telle douleur dans l’interprétation d’une chanson au texte par ailleurs déchirant.

Sylvain Cormier, le critique du Devoir, n’en pense pas moins : « Allons, osons le mot même s’il est facile: Rose sang, le deuxième album de Catherine Major, est un album majeur. Tiens, j’en rajoute : c’est l’album qui ralliera à la Major la majorité. Qui la place dans les parages de nos meilleurs confectionneurs de chanson pop, oui, les Yann Perreau, Daniel Bélanger, Pierre Lapointe. Vraiment. Ce niveau-là. »

Là je suis d’accord pour ce qui de Daniel Bélanger, mais les textes de Major sont bien meilleurs que ceux de Perreau et Lapointe qui, à mon avis, n’ont rein à dire mais le disent bien. Poursuivons avec le sieur Cormier.

« Rose sang est d’ores et déjà dans ma liste des 10 meilleurs albums de 2008. C’est plus qu’une grande réussite, c’est l’accomplissement d’un destin, c’est l’album qui devait arriver un jour à Catherine Major. C’est un album où tout concorde, tout fonctionne, tout coïncide: l’album d’une série de rencontres heureuses qui ont permis à Catherine Major de se trouver. C’est le disque qui va imposer Catherine Major à la grandeur de la planète chanson. Une réussite absolue. »

Rien à ajouter!

Le lundi 20 octobre 2008

mercredi 15 octobre 2008

Lendemain de pas de veille

Ma Loulou prenait le train à 6 h en ce lendemain d’élections canadiennes. Ce qui fait que nous étions sur la route à 5 h, sans savoir si on aurait à subir un Har-peur con-servateur pendant encore des années. Que voulez-vous, je fais de l’urticaire à penser qu’un guerroyeur à tout crin, qu’un peureux obsédé par la sécurité au point d’envoyer des ados à perpète en prison, qu’un ignare qui veut faire partager son ignorance à la majorité pour mieux régner sur elle, qu’un champion de l’individualisme forcené… Y a un personnage dans le roman de Muriel Barbery, L’élégance du hérisson, qui dit : « La politique (…). Un jouet pour les p’tits riches qu’ils ne prêtent à personne ». Bien dit! Bref, au lieu d’ouvrir la radio, nous avons choisi la musique de ce bon Jean-Sébastien Bach pour nous tenir compagnie en cette fin de nuit. Une belle cantate qui mêle le hautbois et les cordes aux voix célestes des chanteurs.

Ce qui fait qu’après avoir embrassé ma douce qui était tout sourire au pied de la gare, je suis monté à mon bureau, arrivant même avant ma collègue Carolle Pelletier, la championne de la matinalité au travail. Quand elle est arrivée, j’étais encore sous l’emprise de Bach, le nez rivé sur mon écran. Elle me met la main sur l’épaule et me dit, après que j’eus ôté mon casque d’écoute : « Bonjour mon homme. Tasse ton store et regarde le ciel, il ne cesse de changer de couleurs depuis 10 minutes. C’est époustouflant. »

Houlà! Des roses, des mauves, des oranges éliminaient peu à peu les traces de la nuit au-dessus du fleuve et de l’Île d’Orléans. De toute beauté et de première grandeur. Du coup ça m’a ramené sur la Côte-Nord où nous avions passé les derniers Loulou et moi. Au camping de Mer-et- Monde plus précisément, sur les crans de roches, à deux pas de la mer comme vous pouvez le voir ci-dessous :




On dira ce qu’on voudra mais deux jours au paradis, c’est bien trop court! Que voulez-vous, il nous fallait revenir, nos enfants montréalais avaient choisi l’Action de grâces pour venir à Québec. Mais, comme l’a dit ma douce ce matin même, « …avoir su (que deux jours, c’était bien trop peu), nous serions restés à la mer. » Elle a raison, nous commencions à peine à nous détendre après quelques sorties vigoureuses en kayak, résultat d’un fort vent du nord. Ça houlait en masse, provoquant un brasse-camarade un peu éreintant mais tellement bénéfique pour l’esprit. C’est ans doute ce mouvement incessant de l’onde qui a fait que nous avons vu si peu de baleines, quelques petits rorquals et un grand commun tout au plus.

Pour moi, c’est sans importance qu’il y ait des baleines ou pas. C’est impressionnant bien sûr, et on ne se lasse pas de leur présence immense et calme. Mais ce n’est pas que qui m’amène ici. En fait, je pourrais passer des heures et des heures sans cesse balloté sur l’immensité mouvante de la mer, tantôt à pagayer à me broyer les abdominaux tantôt immobile contemplant l’horizon vide…

Faire le vide, rien de mieux pour s’emplir d’énergie et de sérénité. Faut dire que j’en avais besoin, faisant preuve de moins en moins patience au cours des dernières semaines. En fait, pour dire vrai, j’aurais bien pris encore quelques jours…

Musique
Dans ma dernière chronique (De la musique), je proposais quelques albums qui, pour moi, étaient à emporter sur une île déserte, des musiques dont on ne se lasse pas, des musiques qui nous nourrissent à chaque écoute. Quelle horreur, j’ai oublié le merveilleux Jaseur boréal de Julos Beaucarne. S’il y a un disque qui est un éloge poétique de la liberté, de l’amitié et de l’amour dans ce qu’il y a de plus vrai et de plus doux et de plus dur à la fois, c’est celui-là.

Je commence à écouter le dernier opus de la grande prêtresse du folk rock à l’américaine, dame Lucinda Williams, intitulé Little Honey. Comme toujours, des chansons d’amour indescriptibles et poignantes, des chansons violentes et désespérées. Je vous en causerai plus abondamment un autre tantôt.

Bonne semaine!

Gilles Chaumel
Chronique du 15 octobre 2008

lundi 29 septembre 2008

De la musique

C’est la journée internationale de la musique ce mercredi, 1er octobre. Il n’y a pas un lecteur ou une lectrice de cette chronique qui ne sache à quel point je suis accro à cette forme d’art, à quel point j’y trouve matière à mieux vivre. Harassé, l’esprit brouillon et un peu mélangé de la veille, c’est la musique du grand Sébastien Bach qui me réorganise. Sa rigueur et sa poésie puissantes agissent comme un baume bienfaisant, me remettent les idées en place comme rien d’autres. Les musiques anciennes, pour leur part, m’aident à mieux saisir la pérennité du génie humain et le vain sens du mot progrès en ce qui concerne l’humanité. Fébrile, le jazz soutient mon énergie et m’invite à garder l’esprit ouvert. En auto, pour de longs voyages, le country rend le paysage plus beau, plus vrai, et me rappelle, à cause des histoires invraisemblables qu’il raconte à propos de gens ordinaires, que chacun de nous peut-être un personnage à condition de se laisser découvrir. Les voyages facilitent ces découvertes. Et bien sûr, j’ai un faible pour la chanson en français, celle, intelligente, émouvante engagée, qui me fait mieux comprendre le monde dans lequel je vis. Bref, je vis de musiques et d’humains.

