vendredi 24 juin 2022

Le paradis de l’Île-aux-Basques, bis

La fée de l'Île en 1998 (?)

On revient, Loulou et moi, de trois jours à l’Île-aux-Basques avec, encore une fois, cette impression d’avoir dû quitter de force le paradis. Trois jours de soleil, peu de moustiques, la sainte paix sonore animée par les chants d’oiseaux et le bruit du vent incessant dans les arbres, la marche duveteuse dans cette forêt multi centenaire, les retrouvailles avec l’étang qui est le vrai cœur de l’île, les acrobaties sur les crans de roches qui bordent ses rives, les eiders et leurs petits qui caquettent 24 heures sur vingt-quatre, et les grands hérons qui font d’incessants aller-retours entre l’île où ils nichent et la côte où ils vont se nourrir.

2022


1998
 

La première fois qu’on y avait séjourné, c’était au même temps du solstice d’été, mais il y a longtemps, avant la démocratisation de photo numérique, au temps de l’argentique. Bien que j’en aie gardé un souvenir presqu’intact, l’année de cette première fois demeure floue. 1998? Nous y retrouver comme il y a près d’un quart de siècle avait donc quelque chose de vraiment rassurant. Enfin, un endroit qui a gardé toute sa pureté. Mais est-ce vraiment le cas?

 

Disons qu’aujourd’hui, on a considérablement amélioré le confort, d’une manière tout de même éco-responsable. L’Île appartient à la Société Provancher qui en assure la protection contre toute forme de prédation, humaine plus particulièrement. C’est la même forêt ancienne que du temps où les pêcheurs Basques venaient y dépecer les baleines qu’ils capturaient et que les Malécites, Innus, Abénaquis ou Mik’mah y tenaient leurs quartiers d’été. C’est un lieu splendide qu’on admire de loin depuis la rive des Trois-Pistoles. Mais bon, il semble qu’on cède peu à peu à l’attrait du développement avec l’idée d’y attirer plus de gens; comme c’est le cas pour la Réserve naturelle du marais Léon-Provancher de Neuville. Je fais sans doute un lien qui n’a aucune base scientifique, mais dans les deux cas, il semble plus on développe, moins il y a de faune. Bien sûr, ce n'est pas la seule cause, le seul facteur. Et cela nous indique qu'il faut quand même, et toujours, rester vigilants!

 


L'étang, au coeur de l'île.


Toujours est-il que l’Île procure toujours cette sérénité, répond toujours à ce vital besoin de nature qui nous anime, Loulou et moi. Et il faut compter sur le pilote et gardien de l'île-aux Basques, le militant écologiste Mikaël Rioux, pour qu’il en soit ainsi encore longtemps. 


   

Notre logement, le chalet Rex-Meredith, 2022.

1998

Vers le quai du bout d'en haut...

Eider à duvet mâle.

L'île abrite des dizaines de grands hérons.

Fourneau basque du 16 siècle, quelques milliers d'années
 après les débuts de l'occupation amérindienne du territoire.

La longue pointe de sable du sud-ouest du bout d'en bas, lieu de rassemblement de goélands et des cormorans.
Durant notre séjour, aucun phoque en vue alors q'il y en avait toute une colonie en 1998.


Madame eider et son poussin...


Pour en savoir plus sur ce site remarquable: La monographie de L'Île-Aux-Basques























vendredi 17 juin 2022

L'amour et les oiseaux

 



Je suis tombé en amour deux fois dans ma vie; la première a donné deux fils admirables, la seconde dure encore et toujours presque 30 ans plus tard. C’est ma douce Loulou que j’ai convié à m’accompagner et que, depuis ce temps, je suis partout... elle qui aime tant prendre le large dans les grands espaces. Quand on a commencé à vivre ensemble dans Limoilou, il n’était pas question qu’on reste en ville les fins de semaines. D’où les oiseaux…

 

Comme dirait Benjamin Little dans Les Bienveillantes, « Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça s’est passé ». Louise vient de l’Abitibi, a vécu au Nunavik et au Nunavut, là où le regard n’a que l’infini pour limite. Pour elle, les ruelles de la ville sentaient le confinement et le bruit éternel.  Comme elle a l’imagination féconde et mille idées à l’heure, elle m’a proposé une petite visite à la boutique Le Naturaliste, spécialiste en observation de la nature, notamment l’ornithologie : guides d’identification, de localisation, jumelles et longues de toutes les qualités, bref on s’est équipé derechef. 

 

Ma première photo potable...

Je nous revois encore, un beau jour de printemps venteux, stationnés à la sortie sud du pont de l’île d’Orléans, juste avant la côte qui monte sur la dite île. Installés de façon un peu précaire sur le parapet, on essaie d’identifier, en contrebas, les canards dont nous ne connaissons encore rien. Notre guide nous apprend que nous voyions des petits garrots, des fuligules à collier et celui-là, avec une longue queue montante, l’harelde kakawi que nous n’avons jamais revu jamais revu depuis.  C’est Loulou aussi qui nous amenait dans le Kamouraska ou au lac Saint-Pierre, à la pourvoirie du même nom pour une visite en bateau des îles de Berthier. C’est elle qui a initié un projet de Maizerets aux oiseaux visant à inciter la population de notre quartier à attirer la gent ailée au moyen de mangeoires appropriées aux différentes espèces; c’est elle, enfin, qui a trouvé ce chalet dans les hauts de Stoneham où nous avons vécu 10 ans au milieu des gros bec errants, des durbecs des sapins, des pics de toutes sortes, des grimpereaux bruns et autres troglodytes, des tarins des pins et des éperviers bruns qui leur donnaient la chasse.

 

Et en tout autre temps, il y a eu les îles du Saint-Laurent, la Verte, la Basque, Aux Lièvres, les Mingan, pour ne nommer qu’elles… Parce que, voyez-vous, madame était responsable de l’écotourisme au ministère du Tourisme; ça donne des occasions, c’est le moins que l’on puisse dire. 

 


Puis, en 2010, on s’est installé à Neuville, le pays du kayak de mer et du Marais Léon-Provancher que l’on a découvert en même temps que les premiers photographes. C’est là que j’ai eu la piqure de la photo ornithologique, encore une fois inoculée par Loulou. Un premier kit bas de gamme insatisfaisant, irritant même, peu de connaissances techniques sur l’appareil et surtout sur le traitement à l’ordi des photos. Il aura fallu la patience de mon ami Pierre Castonguay qui a mis des heures à faire mon éducation qui reste toujours à parfaire…







Et c’est mon amour de Loulou qui a aussi insisté pour un nouveau boîtier, un téléobjectif respectable… et la folie s’est décuplée en moi. J’en suis venu à détecter tout mouvement de volatile autour de moi, à interrompre une conversation pour reconnaître le chant d’un oiseau, ou le chercher si je ne le reconnais pas. Bref, je ne suis parlable et à l’écoute qu’à l’intérieur, été comme hiver, en tout temps.