On revient, Loulou et moi, de trois jours à l’Île-aux-Basques avec, encore une fois, cette impression d’avoir dû quitter de force le paradis. Trois jours de soleil, peu de moustiques, la sainte paix sonore animée par les chants d’oiseaux et le bruit du vent incessant dans les arbres, la marche duveteuse dans cette forêt multi centenaire, les retrouvailles avec l’étang qui est le vrai cœur de l’île, les acrobaties sur les crans de roches qui bordent ses rives, les eiders et leurs petits qui caquettent 24 heures sur vingt-quatre, et les grands hérons qui font d’incessants aller-retours entre l’île où ils nichent et la côte où ils vont se nourrir.
La première fois qu’on y avait séjourné, c’était au même temps du solstice d’été, mais il y a longtemps, avant la démocratisation de photo numérique, au temps de l’argentique. Bien que j’en aie gardé un souvenir presqu’intact, l’année de cette première fois demeure floue. 1998? Nous y retrouver comme il y a près d’un quart de siècle avait donc quelque chose de vraiment rassurant. Enfin, un endroit qui a gardé toute sa pureté. Mais est-ce vraiment le cas?
Disons qu’aujourd’hui, on a considérablement amélioré le confort, d’une manière tout de même éco-responsable. L’Île appartient à la Société Provancher qui en assure la protection contre toute forme de prédation, humaine plus particulièrement. C’est la même forêt ancienne que du temps où les pêcheurs Basques venaient y dépecer les baleines qu’ils capturaient et que les Malécites, Innus, Abénaquis ou Mik’mah y tenaient leurs quartiers d’été. C’est un lieu splendide qu’on admire de loin depuis la rive des Trois-Pistoles. Mais bon, il semble qu’on cède peu à peu à l’attrait du développement avec l’idée d’y attirer plus de gens; comme c’est le cas pour la Réserve naturelle du marais Léon-Provancher de Neuville. Je fais sans doute un lien qui n’a aucune base scientifique, mais dans les deux cas, il semble plus on développe, moins il y a de faune. Bien sûr, ce n'est pas la seule cause, le seul facteur. Et cela nous indique qu'il faut quand même, et toujours, rester vigilants!
Toujours est-il que l’Île procure toujours cette sérénité, répond toujours à ce vital besoin de nature qui nous anime, Loulou et moi. Et il faut compter sur le pilote et gardien de l'île-aux Basques, le militant écologiste Mikaël Rioux, pour qu’il en soit ainsi encore longtemps.