Zorrino

C’est pourquoi ma première rencontre avec Zorrino m’a tellement émue. En fait, il ne s’appelle pas vraiment Zorrino. C’est Loïc, son nom et il est le cinquième petit-fils de ma Loulou, le premier de sa fille cadette Sophie, la graphiste, et de son conjoint Pierre, l’homme des cavernes (il est spéléologue). C’était il y a deux semaines et le petit allait avoir un mois. Si petit me semblait-il, mais si fort déjà à essayer de se lever la tête à tout moment, si fort des poumons quand il a faim, si confortable dans nos bras où il se laisse volontiers aller, bienheureux et confiant.

Bien que totalement inexpérimentés et un peu inquiets, ses parents ont vite « pris le tour » avec le soutien bienveillant de ma douce au cours de la première semaine de vie du petit. Les Sophie et Pierre Les parents que j’ai rencontrés étaient si relaxes que Zorrino s’endormait sur le sein de la première et se laissait porter comme une poche repue sur l’épaule de l’autre. Comme la famille demeure à deux pas du splendide parc de la Visitation, Zorrino, euh pardon, Loïc fait quotidiennement de longues randonnées dont il revient fourbu comme le montre la photo.

Et voilà d’où lui vient ce surnom de Zorrino; de ce chapeau sud-américain qu’il porte si fièrement. Pour les incultes, sachez que Zorrino est un jeune amérindien Quechua qui joue un rôle primordial dans le sauvetage du professeur Tournesol dans Tintin et le temple du soleil. C’est d’ailleurs au cours de notre promenade du dimanche matin, dans le parc, que l’analogie s’est faite… à l’initiative de la mère, grande amatrice de bande dessinée.

La rando
Il pleuvait d’abondance ce dimanche, mais il n’était pas question pour Loulou et moi de rester enfermés. À la première accalmie, nous sommes partis vers la vallée de la Jacques-Cartier avec l’intention de grimper L’Éperon, une rando de 6,5 kilomètres.

Mais à cause de l’inactivité de la veille et parce que ma douce avait singulièrement manqué d’exercice tout au long de sa semaine au Nunavik (faut le faire sur le plus grand territoire vierge du Québec! Que voulez-vous travail oblige), nous avons finalement opté pour Les Loups et ses 10 kilomètres bien pentus. Quelle belle séance de défoulement, enfermés que nous étions dans la brume, sous une pluie tantôt fine, tantôt forte, mais toujours vivifiante. On s’est arrêté une fois rendu en haut, la tête complètement dans les nuages. Dommage, mais on n’a rien vu des couleurs magiques de la vallée, du moins d’en haut. Puis on est redescendu illico, à une vitesse surprenante compte tenu d’un genou plutôt enflé qui me tiraillait la jambe droite. Hé, misère!

Toutefois, vue d’en bas, la vallée, c’était pas mal…

Une fois rendu à la maison, on s’est coulé un bain chaud et on a mis le feu dans le poêle à bois. Comme on sortait de la forêt, on a décidé de se cuisiner un filet mignon de chevreuil avec des champignons et des frites maisons. Dans l’enthousiasme, on s’est un peu emporté avant de se rendre compte qu’il ne restait qu’un fond à notre deuxième bouteille de vin.

Faut dire que le duo saxo-piano de Lee Konitz et de Renato Sellani avec ses ballades jouées avec une grande intelligence et une totale détente, donnait un ton drôlement tendre à nos discussions. Bof, ce n’est pas tous les jours fête et le lendemain, on est allé s’entraîné… pas trop fort quand même.

À écouter de toute éternité
En cette journée de la musique, voici quelques albums que j’apporteais sans hésiter sur une île déserte, dussé-je y passer le reste de ma vie…

  • Les concertos italiens de Bach sous les doigts du très poétique pianiste Alexandre Tharaud; une musique d’une grande intériorité dont on ne se lasse jamais, peu importe l’heure du jour. (disque Harmonia Mundi)
  • La Messe en si mineur du même J.S Bach, dans la version de l’Akademie für Alte Musik de Berlin dirigée par René Jacobs, sur étiquette (Disque Berlin Classics). On peut être un foutu athée dans mon genre et être transportée par tant de grandeur. Rien à voir avec la religion.
  • A Love Supreme du compositeur et saxophoniste John Coltrane, qui est au jazz ce que la messe en si est au baroque, un monument. (Disque Impulse)
  • Sweet Old World d’Emmylou Harris pour du country folk de première grandeur grâce à la voix envoûtante de la dame et aux arrangements sophistiqués de Daniel Lanois (l’arrangeur de U2!)
  • Songs of Leonard Cohen et Live at Massey Hall 1971 de Neil Young (un concert en solo!)me semble être les deux plus grands disques de la chanson canadienne.
  • J’apporterais encore Tu m’aimes-tu? de Richard Desjardins. Une poésie aussi forte ne peut que transcender les décennies comme le fait pour Jaune de Jean-Pierrre Ferland depuis plus de 30 ans.
  • Enfin, hors catégorie, l’œuvre pour piano de Ludwig van Beethoven (avec le Russe Emil Gilels de préférence, Deutsche Grammophon) et toute celle, ou presque, des Beatles (Apple).

Bonne semaine!


Gilles Chaumel
Chronique du lundi 29 septembre 2008

lundi 8 septembre 2008

Du Guatemala à la toundra

«Mon oncle me disait: "Si une femme t'aimait, et si tu avais la présence d'esprit de mesurer l'étendue de ce privilège, aucune divinité ne t'arriverait à la cheville." »
-Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, éd. Julliard.

Un premier lundi de septembre magnifique, presque sans nuages. Un vent léger souffle juste assez fort pour nous faire sourire de bien-être, ma Loulou et moi. La météo prévoit un maximum de 23 degrés Celsius et à 9 h30, il est presque déjà atteint. Nous nous sommes levés à la première heure pour partir tôt et nous voilà au pied du Saguenay, à Anse-Saint-Jean, à nous apprêter à gravir la montagne Blanche, un des hauts sommets du Parc du Saguenay.

Il y a longtemps que ma douce rêve de cette ascension au sommet de laquelle on se retrouve dans… la toundra! En effet, le dessus de la montagne est constitué entièrement de pierres granitiques entre lesquelles poussent quelques arbrisseaux comme l’airelle rouge, la camarine noire et le bleuet. Après à peine deux heures d’ascension, nous nous sommes retrouvés au cœur de ce paysage si cher à ma douce, elle qui a habité longtemps le pays des Inuit. Outre l’ivresse de la montée le long d’un ruisseau se transformant en cascade dans les pentes les plus abruptes, outre le vent qui faisait bruisser joyeusement les feuilles des arbres sous un ciel bleu tacheté de quelques nuages d’un blanc immaculé, c’est la diversité botanique qui avait de quoi étonner. Partis dans une forêt tempérée où dominaient les érables, nous somme arrivées dans la toundra après avoir traversé un paysage mixte de feuillus et de conifère et finalement de taïga.

D’en haut, la vue sur le Saguenay n’est rien moins que spectaculaire, la montagne Blanche constituant l’un des sommets les plus élevés du fjord. Après quelques minutes d’extase visuelle, ma douce est vite revenue à des réalités totalement terre à terre en constatant la quantité phénoménale de graines rouges (les airelles) présentes. Elle a rapidement sorti un sac de plastique en m’ordonnant (presque) de ramasser avec elle le fruit si rare sous nos latitudes et qui fait une excellente confiture, plutôt sucrée mais avec une légère amertume.

Puis il a fallu redescendre. Au total, cette rando de 13 kilomètres aura duré à peine cinq heures, en comptant l’heure du dîner et de la cueillette. Elle est en grande forme, ma blonde!

Que ce soit en randonnée sur la montagne ou sur la mer, en kayak, au travail et au quotidien où, sans cesse, nous pensons à l’avenir de nos enfants, Loulou et moi sommes devenus des inséparables de l’amour et de la tendresse. C’est pourquoi, après 15 ans de vie commune, nous avons décidé de nous marier. Ça se fera chez nous, le 27 décembre prochain, en compagnie de nos enfants, de nos familles proches et de quelques amis.

La fugue de Dieu
Ben non, il ne s’agit pas ici d’une fugue du grand Jean-Sébastien Bach dédié à son père éternel. Le Dieu en question, c’est mon petit-fils Gédéon qui, à deux ans et demi, a décidé de partir seul en vélo pour une petite promenade. Résultat : il s’est ramassé dans une auto de police… au grand désarroi de ses parents! Voici l’incroyable histoire…

Par un beau matin, Gédéon s’amuse avec ses autos dans le salon pendant que sa mère, Rosemarie, allaite le petit dernier, Florent, dans la chambre. Christian, le père, est dehors, derrière la maison, à rafistoler la clôture. Connaissant l’esprit d’indépendance de leur fils aîné, les parents avaient eu la bonne idée de barrer la porte avant de la maison. Malheureusement, ce qu’ils ne savaient pas, c’est que Dieu a aussi appris à débarrer cette fichue porte.

Donc maman allaite tout en tendant l’oreille au bruit que fait Ged dans l’autre pièce. Tout d’un coup, elle prend conscience… du silence. Elle se rhabille vite fait et court vers le salon, son bébé dans les bras. Horreur, la porte est ouverte et Gédéon et son vélo ont disparu. Au même moment, Christian entre dans la maison. Rosemarie lui crie de Gédéon est sorti et le père part à toute vitesse derrière lui. Paniquée (on le serait à moins !) Rosemarie ne fait ni un ni deux et compose le 911 pour signaler la disparition de son fils.

Pendant ce temps, le petit, qui s’est rendu jusqu’au coin de la rue avec son vélo, est intercepté par une patrouille de police. Le voyant totalement seul, vêtu d’un gilet mais en couche, les deux policiers tentent de savoir d’où il vient. Mais Dieu demeure silencieux. La consigne en pareille circonstance, on amène l’enfant au bureau de la DPJ le plus proche…

Sans le savoir, Christian arrive sur les lieux quelques instants quelques secondes après le départ des policiers. Pendant ce temps, la standardiste du 911 rappelle Rosemarie pour lui dire que son fils est sain et sauf et qu’il se trouve à la DPJ. Tout n’aura été, au fond, qu’une question de minute, voire de secondes. Ouf direz-vous…

Ben non, pas si ouf que ça. Deux semaines avant cet événement affolant, Gédéon revenait d’un séjour chez nous avec sa mère et sa grand-mère, ma Loulou. En sortant de l’auto, il demande à sa mère les clés de la porte qu’il veut ouvrir lui-même. Armée de bagages, la mère passe outre et insère la clé dans la serrure. Colère de Gédéon qui se jette à terre et se frappe violemment la joue sur le marchepied. Le temps de le dire, une strie bleue-mauve lui barre le visage, strie dont on perçoit toujours la trace en ce matin fatidique de fugue. Alors, vous me voyez venir, les responsables de la DPJ n’allaient pas délivrer le petit sans d’abord poser quelques questions aux parents. Misère!

Bon, résumons en disant que tout s’est bien terminé et rapidement. Mais Christian et Rosemarie en sont encore secoués, eux qui, pourtant, comptent parmi les parents les plus dévoués et attentifs que j’ai connu en 56 ans de vie.

Et vous savez quoi? Depuis ces événements, chaque fois qu’il voit une patrouille, Gédéon dit : « encore aller dans l’auto de police! » P’tit criss!

Musique
Vous connaissez le slam, ce genre poétique vaguement dérivé du hip-hop et dont le représentant le plus connu est Grand corps malade? Eh oui, même avec un nom aussi idiot, le bonhomme offre une proposition poético musicale des plus passionnantes. Mais ce n’est pas de lui dont je veux vous causer, mais de Souleymane Diamanka, un Afro-européen originaire du peuple Peul (Sénégal notamment), dont la belle voix grave et drôlement séduite distille une poésie parlée d’une rare finesse sur un fond musical tout en langueur jazzé. Souleymane Diamanka a remporté le Prix Miroir de la chanson francophone lors de l’édition 2008 du Festival d’été de Québec pour un concert qui a unanimement séduit le jury. Le grand Noir a enregistré un disque magnifique que j’ai toujours à l’oreille dès que j’ai une seconde à consacrer à la musique. Ça s’appelle L’hiver peul et il y est question d’amour, de négritude, d’écritures, de souffrance et d’espoir. Écoutez les très sensuelles Muse amoureuse et Marchand de cendres, Le chagrin des anges qui cause sur l’abandon des enfants qui deviennent violents (Après avoir gagné les parties d’échecs-scolaires/chacun tourne le dos à son avenir) ou le duo formidable d’invention avec Grand corps malade justement (...et j’écris sur la haine pour trouver son vaccin).

P. S. Ah oui, pourquoi ce titre Du Guatemala à la toundra? C’est simple. Arrivé au sommet, nous avons sorti le lunch dans lequel il y avait une banane avec sa petite étiquette collante. Il y était inscrit : Produit du Guatemala.

Gilles Chaumel
Le lundi 08 septembre 2008

lundi 21 juillet 2008

Le bonheur de Dieu


J’ai un ami qui n’aime pas vraiment mon écrivain préféré, Jacques Poulin. Je voulais lui prêter La tournée d’automne, en prévision de nos vacances communes sur la Côte-Nord, mais il a décliné l’offre, à ma grande surprise. Faut dire que cet ami, généreux comme pas un, est aussi une bombe d’énergie, un personnage d’une sociabilité hors du commun, extravertie. Comment pourrait-il alors apprécier l’écriture économe et précise de Poulin, son univers d’une timidité maladive, ses personnages tout en confidence, qui doutent sans cesse et qui sont perpétuellement en quête d’amour. De plus, l’univers de l’écrivain est totalement marqué de sa passion immodérée des chats. Mon ami n’aime pas les chats.

Or, il y a tout cela dans La tournée d’automne. Un personnage principal timoré, bien décidé à ne pas vieillir et qui veut prendre les moyens pour… Une Marie qui deviendra, le temps d’un périple sur la Côte-Nord, son amour, et des chats à toutes les deux pages. À mon avis, il s’agit-là plus d’une fable que d’un roman, une fable d’amour vrai. Lisez- plutôt :

« Elle souriait au lieu de répondre, alors il passa un bras sous sa tête et l’autre autour de sa taille, et il la serra doucement contre lui en lui caressant le dos sous son tee-shirt. Ensuite, il se mit à lui embrasser le visage à petits coups, comme lorsqu’on goûte à quelque chose; il s’attarda plus longuement autour des pommettes. Elle se laissait faire, avec un air timide mais aussi avec un évident bien-être : cela se voyait à la lumière qui filtrait de ses yeux mi-clos. (…) Soudain, ils entendirent, tout près, les miaulements d’un chat. »

Et entre ces échanges amoureux (qui n’aboutissent jamais), il y a le paysage de la Côte-Nord, magnifiquement décrit, c'est-à-dire avec grandeur et pudeur à la fois.


Dieu est heureux
Toute cette introduction pour dire que nous avons passé la fin de semaine sur la Côte-Nord, aux Grandes-Bergeronnes, en compagnie de Dieu, Gédéon, notre petit-fils dont c’était le baptême du camping. « Faire du Pang-king, » comme il dit si bien.

Chanceux, nous avons pu profiter de la plus belle fin de semaine de l’année sur ce territoire. Nous sommes arrivés le vendredi, en fin d’après-midi, au camping municipal Bon-Désir. Là, nous nous sommes installés sur un site donnant directement sur la mer et les îlets d’en face, bourrés d’oiseaux de mer, goélands, eiders, cormorans.

Après un souper rapide et une histoire de bateaux, de brume, de corne-de-brume et de mer que Loulou et moi avons inventée, le petit s’est endormi, à deux ans et demi, pour sa première nuit sous la tente. Il a filé un 12 heures en ligne, le piaillement incessant des oiseaux et le corne des navires n’arrivant pas à le réveiller. Nous, ce fut autre chose. Dans son sommeil, cet enfant est une vraie girouette. Toute la nuit durant, il a parcouru les quatre coins de la grande tente que nous avions empruntée, nous obligeant à tout bout de champ, à le rapatrier entre nous. Même qu’à un moment donné, il s’est littéralement rué sur mon oreiller et la tête de mon sac, ne me laissant plus de place pour dormir. Ma blonde riait aux larmes pendant que je chuchotais un « calice de tabarnac! » bien senti.

Heureusement, le samedi matin, il faisait un temps de paradis avec, dans un ciel vierge, un soleil éclatant inondant une mer étale. Au programme de la journée : une visite sur les crans de roche pour admirer la mer, une autre au lac Gobeil pour se baigner et une sortie aux baleines pour Gédéon et Loulou pendant qu’en kayak je sillonnerais le grand fleuve.

On a tout fait! Même que c’était peut-être un peu trop en une seule journée. S’il a été ravi par cette mer infinie, Gédéon a été conquis par le lac et la plage que fréquentent uniquement les gens des environs. S’il n’avait eu promesse d’aller sur le bateau voir les baleines, nous y serions encore. D’ailleurs la photo ci-dessous dit tout sur le bonheur de Dieu à la plage…

Vers 15 heures, ma douce et Gédéon sont venus me conduire chez Mer et Monde Écotours pour que je puisse mettre mon kayak à l’eau. Pendant que je sillonnais cette mer étale entre le quai des pilotes des Escoumins et le camping Bon-désir où j’ai mis pied à terre, ma douce voguait avec Gédéon sur le Famille Dufour II, un beau bateau moderne conçu pour la visite des baleines. Les chanceux ont pu observer la baleine à bosse dans toute sa splendeur et sa façon spectaculaire de plonger en levant haut la queue. Ils ont vu aussi quelques grands rorquals communs et des petits rorquals qui pèsent tout de même quelques tonnes. Bref, une belle sortie et un Gédéon toujours aussi heureux de ce qui lui arrivait.

Côté mammifère marin, ce fut plus tranquille dans la zone où je me trouvais. Cependant, en m’aventurant loin au large du Cap-Bon-Désir, je suis tombé en plein cœur d’un troupeau de bélugas (et de bélufilles!) des plus sympathiques. Même que certains individus plus curieux se sont amusés à tourner autour de moi quelques minutes. Émerveillé, je suis resté immobile dès que je les ai aperçus et jusqu’à ce qu’ils s’éloignent.

Cette visite fut d’autant plus étonnante que ça faisait quand même trois heures que j’étais sur l’eau sans avoir rien vu. Quelques minutes auparavant j’avais même répondu à un couple d’Anglos en kayak qui s’informaient de mes observations : « No wind, no whales, just sun and... great fun. » Ils ont ri et je suis reparti, préférant de loin la solitude au cœur de la mer que l’obligation de prolonger une discussion dans la langue de Shakespeare.

Puis, je suis retourné au camping, écouter les oiseaux de l’île d’en face, lire La tournée d’automne et attendre Loulou et le petit-fils. Voici le paysage qui s’est offert à moi en cette fin de journée où la brume a, tout à coup, envahi les environs…
Nous sommes revenus le dimanche après une autre nuit agitée à courir après Gédéon qui a continué, dans son sommeil, à naviguer dans la tente. Nous l’avons ramené chez nous où ses parents sont venus le chercher.

Au moment du départ, nous lui avons demandé s’il avait aimé le camping et il s’est dirigé droit sur notre auto, au lieu de celle de ses parents, et il a dit : « Ui. Encore aller en Pang-King! » Ouf!

Musique
Encore de la folk song, celle d’Émilie Clepper, cette fois. Émilie qui est Québécoise par sa mère et Texane par son père, écrit des chansons en anglais (sauf Strangers to Misery qui est bilingue), s’accompagne fort bien à la guitare, chante avec style d’une voix au vibrato serré et chaleureux des chansons aux mélodies enchanteresses.

En décembre dernier, Émilie Clepper sortait son premier album, prémonitoirement intitulé Things may come, et depuis le début de l’année, multiplie les concerts. Elle a fait, entre autres, la première partie de la jazzwoman Émilie-Claire Barlow à l’Espace 400e et celle de nulle autre que Feist au Festival d’été de Québec. Conquis, le journaliste David Desjardins, a dressé un joli portrait d’elle dans Le Soleil du 14 juin dernier, portrait intitulé Émilie Clepper : ce petit supplément d’âme. La preuve de la grande qualité de la dame : elle est aussi une grande amie de mon fils Nicolas. C’est tout dire!

Bonne semaine!


Gilles Chaumel

Le lundi 21 juillet 2008

vendredi 4 juillet 2008

Litanie de la Côte-Nord…

...ou petit récit de vacances maritimes en compagnie de deux couples d’amis parmi les plus charmants qui soient : Johanne et Denis, Hélène et Michel.



Nous sommes partis, ma Loulou et moi, le vendredi matin en passant par la réserve des Laurentides, puis en longeant le Saguenay du côté est et en prenant la route 138 jusqu’à Godbout, 70 kilomètres passés Baie-Comeau.

Des averses à n’en plus finir sur la 175 laissaient présager le pire. Comme baptême des vacances on ne pouvait imaginer mieux.

Le même jour, du soleil à n’en plus finir à Godbout, sur le bord de la mer. Ça a duré une semaine, jusqu'à samedi suivant. Une vraie litanie : soleil de l’aube au coucher, un ciel bleu à peine parfois nimbé d’une légère brume et pas de vent. Pas de vent; sur la Côte-Nord! Même les Godboutois n’y ont pas cru.

Même les prévisions météorologiques n’y ont pas cru. Sur notre radio maritime, on annonçait, jour après jour, un ciel nuageux avec 60 % de probabilité d’averses et possibilité d’un orage en fin de journée. Sans blague, on a cru « qu’ils » avaient installé une cassette dans notre radio. Ça, c’était la météo pour le reste du Québec, pas pour Godbout.

Le rituel de la mer

Alors le rituel s’est installé, pour ma douce et moi à tout le moins, et parfois en compagnie de l’ami Denis, on se levait un peu avant six heures le matin pour partir en kayak. C’était simple, on s’habillait convenablement (veste de sécurité, vêtement de néoprène), on traversait la rue et on allait cueillir nos embarcations sur la plage. De là, on partait vers le large, à deux ou trois kilomètres du rivage et on attendait les petits rorquals (8 mètres et 8 tonnes quand même et puis non, on ne dit pas petits rorquaux), les marsouins et les phoques qui ne manquaient pas de faire leur apparition tout autour de nous.

Après de déjeuner, on repartait, soit sur la belle rivière Godbout (une rivière à saumon), soit vers l’est sur le fleuve soit vers l’ouest.

À deux, à quatre ou à six, nous avons pagayé, pagayé à travers ce paysage paradisiaque avec sa côte granitique surmontée de fines épinettes, au milieu des eiders à duvet, des sternes, des goélands, des petits pingouins et des mergules nains (les plus petits des pingouins). Et toujours ce soleil, et toujours cette mer étale… La Côte-Nord, c’est mon pays favori, le plus sauvage, le plus près d’une nature inaltérée. Naviguer sur le grand fleuve à cette hauteur relève de l’extase la plus pure.

C’est dans cet esprit qu’une belle journée je suis parti avec Loulou, Michel et Denis en direction de Pointe-des-Monts, quelque 16 kilomètres à l’est de Godbout. On dirait que cette masse d’eau m’hypnotise, qu’il me faut toujours aller devant, toujours plus loin, toujours plus au large. Michel, d’ailleurs éprouve la même fascination. Bien sûr, ça m’a vite fait oublier la consigne de rester en groupe que nous nous étions donnée. Ma douce n’était pas contente, ça avait obligé tout le monde à forcer le rythme. Résultat, nous étions rendus en moins de trois heures alors que nous avions prévu prendre tranquillement la journée.

Une anecdote à propos de cette sortie et de la sorcellerie météorologique qui peut y régner. Le matin, très tôt, nous sommes allés porter une auto au lieu d’arrivée, question d’assurer la navette. À quelques centaines de mètres avant le phare historique de Pointe-des-Monts, nous avons repéré une baie qui nous permettait d’accoster en douceur. Parfait. Mais on a continué jusqu’au phare afin de s’enquérir du menu que le resto de l’endroit offrait pour le souper. À peine arrivé, la brume s’est abattue sur nous, une brume épaisse qui nous empêchait de voir le phare situé à 50 mètres de nous à peine. Catastrophe, c’en était fini de notre sortie, impossible de naviguer dans une telle purée de pois, même avec une boussole. La brume, sur la Côte-Nord, ça dure parfois des semaines!

Découragés, nous avons rebroussé chemin. De retour à notre baie, plus aucune trace de brume! Un grand soleil, une visibilité parfaite, à moins d’un kilomètre du phare. Ahurissant!

Le rituel de fin d’après-midi
En fin d’après-midi, commence un autre rituel, celui de la préparation du souper au moyen d’apéros successifs. On se réunissait d’abord sur la plage avec un verre de vin ou une bière dans une main et un livre dans l’autre et on fainéantait un peu pendant que Denis partait à vélo sur les pentes de la route 138 pour une course variant entre 20 et 30 kilomètres.

À son retour, on rentrait à la cuisine pour préparer le repas à l’aide d’un nouvel apéritif. Lors de la réunion pré-expédition, j’avais demandé à Johanne de nous préparer sa lasagne, ce à quoi elle a agréé avec beaucoup de bienveillance. Elle est unique sa lasagne parce qu’elle n’utilise jamais tout à fait les mêmes ingrédients, Jo, même si certains s’y retrouvent à coup sûr. Voyez ce que ça a donné cette fois-ci : des aubergines, des épinards, des poires, des champignons (de gros portabellas), de la sauce tomate aux anchois, de la sauce Béchamel, des pâtes et du fromage évidemment. Je ne vous dirai pas combien de bouteilles de vin on a bu pour arroser dignement ce mets digne des dieux.

Et ça s’est répété comme ça tous les soirs, l’osso bucco de Michel et d’Hélène qui, pêcheurs impénitents, nous ont aussi, quelques jours plus tard, servi un succulent repas de maquereau pêchés au bout du quai local. Il y a eu aussi les pâtes aux crevettes, parmesan et citron de Loulou et sa pizza aux piments forts, rien qui ne pouvait être rehaussé par l’absorption d’un nombre indéterminé de bouteilles de vin.

La soirée s’est terminée sur la plage à quelques reprises, autour d’un feu de bois de grève, Jo et Loulou en profitant pour oser se baigner dans la mer froide. En fait, côté baignade, c’est la rivière qui a eu le plus de succès dans le groupe, toute la semaine durant.

La grande mer
Et puis il y a eu les émotions de la dernière journée de kayak, en direct de Pointe-des-Monts. Nous avions décidé d’y aller tous les six car le paysage environnant, tant minéral que floral et animal, est fascinant et que la baie Saint-Augustin offrait un havre confortable pour le dîner. Cependant, contrairement à Godbout, les vents sont plus présents à la Pointe puisque c’est là que débute vraiment l’estuaire du Saint-Laurent.

Ce mercredi, le vent venait du sud-est, c’est-à-dire qu’il traversait le fleuve sur toute sa largeur, sans obstacles, avant d’arriver sur la côte. C’est ce qu’on appelle le fetch. Plus il vient de loin plus la vague est grande. Ce matin-là, le vent avait beau n’être qu’à 15 nœuds, les vagues qu’il provoquait plus au large étaient impressionnantes, jusqu’à un mètre cinquante par moment. De grandes vagues sur lesquelles montaient et descendait nos bateaux.

Là je me suis inquiété un peu pour les éléments les moins expérimentés de notre groupe. Chavirer dans une mer ainsi agitée ne rendrait pas la récupération facile, d’autant plus que les notions de récup n’étaient au même niveau chez tout le monde. Pour vous dire vrai, je ne me suis pas éloigné de qui que ce soit lors de cette sortie.

Bilan d’amitié
Pourtant, tout le monde a été emballé, voire enivré par cette sortie, ayant l’impression, et c’était la réalité, de vivre une aventure hors de l’ordinaire.

Finalement, c’est ce sentiment d’avoir vécu une belle aventure commune que chacun et chacune de nous a retenu de ce voyage un peu magique. Une sollicitude continuellement partagée et le plaisir constant de faire plaisir à l’autre ont guidé toutes nos actions, provoquant sans cesses rires et sourires… S’il n’y avait pas eu cet énervé toujours prêt à partir au large tout seul sans s’occuper des autres, c’aurait été absolument parfait.

Musique
Vous vous doutez bien qu’on a écouté de la musique durant cette semaine, surtout que l’ami Denis est aussi patron d’une boutique de disques, Sillons le disquaire, pour ne pas le nommer, ayant pignon sur la rue Cartier. Alors?
Alors il y a un disque qui m’a bien impressionné réalisé par un musicien qui ne m’impressionne pas du tout, Wynton Marsalis et un autre que j’aime bien, le vieux Willie Nelson. Hein? Un trompettiste de jazz avec un chanteur country? Ben oui, surtout que les deux viennent du coin (la Louisiane pour le premier, le Texas pour le second) et que le sujet est en le blues, un genre qui rejoint les deux comparses. Le titre : Two Men with the Blues. On y entend Basin Street Blues, Georgia on my Mind, le Caledonia de Muddy Waters, et d’autres titres dans la même veine. Ça ne réinvente rien et ça n’invente rien non plus, ces mecs ne sont pas des inventeurs de quoi que ce soit.

Cependant, l’idée de joindre la guitare et l’harmonica country au piano, au saxo et à la trompette donne un résultat fantastique. Le vieux Willie s’en tire à merveille et l’intro de Marsalis sur Night Life donne des frissons. Un disque qu’on écoutera tout l’été jusqu’à Noël tout au moins.

Gilles Chaumel
Le lundi 4 juillet 2008

lundi 23 juin 2008

La grand-mère

Ma Loulou se promenait au Domaine du Maizerets, hier, avec son petit-fils Gédéon. Elle l’a amené dans les nouveaux jeux installés à l’intention des touts petits et qui sont vraiment géniaux d’après elle. Ils ont joué plus d’une heure, s’arrêtant de-ci delà pour prendre une gorgée de jus, pour observer des oiseaux ou juste pour rire. Depuis la naissance de son petit frère, Gédéon apprécie encore plus être seul avec nous, avec Loulou plus particulièrement. Ils ont beaucoup ri ensemble…

Au moment du retour, trois petits monstres à vélo, entre 10 et 12 ans, sont brusquement arrivés sur eux au détour d’un bâtiment. « Attention, a crié l’un d’eux, il y a une grand-mère! » Et ils sont disparus au prochain tournant. « Une grand-mère?!? », s’est interrogée ma douce, interloquée. Ben oui, chérie, t’as quatre petits-fils et un cinquième en route.

« En fait, m’a-t-elle raconté. J’ai été un peu secouée de cette rencontre impromptue. D’une part, j’ai trouvée sympathique que ce p’tit gars à l’air un peu baveux veuille faire attention à nous. Je me suis dit qu’il devait sans doute aimer sa grand-mère. Mais qu’il m’ait tout de suite vu comme une grand-mère, ça, ça m’a donné un choc. Un peu plus et je l’envoyais chier! »

À mon avis, ce n’est pas le dernier choc mon amour!

Un rêve
Je ne sais pas si c’est cette histoire qui a provoqué mon rêve, mais toujours est-il que cette nuit j’étais au bord de notre rivière à regarder l’eau claire couler doucement entre les roches. Plus loin, assis à la table de piquenique, il y avait la petite Amandine, deux ans environ, assise sur les genoux de son père… mon fils Jean-Philippe.

Et là, à un moment donné, une belle grosse truite mouchetée s’approche doucement du bord. J’appelle Amandine : « chérie, viens voir la belle truite, juste ici, dans l’eau! »

Excitée et riante, la petite glisse allègrement des genoux de son père et court vers moi. « Doucement Amandine, il ne faut pas la faire fuir… » lui chuchotai-je.

Elle ralentit le pas et viens me trouver sur la pointe des pieds toujours avec son sourire heureux. Tout à coup, une bête arrive à toute vitesse, bouscule presque ma petite-fille et plonge dans la rivière. C’est le chat Vivaldi qui se bat littéralement avec le pauvre poisson qui tente désespérément de s’enfuir. Mais le félin tient bon. Le matou trempé sort de l’eau tenant solidement la truite gigotante.

Effarée, la petite dit : « pas gentil ‘Valdi! ». Moi, plutôt fier de mon félin, je réponds le plus laconiquement possible : « Tu sais Amandine, les chats sont des chasseurs. Il ne fait que son travail de chat et en plus les chats raffolent du poisson. Viens, on va le laisser manger, parce que comme tous les animaux, il n’aime pas être dérangé durant son repas. » Et je la serre dans mes bras pour la rassurer. Mais elle n’a pas besoin de cela, Amandine. À deux ans, elle connaît la vie et elle aime trop Vivaldi pour lui en vouloir.

Les parents eux sont plus dubitatifs. Jean-Philippe me regarde avec un drôle d’air, se demandant peut-être jusqu’à quel point je suis sain d’esprit. La loi du plus fort, ce n’est pas son genre, ni à lui ni à son frère. Sont trop humanistes, mes fils. Yeah. M’enfin.

Pendant ce temps, la belle Marie-Pierre se contente de recevoir sa fille qui, tout doucement, vient lui flatter la bedaine. Eh oui, Marie-Pierre attend une autre fille.

C’est à ce moment que ce cadran sonne…

Cauchemar?
C’est quand même plus bucolique que le rêve de ma grande amie Claire avec qui j’étais, m’a-t-elle raconté, à travailler sur une scène à montrer les agrès d’un spectacle. C’est là qu’elle a assisté à ma mort en direct, en quelque sorte, alors que la foudre est tombée.

En fait, m’a-t-elle raconté, elle avait le dos tourné lorsque l’éclair a frappé avec fracas. En se retournant, elle a vu un attroupement au centre duquel je me trouvais, agonisant. Je la regardais, semble-t-il, avec un regard paniqué et juste au moment où elle me touchait, j’expirais. Catastrophée, elle dit s’être tout de suite demandé comment elle allait annoncer la nouvelle à ma Loulou.

Scène suivante, Claire et son chum Christian se retrouvent dans une gare de train attendant Louise à qui ils apprennent la nouvelle de mon décès. Alors là c’aurait été la grande scène, Loulou hurlant et se jetant pas terre de douleur…

C’est à ce moment que le cadran a sauvé tout le monde de l’embarras. Y en n’aura pas de facile.

Musique
Johann Jakob Froberger, le Chopin du XVIIe, un musicien intimiste, savant, un humaniste qui refusait que qui que ce soit joue ses œuvres de peur qu’ils ne les dénaturent. Pas un prétentieux, un doux. Son instrument, c’était le clavecin à qui il confiait des œuvres étonnantes pour l’époque comme pour aujourd’hui.  Plainte faite à Londres pour passer la Melancholie, Lamentation sur ce que j’ai été volé, Fantasia Sopra Sollare, Tombeau fait à Paris sur la mort de Monsieur Blancrocher.

J’ai plusieurs disques de ce compositeur dont la musique m’émeut beaucoup. Mon préféré est celui de la claveciniste Blandine Verlet et il s’intitule Froberger ou l’intranquillité. Sur cet album grave, les danses lentes et graves se suivent avec noblesse et tendresse à la fois et qui culmine avec cette « Fantasia » riche et complexe.

L’enregistrement a eu lieu au Musée d’Unterlinden, à Colmar dans l’ouest de la France. Les fenêtres étaient ouvertes et, pendant que la musicienne jouait, on entendait sans cesse le chant des oiseaux que les micros ont captés et qui ajoute à la magie de la musique. (Disque Naïve).

Parce qu’il entreprend une tournée mondiale au Festival international de jazz de Montréal, je me suis mis à réécouter les disques de Leonard Cohen, le grand poète et musicien montréalais. À lui seul The Songs of Leonard Cohen  vaut son pesant d’or et compte parmi les plus grands disques de la chanson nord américaine : Suzanne, So Long Marianne, Sisters of Mercy sont autant de chefs-d’œuvre inoubliables.

...et lecture
Ah oui, j’allais oublier beau recueil de poésie du sieur Cohen qui vient de sortir aux éditions de l’Hexagone et qui porte un titre magnifique : Le Livre du constant désir. Le bouquin a été traduit avec grand art par le poète et metteur en scène Michel Garneau.

Le constant désir comme dans ce poème dédié à une Sandy qui a vécu de 1945 à 1998 et qui s’intitule À mille baisers de profondeur dont voici un extrait :

Je t’aimais quand tu t’ouvrais
Comme un lys sous la chaleur
Je suis juste un autre bonhomme
De neige dans la fondante et la pluie
Qui t’aimée de tout son amour gelé
Tout son corps de seconde main
Tout ce qu’il a été
À mille baisers de profondeur


En conclusion
Trois photos à vous proposer. Les deux première ont été prises le vendredi 13… juin, dans les îles de Kamouraska, en kayak de mer. Nous y retournerons pour y célébrer le solstice d’été…





La seconde, chez nous à Saint-Adolphe, le matin du 18 juin après les fortes pluies de la nuit. Notre ruisseau transformé en torrent...


Bonne semaine!

Gilles Chaumel
Le lundi 23 juin 2008.

lundi 2 juin 2008

L’aigle



L'aigle royal.
Photo : Yvon Troupin

Si vous êtes auditeurs de Première heure, l’émission matinale de la première chaîne de Radio-Canada à Québec, vous avez sans doute entendu parler de ce concours d’ornithologie où l’on doit raconter une observation qui nous a particulièrement marquée. Voici la mienne, en guise de chronique du lundi.

Alors voilà. Il y a quelques années déjà (mais c'est comme si c'était hier tellement la séquence est restée marquée dans ma mémoire), ma Loulou et moi avions planifié un séjour à l'Île-Verte, dans le Bas-Saint-Laurent. C’était en mai. Ce vendredi matin-là attendait que nous soyons arrivés au village de l’Île-Verte pour secouer sa gangue de nuages.

Après quelques achats (on n’allait quand même pas partir sur l’Île sans homards ni vin quand même...), nous voici au quai, qui est aussi un lieu d’observation de choix pour les ornithologues assidus que nous étions alors. Nous sortons donc nos jumelles et installons notre lunette d’approche sur la batture, à la recherche de canards et autres oiseaux marins plus rares que les goélands et les eiders à duvet.

Déjà, pas très loin un grand héron, nous faisait rigoler à tenter d’avaler un poisson de bonne taille... sur la largeur. Il fallait voir le gosier distendu du pauvre animal, comme si on lui avait entré un bâton de travers dans la gorge. Nous étions certains qu'il s'étoufferait. Mais ces bêtes là, c'est fait fort et, au bout d'un quinzaine de minutes, la proie était avalée.

Il n'était pas seul le grand héron sur les berges, plusieurs de ses congénères pêchaient et volaient dans les alentours. Comme celui-ci qui arrivait droit sur nous, à très basse altitude. Vers nous? Mais c'est farouche ces oiseaux là. Ça ne vole pas vers les gens! Plus il approchait, plus il était évident qu'il ne s'agissait pas du tout d'un héron.

« Loulou, dis-je soudain, un peu énervé mais gardant l'œil rivé à la lunette. Loulou, ce n'est pas un héron qui s'en vient, c'est, c’est… un aigle!

L'immense oiseau volait à quelques mètres à peine du sol, d'un vol lent et majestueux, comme s'il était seul au monde et « fonçait » droit sur nous! Il était tout à coup si proche que la lunette devenait inutile, et même les jumelles, soudain, ne servaient à rien. Il arrivait! Il est passé juste au-dessus de nos têtes, si près que nous avons entendu distinctement le shwoosh puissant de ses ailes qui battaient régulièrement l'air. Une bête immense, sombre, magnifique, divine. Un aigle royal dont nous avons pu admirer, en détail et à l'œil nu, le moirage du plumage qui fait croire qu'au noir de ses plumes brille l'or de ses taches.

Et il a poursuivi sa route, glissant doucement dans le ciel, nous laissant totalement médusés. Une apparition que nous évoquons encore aujourd'hui avec émotion.

Le chant des oiseaux

Pendant des années, le grand violoncelliste catalan Pau Casals, jouait en rappel lors de ses récitals, une adaptation d’une musique traditionnelle de chez lui intitulée Le chant des oiseaux (el cant dels ocells). Cette œuvre empreinte de douceur et de tristesse, Casals l’interprétait en signe de dénonciation du fascisme qui a longtemps gangrené son pays, l’Espagne. Il la jouait comme une invitation à se souvenir des affres des dictatures fascistes, de toutes les dictatures. On peut l’entendre sur cette page Web dans l’intimité de sa maison où en musique de fond à l’occasion d’un émouvant discours qu’il a prononcé à l’ONU en 1994.

Le combat ordinaire

Houlà, y en n’aura pas de facile pour d’aucuns. Comme mon fils cadet qui vient de casser ménage avec sa blonde et qui est tout chagrin. Sa mère, ses amis et moi, on le ramasse à tour de rôle lorsqu’à tout moment, un coup de déprime le frappe. À 26 ans, comme à n’importe quel âge d’ailleurs, rien n’est perdu sauf un amour et des rêves de bonheur et de vie commune qui s’estompent douloureusement, temporairement. Heureusement, tout n’est pas noir. Ses notes académiques volent très haut dans le ciel universitaire, il a un bon travail de guide au musée des Ursulines, un travail qui convient parfaitement à l’historien qu’il est en voie de devenir.

Bref, c’est le mythe de Sisyphe qui se perpétue. Roule ta pierre mon homme ou cent fois sur le métier, remets ton ouvrage bonhomme. Et ce n’est pas parce que c’est lancé sous forme de boutade que c’est plus drôle pour autant.

Bon, ce chapitre s’intitule Le combat ordinaire, non seulement à cause des histoires de vie de mon fils qui pourraient aussi être celles de bien d’autres et parfois des plus tristes encore, mais à cause d’une bande dessinée qui porte ce titre. Peut-être même que je vous en ai déjà causé. Cette semaine est paru le quatrième et dernier tome de ce roman (ça fait plus sérieux pour certains) illustré, une œuvre émouvante, poignante même, à bien des égards. Il s’agit de la vie un peu tourmentée d’un photographe et ce ceux qui l’entourent. C’est ce que j’ai lu de mieux dans le genre depuis, depuis… mon premier Astérix à l’âge de 7 ans. Voilà. Et si vous êtes gentils je peux vous prêter la série à condition que vous en complétiez la lecture en une semaine. Je ne saurais m’en séparer plus longtemps.

Ti-vieux 101
Cette semaine, avec ma Loulou, j’ai suivi mon cours de ti-vieux 101 ou comment devenir un ti-vieux responsable et heureux à la retraite. Bien foutu ce cours. T’apprends tout ce qu’il faut pour ne pas laisser tes proches dans la merde par ton inconscience, que ce soit en matière testamentaire, financière et tutti quanti. T’apprends même qu’à ta retraite, si t’as des goûts diversifiés et des désirs multiples, tu ne vas pas t’ennuyer et tu vas même faire des jaloux parmi tes ex-collègues toujours travailleurs. Même qu’avec la pénurie d’emplois annoncée, tu pourras continuer à travailleur un ti peu si tu veux, mais quand tu le voudras et comme tu le voudras.

Le paradis quoi! Le paradis avant la fin de vos jours. Pour un athée comme moi, c’est parfait. N’empêche, ce que tu retiens au bout du compte, c’est que t’en as un bon bout de fait et qu’il te reste à te préparer à mourir. Fait chier.

Pour être dans le ton, même la chronique de Foglia de ce week-end s’y met. Ti-vieux, ‘stie!

Quand même, à la fin du cours, j’ai lu à la demande de la gentille organisatrice ce texte d’un dénommée Jacques Brel :

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir
et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.

Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
et d’oublier ce qu’il faut oublier.

Je vous souhaite des passions.

Je vous souhaite des silences.

Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil
et des rires d’enfants.

Je vous souhaite de résister à l’enlisement,
à l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque.

Je vous souhaite surtout d’être vous.

Amen.


Gilles Chaumel

Le lundi 2 juin 2008

P.S. Les geais bleus sont revenus en force après quasiment six mois de désertion. J’en compte une douzaine au moins dans les arbres entourant les mangeoires de la maison. Les roselins au chant magnifique sont aussi revenus, tout comme les chardonnerets jaune vif qui ont remplacé les sizerins flammés. Les colibris sont aussi au rendez-vous et les pics sont toujours là au grand plaisir de Gédéon pour ça semble être les oiseaux préférés.

P.P.S. Musique. Il s’appelle K (non, pas comme Kafka, il est Suisse mon K) et il chante. Il n’a pas 30 ans mais déjà, il a quelque chose à dire. Son album, L’amour dans la rue, est plein d’amour justement, et de tendresse aussi (Je suis bien, Zazi, L’amour dans la rue). Un disque comme un acte de foi en l’humanité mais non sans en dénoncer les abus (Les nantis, La cendre). Guitare sèche, piano, une rythmique parfois folle souvent douce, de la belle et bonne chanson qu’on réécoute à satiété.